[Précédent]

1. Introduction

      Le Mal Aigu des Montagnes (MAM) consiste en une série de symptômes (céphalées, vertiges, insomnie, nausée) pouvant survenir chez des individus par ailleurs en bonne santé lorsqu'ils sont confrontés à des altitudes de plus de 2'500m. La sévérité des symptômes dépend essentiellement de la sensibilité individuelle, de l'altitude atteinte, et de la vitesse d'ascension. Bénin en soi, ce syndrome peut conduire à l'Oedème Cérébral de Haute Altitude (OCHA), potentiellement mortel. Le nombre de personnes potentiellement concernées augmente chaque année. En effet, de plus en plus de voyageurs occidentaux se rendent en haute altitude, que ce soit dans l'Himalaya ou dans la Cordillère des Andes (Fig. 1). Les randonneurs, skieurs ou grimpeurs alpins sont également concernés car si les altitudes sont plus faibles, elles sont atteintes beaucoup plus rapidement (voitures, télécabines, hélicoptères). En 1986, le Docteur Bengt Kayser travaillait comme volontaire dans un dispensaire de l'Himalayan Rescue Association 1  situé au pied du col du Thorong La sur le parcours des Annapurnas. Il décida de faire une étude épidémiologique sur le MAM. Pour ce faire, il distribua 500 questionnaires à tous les trekkers qui passaient par-là et les fit collecter de l'autre côté du col. En constatant l'augmentation des études scientifiques sur les pathologies liées à l'altitude, et la diffusion de l'information de plus en plus large dans le grand public, il eut l'idée de refaire une étude dans les mêmes conditions. L'hypothèse était que les gens étaient mieux informés sur le MAM, et que cette meilleure information permettait une diminution de l'incidence. Par ailleurs, cette étude permettait de valider en milieu himalayen un nouveau système de détection du MAM (le Lake Louise Scoring System).

      C'est à la Doctoresse Della Santa et à moi-même qu'a été confié le soin de réaliser l'étude sur place.

      

Fig. 1 : Nombre de Suisses se rendant au Népal chaque année depuis 1970 (D'après l'office fédéral des statistiques).


2. L'altitude et ses effets sur l'organisme humain


1. Environnement en haute altitude

      L'altitude peut se définir en haute altitude (1'500-3'500m), très haute altitude (3'500-5'500m) et altitudes extrêmes (plus de 5'500m) (Hackett et al, 1995). La pression atmosphérique diminue de manière logarithmique avec l'altitude. La baisse de la pression partielle d'oxygène, qui représente 21 % de la pression atmosphérique, se fait donc de manière similaire, ce qui provoque l'hypoxie. Comparée aux valeurs trouvées au niveau de la mer, la pression partielle d'oxygène diminue de moitié à 5'500m, et n'en vaut plus que le tiers au sommet de l'Everest (8'848m). Signalons que la relation entre la pression atmosphérique et l'altitude varie en fonction de la latitude, de la saison, des conditions météorologiques et de la température. En effet, à altitude égale, la pression est plus basse en hiver, par mauvais temps, et si on s'éloigne de l'équateur. Le manque d'oxygène n'est pas le seul stress lié à l'altitude. Signalons les températures extrêmes, la sécheresse et les radiations solaires qui constituent d'autres dangers pour la santé.


2. Mécanismes d'adaptation

      L'arrivée en altitude déclenche une série complexe d'ajustements physiologiques destinés à augmenter l'apport d'oxygène aux cellules et à augmenter leur tolérance à l'hypoxie.


1) Hyperventilation

      Dès les premières heures passées en altitude, les chémorécepteurs carotidiens sensibles à la diminution de la PaO2 stimulent la ventilation (Bärtsch, 1992). L'importance de ce mécanisme, appelé réponse ventilatoire à l'hypoxie (RVH), dépend de facteurs génétiques et environnementaux. La RVH est notamment diminuée par l'alcool et les autres dépresseurs du système nerveux central. Elle est augmentée par la caféine et l'acétazolamide. Il semblerait qu'une bonne RVH améliore l'acclimatation et protège du MAM ainsi que de l' OEdème Pulmonaire de Haute Altitude (OPHA) (Richalet et al, 1989). Cette hyperventilation provoque une alcalose respiratoire, qui est compensée dans les 24 à 48 heures par une acidose métabolique d'origine rénale par perte de bicarbonates. La compensation peut être complète jusqu'à 5'000m environ, mais à plus haute altitude elle devient insuffisante et le pH sanguin devient de plus en plus alcalin.


2) Circulation

      L'étape suivante du transfert d'oxygène se fait par la circulation. L'augmentation des catécholamines circulantes provoque une discrète et temporaire augmentation de la pression artérielle, ainsi qu'une augmentation modérée de la fréquence et du débit cardiaque (Samaja et al, 1997). Le volume d'éjection diminue à cause de la baisse du volume plasmatique (diurèse des bicarbonates, extravasation du liquide plasmatique). Ces valeurs se normalisent avec l'acclimatation, sauf aux altitudes extrêmes. L'hypoxie, entre autres, provoque une vasoconstriction des artérioles pulmonaires. Il s'ensuit une hypertension artérielle pulmonaire qui s'accentue encore avec l'effort. Cette hypertension cause une surcharge du coeur droit et on peut observer une déviation axiale droite sur l'ECG. Elle est réversible après retour en plaine ou administration d'oxygène. Cependant, après 2 à 3 semaines de stimulus hypoxique, on note une altération structurelle de la paroi vasculaire qui s'enrichit de cellules musculaires (Naeije, 1997). On retrouve ces changements chez les habitants des Andes, mais pas chez les Tibétains. Ceux-ci ne présentent pas d'hypertension pulmonaire et semblent donc particulièrement adaptés à l'altitude (Moore et al, 1992). Le débit cérébral est augmenté car la vasodilatation causée par l'hypoxie est plus marquée que la vasoconstriction due à l'hypocapnie (Larsen, 1992).


3) Gradient alvéolo-artériel

      Ce gradient correspond à la différence de pression partielle d'oxygène entre les alvéoles pulmonaires et le sang artériel systémique. Il augmente avec l'altitude et l'effort. Plus il est élevé, moins l'échange gazeux est efficace, et plus le MAM est sévère (Sutton et al, 1976).


4) Sang

      L'hypoxie provoque une augmentation du taux d'hématocrite, causée les 2-3 premiers jours par la diminution du volume plasmatique, puis après 4-5 jours par l'apparition de nouveaux globules rouges. La sécrétion d'érytropoïétine est perceptible après 2 heures de stimulus hypoxique déjà. Le taux d'hématocrite peut augmenter durant plusieurs semaines et ce en fonction de l'intensité du stimulus. L'effet négatif est l'augmentation de la viscosité du sang, avec un risque accru de thrombose. La concentration de l'hémoglobine augmente de manière exponentielle, puis linéaire et atteint un plateau après 6 semaines environ. Le meilleur compromis entre transport d'oxygène et viscosité semble se situer à une concentration d'hémoglobine de 18g/dl (Ward, p.168). La concentration d'hémoglobine retrouve ses valeurs originelles 6 semaines après le retour en plaine. De par la forme sigmoïde de la courbe de dissociation de l'hémoglobine, la saturation d'oxygène est préservée jusqu'à une altitude de 3'000m environ (Brunner, 1992). L'augmentation de 2,3-diphophoglycérate relâché par le globule rouge provoque un déplacement de la courbe vers la droite ce qui améliore la libération d'oxygène dans les tissus. Ce mécanisme est contrebalancé par l'alcalose (qui déplace la courbe vers la gauche) si bien qu'aux altitudes extrêmes où l'alcalose est marquée, la courbe est déplacée vers la gauche pour faciliter la captation d'O2 par les poumons (Samaja, 1997).


5) Tissus

      Une augmentation de la densité capillaire dans les tissus pourrait y faciliter la diffusion d'oxygène (Oelz et al, 1986). L'oxygène est ensuite utilisé comme comburant par les mitochondries. Certaines études montrent une augmentation de leur nombre en altitude (Ou et al, 1970), alors que d'autres n'ont pas révélé un changement de leur densité (Oelz et al, 1986).


6) Sommeil

      La perturbation du sommeil est bien connue en haute altitude. Une des caractéristiques la plus importante est la respiration périodique (Salvaggio et al, 1998). Elle se compose d'une alternance d'apnées et d'hyperpnées, avec comme conséquence fâcheuse une baisse de la saturation en oxygène durant les apnées, des réveils fréquents et une mauvaise qualité de sommeil. Au niveau de la mer, ce type de respiration survient durant l'endormissement. Sa fréquence augmente avec l'altitude, et diminue avec l'acclimatation ou la prise d'inhibiteur de l'anhydrase carbonique (acétazolamide) (Larson et al, 1992). Elle pourrait jouer un rôle dans la survenue de l'OPHA (Richalet, 1995).


7) Exercice

      La consommation maximale d'oxygène (VO2 max.), et donc la capacité à produire un exercice physique intense, diminue avec l'altitude à raison de 10 % par 1'000m dès 1'500m. Au niveau de l'Everest elle n'est plus que de 20 à 25 % de celle du niveau de la mer (Richalet, 1989). Signalons que les personnes ayant une VO2 max. élevée au niveau de la mer ne sont pas forcément plus performantes que les autres lorsqu'elles sont en altitude.


