2003

L'Université met en ligne un site internet entièrement consacré aux questions féminines

L'égalité hommes-femmes à l'Université? On est encore loin du compte, en dépit des efforts consentis par le rectorat. Il apparaît que les femmes ne sont pas suffisamment encouragées à poursuivre une carrière académique, pour toutes sortes de raisons, qui débordent d'ailleurs largement du seul cadre universitaire. "Beaucoup de femmes, chercheuses ou étudiantes, se laissent imposer des limites à leurs ambitions", commente Geneviève Billeter, responsable de la Délégation aux questions féminines de l'Université. Hasard du calendrier, à l'occasion de la journée des femmes le 8 mars, cet organe de promotion de l'égalité met en ligne un site internet, élaboré par Eliane Barth de la Délégation, entièrement consacré à ces questions. On y trouve notamment des informations sur le programme de mentorat, dont une nouvelle édition est lancée actuellement, ainsi que toutes sortes d'informations pratiques.

Entretien avec Susan Gasser

Susan Gasser est professeure au Département de biologie moléculaire et mentore depuis fin 2001. Elle est donc particulièrement bien placée pour témoigner de la problématique féminine à l'Université.

En regard de votre expérience, quelles sont les principales difficultés rencontrées par les femmes dans leur carrière universitaire?
Susan Gasser: Il y a d'abord un problème d'isolement. Les femmes sont très minoritaires dans les laboratoires et il leur est donc difficile de partager les problèmes spécifiques auxquels elles font face, liés notamment à leurs charges familiales. Ensuite, elles sont peu encouragées à poursuivre dans la voie professionnelle, parce qu'elles subissent encore le modèle "femme au foyer" que leur renvoie la société. Elles ont tendance à se contenter de ce qu'elles ont et font preuve de peu d'ambition, par manque de confiance en elles-mêmes. Pour ces mêmes raisons, elles sont aussi moins à l'aise que les hommes dans des structures très hiérarchisées, comme par exemple à l'hôpital.

Quels conseils leur donnez-vous?
Je leur fais des suggestions sur les prochains pas qu'elles devraient effectuer pour avancer dans leur carrière. Je leur donne également des conseils, afin qu'elles valorisent mieux leur travail et leurs qualités. Parfois, il s'agit simplement d'apporter un soutien moral.

Vous faisiez allusion au manque de confiance et d'audace des femmes dans leur carrière académique. A quoi l'attribuez-vous?
Je crois que c'est moins un problème de préjugés que de modèles. Dès leur entrée à l'Université, les étudiantes sont forcées de constater qu'elles ont très peu de professeures. Elles ont donc peu de chances de s'identifier à des modèles féminins. Je crois que cela joue un très grand rôle. C'est d'ailleurs pour cette raison que je m'efforce d'inviter des femmes dans les colloques que j'organise, afin de montrer aux étudiantes et jeunes chercheuses qu'il existe des femmes scientifiques brillantes! Je pense que cela peut contribuer à propager un changement d'attitude et l'Université en général devrait y être attentive.

Programme de mentorat

S'adressant à toute femme doctorante proche de la fin de sa thèse et à toute post-doctorante, membre du corps intermédiaire (sauf MER) ou chargée de cours, le mentorat consiste à mettre ces personnes en relation avec des professeures ayant une connaissance approfondie de l'Université de Genève et du monde scientifique. L'essentiel est d'apprendre à apprivoiser les règles implicites et à faire sa place dans un monde académique encore essentiellement masculin.
Le délai d'inscription est fixé au 7 mars.

Renseignements: http://www.unige.ch/rectorat/egalite
Geneviève Billeter
Tél. : 022 75 72 90

6 mars 2003
  2003