Réalité virtuelle et modification du comportement
Mardi 11 mars à 19h
Uni Dufour (24 rue Général-Dufour, Genève)
Auditoire Piaget (U600, sous-sol)
Intervenants:
Mireille Bétrancourt (psychologue, UNIGE)
Djamel Benguetta (psychiatre, HUG)
Daniel Thalmann (informaticien, EPFL)
Modérateur: Emmanuel Gripon
La réalité virtuelle nous offre de nouvelles possibilités d'interaction, de communication et de divertissement. Mais elle peut aussi affecter nos capacités cognitives et notre comportement. Dans son sillage, on voit apparaître par exemple un nouveau phénomène d'addiction. Pourtant, parmi ces effets, tout n’est pas à craindre, car les technologies de la réalité virtuelle offrent aussi de nouveaux moyens d'améliorer et de réhabiliter nos fonctions cognitives (modes d’apprentissage, traitement des phobies, etc).
De cette réalité que l’on dit virtuelle, selon l’appellation consacrée pour désigner un système de modélisation interactif par images de synthèse, découle la possibilité de simuler des conjonctures professionnelles ou personnelles. Dans un objectif didactique, ce potentiel est envisagé comme une formidable opportunité d’apprentissage. Mais qu'apprend-on d’effectif via de telles simulations ? Comment doit-on organiser les moments et circonstances simulés pour que les apprentissages s’inscrivent dans une durabilité ? Mieux, pour qu’ils portent des fruits au niveau de la réalité ? Quelles sont les limites éthiques qu’il faudrait respecter dans ces contextes de réalité virtuelle ? Telles sont les questions qu’abordera Mireille Bétrancourt, selon un point de vue pychopédagogique.
Faut-il considérer la «cyberaddiction» comme une nouvelle maladie? Depuis quelques années, de nouvelles consultations ont été mises en place, relatives aux addictions. Dans ce contexte, le Service d'abus de substance des HUG, via la consultation NANT -pour « nouvelles addictions,nouvelles thérapies »- accueille depuis près d'une année toute personne adulte ou adolescente pour laquelle se pose un problème de dépendance, avec ou sans substances. Or, on a constaté qu’un nombre croissant de cyberdépendants ont consulté les soignants, qui se retrouvent ainsi régulièrement confrontés à des phénomènes tels que le «cybersexe», la réalité virtuelle, la dépendance aux jeux vidéos, etc. Où se trouve la frontière entre la passion et le comportement d’une personne au comportement dit addict ? Quels sont les critères cliniques d'une «cyberaddiction» ? Au niveau neurobiologique, y a t-il un tronc commun entre l'addiction avec et sans substance ? Pourquoi les addictions sans substances se développent t-elles? Quelles recommandations peut-on proposer? Ce sont ces interrogations qui sous-tendront l’intervention de Djamel Benguettat.
Si la réalité virtuelle permet de plonger les patients dans des mondes fictifs et de leur faire vivre ou revivre des situations, l’une de ses applications directes relève du traitement des phobies. Dans ce cadre, on simulera par exemple des situations génératrices de stress, des catastrophes, des scènes classiques de transport en avion ou en ascenseur, l’irruption de souris ou d’araignées… Mais le monde réel implique d’abord, pour chacun-e d’entre nous, la fréquentation de ses semblables. C’est donc en priorité sur les phobies sociales et l’agoraphobie que Daniel Thalmann s’est concentré. Son exposé portera sur la réalité virtuelle à usage thérapeutique. |