8) Détérioration de l'organisme

      Si l'on reste longtemps à des altitudes supérieures à 5'500m, il y a un risque de détérioration progressive avec faiblesse, léthargie, et perte de poids (Lobenhoffer et al, 1982). Ces signes peuvent apparaître dès 1750m chez des personnes ayant des problèmes pulmonaires chroniques. Cette détérioration augmente avec l'altitude. Dès 7'000 m l'acclimatation n'est plus possible et la mort survient à plus ou moins longue échéance.


3. Syndromes liés à l'altitude

      Les maladies les plus importantes liées à l'altitude sont le Mal Aigu des Montagnes, l'Oedème Cérébral de Haute Altitude et l'Oedème Pulmonaire de Haute Altitude. Elles ont plusieurs caractéristiques en commun, notamment le fait d'apparaître durant les premiers jours d'ascension et d'être améliorées par la descente et/ou l'oxygène. Par ailleurs, leur survenue et leur sévérité dépendent de l'altitude atteinte, de la vitesse de progression ainsi que de facteurs personnels (Hackett et al, 1977). Néanmoins elles peuvent présenter des caractéristiques légèrement différentes comme nous allons le voir plus loin.


1) Mal Aigu des Montagnes

      Les symptômes en sont le mal de tête, la fatigue, les vertiges, les nausées, l'anorexie, et les troubles du sommeil. Les signes comprennent une ataxie, des troubles mentaux, des oedèmes périphériques et des râles pulmonaires. Ces 2 derniers signes se retrouvent également chez les personnes asymptomatiques, mais sont plus fréquents chez les personnes malades (Hackett et al, 1979). La forme sévère comprend une ataxie marquée, et des troubles de la conscience (lassitude, irritabilité, confusion, voire coma). Sans traitement approprié, à savoir la descente immédiate, elle conduit à l'OCHA. L'évolution spontanée est favorable dans la plupart des cas, avec amendement des symptômes après 2 ou 3 jours d'acclimatation. Certaines personnes doivent cependant redescendre ou prendre un traitement médicamenteux. Le diagnostic différentiel comprend les infections virales, l'épuisement, la déshydratation et l'intoxication au monoxyde de carbone (cf. cuisine dans les tentes). Ces affections peuvent également potentialiser le MAM.


a) Diagnostic

      Il est établi par l'anamnèse et l'examen clinique du patient (Maggiorini et al, 1998). Ceci n'est pas toujours facile à réaliser en pratique car la présence d'un médecin est nécessaire. Des systèmes de scores basés sur des questionnaires permettent une quantification des symptômes subjectifs ressentis par le patient :

  • L'Environmental Symptom Questionnaire (ESQ) a été introduit en 1979 par Sampson et Kobrick pour déterminer les réactions des patients dans différentes conditions environnementales comme l'altitude ou le froid (Sampson et al, 1983). Deux révisions (ESQ-II et ESQ-III) l'ont amélioré et il est à présent reconnu comme fiable pour déterminer la présence ou l'absence de MAM (Wright et al, 1985). Il comporte 65 questions dont 21 sont utiles pour déterminer le MAM.
  • Le Lake Louise Scoring System (LLSS), plus simple, car il ne comporte que 6 questions, résulte d'un consensus établi en 1991 (Bärtsch, 1993 ; Roach et al, 1993 ; Savourney et al, 1995 ; Maggiorini et al, 1998).

b) Physiopathologie

      Plusieurs mécanismes sont en relation avec le MAM sans que leurs rôles respectifs soient parfaitement compris. Ces mécanismes sont une hypoventilation relative, une augmentation de la pression intracrânienne, une rétention et redistribution des liquides corporels, et des dysfonctions endothéliales :

  • Les personnes ayant une faible RVH sont plus susceptibles de développer un MAM (Richalet et al, 1989). Cette hypoventilation relative provoque une augmentation du débit cérébral (vasodilatation due à l'hypoxémie et à l'hypercapnie relative).
  • L'augmentation de la pression intracrânienne se voit dans les cas plus avancés de MAM. Le cerveau étant confiné dans une enveloppe rigide, la moindre augmentation de son volume crée une augmentation nette de la pression intracrânienne. Les caractéristiques morphologiques du crâne, et en particulier du canal spinal de certaines personnes permettent d'atténuer cette augmentation. Ceci pourrait expliquer en partie la sensibilité moindre des personnes plus âgées. (Hackett, 1999)
  • Les mécanismes de rétention liquidienne sont multifactoriels et complexes (Milledge, 1992). On note une redistribution des fluides vers l'espace intracellulaire. Certaines études ont montré une élévation du taux plasmatique et urinaire de vasopressine chez les personnes souffrant de MAM (Bärtsch, 1991), d'autres, une augmentation du système rénine-angiotensine-aldostérone (Bärtsch, 1992). Une augmentation de la stimulation sympathique, avec pour conséquence une diminution du flux sanguin rénal et donc du débit urinaire, pourrait également intervenir.
  • Enfin signalons que l'on trouve des dysfonctions au niveau de l'endothélium vasculaire avec une augmentation de sa perméabilité chez les personnes souffrant de MAM (relâchement de certaines cytokines et eicosanoïdes (Richalet et al, 1991)). Il est cependant difficile de déterminer si elles sont la cause ou la conséquence de la maladie.

c) Facteurs de risque

      Le seul facteur de risque clairement établi est le fait d'avoir déjà souffert de MAM auparavant (Honigman et al, 1993). Cela reflète probablement une hypersensibilité innée de la personne. D'autres facteurs, comme la jeune âge (Hackett et al, 1976), l'obésité (Honigman et al, 1993), le sexe féminin (Honigman et al, 1993), le fait de souffrir d'une affection aiguë (Murdoch, 1995) et le manque de condition physique (Richalet et al, 1989) sont parfois évoqués, mais pas systématiquement. Signalons que le tabac (Yoneda et al, 1997) et l'asthme (Cogo et al, 1997) ne sont pas des facteurs de risque reconnus. Certaines caractéristiques physiologiques comme une faible réponse ventilatoire ou circulatoire à l'hypoxie (Richalet et al,1989) ou une saturation artérielle plus diminuée lors d'hypoxie (Roach et al, 1998) seraient des facteurs favorisants. Leur mise en évidence lors de tests pourrait être utile pour les alpinistes notamment, afin de prévoir le risque de MAM lors de leurs tentatives d'ascension.


d) Incidence

      Elle varie en fonction de l'altitude et de la vitesse d'ascension. Elle passe de 18 à 20 % entre 2'000 et 3'000 m dans les montagnes du Colorado (Honigman et al, 1993), à 67 % pour les grimpeurs du Mont Rainier qui culmine à 4394m (Larson et al, 1982). Dans les Alpes suisses, elle fluctue entre 9 % à 2850m et 53 % à 4559m (Maggiorini et al, 1990).


e) Prévention

      Une ascension progressive reste le meilleur moyen de prévenir le MAM (Hackett et al, 1978). Les recommandations d'usage préconisent de passer 2 nuits entre 2'500m et 3'000m, avec un gain journalier de 300 à 500m par la suite (Maggiorini, 1993). L'abstention d'alcool et d'autres médicaments sédatifs (somnifères) est recommandée en raison de l'effet négatif qu'ils causent sur la respiration périodique durant le sommeil. Théoriquement une augmentation du quotient respiratoire et une PaCO2 maintenue constante augmenterait la PaO2. Mais le rôle positif d'un régime riche en hydrates de carbones est controversé (Swenson et al, 1997). L'acétazolamide est bien connu pour ses propriétés préventives grâce à 4 mécanismes (Larson et al, 1982). Il produit une acidose métabolique par excrétion d'ions bicarbonates, il augmente la réponse ventilatoire à l'hypoxie, il diminue les périodes d'hypoxie extrême durant la respiration périodique du sommeil, et il diminue la rétention de fluides par son action diurétique. Sa prise est recommandée chez les personnes devant monter rapidement en dessus de 3'000m, et chez celles qui ont déjà présenté un MAM ou OPHA. Sa prise systématique n'est pas recommandée en raison des effets secondaires potentiels (paresthésies, nausées, allergie aux sulfamides). La déxaméthasone a également des vertus préventives (Ellsworth et al, 1991), mais elle n'est pratiquement jamais utilisée dans ce but pour des raisons bien évidentes liées au risque des corticoïdes en traitement chronique.


f) Traitement

      Un MAM modéré devrait être traité par l'arrêt de l'ascension, avec éventuellement des analgésiques et de l'acétazolamide, ou par la descente d'environ 500m. Un MAM sévère implique une descente jusqu'à la disparition des symptômes (500 à 1'000m). Si ce n'est pas possible, il faut instaurer un traitement d'acétazolamide (Bradwell et al, 1992), de préférence avec de la déxaméthasone (Bernard et al, 1998), et éventuellement un apport d'oxygène, soit directement (Bärtsch et al, 1990), soit dans un caisson hyperbare (Bärtsch, 1992). Une règle d'or est de ne jamais dormir à des altitudes supérieures en présence de symptômes. Par ailleurs, si la symptomatologie s'aggrave malgré 24 heures d'acclimatation, il faut impérativement redescendre. Les indications à la descente immédiate sont la présence de troubles neurologiques (ataxie, changement de conscience) et/ou l'oedème pulmonaire.


