LA PARTICIPATION DES ELEVES,
LES CONSEILS DENFANTS
(PROJET DE THEME POUR LA SEANCE DU GROUPE DE REFERENCE DE LUNIVERSITE DETE DU 131099)
Différents constats sont à lorigine du besoin dévolution du lien pédagogique constaté depuis plusieurs années. La culture des enfants arrivant à lécole, les conditions de vie de la population, les connaissances, les représentations des enseignants, la société dans son entier évoluent et bousculent les schémas éducatifs connus. Lélève ne sait plus obéir sans comprendre, la famille et les autres institutions ne réussissent plus à encadrer les enfants aussi efficacement que par le passé, mais aussi on sait plus de choses sur la parole, la construction du sujet, des exigences philosophiques élevées comme la dignité de chacun, le droit des enfants envahissent le discours des éducateurs.
Tous ces changements ne se font cependant pas dans lharmonie. Changer implique un deuil : il sagit en quelque sorte de mourir à soi-même pour renaître autrement. La société, lécole résistent à abandonner la culture familière, même lorsquelle ne correspond visiblement plus aux nouvelles conditions de vie. Les messages porteurs de ce malaise sont souvent aussi peu clairs pour ceux qui les délivrent que pour leurs destinataires. Les flambées de violences, les incompréhensions chroniques, les crispations identitaires sont autant de ces avatars de la communication mal décodés auxquels nous sommes confrontés aujourdhui et qui disent la nécessité de changement.
Si lécole se trouve, en tant quinstitution éducative, aux premières loges pour ressentir douloureusement cette pertes des anciens repères , son rôle social et son organisation en font également le premier partenaire en importance capable dy répondre de manière efficace et appropriée. "Lécole ou la guerre civile" proclame en titre Philippe Meirieu en 1997. Le choix peut paraître restrictif, mais il dit bien lurgence et limpossibilité de reculer pour les partenaires de léducation.
En cohérence avec dautres aspects de la vie scolaire (travail de groupe, socio-.constructivisme, enseignement coopératif), la participation des enfant, lécoute de leur parole commence à se généraliser dans lécole primaire daujourdhui. Les praticiens partent bravement, mais le plus souvent à laveuglette, sans boussole, dans des pratiques (conseils denfants, petits parlements, assemblées de classe) quils supposent aptes à répondre tant aux nouveaux problèmes identifiés quaux nouvelles aspirations. Or ces outil sociaux que lon se donne, sils peuvent effectivement retisser une culture commune, un lien social original entre les personnes, et du sens de manière générale, comportent également leurs risques de dérives. Dexcellents pédagogues et des mouvements reconnus comme la PI se sont attelés à mettre au point de repères théoriques, des techniques, qui puissent à la fois libérer le potentiel contenu dans ces pratiques et en éviter les possibles effets pervers.
Outils de remise en question et dadaptation au changement, ces conseils devraient être des lieux symboliques de parole, de communication, dorganisation et dengagement où les enfants peuvent se confronter, sous légide de ladulte, à de nombreuses dimensions du vivre ensemble, ainsi quà une exploration/élaboration du sens et de la loi.
Les principaux objectifs de ces "laboratoires sociaux" sont la formation à la citoyenneté, la réflexion sur le sens des savoirs, les valeurs, la gestion de conflits, le rapport à la loi et linscription dans le groupe. De nombreux apprentissages y sont favorisés, comme celui de différer, découter lautre, de prendre la parole, etc.
Claude Laplace