|
|
Philippe Perrenoud
Université de Genève
Faculté de psychologie et des sciences de
léducation
1993
I. Lillusion scientiste
Peut-on traiter des rapports de la recherche en éducation avec la formation des maîtres sans ouvrir un débat plus large sur le statut des savoirs savants, notamment ceux des sciences de léducation, dans la formation au métier denseignant ? Peut-on ignorer que, dans un métier en voie de professionnalisation, le statut se joue notamment sur la part des savoirs théoriques, de la recherche et de luniversité dans la formation initiale ?
Le modèle nord-américain de formation des maîtres primaires sétend à lEurope : dans cinq, quinze ou vingt-cinq ans, tous les systèmes éducatifs qui ne le font déjà dispenseront vraisemblablement une formation universitaire aux enseignants primaires, dans une Faculté ou un institut ad hoc (Bourdoncle & Louvet, 1991 ; Tschoumy, 1991). Cette évolution tend à élargir le territoire couvert par les formations universitaires. Cela peut réjouir ceux qui visent un tel développement. La question qui importe, cependant, est de savoir si cest un véritable progrès du point de vue de lefficacité du système éducatif, de sa modernisation, du fonctionnement des établissements, de la lutte contre léchec scolaire et les inégalités.
Que luniversitarisation de la formation des maîtres soit vécue comme un progrès par la profession, cest probable. Face à la dévalorisation du statut de linstituteur comme notable dans la communauté locale, à laffaiblissement de la distance culturelle entre les maîtres et les parents délèves, à lévolution des professions comparables, laccès à une formation universitaire offre une compensation intéressante, tant symboliquement que dun point de vue salarial. Elle rapproche les instituteurs des professeurs du secondaire, ce qui peut accroître lunité syndicale du corps enseignant. Cest aussi, comme le montre Labaree (1992), un progrès pour les formateurs denseignants et peut-être pour les institutions de formation quon rattache à luniversité.
Tout cela ne garantit pas une action pédagogique plus efficace dans les classes ! Lenjeu nest pas simplement de maintenir ou daméliorer légèrement le niveau de formation des enseignants primaires. Il sagit de former à ce métier nouveau pour lequel plaide Philippe Meirieu (1989), de rendre les systèmes éducatifs capables de préparer le plus grand nombre à la complexité du monde moderne. Or, dans le mouvement général qui favorise lharmonisation européenne ou mondiale des diplômes et lélévation des niveaux formels de qualification, laccès aux filières universitaires ne garantit pas, en tant que tel, un surcroît décisif de qualification professionnelle. Tout dépend de la façon dont on conçoit et dont on réalise concrètement la formation des maîtres. Je vais essayer de montrer ici que lUniversité nest que virtuellement un cadre privilégié pour former des enseignants de haut niveau. La réalisation de cette virtualité ne va nullement de soi, elle passe par un combat contre les tendances historiquement dominantes dans linstitution universitaire. Aujourdhui, ce combat nest pas perdu davance : les esprits ont évolué, le rapport de lUniversité à la cité, à la formation professionnelle et au savoir praxéologique est en train de changer. Mais il reste incertain et ne sera gagné quau prix dun surcroît de lucidité à lintérieur même des Facultés de sciences de léducation ; pour réussir la formation des maîtres, elles devraient nentretenir aucune illusion sur létat des savoirs théoriques et plus encore sur leur pertinence pour fonder une pratique professionnelle. Ce qui est beaucoup demander à des sciences humaines encore en quête de statut et de signes extérieurs de respectabilité académique. Du moins peut-on essayer.
Pour aller dans ce sens, il faut orienter la formation des maîtres dans le sens dune la pratique réfléchie, valoriser les savoirs dexpérience, développer une forte articulation théorie-pratique et une vraie professionnalisation. Ces transformations mettent en question le statut épistémologique des sciences de léducation et la vocation des Facultés. Voyons de quelle manière*.