2) OEdème Cérébral de Haute Altitude

      Il survient généralement 1 à 3 jours après un MAM modéré, mais peut également se présenter brutalement. Ses signes principaux sont une ataxie, une lassitude sévère et des troubles de la conscience, mais il peut présenter le tableau de n'importe quelle pathologie neurologique courante (céphalées, nausées, hallucinations, hémiplégie, syndromes focaux). Le diagnostique différentiel comprend d'ailleurs de multiples pathologies neurologiques (accident vasculaire cérébral (AVC), accident ischémique transitoire (AIT), hémorragie cérébrale). La physiopathologie de l'OCHA consiste probablement en une progression des mécanismes du MAM. En règle générale, deux formes d'oedèmes cérébraux peuvent se rencontrer, l'oedème vasogénique et l'oedème cytotoxique. L'oedème vasogénique, interstitiel, présente un mécanisme similaire à celui de l'encéphalite hypertensive (Brunner, 1992). L'augmentation du débit cérébral provoque une augmentation de la pression au niveau des capillaires, et donc une extravasation de liquide. Il touche plus particulièrement la substance blanche, car celle-ci est moins dense que la substance grise, et donc plus facilement envahie par du liquide. C'est le seul oedème qui réponde aux stéroïdes. L'oedème cytotoxique, intracellulaire, est dû à un gonflement des cellules. Il touche plutôt la substance grise. En cas d'OCHA, il s'agit plus probablement du mécanisme vasogénique. (Hackett et al, 1998). La prévention est la même que pour le MAM, à savoir une montée progressive, l'abstention de dépresseurs du SNC, et un éventuel traitement d'acétazolamide. Le traitement comprend une descente la plus rapide possible, de la déxaméthasone, et de l'oxygène (direct ou via un caisson hyperbare). L'utilité des diurétiques est controversée.


3) OEdème Pulmonaire de Haute Altitude

      Il peut se présenter avec ou sans signe de MAM (Bärtsch, 1993). Il apparaît généralement entre le 2e et le 4e jour, le plus souvent pendant la nuit. Les premiers symptômes sont une diminution des performances physiques et de la récupération. Puis apparaissent une toux, une dyspnée de repos, ainsi qu'une orthopnée. On peut observer une cyanose, de la fièvre, une tachycardie, une tachypnée, des râles crépitants et des expectorations rosées, voire sanglantes (Bärtsch, 1997). Le diagnostique est posé par la radio thoracique qui révèle un oedème pulmonaire interstitiel puis alvéolaire, avec une taille cardiaque normale et une distension des artères pulmonaires (Maggiorini et al, 1998). La résistance vasculaire pulmonaire est augmentée, et l'ECG montre des signes de surcharge ventriculaire droite. Signalons que sur 20 autopsies de personnes décédées d'OPHA, la moitié présentait des signes d'OCHA (Auerbach, p.21). La cause principale (mais non suffisante) est l'hypertension artérielle pulmonaire (Hultgren, 1997). A cela s'ajoute un trouble du rapport ventilation-perfusion avec l'apparition de zones hyperperfusées. Il est probable qu'une augmentation de la perméabilité capillaire , ainsi que des mécanismes inflammatoires entrent également en jeu. Les personnes habitant en hautes altitudes descendues en plaine, de même que celles qui ont déjà présenté un OPHA sont plus à risque de développer un OPHA lorsqu'elles remontent. Une diminution de la RVH (Richalet et al, 1989), le fait d'être un homme (Hultgren, 1997), ainsi qu'une prédisposition génétique concernant certains types HLA (Hanakoa et al, 1998) pourraient également jouer un rôle favorisant. L'incidence varie de 0.2% après 3±1 jours à 4'559 m dans les Alpes, à 15 % chez des soldats indiens arrivés en avion à 5'500m (Bärtsch, 1993). La prévention est identique à celle du MAM, avec en plus la nifédipine (20mg retard chaque 8 heures) chez les sujets ayant déjà souffert de l'OPHA. La nifédipine agit favorablement en diminuant l'hypertension artérielle pulmonaire et le gradient alvéolo-artériel (Oelz et al, 1992). Le traitement consiste à descendre immédiatement, mais il n'est pas toujours réalisable, et demande un effort physique important qui peut péjorer la situation. L'alternative consiste à donner de l'oxygène directement ou dans un caisson hyperbare, à réchauffer le patient car le froid complique la situation, et à donner un traitement médicamenteux de nifédipine (Hackett et al, 1992).


4) Autres pathologies liées à l'altitude

      Il existe encore bien d'autres pathologies liées à l'altitude dont le développement dépasse les limites de ce traité. Mentionnons pour être complet les troubles de la coagulation, les oedèmes périphériques, la rétinopathie, l'immunosuppresssion, la maladie de Monge, et la kératite aux ultra-violets.


5) Contre-indications à aller en haute altitude

      Les contre-indications absolues sont l'hypertension pulmonaire sévère, la broncho-pneumopathie chronique obstructive sévère (BPCO), l'anémie falciforme et l'insuffisance cardiaque décompensée. La BPCO modérée, l'insuffisance cardiaque modérée, les troubles d'apnée du sommeil, les arythmies, la coronaropathie stable, la grossesse à risque, les troubles cérébro-vasculaires ainsi que l'épilepsie non médicalisée imposent une certaine prudence. Enfin, signalons certaines pathologies courantes ne faisant pas courir de risque particulier en altitude, comme l'obésité, la sédentarité, le diabète, la BPCO discrète, l'asthme, la grossesse à faible risque, l'hypertension artérielle contrôlée, les troubles psychiatriques , ainsi que les pathologies néoplasiques et inflammatoires (Hackett et al, 1995) Il convient cependant d'évaluer la sensibilité individuelle de chaque personne ainsi que l'altitude projetée avant de prendre une décision.


3. Méthode d'évaluation du Mal Aigu des Montagnes sur le Thorong La


1. Objectifs de l'étude

      Cette étude a consisté à répéter une étude épidémiologique sur le MAM réalisée au Népal 12 ans plus tôt , et ce dans des conditions rigoureusement identiques, à savoir les mêmes questions, la même période de distribution, et la même manière de distribuer et de collecter les questionnaires (cf point 3.3 et 3.4). Les objectifs principaux étaient les suivant :


2. Contexte géographique

      Le tour des Annapurnas est l'un des treks les plus populaires du Népal. Il encercle le massif des Annapurnas qui comporte de nombreux sommets de plus de 6'000 m dont bien sûr l'Annapurna I, qui a été le premier sommet de plus de 8'000m à être gravi (Herzog et Lachenal, 1950). La longueur du parcours varie entre 180 et 240 km et sa durée est d'environ 3 semaines. Il ne comporte pas de passages d'escalade, et peut donc être entrepris par une majorité de gens. La première partie commence à Bésishar (500m) et monte progressivement jusqu'à Manang (3500m). La deuxième partie monte abruptement jusqu'au col du Thorong La (5400m), et redescend tout aussi abruptement jusqu'à Muktinath (3800m). Les gens y passent entre 2 et 4 jours, et c'est sur cette étape que se déroule notre étude. La troisième partie descend progressivement jusqu'à Pokhara (500m). Plus de 10'000 touristes l'empruntent chaque année, la plupart dans le sens « inverse des aiguilles d'une montre » (cf. Fig. 3). En effet, si les possibilités de logements sont importantes entre Manang et le col, elles sont quasi inexistantes entre le col et Muktinath. Les gens désirant faire le parcours dans l'autre sens doivent donc faire d'un trait le trajet depuis Muktinath jusqu'au col, ce qui est particulièrement éprouvant. Signalons que de nombreux logements ont été construits entre Manang et le col durant les 12 ans séparant les 2 études, ce qui laisse aux marcheurs de 1998 plus de possibilité d'adapter leur vitesse d'ascension. Comme le recommandent la plupart des guides de voyage, les gens passent 2 nuits à Manang pour s'acclimater avant de partir vers le col. Dans ce village se trouve un dispensaire de l'Himalayan Rescue Association. Des médecins occidentaux y travaillent durant la période de trekking (avril-mai et octobre-novembre). Ils sont chargés de soigner les trekkers et les indigènes. De plus, ils donnent tous les jours une excellente conférence très suivie sur la prévention et le traitement du mal des montagnes. Le Dr Kayser y travaillait comme volontaire lorsqu'il a réalisé son étude de 1986.

      

Fig. 2 : Profil du parcours

      

Fig. 3 : Carte du Népal

      

Fig. 4 : Massif des Annapurnas


3. Organisation de l'enquête

      Le principe était de distribuer 500 questionnaires à tous les trekkers se dirigeant vers le col et de les collecter de l'autre côté. Pour les raisons citées ci-dessus, la majorité des questionnaires a été distribuée à Manang. Afin de recruter le plus grand nombre de personnes, les lieux où logeaient les trekkers étaient visités 2 fois par jour. De plus une partie des questionnaires étaient distribués lors de la conférence quotidienne de la HRA. Les instructions étaient de remplir le questionnaire la veille du départ et tous les soirs jusqu'à l'arrivée de l'autre côté. La collecte avait lieu toute la journée sur un passage obligé de l'autre côté du col. Lors de cette collecte il a été vérifié que tous les gens ayant séjourné à Manang avaient bien reçu le questionnaire. Quelques rares personnes ayant passé le col durant notre étude (une vingtaine) ne l'avaient pas reçu, mais elles n'avaient pas séjourné à Manang. En effet, certaines lodges ont été construites en dehors du village, ce qui n'était pas le cas en 1986.


4. Le questionnaire

      L'élément central de l'étude était donc la distribution et le remplissage des questionnaires en annexe. Les questions, formulées en anglais, étaient rigoureusement identiques lors des 2 études. Signalons que la forme s'est avérée quelque peu différente en raison de l'ajout des 6 questions du LLSS. Nous avons renoncé à proposer des questionnaires de langues différentes (français, allemand) en raison du biais que cela aurait causé par rapport à l'étude précédente, où tous les questionnaires étaient en anglais.

