2008

Les émotions du sommeil

sommeil

Au Centre interfacultaire de neuroscience de l’UNIGE, Sophie Schwartz et Aurélie Ponz viennent de réaliser la première étude de neuroimagerie par résonance magnétique fonctionnelle sur des patients souffrant de narcolepsie avec cataplexie. Cette maladie complexe se caractérise par un trouble majeur de la régulation du cycle veille/sommeil (narcolepsie) et par des épisodes abrupts de réduction du tonus musculaire à l'éveil (cataplexie). Entraînant des chutes, ces dernières sont déclenchées par des émotions, le plus souvent positives, comme le rire ou le fait de jouer à des jeux captivants.

Parus dans la revue scientifique Brain, ces résultats suggèrent un lien inédit entre le sommeil et les émotions. Ils ont en outre valu à ces chercheuses une distinction de la Ligue suisse pour le cerveau.

Depuis quelques années, on sait que ces patients manquent d'un neuropeptide appelé hypocrétine, qui est produit par des neurones spécifiques dans l'hypothalamus. Mais les scientifiques ignoraient encore comment des émotions peuvent entraîner une réaction aussi dramatique que des crises de cataplexie.

Observer le cerveau en activité
Pour mieux comprendre ce qui se passe dans le cerveau de narcoleptiques lorsqu’ils éprouvent des émotions positives, Sophie Schwartz et Aurélie Ponz ont mesuré, par neuroimagerie, l'activité cérébrale des patients qui regardaient des images humoristiques. «En comparant leurs réactions avec celles de sujets sains, nous avons trouvé que l'amygdale, qui est spécialisée dans les réactions émotionnelles, est suractivée chez les patients, alors que leur hypothalamus, structure qui régule des fonctions physiologiques comme le sommeil ou la prise de nourriture, n’est pas activé» explique Sophie Schwartz.

Ces résultats permettent de mieux comprendre les mécanismes neurophysiologiques sous-jacents à ce phénomène clinique très surprenant. Ils indiquent clairement que l’interaction hypothalamus-amygdale est perturbée en cas de narcolepsie et qu’elle joue un rôle majeur dans le cadre de l’adaptation de nos comportements émotionnels, suggérant ainsi un lien insoupçonné entre le sommeil et les émotions.

Centre interfacultaire de neuroscience

Revue Brain 

20 mars 2008
  2008