BRÈVES DE CONSEIL

Rubrique destinée aux enseignants et aux enfants…

QUELLE ETAIT LA QUESTION ?

Conseil de classe 1P-2P dirigé par la titulaire Dominique (en duo avec Françoise) et Monique (GNT).

Il s’agit de décider lequel des deux délégués actuels va assurer le passage de témoin lors du changement des représentants de classe au conseil des enfants de l’école.

Les deux élèves désirent également assurer le relais au prochain conseil d’enfants en aidant les nouveaux élus à assumer leur nouveau rôle.

Les enfants décident finalement de voter.

A ce moment, un problème se pose : Pedro, l’un des délégués actuels, fait des gestes et des mimiques significatives à plusieurs de ses copains pour les inciter à voter pour lui.

Maduri, l’autre déléguée en lisse, observe le manège et réagit en demandant la parole :

Comprenant que le sujet était sensible, la présidente demande à l’enfant de préciser sa pensée.

Dominique et moi-même sommes touchées par tant de clarté dans la verbalisation du problème. Le moment semble important, et il ne faudrait pas le rater. Pour aller dans le sens de ce que vient d’exprimer Maduri, Dominique réexpose l’objet de la votation le plus clairement possible. Les enfants semblent réfléchir et découvrir la nuance qui nous paraît de taille. Cette découverte nous étonne et nous interroge sur la validité des votes précédents.

Je reprends la parole en évoquant le vote à main levée comme il se pratique souvent dans la classe, ainsi que le vote à bulletin secret, puis je demande lequel serait le plus approprié à la situation.

Tous choisissent le vote à bulletin secret dont le résultat se solde par l’unanimité moins une voix en faveur de Maduri…

Dominique explique alors aux enfants que la difficulté qu’ils viennent de rencontrer ne leur est pas particulière, et que le monde des adultes n’en est pas exempt — on vote parfois pour une personne alors qu’on devrait voter pour une idée. — A ce stade-là, j’aurais aimé parler de la notion de charisme ou d’intimidation, bref, de toutes sortes de manières d’influencer le résultat d’un vote, mais j’y ai renoncé à cause du manque de temps, et pour ne pas mettre Pedro, qui avait déjà eu suffisamment à affronter depuis quelques minutes, plus mal à l’aise encore.

Là intervient la notion d’éthique, à différencier de celle de morale. Encore un sujet à mettre sur la liste des thème à avoir en tête pour ne pas les manquer lorsque l’occasion se présente…

Afin de ne pas trop m’éloigner du sujet du jour, je continue :

Les enfants semblent avoir bien compris l’essentiel. Je reviens sur la nécessité de bien s’informer avant de donner son avis et j’indique que c’est important non seulement lorsqu’on vote, mais aussi dans notre quotidien. J’ajoute qu’il n’est pas toujours facile de dire ce qu’on pense, et que parfois il faut du courage pour le faire. Le vote secret élimine cette difficulté, c’est pourquoi les votations officielles ont lieu à bulletin secret.

J’ai envie de poursuivre sur le parallèle entre notre attitude au quotidien et notre attitude civique, mais j’opte pour continuer à cibler le sujet : je demande comment on peut vérifier que cette obligation est respectée.

Le conseil se termine sur cette réplique. Nous sommes conscients d’avoir fait un pas dans le sens de la compréhension de la citoyenneté, mais un petit pas seulement. Il faudra creuser le sujet de la liberté de pensée et des protections qu’elle nécessite lors des votes importants.

Nous terminons ce conseil grisées tant par la richesse et l’étendue infinie des sujets à aborder que par l’attention et la qualité de réception des enfants. Nous nous inquiétons cependant de notre manque de ligne conductrice dans l’approche. Existe-t-il une chronologie à respecter ? Est-il possible d’anticiper, d’avoir une idée claire de ce dont nous allons débattre, tout en prenant en compte les questionnements des enfants au moment où ils surgissent? Notre action nous semble plutôt basée sur l’opportunisme. Une autre question serait de savoir si les enfants font des liens entre ces morceaux de patchwork que nous leur proposons.

Il nous faudrait consacrer plus de temps à une réflexion après-coup, structurée de manière à obtenir un canevas qui sous-tendrait les conseils suivants. Il faudrait, il faudrait, le temps nous apparaît trop souvent comme notre pire ennemi ! Comment donner du temps au temps quand on est enseignant ?

Monique Ebner-Maccabez

classe de 1P-2P

Ecole de Hugo-de-Senger

 

 

 

 

 

 

 

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