      Le questionnaire se compose de 2 parties distinctes :

      Comme expliqué au chapitre 2, l'ESQ a été développé depuis 1979 par Sampson et Kobrick (Sampson et al, 1980) pour déterminer les réactions des patients dans différentes conditions environnementales (altitude, froid, etc.). Il se base sur la technique dite de « factor analysis », avec un grand nombre de sujets et une appréciation clinique par un médecin (Sampson et al, 1983). Deux révisions (ESQ-II et ESQ-III) ont été nécessaires pour qu'il soit reconnu comme fiable pour déterminer la présence ou l'absence de MAM. Les réponses sont graduées de 0 (aucun symptôme) à 5 (intensité maximale). Les personnes étaient tenues d'inscrire le maximum de ce qu'ils auraient pu ressentir durant les 24 heures précédentes. Deux indices sont calculés en fonction des réponses, L'indice 'cérébral' (AMS-C) et l'indice 'respiratoire' (AMS-R) :

  1. L'AMS-C = (5 / 25.95)*(R1*0.489 + R2*0.465 + R4*0.446 + R5*0.346 + R6*0.501 + R7*0.519 + R19*0.387 + R24*0.347 + R52*0.413 + R53*0.692 + R54*0.584)
  2. L'AMS-R = (5 / 35.69)*(R2*0.312 + R8*0.745 + R9*0.763 + R10*0.734 + R17*0.516 + R22*0.686 + R 23*0.744 + R24*0.691 + R46*0.534 + R48*0.578 + R58*0.355 + R65*0.481)

      Nous pouvons constater que chaque item reçoit un poids spécifique en fonction de son importance diagnostique. Par exemple l'item R2 « céphalées » est plus important que l'item R4 « nausée » pour la détermination de l'AMS-C. Au moment où a eu lieu la première étude, on considérait que les personnes ouffraient du MAM si elles avaient un score d'AMS-C supérieur à 0.7 ou un score d'AMS-R supérieur à 0.6. Actuellement seul le score d'AMS-C est utilisé.

      Par rapport au premier questionnaire, la deuxième partie contient en plus les 6 questions du LLSS : Céphalées, troubles gastro-intestinaux, fatigue / faiblesse, vertiges / étourdissements, troubles du sommeil, répercussion des symptômes sur l'activité. Les réponses sont graduées de 0 (aucun symptôme) à 3 (intensité maximale). Le score est positif si la somme des cinq premières questions est supérieure à 4. Si un médecin se trouve sur place, le score peut être complété par l'examen physique qui comprend :

      Le score global (réponses plus examen) est positif s'il est supérieur à 5.


5. Méthodes d'analyse statistique

      Les données ont été analysées grâce au programme statistique SPSS (version 8.0). Le test de t de Student nous a permis de comparer les moyennes. Dans les cas où les valeurs n'étaient pas normalement distribuées, nous avons utilisé le test non paramétrique de Mann-Whitney. La comparaison des proportions a été effectuée avec le test de c2 et l'analyse des tendances avec le test de c2 pour les tendances. La méthode de Pearson a été utilisée pour l'analyse de corrélations entre paramètres continus, tandis que la méthode de Spearman a servi à l'analyse de corrélations entre variables catégoriques. On a porté une attention particulière aux possibles facteurs de confusion : seuls les facteurs de risque réels, corrigés pour tous les paramètres de confusion (comme par exemble la détection du MAM avec l'âge et la vitesse de montée pris ensembles) ont été rapportés.


4. Résultats


1. Participation lors des 2 études

      Début novembre 1986, les 500 questionnaires ont été distribués en 8 jours (479 à Manang et 21 à Muktinath). De l'autre côté du col, 371 questionnaires ont été collectés, et 353 ont pu être utilisés pour l'analyse (70.6 %). En 1998, les 500 questionnaires ont été distribués durant la même période, mais sur une durée de 5 jours (496 à Manang, 4 à Muktinath). Sur ce nombre, 277 questionnaires ont été collectés, et 266 ont pu être utilisés pour l'étude (53.2 %).


2. Comparaison de l'échantillon des populations entre 1986 et 1998


1) Age

      Lors de la première étude, le plus jeune trekker avait 17 ans et le plus âgé 73. Ces chiffres sont pratiquement superposables 12 ans plus tard (17-74). L'âge moyen, par contre, est passé de 30 à 37 ans avec un élargissement de l'écart type (déviation standard passant de 8 à 13).

      
  Age (1986) Age (1998)
Minimum 17.00 17.00
Maximum 73.00 74.00
Moyen 30.35 ± 8.0 36.77 ± 13.0

      La répartition de la population en 5 groupes d'âge confirme son vieillissement. Par ailleurs nous remarquons une répartition plus harmonieuse lors de la seconde étude, même si la catégorie des 26-35 ans reste prédominante.

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Groupe 1 (< ;25 ans) 103 (29.2) 46 (17.3)
Groupe 2 (26-35 ans) 187 (53.0) 113 (42.5)
Groupe 3 (36-45 ans) 42 (11.9) 43 (16.2)
Groupe 4 (46-55 ans) 17 (4.8) 27 (10.2)
Groupe 5 (> ;55 ans) 14 (1.1) 37 (13.9)

      

Fig. 5 : Répartition des marcheurs par catégorie d'âges


2) Taille et poids

      En ce qui concerne la taille, le poids (donnés par les patients) et l'indice de Quételet ou BMI (poids divisé par la taille au carré), les 2 études sont pratiquement superposables.

      
  1986 1988
Taille moyenne en cm 172.1 ± 10.3 173.3 ± 9.7
Poids moyen en kg 65.3 ± 10.0 68.3 ± 11.0
BMI moyen 22.0 22.7


3) Sexe

      De même, il n'y a pas de différence significative en ce qui concerne la répartition des sexes (discrète prédominance masculine).

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Hommes 193 (54.7) 154 (57.9)
Femmes 160 (45.3) 112 (42.1)


4) Santé


a) Généralités

      Lors de la seconde étude, 9 % des gens reconnaissent avoir un problème de santé chronique, contre seulement 6 % la première fois. Cette différence n'est cependant pas significative (X2 = 2.62, p = 0.11).

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
En bonne santé 332 (94.1) 241 (90.6)
Problèmes de santé 21 (5.9) 25 (9.4)

      Lors de la seconde étude, nous relevons 10 asthmatiques, 4 hypertendus, 3 cardiaques (2 coronaropathes, 1 CIV), 2 bronchitiques chroniques, 2 hypothyroïdiens, 1 diabétique, 1 dépressif, 1 personne souffrant de rhinite chronique et 1 de troubles digestifs chroniques.


b) Pilule

      Par ailleurs, on note une augmentation des femmes prenant la pilule (32 % contre 19 %).

      (X2 = 6.0, p = 0.01).

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Prend la pilule 31 (19.4) 36 (32.1)
Ne prend pas la pilule 129 (80.6) 75 (67)


c) Tabac

      Le nombre de fumeurs est pratiquement identique et reste relativement faible (15 %)

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Ne fume pas 300 (85.0) 230 (86.5)
Fume moins de 10 cig./j 38 (10.8) 28 (10.5)
Fume plus de 10 cig./j 15 (4.2) 8 (3.0)


5) Nationalités


a) Distribution lors de la seconde étude

      Lors de la distribution des questionnaires dans la deuxième étude, nous avons relevé, chaque fois que possible, la nationalité des gens à qui nous les donnions. Cela a pu se faire dans 448 cas. Comme la nationalité de tous les gens ayant rendu les questionnaires était connue, nous pouvons estimer la proportion de gens l'ayant rempli en fonction de leur nationalité. Malgré le risque d'erreur dû au manque de données concernant 52 cas il est intéressant de noter que les personnes de langue maternelle anglaise ont un taux de réponse qui se situe dans la moyenne.

      
  Questionnaires distribués Questionnaires rendus Pourcentage
Benelux 45 39 86.7
Suisse 10 7 70.0
Allemagne 36 25 69.4
Italie 6 4 66.7
UK 104 66 63.5
USA et Canada 53 32 60.4
Scandinavie 5 3 60.0
France 95 54 56.8
Espagne et Portugal 4 2 50.0
Reste du monde 4 2 50.0
NZ et Australie 25 12 48.0
Israël 35 11 31.4
Europe reste 26 8 30.8
Japon 2 0 00.0
Amérique du sud 0 0 -
Asie 0 0 -
Non connu 52    
Total 500 263 52.6

      

Fig. 6 : Répartition des marcheurs par pays


b) Comparaison des 2 études

      Si l'on se base sur les questionnaires rendus, on peut mettre en évidence une nette diminution des Nord-américains (12 % contre 24 %), des Australiens et Néo-zélandais (5 % contre 12 %) et des Scandinaves (1 % contre 7 %). À l'inverse on note une augmentation significative des Britanniques (25 % contre 18 %), des Français (20 % contre 12 %) et des Hollandais (15 % contre 6 %). Les anglophones ont diminué de manière significative de 54 % à 41 % (X2 = 9.9, p < 0.005). Même si nous leur ajoutons les Hollandais et les Scandinaves qui maîtrisent généralement bien la langue de Shakespeare, la baisse est significative (de 66 % à 57 %)(X2 = 5.1, p < 0.05).