Il se peut quun jour les sciences humaines parviennent à construire des théories aussi formalisées, précisées, opératoires que les sciences physiques. Nous nen sommes pas là. Aujourdhui :
Ce constat nest nullement désespérant. Les diverses disciplines scientifique ne se développent pas aux même rythme ; les phénomènes psychiques et sociaux résistent, pour maintes raisons, à une explication aussi rigoureuse et formalisée que dans les sciences naturelles. Cela donne aux scientifiques " purs et durs ", du moins à ceux qui nont pas beaucoup réfléchi sur lhistoire des sciences, loccasion de traiter les sciences humaines comme la médecine de Molière. Sans doute peut-on ironiser sur les essais naïfs ou prématurés de mesure et de modélisation, sur limprécision des terminologies, sur des conflits qui doivent davantage aux appartenances politiques ou aux préférences idéologiques quaux divergences méthodologiques ou théoriques. Que les physiciens, les astronomes, les chimistes, voire les biologistes, se moquent parfois des sciences humaines, nul sociologue ne peut sen étonner ; cette ironie sert leurs intérêts dans le partage des ressources en matière de recherche et de développement universitaires Il nest pas plus surprenant de voir les chercheurs en sciences humaines " singer " désespérément leurs grands frères, par dépit, amour propre, ou stratégie. Il serait grave que ces jeux et stratégies de distinction et de défense du territoire finissent par obscurcir le débat épistémologique de fond.
Au début du siècle encore, Claparède pouvait de bonne foi espérer quen offrant une formation scientifique aux éducateurs, on leur donnerait lessentiel des ressources nécessaires pour conduire une action efficace. Aujourdhui, cette thèse nest plus soutenable. Les formateurs qui y adhèrent encore ne se sont jamais confrontés, semble-t-il, à la complexité dune situation pédagogique réelle, et même pas demandé quelle était la part, dans la réussite de leur propre enseignement, de savoir-faire et de savoir-être venus dailleurs et sans rapport avec leurs connaissances théoriques.
Le problème naît de la coexistence, dans les même institutions, de logiques différentes : dune part la logique universitaire classique, qui privilégie les connaissances fondamentales et la recherche, et ne prépare quincidemment à des professions, aussi prestigieuses soient-elles ; dautre part la logique des formations professionnelles de haut niveau, orientées par le souci dune action efficace, donc de connaissances dont la pertinence pratique importe davantage que le statut épistémologique. Les Écoles polytechniques et les Facultés de médecine ont trouvé une synthèse, quon peut expliquer de différentes manières :
De tels atouts font défaut dans les métiers dont la formation est en voie duniversitarisation, comme le travail social, les soins infirmiers, la psychologie clinique, lorientation scolaire, le soutien pédagogique, lenseignement. On se trouve là dans des secteurs peu prestigieux au sein de lUniversité, qui ont peu de moyens et doivent constamment choisir entre la recherche et la formation professionnelle. Leurs étudiants ont en partie choisi cette voie parce quelle était la moins exigeante. Et les professions considérées ne sont pas, même lorsquelles bénéficient dune formation universitaire graduée, de même niveau de prestige et de distinction que les professions dingénieur polytechnicien ou de médecin.
Cest pourquoi les Facultés de sciences humaines ont du mal à faire coexister ces deux logiques de façon pacifique. Ceux qui plaident pour une bonne formation des professionnels menacent, croit-on, la respectabilité ou les ressources de ceux qui défendent une recherche fondamentale de haut niveau, et la formation de chercheurs de pointe. Et inversement. Doù la nécessité daménagements structurels stabilisant et protégeant les territoires des uns et des autres. Les formules possibles ne sont pas illimitées. On peut en recenser quatre :
1. La formation des maîtres peut être prise en charge par un Département spécialisé à lintérieur dune Faculté de sciences de léducation, dans le cadre dun programme gradué, ce qui ne lempêchera pas nécessairement davoir une place mineure en regard des formations théoriques offertes par les Départements détudes fondamentales.
