EPILOGUE

Il faut m'habituer à la déception. C'est la vie sous sa forme la plus banale. Décevoir et être déçu. Combien de fois encore?

Le jeune homme en face de moi semble m'en vouloir. Parce que je l'ai dépouillé d'une illusion. Je lui ai volé son fantasme. Ses nuits seront peuplées de femmes ordinaires et il ne pourra plus se consoler à l’idée qu'il en existe aussi une autre, exceptionnelle. J'ai tué mon image. J'ai massacré ma légende. Dans le miroir de ses yeux, je vois mon vrai visage : il est insignifiant. Nous sommes tous deux dépités.

 

Dehors, il pleut toujours.

 

Le jeune homme est appelé le premier. Seule dans la salle d'attente, je regarde par la fenêtre. Des arbres nus aux branches squelettiques. Je me rappelle les hivers de mon coeur, les larmes versées, et surtout mes serments de ne jamais faire confiance aux hommes. Pourtant, après chaque déception, un nouveau rêve m'a toujours fait renaître.

Ainsi, au fil des années, j’ai perdu plusieurs fois l’espoir, avant de comprendre que le perdre, j’en étais bien incapable.

 

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