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998 Différence
USA et Canada 86 (24.4) 32 (12.0) ***
UK 62 (17.6) 66 (24.8) *
NZ et Australie 43 (12.2) 12 (4.5) ***
France 43 (12.2) 54 (20.3) **
Allemagne 31 (8.8) 25 (9.4) ns
Reste du monde 26 (7.4) 2 (0.8) -
Scandinavie 23 (6.5) 3 (1.1) ***
Benelux 20 (5.7) 39 (14.7) ***
Suisse 13 (3.7) 7 (2.6) ns
Italie 3 (0.8) 4 (1.5) ns
Europe reste 2 (0.6) 8 (3.0) -
Japon 1 (0.3) 0 -
Espagne et Portugal 0 3 (1.1) ns
Israël ? 11 (4.1) -
Amérique du Sud 0 0 -
Asie 0 0 -
ns = non significatif, * = peu significatif (p < ; 0.05), ** = moyennement significatif (p < ; 0.01), *** = très significatif (p < ; 0.001).

      

Fig. 7 : Provenance des gens ayant rempli le questionnaire


6) Sport et préparation spécifique

      Le nombre de personnes pratiquant régulièrement un sport est assez élevé et a augmenté de 70 à 87 % (X2 = 22.7, p < 0.0001). Le nombre de personnes ayant fait une préparation spécifique en vue du trek a augmenté de 26 à 36 % (X2 = 6.8, p < 0.01).

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Pas sportif 105 (29.7) 35 (13.2)
Relativement sportif  2  195 (55.2) 122 (45.9)
Très sportif  3  53 (15.0) 108 (40.6)
Pas de préparation spécifique 260 (73.7) 170 (63.9)
Préparation moyenne3 83 (23.5) 81 (30.5)
Préparation importante4 10 (2.8) 14 (5.3)


7) Expérience en altitude et acclimatation préalable

      Si le nombre de gens étant déjà monté plusieurs fois en dessus de 5'000 m est stable (18-19 %), on note une augmentation de 34 à 50 % (X2 = 15.9, p < 0.0001) du nombre de personnes ayant fait plusieurs expéditions à des altitudes moyennes (entre 3500 et 5000m). À noter que près de la moitié des trekkers (48 %) n'avait aucune expérience de l'altitude lors de la première étude, et qu'ils étaient environ un tiers (30 %) dans ce cas 12 ans plus tard (X2 = 20.0, p < 0.0001).

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Pas d'expérience en altitude 169 (47.9) 80 (30.1)
Quelques expériences < ;5'000m 119 (33.7) 132 (49.6)
Plusieurs expériences > ;5'000m 65 (18.4) 51 (19.2)

      Une éventuelle acclimatation préalable en altitude quelques semaines avant le trek ne concerne que 5 % des gens dans l'une et l'autre étude.

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Pas d'acclimatation au préalable 315 (89.2) 240 (90.2)
Plusieurs jours passés à plus de 4'000m mais il y a plus d'un mois 18 (5.1) 9 (3.4)
Plusieurs jours passés à plus de 4'000m mais il y a moins d'un mois 20 (5.7) 14 (5.3)


8) Nombre de participants

      Dans les 2 études, la moitié des trekkers environ voyage soit seul soit par groupe de deux, et l'autre moitié par groupe allant de 3 à 24 personnes. A titre indicatif, on peut relever une baisse des personnes voyageant par groupe de 3 (X2 = 5.9, p < 0.05) et une augmentation des personnes voyageant par groupes allant de 11 à 20 individus (X2 = 59.4, p < 0.01).

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Voyagent seuls 43 (12.2) 32 (12.0)
Voyagent par groupes de 2 122 (34.6) 97 (36.5)
Voyagent par groupe de 3 50 (14.2) 21 (7.9)
Voyagent par groupe de 4 30 (8.5) 22 (8.3)
Voyagent par groupe de 5 15 (4.2) 13 (4.9)
Voyagent par groupe de 6-10 33 (9.6) 15 (4.9)
Voyagent par groupe de 11-20 35 (9.9) 49 (18.5)
Voyagent par groupe de > ; 20 24 (6.8) 19 (7.1)

      

Fig. 8 : Répartition des trekkers

      Dans la seconde étude, environ deux tiers des personnes ont organisé leur trek eux-mêmes. Malheureusement il nous manque ces données pour la première étude.

      
  Nombre (2) Pourcentage (2)
Trek organisé par soi-même 166 62.4
Trek organisé par une agence 100 37.6


9) Connaissance du MAM


a) Symptômes et remèdes

      On note une meilleure connaissance du MAM en 1998. En effet, 95% contre 80 % des gens connaissaient au moins 2 symptômes (X2 = 30, p < 0.0001), et 77 % contre 60 % ont pu citer plusieurs remèdes dont la descente (X2 = 19, p< 0.001). Environ 3 % des gens n'avaient jamais entendu parler du MAM avant leur arrivée à Manang.

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Connaissance d'au moins 2 symptômes du MAM 282 (79.8) 253 (95.1)
Connaissance de remèdes dont la descente 212 (60.0) 204 (76.7)
Aucune connaissance 11 (3.1) 9 (3.4)

      En demandant aux gens ce qu'ils comptaient faire pour se prémunir du MAM, nous remarquons que 80% des gens prévoyaient de s'acclimater en montant lentement. Il nous manque ces données pour la première étude. Cependant la prévention étant directement liée à l'information, nous pouvons postuler que la différence aurait été proportionnelle à celle de la connaissance du MAM.

      
  Nombre (1988) Pourcentage (1988)
Prévoit de s'acclimater 212 79.7
Prévoit de s'hydrater 17 6.4
Prévoit une médication 13 4.9
Ne prévoit rien 24 9.0


b) Source des connaissances

      Comme en 1986, la principale source d'information reste les livres (guide de voyage, de trekking). Les médecins traitants n'interviennent que peu dans les recommandations.

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Livres 236 (66.8) 159 (59.8)
Conférences 74 (20.9) 9 (3.4)
Médecin traitant ? 10 (3.8)
Autre 43 (12.3) 98 (37.1)


3. Comparaison des résultats


1) Fréquence du MAM à Manang

      Le nombre de gens souffrant du MAM à Manang a diminué de manière significative, que l'on utilise l'indice Ams-c (de 18 à 4 %, X2 = 27.9, p < 0.0001), ou l'indice Ams-r (de 31 à 17 %, X2 = 17, p < 0.0001). Il est à noter que le fait de présenter des symptômes du MAM ne signifie pas forcément avoir le MAM (voir méthodes de détection du MAM).

      
Ams-c Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Malade 64 (18.1) 11 (4.1)
Pas malade 289 (81.9) 255 (95.9)

      
Ams-r Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Malade 111 (31.4) 45 (16.9)
Pas malade 242 (68.6) 221 (83.1)

      

Fig. 9 : Pourcentage des gens malades à Manang


2) Fréquence du MAM au col

      Le nombre de gens malades au col a également diminué significativement. Selon l'indice ams-c il est passé de 43 à 29 % (X2 = 14.2, p < 0.0001), et selon l'ams-r de 58 à 47 % (X2 = 7.1, p < 0.01). Signalons que nous n'avons aucun chiffre concernant les cas plus graves qui n'atteignent pas le col et qui doivent renoncer ou reporter leurs tentatives ultérieurement. Lors de la seconde étude, nous avons eu connaissance de 4 personnes dans ce cas.

      
Ams-c Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Malade 153 (43.3) 76 (28.6)
Pas malade 200 (56.7) 190 (71.4)

      
Ams-r Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
Malade 204 (57.8) 125 (47.0)
Pas malade 149 (42.2) 141 (53.0)

      

Fig. 10 : Pourcentage des gens malades au col


3) Médicaments


a) Généralités

      En 1986, une petite minorité a eu besoin d'analgésique (15 %), et seulement 1 % a pris de l'acétazolamide. La grande majorité des personnes n'a eu recours à aucun médicament sur le trajet (83 %). En 1998, 46 % des trekkers a utilisé des antalgiques, et 12 % de l'acétazolamide. Le nombre de gens ne prenant rien s'est avéré minoritaire (44 %).

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998 Différence
Aucun médicament 294 (83.3) 117 (44.0) ***
Analgésique 54 (15.3) 117 (44.0) ***
acétazolamide 4 (1.1) 27 (10.2) ***
Analgésique + acétazolamide 1 (0.3) 5 (1.9) *
ns = non significatif, * = peu significatif (p < ; 0.05), ** = moyennement significatif (p < ; 0.01), *** = très significatif (p < ; 0.001).

      

Fig. 11 : Prise de médicaments


b) Acétazolamide

      Nous avons mis en évidence une différence significative entre les 2 études concernant la prise d'acétazolamide. Seules 5 personnes sur 353 l'ont utilisé lors de la première étude (1 %), alors que 32 personnes sur 266 l'ont pris lors de la seconde étude (12 %).

      
Tableau concernant la deuxième étude
  Nombre de gens prenant de l'Acét. Pourcentage de gens prenant de l'Acét. Nb de gens prenant l'Acét. et étant malade Pourcentage prenant l'Acét. et étant malade
Jour 1 13 4.9 1 7.7
Jour 2 21 7.9 3 14.3
Jour 3 22 8.3 2 9.0
Jour 4 23 8.6 8 34.8
Jour 5 5 1.9 2 60.0


4) Nombre de jours passés sur différentes étapes

      La moyenne du nombre de jours passés entre 2'500m et Manang a diminué de manière significative de 4.4 à 3.9 (t-test, p < 0.001).

