2004

La bibliothèque de Sciences II prend l'eau

On se souvient encore des terribles inondations de Brig en 1993 et de la Tchéquie en 2002. En revanche, peu ont eu vent de la mésaventure vécue l'été dernier par la bibliothèque de Sciences II. A l'aube du 30 juin, un joint de la conduite d'eau déminéralisée située dans le faux plafond de la bibliothèque lâche et ce sont alors plusieurs milliers de litres d'eau qui se déversent sur les compactus et quelques-unes des étagères de la bibliothèque. Malgré l'énorme mouvement de solidarité des occupants du bâtiment pour limiter les dégâts, la facture est salée pour la Faculté. Récit d'une inondation.

A l'aube du mercredi 30 juin, un important écoulement d'eau est constaté dans le fond de la bibliothèque de Sciences II. Une fois l'alerte donnée, l'eau est coupée. Les pompiers interviennent rapidement dans le bâtiment pour assécher les locaux. Mais il est trop tard. Plus de 1000 volumes ont déjà "pris le jus". Il s'agit alors d'entreprendre les mesures adéquates afin de sauver le maximum de documents.

Tout le monde met la main à la pâte - assistants, professeurs, personnel administratif et collègues des autres bibliothèques- dans un formidable élan de solidarité. Dans un premier temps, les livres sont regroupés par petits lots dans des sacs plastiques et placés dans les chambres froides de Sciences II. Les 30 palettes - soit plus de 4 tonnes de papier ! - sont alors transportées rapidement à la Société de gares frigorifiques à Satigny pour atteindre la température de -30°C permettant d'éviter l'apparition de moisissures.

Par la suite, un tri des documents sauvés des eaux est effectué pour définir l'ordre de priorité du séchage. C'est dans un entrepôt à une température peu syndicale que l'équipe de la bibliothèque effectuera cette pénible tâche, qui permettra l'élimination de 900 kg de livres, essentiellement des doublons. Dans l'urgence, il faut encore penser à sauver le reste de la bibliothèque. Le taux d'humidité relative étant devenu très important dans les locaux, les micro-organismes s'apprêtent à envahir les précieux ouvrages restants. Des assècheurs sont alors installés dans la bibliothèque afin de restituer une faible hygrométrie.

Un procédé astucieux
Après avoir paré au plus pressé, les livres seront transportés, d'ici la fin de l'année, au siège de la société DocuSave, chargée de procéder au séchage des ouvrages selon la technique de lyophilisation sous vide. Ce procédé astucieux permet d'éviter que le livre ne repasse par un stade "mouillé", la glace se transformant directement en vapeur d'eau (sublimation: passage de l'état solide à l'état gazeux sans passage par l'état liquide). Le procédé est exceptionnel puisqu'il permet de sécher des objets détrempés très épais.
"Nous ne savons pas comment les livres ressortiront du séchage, mais nous sommes conscients qu'il ne sera pas possible de tout récupérer. Les documents en papier glacé où la colle a migré au travers de toutes les pages ne pourront être sauvés. De plus, selon le degré d'endommagement des ouvrages, des travaux consécutifs de reliure ou de restauration s'imposeront" explique Cédric Noir, responsable de la bibliothèque de Sciences II.

Parmi les dommages consécutifs à l'action de l'eau, on répertorie l'estompage des encres, le gonflage des matériaux, la destruction des adhésifs, l'envahissement par des micro-organismes - il existe environ 200 espèces de champignons pouvant attaquer le papier - et la rouille des pièces métalliques (trombones, agrafes ou autres).

Il faudra compter près d'une année pour remettre l'ensemble des ouvrages en état. Des livres ont déjà dû être rachetés pour répondre aux besoins des étudiants. "De nouveaux manques seront à déplorer en janvier prochain avec le démarrage de nouvelles sessions de travaux pratiques en chimie organique" déplore Cédric Noir.

Une lourde facture pour la Faculté
Les frais de séchage, estimés à près de CHF 130 000.- sans compter le transport des livres, ni le stockage dans les chambres frigorifiques de la SGF, sont à la charge de l'institution. En effet, l'Etat de Genève ne s'assure pas contre les dégâts d'eau dans ses bibliothèques, les primes d'assurance étant bien trop élevées comparées aux risques encourus. Le Département de l'aménagement, de l'équipement et du logement (DAEL), propriétaire des locaux, prendra en charge le dommage au bâtiment, l'intervention des pompiers et le séchage des locaux.

"Le coût de l'opération est toutefois à mettre en rapport avec la valeur des documents. Par exemple, parmi les livres inondés se trouvent 11 volumes à CHF 2500.- l'exemplaire" souligne encore Cédric Noir.

 

La bibliothèque de Sciences II
Avec ses 938 m2 ouverts au public, la bibliothèque de Sciences II - la plus grande de toute la Faculté - regroupe les collections des Sections de biologie, de chimie et des sciences pharmaceutiques depuis l'été 2004. Une équipe de 6 personnes (5,4 postes) gère les quelque 80 000 volumes, périodiques et livres que compte la bibliothèque. 110 places sont offertes aux étudiants et six postes informatiques sont à disposition pour la consultation en ligne des périodiques et des bases de données.

Horaires d'ouverture :
Lundi au vendredi :
de 8h à 19h - pendant l'année universitaire
de 9h à 17h - période estivale

Liste des livres momentanément inaccessibles suite à l'inondation (pdf )
Site de la Bibliothèque de sciences II

 

Alexandra Mossiere
Université de Genève
Presse Information Publications
Décembre 2004

13 décembre 2004
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