2002

Les bibliothèques universitaires à l'heure du numérique (II) - La formation des utilisateurs

Face à la multiplication des documents et des outils de recherche, les utilisateurs des bibliothèques peuvent se sentir déboussolés. D'autant plus que les bases de données et les catalogues en ligne ne sont pas tous structurés de la même manière. Une fois l'outil approprié choisi, il s'agit d'en maîtriser les possibilités d'utilisation. La plupart des moteurs, par exemple, proposent des fonctions de recherche affinées, qui sont peu utilisées. Et lorsqu'un résultat a été obtenu, encore faut-il savoir l'analyser et l'interpréter.

Les bibliothèques ont élargi, au cours des dernières années, leur palette de services d'aide et de formation aux usagers: formations régulières ou à la demande, aide en ligne sur le web, brochures, numéro de téléphone et présence physique des bibliothécaires qui, dans la mesure de leur disponibilité, aiguillent les utilisateurs dans leurs recherches. "Ces dernières années, les bibliothèques universitaires ont beaucoup investi dans l'achat de ressources électroniques: catalogues, revues et bases de données. Notre but est de rendre les usagers autonomes, afin qu'ils tirent le meilleur profit de ces outils pour dénicher l'information", remarque Frédéric Walther, collaborateur du Service de coordination des bibliothèques (SEBIB).

Ces services d'aide et de formation sont toutefois assez peu utilisés, proportionnellement à la masse des étudiants, principaux usagers des bibliothèques universitaires. Or les demandes ponctuelles adressées aux bibliothécaires dans les facultés montrent que ces mêmes étudiants ignorent quantité d'outils et de ressources mis à leur disposition. "Avec l'arrivée du web, les gens ont l'illusion de savoir, alors qu'ils ne savent pas", résume Isabelle Maurer, chargée de la formation à la Bibliothèque de SES. De nombreux usagers se limitent aux moteurs de recherche disponibles sur internet, qui ont pour principal inconvénient de générer énormément de résultats. D'où l'intérêt des bases de données qui permettent de segmenter l'information.

Formation intégrée au cursus académique?


De l'avis général des bibliothécaires, la formation aux usagers devrait être intégrée au cursus académique. "C'est ce qui se fait aux Etats-Unis ou en France. Les étudiants reçoivent une formation de base au cours de leurs études", remarque Isabelle Maurer. Une réflexion à ce sujet a été entamée à l'Université de Genève, signale d'ailleurs Frédéric Walther. Le corps enseignant, déjà surchargé, n'est cependant pas toujours réceptif à cette demande. Les enseignants ont également tendance à mâcher le travail des étudiants, en leur fournissant directement le matériel. Une pratique qui facilite la tâche dans l'immédiat, mais qui n'encourage pas les étudiants à développer un savoir-faire qui leur sera utile dans leurs études, mais aussi dans leur vie professionnelle.

A cet égard, les écoles secondaires ont aussi leur rôle à jouer. Responsable du Centre de documentation du Collège Claparède à Genève et présidente du Groupe des bibliothécaires de l'enseignement post-obligatoire, Madeleine Duparc confirme: "Toutes les classes de première année passent au Centre de documentation. Nous les familiarisons avec les outils de recherche sur nos bases de données et avec les catalogues du Réseau des bibliothèques de Suisse occidentale (RERO). Avec l'introduction de la nouvelle maturité, cette formation est renforcée en troisième année. Nous nous sommes aperçus que les élèves sont beaucoup plus réceptifs une fois qu'ils sont engagés dans des travaux de recherche concrets. Nous les motivons aussi en leur disant que l'expérience qu'ils acquièrent leur sera utile au niveau universitaire, ce à quoi ils sont attentifs ". Autant d'efforts qui devraient petit à petit porter leurs fruits.

Pour en savoir plus: Formation documentaire des usagers

Cet article fait partie d'une série sur les bibliothèques à l'heure du numérique.
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