      La moyenne de nombre de jours passés à Manang a également diminué de manière significative de 2.1 à 1.8 (t-test, p < 0.0001).

      Par contre, la moyenne de nombre de jours pour passer le col a significativement augmenté de 3.3 à 3.9 (t-test, p < 0.0001).

      
  Moyenne (1986) Moyenne (1998)
Entre 2'500m et Manang 4.4 ± 1.1 4.0 ± 0.8
A Manang 2.1 ± 1.1 1.8 ± 0.7
Sur le col 3.3 ± 0.5 4.0 ± 0.5


5) Altitude cumulée

      Nous avons calculé les altitudes cumulées suivantes :

  • « L'altitude cumulée avant Manang » est la somme des altitudes correspondant à l'endroit où les gens ont passé les 5 nuits précédant leur arrivée à Manang.
  • « L'altitude cumulée du col » est la somme des altitudes correspondant à l'endroit où les gens ont passé la nuit entre Manang et Muktinath.
  • « L'altitude cumulée globale » est la somme des deux altitudes cumulées précédentes.

      L'altitude cumulée avant Manang a diminué, alors que l'altitude cumulée du col a augmenté. L'altitude cumulée globale semble relativement équivalente, mais reste significativement plus importante lors de la seconde étude (U-Mann-Whitney et t-test p < 0.0001).

      
  1986 1998
Altitude cumulée avant Manang min. 8'735 m 3'185 m
Altitude cumulée avant Manang max. 18'089 m 17'675 m
Altitude cumulée avant Manang moy. 14'176 ±1'682 m 12'448 ± 1932 m

      
  1986 1998
Altitude cumulée du col min. 7'955 m 8'003 m
Altitude cumulée du col max. 16'205 m 16764 m
Altitude cumulée du col moy. 9'367 ± 2'032 m 11'985 ± 1960 m

      
  1986 1998
Altitude cumulée globale min. 16'767 m 15'156 m
Altitude cumulée globale max. 32'984 m 32'382 m
Altitude cumulée globale moy. 23'543 ± 2853 m 24'419 ± 2866 m


6) Vitesse de passage du col

      Le nombre de jours utilisés pour passer le col varie selon les personnes. Les plus rapides y ont passé 2 jours et n'ont donc dormi qu'une nuit sur le trajet. Les plus lents l'ont fait en 4 jours (3 nuits). En comparant les 2 études on remarque une nette différence de comportement :

Le nombre de trekkers passant le col en 2 jours a chuté (de 66 à 12% ) (X2 = 179.6, p < 0.0001).

Le nombre de trekkers passant le col en 3 jours a augmenté (de 33 à 76 %) (X2 = 114.2, p < 0.0001).

Le nombre de trekkers passant le col en 4 jours a également augmenté (de 1 à 12 %) (X2 = 31.5, p < 0.0001).

      
  Nombre (%) 1986 Nombre (%) 1998
2 jours 234 (66.3) 33 (12.4)
3 jours 115 (32.6) 202 (75.9)
4 jours 4 (1.1) 31 (11.7)

      

Fig. 12 : Vitesse de passage du col


7) Relation entre maladie selon ams-c et divers facteurs


a) Age

      Lors des 2 études, nous remarquons que le score d'ams-c est inversement associé à l'âge (p < 0.05), ce qui signifie que les gens plus jeunes sont plus susceptibles d'être malades. La répartition par tranche d'âge confirme cette observation.

      
  Pourcentage de gens malades (étude 1) Pourcentage de gens malades (étude 2) Pourcentage de gens malades (étude 1+2)
Groupe 1 (n25 ans) 47.6 34.8 43.6
Groupe 2 (26-35 ans) 43.3 31.9 39.0
Groupe 3 (36-45 ans) 38.1 27.9 32.9
Groupe 4 (46-55 ans) 41.2 18.5 27.3
Groupe 5 (> ;55 ans) - 18.9 17.1

      

Fig. 13 : Malade selon ams-c

      Signalons qu'il n'y a aucune différence significative parmi les différentes classes d'âge en ce qui concerne la vitesse de progression et ce, quels que soient les paramètres utilisés (altitude cumulée, nombre de jours passés à Manang, nombre de jours passés sur le col).

      

Fig. 14 : Vitesse de progression entre 2500m et Muktinath

      Il est à relever que l'expérience préalable en altitude augmente significativement avec l'âge (X2 = 59, P < 0.001). Or si l'on analyse la catégorie des gens sans expérience, la tendance à être plus malade chez les jeunes existe toujours mais elle n'est plus significative. Par contre, chez les personnes expérimentées, la différence est significative.


b) BMI

      Lors de la première étude, il avait été montré que les sujets masculins malades avaient un BMI significativement plus élevé que les autres (p<0.005). Ce n'était pas le cas chez les femmes. Par ailleurs, une corrélation avait été établie pour la population dans son ensemble entre le score de l'ams-c autour du col et le BMI (p<0.05). En prenant la 2e étude ou en additionnant les deux, il n'est plus possible de mettre en évidence une quelconque relation entre BMI et maladie.


c) Sexe

      En utilisant l'Ams-c, nous remarquons que les femmes semblent souffrir davantage de MAM, mais les différences ne sont pas significatives.

      
  Pourcentage de gens malades selon ams-c (étude 1) Pourcentage de gens malades selon ams-c (étude 2) Pourcentage de gens malades selon ams-c (étude 1 + 2)
Hommes 38.9 27.9 34.0
Femmes 48.8 29.5 40.8

      Par contre, en utilisant l'ams-r, les différences deviennent significatives (p < 0.05).

      
  Pourcentage de gens malades selon ams-r (étude 1) Pourcentage de gens malades selon ams-r (étude 2) Pourcentage de gens malades selon ams-r (étude 1 + 2)
Hommes 52.8 40.9 47.6
Femmes 63.8 55.4 60.3


d) Etat de santé

      Les gens ayant un problème de santé chronique ne souffrent pas plus (ni moins) de MAM que les autres.

      
  Pourcentage de gens malades (étude 1) Pourcentage de gens malades (étude 2) Pourcentage de gens malades étude (1 + 2)
En bonne santé habituelle 43.7 28.6 37.3
Problème de santé 38.1 28.0 32.6


e) Pilule contraceptive

      Il en est de même pour les femmes en âge de procréer qui prennent la pilule.

      
  Pourcentage de gens malades (étude 1) Pourcentage de gens malades (étude 2) Pourcentage de gens malades étude (1 + 2)
Femmes prenant la pilule 48.4 33.3 40.3
Femmes ne prenant pas la pilule 49.6 30.2 42.9


f) Tabagisme

      Lors des 2 études séparées ou additionnées, il n'y a pas de relation significative entre le tabagisme et le MAM.

      
  Pourcentage de gens malades (étude 1) Pourcentage de gens malades (étude 2) Pourcentage de gens malades (étude 1 + 2)
Ne fume pas 44.0 27.8 37.0
Fume < ; 10 cigarettes / jour 36.8 39.3 37.9
Fume > ; 10 cigarettes / jour 46.7 12.5 34.8


g) Entraînement sportif

      Il n'y a pas de différence significative entre les personnes sportives et les autres. Une analyse anova comparant l'altitude cumulée des différents groupes révèle que les gens les plus sportifs vont plus vite jusqu'à Manang, mais moins vite pour passer le col (p<0.0001).

      
  Pourcentage de gens malades (étude 1) Pourcentage de gens malades (étude 2) Pourcentage de gens malades (étude 1 + 2)
Pas sportif 38.1 31.4 36.4
Relativement sportif  4  44.1 26.2 37.2
Très sportif  5  50.9 29.6 36.6


h) Entraînement spécifique pour le trek

      Lors de la première étude, les personnes ayant fait une préparation spécifique moyenne 6  sont significativement plus malades que les autres (p<0.05). Lors de la seconde étude, ce sont ceux qui ont fait une préparation spécifique importante 7  qui sont significativement plus malades (p<0.05). Pour les 2 études mises ensembles, on note une tendance non significative à être malade avec l'augmentation de la préparation. L'analyse anova montre que les gens plus préparés arrivent plus vite à Manang.

      
  Pourcentage de gens malades (étude 1) Pourcentage de gens malades (étude 2) Pourcentage de gens malades (étude 1 + 2)
Aucune préparation spécifique 39.6 28.2 35.1
Préparation spécifique moyenne 8 55.4 24.7 40.2
Préparation spécifique importante 9 40.0 57.1 50.0


i) Expérience préalable en altitude

      Lors des 2 études séparées ou additionnées, nous mettons en évidence une diminution du pourcentage de gens malades parmi ceux qui ont déjà des expériences en dessus de 5'000m. Les différences ne sont cependant pas significatives.

      
  Pourcentage de gens malades (étude 1) Pourcentage de gens malades (étude 2) Pourcentage de gens malades (étude 1 + 2)
Pas d'expérience en altitude 44.4 30.0 39.8
Quelques expériences < ;5'000m 47.1 30.3 38.2
Plusieurs expériences > ;5'000m 33.8 23.5 29.3


j) Acclimatation préalable en altitude

      Les gens ayant déjà passé plusieurs jours à plus de 4'000m, que ce soit récemment ou non, sont moins malades que les autres. Les différences sont significatives lors de la première étude (p<0.05) et si l'on additionne les deux (p<0.005).