2. On peut attribuer la formation des maîtres à des certificats de formation professionnelle distincts des titres académiques classiques et moins bien situés dans la hiérarchie, gérés en sus des programmes gradués, comme des ajouts bâtards à lédifice académique.
3. On peut cantonner la formation des maîtres au premier cycle, les secteurs plus fondamentaux offrant un second cycle plus pointu et théorique aux meilleurs étudiants.
4. On peut confier la formation des maîtres à des Instituts universitaires indépendants des Facultés, inspirés soit du modèle des Écoles polytechniques, soit dautres écoles professionnelles de haut niveau.
À sa façon, chacune de ces formules tente de faire coexister différentes tendances dans linstitution universitaire. Cette coexistence permet de fonctionner, de former des chercheurs et des enseignants de façon cloisonnée, dans une relative sérénité. Le risque serait que senlise le débat de fond sur le statut théorique et pragmatique des sciences de léducation ou quil devienne une façon de justifier telle ou telle structure institutionnelle.
Il est difficile de définir la formule idéale. Elle dépend des rapports de force entre institutions, des représentations dominantes, des occasions historiques, des contraintes budgétaires. Il me semble cependant que la première formule est préférable si lon veut éviter de constituer un ghetto et permettre la circulation constante des idées et des personnes entre la formation des maîtres et dautres secteurs des sciences de léducation. Il appartient aux départements responsables de la formation des maîtres de faire la preuve quils ne sont pas seulement des lieux de vulgarisation, mais aussi de production de savoirs savants et praxéologiques.
Aucune université na jamais été organisée selon un découpage épistémologique totalement cohérent. Aux côtés des véritables sciences, il y a eu demblée des " sciences morales " (lettres, philosophie, arts, droit, théologie), autrement dit tout sauf des sciences. Et où classer la médecine, la pharmacie, larchitecture, linformatique ? La division en disciplines obéit à plusieurs clés :
Grosso modo, depuis des décennies, voire des siècles, ces lignes de partage sous-tendent lorganisation de la cité savante et des universités en disciplines, même si, dans le détail, les découpages institutionnels varient dun pays ou dune institution à lautre, au gré des traditions nationales et des accidents de développement des organisations.
Tout nouveau champ de savoir peut donc être tenté, pour des raisons de distinction, de statut, de stratégie, de revendiquer une place dans le panthéon des disciplines consacrées. Ce qui se justifie pour le langage ou les échanges économiques vaut-il pour léducation ? Peut-on espérer constituer léducation comme objet relativement fermé sur lui-même, qui ferait lobjet dune science, et non dune juxtaposition de discours issus de la psychologie, la sociologie, lanthropologie, lhistoire ? Selon la réponse quon donne à cette question, on ne pense pas la formation des maîtres de la même manière, et encore moins sa présence et son importance dans une Faculté de sciences de léducation.
Si lon pense que léducation est un objet autour duquel on peut construire une science unifiée, et dans une certaine mesure autosuffisante, la science de léducation, on privilégie une dynamique de développement endogène : le moteur de la recherche est de rendre la théorie de plus en plus cohérente, de plus en plus complète, et en accord toujours plus serré avec les observations. Les usages pratiques sont alors conçus comme des sous-produits des connaissances fondamentales, via la recherche appliquée ou la vulgarisation. De ce point de vue, former des maîtres est une entreprise secondaire, dont on sacquitte pour rendre service à la cité, éventuellement pour des raisons opportunistes et alimentaires. Certaines Facultés de sciences de léducation semblent former les maîtres essentiellement pour élargir leur public et assurer le financement de la recherche fondamentale, de la même façon quune Faculté de mathématique peut faire des travaux de recherche opérationnelle ou de mathématiques appliquées. La question nest pas dabord éthique, encore quelle ait une certaine importance. Elle est épistémologique : dans cette logique, la formation des maîtres napparaît pas comme un moteur essentiel de la connaissance, ce nest quun lieu de vulgarisation ; le développement et la validation de la science nen dépendent pas.
