2006

Les 100 jours du nouveau recteur de l'Université: entretien avec Jacques Weber

Le Rectorat dirigé par Jacques Weber tire un premier bilan de son action. Constituée au cours de l'été, la nouvelle équipe a dû se plonger dans les très nombreux dossiers en un temps record, dans un contexte budgétaire difficile pour l'Université. Entretien avec le nouveau recteur.

Vous vous êtes retrouvé dans la peau du recteur pratiquement du jour au lendemain… Une première impression générale après 100 jours?
Jacques Weber : Nous avons effectivement dû reprendre les affaires au vol, avec, de plus, un mandat clairement limité dans le temps. Cela nous a d'emblée contraints au maximum de rigueur et d'efficacité. Expérience faite, nous formons une équipe très soudée et la présence de doyens délégués au sein du Rectorat s'avère une excellente innovation, qui nous a d'ores et déjà permis de mieux piloter certains projets.

Vous avez récemment été auditionné par la Commission des finances du Grand Conseil sur le budget 2007 de l'Université. Comment s'est déroulé cet exercice?
Je crois pouvoir dire que le dialogue s'est très bien déroulé, dans un climat de confiance, ce qui constitue un élément important dans nos rapports avec les autorités politiques. La Commission des finances a donné son aval au projet de budget 2007. Il devra encore passer au vote du Parlement. Mais c'est déjà un signal très positif. La construction de ce budget 2007 n'a pas été chose facile.

C'est-à-dire?
En raison de l'augmentation de charges courantes, nous avions besoin d'environ 20 millions supplémentaires en 2007, par rapport à 2006, pour assurer la pérennité des programmes et vivre au même niveau que l'année précédente. Or, nous avons appris le 30 août dernier, la veille de notre entrée en fonction, que l'augmentation se limiterait à quelque 9 millions. Résultat, nous avons dû nous atteler à la tâche délicate consistant à trouver 11 millions d'économies. Autant dire que nous nous sommes mis immédiatement au travail. L'effort a été réparti sur tous les secteurs de l'Université et je crois pouvoir dire que nous avons trouvé la solution la moins douloureuse possible.

Vous aviez annoncé, à votre arrivée, la publication prochaine de l'audit 2006 sur le remboursement des notes de frais et de déplacements. Qu'en est-il?
Nous avons assuré un suivi de cet audit. C'est chose faite. Mais nous avons voulu coordonner la publication avec la sortie du rapport de M. Béguin, l'enquêteur nommé par le Conseil d'Etat, qui est prévue le 15 janvier 2007.

Qu'entendez-vous par «suivi»?
Nous avons examiné les cas douteux, pris des mesures et responsabilisé la communauté universitaire pour que de telles erreurs ne se reproduisent plus. Nous communiquerons ces mesures et solutions très prochainement. Par ailleurs, nous comptons sur la Commission externe chargée d'élaborer une nouvelle loi sur l'Université qui contribuera à améliorer et à rendre plus transparente la gestion de l'institution.

La réorganisation du corps enseignant a été un des grands chantiers des précédents Rectorats. Avez-vous pu avancer sur ce dossier?
Oui, puisque nous avons réussi à faire sortir le projet de professeurs assistants avec titularisation conditionnelle des professeurs du paquet global de modification de la loi sur l'Université et à le faire avancer séparément devant de Grand Conseil. C'est très important pour assurer la relève des chercheurs. Ces futurs professeurs assistants pourront repourvoir les postes libérés par des départs à la retraite, sur la base d'un mandat de trois ans renouvelable une fois. Si la personne a fait ses preuves durant ces six ans, elle sera titularisée sur un poste de professeur ordinaire ou adjoint.

Et pour les autres secteurs du corps enseignant?
Nous avons également demandé une revalorisation du poste de conseiller aux études. Ces derniers ont fourni un énorme travail d'adaptation des plans d'étude aux normes de Bologne. Il fallait que cette augmentation de leur cahier des charges trouve sa contrepartie salariale. Enfin, nous avons révisé la directive sur les assistants, qui garantissait un engagement à un taux minimum de 70%, mais qui s'est avérée trop contraignante, limitant au final le nombre d'engagements. Nous voulons plus de souplesse sur ce dossier.

Le projet d'Institut de sciences de l'environnement et du développement durable est-il enterré?
Pas du tout. Mais nous voulons procéder par étapes. Il s'agit, dans un premier temps, de procéder à la fermeture de l'Institut d'architecture (IAUG), ainsi qu'à celle du CUEPE et du CUEH, dans de bonnes conditions. Les membres du corps enseignant et du personnel administratif et technique de ces structures auront ainsi la garantie de retrouver des postes à salaire équivalent, soit dans le futur Institut, soit dans une faculté qui en aura besoin.

Charles Beer, responsable du DIP, a également annoncé la création d'un Institut de formation des enseignants. Quelle forme prendra-t-il?
Là encore, nous en sommes aux premières ébauches. Mais une chose sûre, ce sera un institut universitaire. Il prendra en charge la formation des enseignants, non seulement du primaire, mais aussi du secondaire.

Et le Pôle en relations internationales?
Il devrait voir le jour comme prévu début 2008, avec le soutien de la Confédération.

2008 est justement la date butoir fixée par Charles Kleiber pour la réorganisation du paysage universitaire suisse. Comment vous positionnez-vous sur ce dossier?
Nous voulons renforcer les collaborations avec nos partenaires, les Universités de Lausanne et de Neuchâtel, ainsi que l'EPFL. Il n'est plus possible de vivre en vase clos. Il y a déjà un certain nombre de programmes de maîtrise et de maîtrises spécialisées communs qui ont été mis en place. Il faut continuer sur cette voie, notamment en ce qui concerne les écoles doctorales. Au chapitre des collaborations, à relever aussi la reprise des pourparlers avec la Ville de Genève autour du projet de Bibliothèque de Genève.

Pour en savoir plus:

> Rectorat
> Communiqué annonçant l'entrée en fonction du nouveau Rectorat
> Nomination par le Conseil d'Etat du nouveau Rectorat (communiqué du DIP)

14 décembre 2006
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