      
  Pourcentage de gens malades (étude 1) Pourcentage de gens malades (étude 2) Pourcentage de gens malades (étude 1 + 2)
Pas d'acclimatation au préalable 45.7 30.8 39.3
Plusieurs jours passés à plus de 4'000m mais il y a plus d'un mois 22.2 11.1 18.5
Plusieurs jours passés à plus de 4'000m mais il y a moins d'un mois 25.0 7.1 17.6


k) Nombre de jours passés entre 2500 m et Manang

      Lors de la première étude, les gens souffrant de MAM à Manang avaient une moyenne de jours passés entre 2'500 m et Manang significativement plus basse que les gens sains (t-test, p < 0.05). Cette différence n'est plus significative 12 ans plus tard, ni si l'on additionne les 2 populations.

      
  Moyenne étude 1 Moyenne étude 2 Moyenne étude 1 + 2
Malade 4.1 ± 1.0 3.6 ± 1.0 4.1 ± 1.0
Pas malade 4.4 ± 1.1 4.0 ± 0.8 4.2 ± 1.0


l) Altitude cumulée moyenne

      - A Manang

      Les gens souffrant de MAM à Manang ont une altitude cumulée moyenne significativement plus faible que les autres et ce lors des 2 études (t-test, p<0.05). Cette différence n'est cependant plus significative si l'on additionne les 2 populations.

      
  Altitude cumulée avant Manang (étude 1) Altitude cumulée avant Manang (étude 2) Altitude cumulée avant Manang (étude 1 + 2)
Malade 13'741 ± 1'584 m 11'096 ± 3'462 m 13'353 ± 2'155 m
Pas malade 14'272 ± 1'691 m 12'507 ± 1'826 m 13'450 ± 1'962 m

      - Au col

      Si l'on prend les 2 études séparément, il n'y a pas de différence significative entre les gens malades et sains. Par contre si l'on additionne les 2 populations, les gens malades ont une altitude cumulée significativement plus faible que les gens en bonne santé (t-test, p<0.059).

      
  Altitude cumulée du col (étude 1) Altitude cumulée du col (étude 2) Altitude cumulée du col (étude 1 + 2)
Malade 9'278 ± 1'905 m 12'138 ± 2'095 m 10'227 ± 2'384 m
Pas malade 9'436 ± 2'126 m 11'924 ± 1'905 m 10'648 ± 2'372 m

      - Globalement

      En ce qui concerne l'altitude cumulée globale, il n'y a pas de différence significative entre les gens malades et sains.

      
  Altitude cumulée globale (étude 1) Altitude cumulée globale (étude 2) Altitude cumulée globale (étude 1 + 2)
Malade 23'302 ± 2'731 m 24'712 ± 3'002 m 23'770 ± 2'895 m
Pas malade 23'728 ± 2'936 m 24'300 ± 2'808 m 24'004 ± 2'885 m


m) Nombre de jours pour passer le col

      En analysant chaque étude, il n'y a pas de corrélation significative entre le nombre de jours que les gens ont mis pour passer le col et la probabilité d'être malade. Par contre, si l'on tient compte de la population dans son ensemble, il existe une diminution significative de 42 % à 33 % du risque d'être malade si l'on passe le col en 3 jours au lieu de 2 (X2 = 4.5, p< 0.05).

      
  Pourcentage de gens malades (étude 1) Pourcentage de gens malades (étude 2) Pourcentage de gens malades (étude 1 + 2)
Passage du col en 2 jours 44.0 % 27.3 % 41.9 %
Passage du col en 3 jours 43.5 % 27.7 % 33.4 %
Passage du col en 4 jours 00 .0 % 35.5 % 31.4 %


n) Manière de voyager

      Le fait de voyager seul ou en groupe (quelle que soit la taille du groupe), et le fait d'avoir organisé son trek soi-même ou d'être passé par une agence n'ont absolument aucune incidence sur le MAM.


8) Relation entre ams-c et ams-r

      Il est intéressant de remarquer que même si le score d'ams-r n'est plus utilisé, il existe une corrélation nette (p<0.0001) entre le score d'ams-c et d'ams-r concernant le dépistage du MAM.

      
  Pourcentage étude 1 Pourcentage étude 2 Pourcentage étude 1 + 2
Ams-c +, Ams-r + 38.2 24.4 32.3
Ams-c +, Ams-r - 5.1 4.1 4.7
Ams-c -, Ams-r + 19.5 22.6 20.8
Ams-c -, Ams-r - 37.2 48.9 42.2


5. Interprétations et discussion


1. Diminution du taux de participation entre 1986 et 1998

      En 1998 la proportion de questionnaires rendus était de 53 % alors qu'elle était de 71% 12 ans plus tôt. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cela :


2. Diminution de l'incidence du MAM

      Lors de la seconde étude, nous avons donc mis en évidence une baisse significative du nombre de gens ayant souffert du MAM. En effet, en utilisant l'indice de référence actuellement en vigueur, l'indice ams-c, le nombre de gens malades passe de 18 % à 4 % à Manang (3500m) et de 43 % à 29 % au col du Thorong La (5400m). A titre indicatif, si l'on utilise l'indice ams-r (qui n'est plus utilisé pour dépister le MAM), on obtient également une baisse nette du taux de gens malades (de 31 % à 17 % à Manang, et de 58 % à 47 % au col). Dans une étude similaire réalisée à 4'300 m d'altitude sur le trek de l'Everest, 43 % des gens avaient été malades (Hackett et al, 1979).

      Les causes principales sont très probablement liées à la diminution de la vitesse de passage du col, et au vieillissement de la population :


1) Diminution de la vitesse de passage sur le col

      Il est bien établi depuis longtemps que la vitesse de progression est un des paramètres primordiaux dans la survenue du MAM (Hackett et al, 1976). Or, nos résultats montrent que les trekkers de 1998 ont une altitude cumulée sur le col plus importante ainsi qu'un temps de passage plus long. Ils ont donc pris plus de temps pour passer le col. A cela, 2 raisons principales :

  • L'augmentation du nombre de logements disponibles avant le col. En 12 ans, de nombreuse « lodges » ont été construites sur le trajet du col. A l'évidence, cela permet de mieux adapter les étapes en fonction des besoins personnels.
  • La meilleure information des trekkers concernant le MAM. Lors de la seconde étude, les gens ont de meilleures connaissances du MAM. En effet, 95 % des gens ont pu en citer au moins 2 symptômes, et 77 % connaissaient des remèdes, dont la descente comme étant le plus important. En 1986, les taux étaient respectivement de 80 % et 60 %. Nous avons pu vérifier que la plupart, si ce n'est la totalité, des guides de voyages utilisés par les trekkers consacrent de larges chapitres au MAM et à sa prévention. En l'occurrence, ces guides conseillent de passer au moins 2 nuits sur le trajet du col. Nous pouvons donc imaginer que les gens, mieux informés, ont suivi ces recommandations et adapté leur comportement en fonction de leurs symptômes. Signalons que seuls 4 % des gens étaient informés par leur médecin traitant. En additionnant les 2 populations, l'on remarque qu'une altitude cumulée du col faible ou une vitesse de passage du col élevée (en 2 jours au lieu de 3) sont des facteurs de risque du MAM. Signalons toutefois que certaines personnes prennent plus de temps justement parce qu'elles sont malades et qu'il ne nous est pas possible de les distinguer de ceux qui le font pour des raisons préventives. Notons que lors de la seconde étude, l'incidence du MAM est également plus faible à Manang alors que les gens y sont arrivés plus rapidement. Aucune variable ou association de variables mesurées dans l'étude ne permet d'expliquer ce phénomène.

2) Augmentation de la moyenne d'âge des trekkers

      Lors de la seconde étude, la population est globalement plus âgée (âge moyen passant de 30 à 37 ans). La répartition par tranches d'âge, qui montre une diminution des moins de 35 ans et une augmentation des plus de 40 ans, confirme cela. Or il est bien établi que plus l'âge est élevé, moins on risque de présenter un MAM (Hackett et al, 1976). Une des hypothèses pour expliquer cette tendance serait celle des caractéristiques morphologiques du crâne des personnes âgées. Le cerveau étant confiné dans une enveloppe rigide, la moindre augmentation de son volume crée une augmentation nette de la pression intracrânienne. Les caractéristiques morphologiques du crâne, et en particulier du canal spinal des personnes âgées leur permettraient d'atténuer l'augmentation de la pression intracrânienne responsable du MAM (Hackett, 1999). Notre étude a confirmé l'effet protecteur de l'âge sur le MAM. D'une part, le score d'ams-c est inversement proportionnel à l'âge, et d'autre part, les gens composant chaque tranche d'âge sont significativement moins malades que ceux de la précédente (cf. Fig 13). Nous pourrions imaginer que les jeunes sont plus malades parce qu'ils montent plus rapidement mais ce n'est pas le cas. Il n'y a en effet aucune différence concernant leur vitesse de progression entre les différentes classes d'âge et ce, quels que soient les paramètres utilisés (altitude cumulée, nombre de jours passés à Manang, nombre de jours passés sur le col). Constatant que la population plus âgée est plus expérimentée en altitude, nous ne pouvons pas exclure que la baisse d'incidence soit due à un phénomène de sélection. En effet, les gens se sachant susceptibles d'être malades évitent probablement d'entreprendre une expédition en altitude.