Si lon considère au contraire que léducation est définitivement un objet interdisciplinaire, on peut laisser aux disciplines contributives (psychologie, sociologie, ethnologie de léducation et autres) le souci de développer des connaissances fondamentales relevant des champs disciplinaires. Cela ne veut pas dire quil faut rejeter toute recherche fondamentale à lextérieur des Facultés des sciences de léducation, mais elle devrait mettre laccent sur la coopération interdisciplinaire plutôt que rester laffaire de spécialistes qui pourraient tout aussi bien faire le même travail, par exemple, dans un Département de sociologie ou de psychologie appartenant à une autre Faculté. Ce qui fait alors lunité dune Faculté de sciences de léducation, cest la référence à un champ social identifiable, le système denseignement et lensemble des pratiques éducatives qui ont cours à lécole, dans les familles et ailleurs. Ce champ nest plus alors un simple objet dobservation, ni un marché, un " créneau " ou un public. Cest la raison même de la réunion et de linteraction de plusieurs disciplines dans une Faculté.
Il ny a aucun intérêt à juxtaposer dans la même institution des disciplines qui ne se parlent guère. Ce qui fait le sens même dune Faculté déducation, cest léchange interdisciplinaire, lessai darticulation de langages, de concepts et de théories qui sancrent dans des traditions disciplinaires distinctes. Or ce travail présente des risques évidents :
En ce sens, le travail interdisciplinaire est une forme déquilibre instable, improbable. Pour un chercheur en éducation, il est beaucoup plus " raisonnable " de senfermer dans un champ disciplinaire dont on connaît les règles et dy " creuser son trou ". Ce qui arrive même dans les Facultés de sciences de léducation, où se reconstituent des provinces cloisonnées et autosuffisantes qui pourraient exister tout aussi bien en dehors de la Faculté.
La seule façon durable de donner une unité au travail interdisciplinaire, cest de le référer constamment au système daction dont il prétend éclairer la complexité et éventuellement améliorer le fonctionnement. En ce sens, la référence au métier denseignant, comme à dautres pratiques éducatives, est un point central dans la construction dun langage commun, de problématiques partagées et de savoirs interdisciplinaires. Etre capable de former des enseignants qualifiés nest plus alors une tâche alimentaire, mais la pierre de touche dune cohérence interdisciplinaire. Les sciences de léducation auront accompli une part de leur projet - rendre compte du caractère complexe et systémique de léducation - lorsquelles seront capables de produire des savoirs efficaces à lintérieur de ce système et face à cette complexité. Ce mécanisme nest pas absent des champs disciplinaires classiques : la maîtrise de laction technique est certainement à la fois un moteur et un garde-fou pour les sciences physiques. Mais elles ont dautres moteurs. Pour le carrefour interdisciplinaire que constitue léducation, cest, sinon le seul, du moins le plus important.
Je naurai pas la naïveté de croire quil existe, sur ce thème, lamorce dun consensus. Cest bien lun des problèmes : coexistent aujourdhui, dans linstitution même, des conceptions totalement contradictoires de lidentité profonde et de la vocation dune Faculté de sciences de léducation. On le saisit dans le langage même : Faculté déducation ou Faculté de sciences de léducation ? Jai choisi la terminologie européenne, qui met laccent sur la vocation scientifique. Au Canada et aux États-Unis, on insiste plus souvent sur le champ social. Est-ce par hasard si cest là aussi que luniversitarisation de la formation des maîtres est la plus avancée ?
