LA PARTICIPATION DES ELEVES,

LES CONSEILS D’ENFANTS

(PROJET DE THEME POUR LA SEANCE DU GROUPE DE REFERENCE DE L’UNIVERSITE D’ETE DU 13’10’99)

 

Différents constats sont à l’origine du besoin d’évolution du lien pédagogique constaté depuis plusieurs années. La culture des enfants arrivant à l’école, les conditions de vie de la population, les connaissances, les représentations des enseignants, la société dans son entier évoluent et bousculent les schémas éducatifs connus. L’élève ne sait plus obéir sans comprendre, la famille et les autres institutions ne réussissent plus à encadrer les enfants aussi efficacement que par le passé, mais aussi on sait plus de choses sur la parole, la construction du sujet, des exigences philosophiques élevées comme la dignité de chacun, le droit des enfants envahissent le discours des éducateurs.

Tous ces changements ne se font cependant pas dans l’harmonie. Changer implique un deuil : il s’agit en quelque sorte de mourir à soi-même pour renaître autrement. La société, l’école résistent à abandonner la culture familière, même lorsqu’elle ne correspond visiblement plus aux nouvelles conditions de vie. Les messages porteurs de ce malaise sont souvent aussi peu clairs pour ceux qui les délivrent que pour leurs destinataires. Les flambées de violences, les incompréhensions chroniques, les crispations identitaires sont autant de ces avatars de la communication mal décodés auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui et qui disent la nécessité de changement.

Si l’école se trouve, en tant qu’institution éducative, aux premières loges pour ressentir douloureusement cette pertes des anciens repères , son rôle social et son organisation en font également le premier partenaire en importance capable d’y répondre de manière efficace et appropriée. "L’école ou la guerre civile" proclame en titre Philippe Meirieu en 1997. Le choix peut paraître restrictif, mais il dit bien l’urgence et l’impossibilité de reculer pour les partenaires de l’éducation.

En cohérence avec d’autres aspects de la vie scolaire (travail de groupe, socio-.constructivisme, enseignement coopératif), la participation des enfant, l’écoute de leur parole commence à se généraliser dans l’école primaire d’aujourd’hui. Les praticiens partent bravement, mais le plus souvent à l’aveuglette, sans boussole, dans des pratiques (conseils d’enfants, petits parlements, assemblées de classe) qu’ils supposent aptes à répondre tant aux nouveaux problèmes identifiés qu’aux nouvelles aspirations. Or ces outil sociaux que l’on se donne, s’ils peuvent effectivement retisser une culture commune, un lien social original entre les personnes, et du sens de manière générale, comportent également leurs risques de dérives. D’excellents pédagogues et des mouvements reconnus comme la PI se sont attelés à mettre au point de repères théoriques, des techniques, qui puissent à la fois libérer le potentiel contenu dans ces pratiques et en éviter les possibles effets pervers.

Outils de remise en question et d’adaptation au changement, ces conseils devraient être des lieux symboliques de parole, de communication, d’organisation et d’engagement où les enfants peuvent se confronter, sous l’égide de l’adulte, à de nombreuses dimensions du vivre ensemble, ainsi qu’à une exploration/élaboration du sens et de la loi.

Les principaux objectifs de ces "laboratoires sociaux" sont la formation à la citoyenneté, la réflexion sur le sens des savoirs, les valeurs, la gestion de conflits, le rapport à la loi et l’inscription dans le groupe. De nombreux apprentissages y sont favorisés, comme celui de différer, d’écouter l’autre, de prendre la parole, etc.

 

Claude Laplace