3. Prise de médicaments

      On note une importante augmentation de la prise de médicaments. Lors de la première étude, la majorité des personnes (83 %) n'a eu recours à aucun médicament sur le parcours, alors que 12 ans plus tard, ils n'étaient plus que 44 % dans ce cas. Le pourcentage de gens prenant un analgésique est passé de 16 % à 46 %, et celui des gens prenant de l'acétazolamide (Diamox®) de 1 % à 12 %. Rappelons que l'acétazolamide est reconnu pour ses vertus préventives (Larson et al, 1982) et curatives (Bradwell et al, 1992) du MAM. Une analyse un peu plus détaillée des 32 personnes ayant pris l'acétazolamide en 1998 montre les éléments suivants :

      Nous n'avons pas de point de comparaison car toutes les études liées à l'acétazolamide sont dirigées (comparaison double aveugle acétazolamide/placebo).


4. Facteurs de risque

      Rappelons que l'obésité (Honigman et al, 1993), le sexe féminin (Honigman et al, 1993), le fait de souffrir d'une affection aiguë (Murdoch, 1995) et le manque de condition physique (Richalet et al, 1989) sont parfois évoqués comme facteurs de risque, mais pas systématiquement. Le tabagisme (Yoneda et al, 1997) et l'asthme (Cogo et al, 1997) n'en sont pas. Lors de nos 2 études, l'état de santé général, le sexe, la prise de contraceptifs et le tabagisme ne sont pas corrélés avec le MAM. Il en est de même concernant la façon de voyager (taille du groupe, agence ou non). En 1986, une corrélation avait été mise en évidence (chez les hommes seulement) entre le BMI et le MAM. Cela n'a pas été confirmé, ni lors de la seconde étude, ni en additionnant les deux. Le fait d'être sportif ou non n'influe pas le risque de développer un MAM, et ce lors des 2 études. Par contre, on note une tendance significative à être plus malade chez les gens qui ont fait une préparation physique spécifique moyenne 8  (première étude) ou importante 9  (deuxième étude) en vue du trek. Il est possible que la montée plus rapide à Manang observée chez ces personnes explique cette tendance. Il n'y a pas de différence significative entre les gens ayant déjà vécu des expériences en moyenne ou haute altitude, même si on note une tendance à être moins malade chez les personnes étant déjà monté à plus de 5'000 m. Il est probable qu'avec l'expérience, ces personnes sont plus attentives à leurs symptômes et plus aptes à réagir de manière appropriée. En revanche, la diminution du taux de maladie est significative en ce qui concerne les personnes ayant bénéficié d'une acclimatation préalable à plus de 4'000m (première étude et deux études additionnées ; tendance idem mais non significative pour la seconde étude en raison d'un nombre de personnes trop faible). En 1986, le fait de souffrir du MAM à Manang avait été lié à une progression entre 2'500m et Manang plus rapide ainsi qu'à une altitude cumulée avant Manang plus basse. Seul ce dernier point a été confirmé.


5. Comparaison des 2 questionnaires d'évaluation du MAM

      L'un des buts de cette étude était de valider en milieu himalayen un nouvel outil d'évaluation du MAM, le questionnaire Lake Louise Scoring System en le comparant au questionnaire Environmental Symptoms Questionnaire 2e révision. Cette partie de l'étude a été réalisé par la doctoresse Della Santa et a fait l'objet d'une thèse séparée (Della Santa, thèse 10102). Comme cela a déjà été démontré dans les Alpes, ce questionnaire remplace avantageusement l'ESQ-III, dont on se servait jusqu'alors : la plus grande simplicité et la reconnaissance internationale dont il bénéficie devraient encore élargir son utilisation et, dès lors, faciliter les comparaisons entre les différentes études. Il a été constaté que l'utilisation du score fonctionnel (qui cherche à mettre en évidence une éventuelle limitation de l'activité physique due aux symptômes du MAM) améliore la spécificité du LLSS. Selon le questionnaire ESQ-III, les malades du MAM sont ceux qui ont un score supérieur ou égal à 0.7. La valeur du score de Lake Louise qui y correspond le mieux est, sans l'utilisation du score fonctionnel, un score supérieur à 4 et, avec le score fonctionnel, un score supérieur à 5. La sensibilité du LLS vis-à-vis de l'ESQ-III était de 88% et sa spécificité de 83% ou de 77%, selon que le score fonctionnel était ou non pris en compte. Le LLSS est donc un outil fiable pour l'évaluation du MAM en milieu himalayen ; l'utilisation du score fonctionnel permet d'en améliorer la spécificité.


6. Forces et limitations de l'étude


1) Type d'étude

      Lors des 2 études, nous avons donné le questionnaire sur une période définie à tous les gens qui allaient passer le col. Nous n'avons pas fait de sélection et avons donc touché la population la plus large possible et probablement très représentative des touristes entreprenant un trek. La plupart des études comparables (Hackett 1976, Hacket 1978) se sont basées sur un échantillon de volontaires. Par ailleurs, en 1986, pour la première fois, une étude de ce type avait lieu autour d'un col. Cet aspect est important en ce qui concerne la motivation des personnes participant à l'étude. Les gens sont toujours motivés pour atteindre un quelconque sommet, mais probablement encore plus pour passer un col qui va déterminer la deuxième partie de leur périple. Enfin, c'est également la première fois à notre connaissance qu'une étude épidémiologique sur le MAM a été refaite des années plus tard, au même endroit, à la même époque et avec les mêmes outils que la précédente, ce qui permet une comparaison optimale.


2) Nombre de cas

      Avec 353 cas lors de la première étude, puis 266 lors de la seconde, nous obtenons un total de 619 cas analysés.


3) Comparaison des populations

      Les conclusions ne sont possibles que si les populations des 2 études sont comparables et superposables. Elles le sont en ce qui concerne la morphologie moyenne (taille et poids), la répartition des sexes (discrète prédominance masculine), le tabagisme (15 % de fumeurs), et l'acclimatation préalable à l'altitude. Par contre la population de 1998 comprend plus de personnes connaissant des problèmes de santé chronique (9 % contre 6 %), plus de femmes prenant la pilule (32 % contre 19 %), plus de sportifs (87 % contre 70 %) et plus de néophytes par rapport à l'altitude (48 % contre 30 %). Ces différences ne causent cependant pas de biais dans la mesure où elles n'influent ni la survenue du MAM ni son dépistage par le questionnaire. Par contre il nous faut relever deux différences susceptibles d'influencer les résultats :

  • La population de 1998 est plus âgée. Or, comme nous l'avons vu plus haut, l'âge est un facteur protecteur du MAM.
  • La diminution des anglophones. Comme le questionnaire est en anglais, il est important de comparer les différences concernant les anglophones. Ceux-ci ont diminué de manière significative (de 54 à 41 %). Deux éléments tirés du taux de participation en fonction de la nationalité tendent cependant à relativiser l'importance que cette diminution pourrait avoir sur notre étude. D'une part, la proportion d'anglophones ayant rendu le questionnaire n'est pas plus élevé que celle des non-anglophones (57 %). D'autre part, si 87 % des Hollandais ont participé à la seconde étude, seul 31 % des Israéliens l'ont fait. Or, il y a probablement peu de différence entre ces 2 groupes concernant la compréhension de l'anglais.

4) Cas de MAM avant le col

      Nous avons eu connaissance de 4 cas de trekkers ayant souffert de MAM important, voire d'oedème cérébral ou pulmonaire, avant d'atteindre le col et qui ont été contraints de faire demi-tour. Il est fort probable qu'il y en ait eu d'autres. Ces personnes échappent à nos statistiques, mais la situation était identique en 1986.


Conclusions

      Cette étude a donc permis de confirmer notre hypothèse de départ. Celle-ci stipulait qu'en 12 ans un grand effort de prévention du Mal Aigu des Montagnes (MAM) avait été réalisé et que cela déboucherait sur une baisse du nombre de gens malades. Lors de la seconde étude, les gens étaient effectivement mieux informés sur le MAM. Grâce à cela, et à de plus vastes possibilités de logements sur le trajet, ils ont adopté un comportement différent. Ils ont notamment pris plus de temps pour passer le col. Et l'incidence du MAM au sommet du col a diminué de 43% à 29%. Il est intéressant de noter que la grande partie de l'information concernant le MAM a surtout été l'oeuvre des livres et autres guides de voyages et très peu des médecins traitants. Comme la plupart des gens consultent leur médecin avant d'entreprendre un tel voyage, il ne serait certainement pas inutile d'entreprendre un travail de sensibilisation à ce niveau.

      Par ailleurs, cette étude a confirmé de manière claire certains facteurs protecteurs du MAM déjà bien établis comme l'acclimatation préalable et surtout l'âge. En effet, les plus jeunes sont plus touchés, sans que cela soit du à une ascension plus rapide de leur part. Cela pourrait être du à des caractéristiques morphologiques du canal spinal variant en fonction de l'âge, mais les causes exactes de ce phénomène ne sont pas clairement établies. A l'avenir, une compréhension plus complète des mécanismes physiopathologique du MAM pourrait apporter une réponse. Il est cependant rare de trouver des pathologies où les aînés sont favorisés, et on peut donc rassurer ceux qui, par ailleurs en bonne santé, hésiteraient à entreprendre de tels voyages.

      Enfin, l'autre pan de cette étude qui a fait l'objet d'une thèse séparée a permis de valider pour la première fois en milieu himalayen un nouveau type de questionnaire de dépistage du MAM, le Lake Louise Scoring System. Il ne comporte que 6 questions, au lieu des 69 du questionnaire de référence en vigueur jusqu'ici, l'Environmental Symptom Questionnaire. Son utilisation ouvre des perspectives particulièrement intéressantes pour les études épidémiologiques ou dans l'auto-évaluation des personnes confrontées à l'altitude en leur offrant un outil de contrôle simple et objectif.


[Précédent] [Suivant]