Le béhaviorisme pur et dur a fait long feu. Peut-être ce feu couve-t-il encore sous la cendre. Le rêve de certains chercheurs reviendra de déposséder le sujet du sens de sa propre réalité. Il reste quaujourdhui les approches constructivistes et compréhensives ne font plus scandale et tendent même à tenir le haut du pavé. On ne trouvera plus guère de chercheur pour affirmer quon peut expliquer ce qui se passe dans une classe sans prendre en compte les représentations, la définition de la situation, lépistémologie, les théories subjectives, les savoirs dexpérience des acteurs (Cifali, 1991 ; Haramein, 1990 ; Tardif, Lessard & Lahaye, 1991).
Le débat se déplace donc et se focalise désormais sur la façon de prendre en compte ces représentations comme objets et/ou comme sources dun savoir théorique. Reconnaître que lacteur agit selon sa définition de la réalité nengage pas à la prendre pour pertinente. La sociologie ou la psychologie les plus compréhensives, dans le sens weberien du terme, peuvent parfaitement disqualifier les théories subjectives, les traiter comme des constructions mentales qui sous-tendent les conduites individuelles et collectives, mais nont aucune validité " scientifique ". On peut même pousser le soupçon de fausse conscience, de partis pris, de naïveté ou dangélisme jusquà suggérer que les acteurs vivent constamment dans lillusion et laveuglement, dans un théâtre dombres, un monde dont ils croient tirer les ficelles, mais qui est en réalité régi par des causalités et des forces qui leur échappent et quil appartient aux sciences humaines de dévoiler. On notera en passant que cette façon de voir traite les chercheurs comme des acteurs très différents des autres, capables de percevoir ce que le sens commun veut ignorer ou en tout cas ne sait pas discerner. Dans cette perspective, lentreprise scientifique est nécessairement ésotérique, puisque les acteurs ordinaires sont supposés navoir ni la volonté, ni la capacité de percevoir, dans sa " vérité " et sa complexité, le fonctionnement de lesprit et de la société.
À linverse, on peut se dire que la nature même des relations humaines et du monde social oblige les acteurs les moins savants à devenir dhonnêtes psychologues, sociologues et linguistes, pour des raisons purement pragmatiques, autrement dit pour se débrouiller dans la vie, au sens le plus large du terme. Cela ne veut pas dire que les acteurs ont constamment conscience de ce quils font fonctionner ; de linconscient freudien, refoulé, à linconscient pratique de Piaget ou de Bourdieu (dans la théorie des schèmes et de lhabitus), il faut faire la part des conduites complexes et coordonnées dont les acteurs ne maîtrisent ni les raisons ni lorchestration (Perrenoud, 1983 ; 1988). Il serait absurde également de prétendre que la lucidité des acteurs est désintéressée. Elle est à " géométrie variable ", et ils ne la poussent jamais aussi loin que lorsquelle sert leurs intérêts, protège leurs privilèges, renforce leurs pouvoirs. Enfin, même lorsquelle est dans son intérêt bien compris, la perspicacité de lacteur nest pas constante, en raison à la fois de ses ambivalences et de ses limites perceptives, conceptuelles, logiques, argumentatives, etc.
Tout en admettant ces limites, on peut reconnaître en même temps que les sciences humaines prennent profondément racine dans le savoir commun. Ce qui ninvite pas à le prendre pour argent comptant, en se bornant à lhabiller de mots savants. Mais plutôt que de vouloir édifier les sciences humaines à côté du sens commun, on les construira à partir de lui, sans sy enfermer, en en débusquant les manques, les raccourcis, les sophismes, les zones troubles ou obscures. La fameuse " rupture épistémologique " nest pas un acte fondateur, elle se produit là où le sens commun nexplique plus rien ou même obscurcit les choses, pour diverses raisons : volonté de ne pas savoir, défaut dimagination ou de travail, poids dune domination, etc.
