BRÈVES DE CONSEIL

Rubrique destinée aux enseignants et aux enfants…

Elaborer son rapport à la loi ne se réalise pas qu’en obéissant aux règles, mais en les élaborant et en osant les remettre en question ensemble :

La règle se transforme

Le président revient à la remarque et constate que ce n’est pas la première fois que Paul insulte un de ses camarades. Il lui dit simplement : "Paul, tu dois respecter les règles." Paul fait oui de la tête, mais je ne suis pas certaine que le message soit bien compris. Il y aura sûrement d’autres remarques sur cet élève dans le courant de l’année et donc d’autres occasions de lui faire comprendre les conséquences de ses actes et de ses paroles.

Le président annonce qu’il doit écrire 30 fois "Je ne dois pas dire de vilains mots." [règle élaborée par les enfants] pour le conseil suivant. La sanction tombe et là, je sens Paul mal à l’aise. Il prend la parole et, sur un ton hésitant, il rappelle qu’un de ses copains a aussi dit un vilain mot et qu’il n’a pas été puni. Il trouve injuste que lui soit toujours puni, alors que les autres élèves sont épargnés. Je m’aperçois que le visage du copain en question devient coléreux.

Je demande au président de vérifier dans le cahier s’il y a bien une remarque sur Jacques. Il y en a une et nous l’avons oubliée, je ne sais pourquoi. On revient alors sur cette plainte et une élève fait remarquer que Jacques n’a insulté personne (il avait en fait dit un juron) et qu’il n’a pas à être puni. Alors, une discussion s’enchaîne sur le droit de dire ou de ne pas dire des vilains mots, des jurons à soi-même. Plusieurs élèves me demandent si la règle des vilains mots peut être modifiée, car elle n’est pas assez précise. Je trouve leur demande très intéressante et je leur dis simplement : "Pourquoi ne pas la modifier si elle ne correspond pas à ce que l’on attend d’elle ou si elle manque de clarté, de précision ?".

Nous votons et la majorité du conseil accepte de transformer la règle des vilains mots en : "Les vilains mots sont interdits à l’école, mais on ne note pas les élèves dans le cahier qui ne nous ont pas insultés, parce que cela ne nous concerne pas.".

Je suis contente de constater que les élèves donnent finalement du sens à ces règles, peut-être grâce au fait qu’ils ont le pouvoir de les construire mais aussi de les transformer lorsque le besoin s’en fait sentir.

Florence Schnuriger

Enseignante de 6P à l’école des Boudines

 

Voici quelques points de repère pour ceux d’entre vous qui désirent s’essayer à l’écriture de récits:

Il s’agit tout d’abord de choisir une séquence d’événements qui semblent s’articuler entre eux en un ensemble porteur de sens, avec un début, un développement et une chute (qui peut d’ailleurs déboucher sur une interrogation ou un rebond). La situation choisie peut porter sur tout ou partie d’une séance de conseil, mais aussi sur plusieurs semaines, par petites touches. L’important est de faire en sorte que le lecteur s’y retrouve. Les informations sont relatées qui semblent porteuses de sens.

Parler à la première personne permet de marquer son implication, de donner ses impressions et de livrer ses réflexions au lecteur. Les paroles des protagonistes directement retranscrites en dialogues réussissent parfois mieux à restituer une ambiance, à mettre le lecteur en situation, que des explications. Les descriptions agrémentent le texte et contribuent à rendre le récit plus vivant. Utiliser des prénoms également, même si on prend soin, pour des raisons évidentes de discrétion, de les transformer.

Le choix d’un thème central justifie et organise les choix discursifs, mais n’empêche pas d’autres thèmes de se développer également, parfois même, dans une première écriture, à l’insu de l’auteur. Les situations réelles qui servent de base à la narration contiennent une multitude de significations intriquées. Il ne peut cependant être question d’essayer de les saisir et de les livrer toutes par l’écriture, mais une certaine complexité ne nuit pas à la vérité... Quoi qu’il en soit, on ne peut espérer restituer la réalité objective. Un récit est toujours une reconstruction personnelle et subjective dans laquelle les événements vécus sont passés par le filtre des valeurs et des représentations de l’auteur pour atteindre à sa vérité. Un souci trop pointilleux de fidélité aux faits tels qu’ils se sont "réellement" déroulés peut fort bien desservir la vérité intérieure que l’on tente de cerner.

Chacun écrit à sa manière : à l’ordinateur directement, au crayon ou à la plume. On a ses lieux de prédilection pour cet acte solitaire : le lit, le bureau, le bistrot, isolé ou plutôt au milieu du brouhaha, peu importe. Certains écrivent tout de suite au net, d’autres ont besoin de se laisser aller à une écriture réflexe qui leur permet de mieux se libérer. Les répétitions, implicites et autres coquilles sont alors éliminées après-coup, lorsque le texte est retravaillé dans une phase importante de reconstruction, mise en relation, mise en intrigue.

Autant dire qu’il vaut mieux ne pas se lancer dans des textes trop conséquents, car chaque ligne exige une certaine somme de travail avant de satisfaire l’auteur.

A la fin de la correction, une lecture à haute voix à une tierce personne présente un bon moyen de déceler d’éventuels défauts restants.

A vos plumes, et à bientôt vous lire…

Claude Laplace

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