Ce qui vaut pour les approches disciplinaires vaut plus encore pour le carrefour interdisciplinaire que forment les sciences de léducation. Car si les acteurs ont un rapport pragmatique à la connaissance, cela veut dire quils vont privilégier la vue densemble, la Gestalt, la cohérence systémique en saccommodant derreurs ou dincertitudes locales. Un enseignant efficace se trompe assez souvent de stratégie lorsquil cherche à maintenir lordre, à se faire obéir, à faire respecter les règles du jeu. Mais sil na pas, globalement, une juste intuition de la façon dont fonctionnent les rapports de pouvoir et des marges de manuvre que lui confèrent son statut, son âge, son savoir et limage de la situation dans lesprit des élèves et des parents, il na guère de chances de survivre dans son métier. Sous doute, chaque acteur, pris séparément, ne reconstitue-t-il quune partie dune théorie générale du pouvoir, celle qui lui est la plus utile tout en ménageant son image de soi et en protégeant ses illusions sur lêtre humain. En revanche, si lon prend au sérieux les pratiques et les théories subjectives du pouvoir chez un grand nombre denseignants, on retrouve à peu très tout ce que les sciences humaines prétendent avoir découvert. Il est probable que Galilée, Newton ou Einstein ont révélé et théorisé des phénomènes naturels que personne ne percevait ou ne comprenait avant eux. Il est douteux quon puisse en dire autant en sciences humaines. Même Marx ou Freud ont mis en forme des intuitions implicites dans les contes, les religions, la littérature, ou en uvre dans des pratiques sociales.
Je prendrai un exemple : la présence en classe. Tous les éducateurs saccordent à dire limportance de la présence dans la relation pédagogique. Elle paraît souvent une condition nécessaire de la communication et de lefficacité didactique. Les sciences de léducation, à ce jour, nont pas grand-chose de fondé à en dire. On trouve certes des travaux connexes sur le pouvoir, la séduction, la relation. Mais la présence elle-même est un champ en friche, les sciences humaines semblent avoir abandonné ce concept au sens commun.
Lorsquon travaille sur ce thème avec un groupe détudiants de second cycle, dans le cadre dune recherche commune, on saperçoit que ces étudiants puisent dans leurs pratiques délèves et/ou denseignants des éléments extrêmement riches de définition et de construction conceptuelle, auxquels sajoutent toutes sortes de théories intéressantes, au moins plausibles, quant au rôle de la présence dans laction pédagogique, quant aux diverses façons dont les enseignants tentent dêtre présents, quant à leurs mobiles cachés ou apparents et quant aux effets que telle ou telle forme de présence induit sur tels ou tels élèves. Dans sa phase de construction, la recherche sancre dans le sens commun, mais le dépasse rapidement. Non pas en ignorant ou rejetant davance ses définitions et ses constructions conceptuelles, mais en organisant la complexité et la diversité, en mettant bout à bout des fragments de théories, en explicitant des intuitions, en restituant une partie du sens aux acteurs et en se servant dune autre partie pour construire des concepts qui ne relèvent plus des théories subjectives, mais dune théorie des théories subjectives. Cet exemple montre que, même là où les traditions de recherche sont assez pauvres, on est très loin de partir de zéro, ce qui est un immense avantage, mais oblige à investir dans un intense travail comparatif et critique, pour dépasser le sens commun sans le nier.
Selon la position quon prend dans un tel débat, on ne défend pas la même conception du rôle de lUniversité dans la formation des maîtres, et plus généralement, des éducateurs. Certains considèrent que les éducateurs ont des théories naïves (psychanalytiques, psychologiques, linguistiques, sociologiques) qui ne méritent dêtre décrites et expliquées que pour rendre compte de laction pédagogique. On étudie alors les représentations de laction éducative comme on étudie les fondements culturels de la magie noire ou des rites de certaines religions : en sachant que les pratiques sont fondées sur une vision du monde qui contredit ou ignore la pensée scientifique et ne saurait en aucun cas lalimenter.
On peut au contraire considérer que les enseignants efficaces mettent en pratique des théories assez puissantes, même si elles sont fondées sur lexpérience personnelle plutôt que la recherche empirique, même si elles restent largement implicites et mêlées à des jugements de valeur. Si lon adhère, comme cest mon cas, à cette seconde vision des choses, on est conduit très naturellement à tenir la formation des maîtres pour une source inépuisable de concepts et dhypothèses. Parce que cette formation, pour être efficace, ne peut que partir des représentations plus ou moins naïves des enseignants en formation, et essayer de dégager la part du vérifiable, du pertinent et la part du mythe et de lidéologie. Dans ce chantier, il y a de tout, des diamants et des scories, du vrai et du faux, du nouveau et du banal. Au premier degré, cest-à-dire au niveau de la formation professionnelle, il faut tout prendre en compte et tout traiter, pour consolider et différencier les représentations justes, affaiblir et neutraliser les autres. Au second degré, celui de la genèse des connaissances en sciences de léducation, les diamants et les intuitions nouvelles sont plus intéressants que les scories et les lieux communs. Dans un groupe denseignants en formation, neuf dixièmes des propos échangés nauront en général aucune valeur pour la construction de connaissances nouvelles, même sils importent dans la prise de conscience et le processus de formation des personnes concernées. Reste un dixième qui, prolongé, étayé, explicité, peut faire avancer les théories du développement, de lapprentissage, des interactions didactiques ou des organisations éducatives.
Ce dixième est crucial pour lidentité des formateurs. Si un chercheur en éducation pense quil existe, quil présente une certaine constance et quon a les moyens den faire quelque chose, il ne se sentira jamais exilé dans la formation des maîtres pour des raisons purement altruistes ou alimentaires. En formant les maîtres, du moins dans un modèle fortement interactif, il fera en même temps son travail de chercheur. Il pourra dès lors renoncer à vivre sur le mode schizophrénique, à " sacrifier " trois quarts de son temps à des tâches pédagogiques dans lespoir de sauvegarder un petit quart pour la recherche fondamentale
Lorsquils songent à former les maîtres à travers la recherche, les spécialistes des sciences de léducation adoptent très souvent un point de vue ethnocentrique : ils voudraient faire des enseignants des chercheurs amateurs, leur donner un minimum dhabitus scientifique, de rigueur méthodologique dans la définition des concepts, lélaboration des hypothèses et la vérification des théories. Souci louable : dans un champ couvert par les sciences de lhomme, il importe que les professionnels sachent comment ces sciences formulent et valident leurs théories, quelles sont leurs méthodes et dans quel cadres institutionnels, quelles structures de pouvoir, quels réseaux de communication la recherche en éducation sélabore et se diffuse. Cela permettra aux enseignants de devenir des consommateurs critiques et avertis de la production des sciences humaines, voire des collaborateurs de la recherche ou des partenaires de recherche-action ou de recherche impliquée. Cette initiation méthodologique est utile.
Mais la pratique enseignante nest et ne sera jamais une pratique de recherche, parce quelle sexerce dans des conditions où la décision est urgente, et où la valeur du savoir se mesure à son efficacité pragmatique plutôt quà sa cohérence théorique ou aux règles de la méthode qui ont permis son élaboration contrôlée.
Ce que les enseignants ont le plus à apprendre, au contact de la recherche en éducation, relève du regard, des questions quelle se pose plutôt que des méthodes et des techniques. Le propre de la recherche est de subvertir la perception, de dévoiler le caché, de suspecter linavouable, détablir des connexions qui ne sautent pas aux yeux, de reconstituer les cohérences systémiques sous le désordre apparent. Lapport principal de la recherche en éducation à la pratique, cest sa théorie ou plus modestement, lensemble des paradigmes interprétatifs que proposent les sciences humaines à propos des faits didactiques et éducatifs (Altet, 1992 ; Peyronie, 1992 ; Perrenoud, 1991 ; 1992).
Dans cette perspective, la formation par la recherche me paraît un détour utile pour une formation théorique, vivante, active, personnalisée. Ce choix postule que la principale régulation de la pratique enseignante vient de la réflexion du praticien lui-même, de sa capacité de se poser des questions, dapprendre à partir de lexpérience, dinnover, dobserver, dajuster progressivement son action aux réactions prévisibles des autres. Les théories des sciences humaines, en ce sens, ne sauraient prétendre se substituer à la pratique réfléchie de lenseignant en situation (Schön, 1983, 1987 ; Maheu & Robitaille, 1991 ; Lessard, Tardif & Lahaye, 1991 ; Gather Thurler, 1992). Elle peuvent au mieux la féconder, lencourager, linstrumenter, lui proposer quelques outils, quelques concepts, quelques hypothèses qui en renforcent le pouvoir et la légitimité.
Dans cet esprit, former les enseignants par la recherche, cest dabord une méthode active de formation théorique. Mais cest surtout un point dentrée dans un terrain commun, là où la posture scientifique et la posture pratique peuvent se rejoindre : dans la volonté délucider certains phénomènes, pour mieux les comprendre ou mieux les maîtriser. À la jonction du savoir local et de la méthode scientifique.
Cette option a des conséquences considérables pour la conception et lorganisation de la formation : plutôt que dassocier les enseignants, souvent comme main duvre peu qualifiée, à des travaux standards de saisie, de dépouillement, de traitement de données, il me paraît plus formateur de les associer aux phases de construction théorique, aux phases les plus subjectives, les moins codifiées, les plus créatives du travail du chercheur. La formation à la recherche, cest alors apprendre à se poser de bonnes questions, à construire des objets conceptuels et des hypothèses qui tiennent debout, qui rendent compte potentiellement dune partie des observations, qui présentent une cohérence interne, qui stimulent limagination et la réflexion.
Cela veut dire aussi quil faut engager le travail commun sur des problèmes assez complexes, qui permettent aux praticiens de rester sur leur terrain, le système de la classe et de létablissement. Lorsquon les tire vers un découpage très fin du réel, lorsquon les oblige à sintéresser à un microprocessus, on les initie à la recherche des chercheurs. On ne les prépare pas à se poser des questions dans le cadre dune pratique réfléchie, car le métier denseignant oblige à veiller à toutes les dimensions du système classe, sans autoriser la centration sur un seul aspect en mettant le reste du monde entre parenthèses. Cest aussi une façon de favoriser une certaine égalité entre chercheurs et praticiens : devant la complexité des systèmes, tout le monde est dépassé, chacun cherche, bricole, réfléchit, se trompe. On nest plus dans une logique de la transmission de savoirs construits, mais de lexploration, de la recherche de sens, de lidentification de régularités.
Autre façon de mettre à égalité chercheurs et praticiens : ne pas choisir des sujets consacrés, en se situant avant tout dans une logique de la validation, ou de laffinement dhypothèses traditionnelles. Choisir plutôt des domaines où tout est à faire. Lorsquon travaille sur le curriculum caché, la présence, la mémoire didactique ou mille autres problématique dont la construction est à peine ébauchée, la norme méthodologique nest pas encore de taille à prendre le dessus. Il faut réfléchir et observer par tous les moyens du bord, on se trouve dans une phase inductive, dans une logique de découverte par opposition à une logique de vérification. À ce jeu, une partie des praticiens peuvent se prendre aussi bien que les chercheurs, et y investir des ressources qui ne doivent rien à une formation méthodologique spécifique, mais reflètent plutôt des capacités générales dobservation, danalyse, de synthèse et dargumentation.
Je ne propose pas de cesser dassocier les maîtres en formation à de grandes recherches classiques, quantitatives, suivant les canons de la méthode. Je propose au minimum de diversifier les formes de recherche et de privilégier ce qui est le plus proche dune pratique réfléchie, en donnant de moins en moins dimportance aux produits et de plus en plus aux modes de production, en se libérant des contraintes propres au champ scientifique, pour rester à lintérieur dune rationalité stricte de formation professionnelle optimale.
Je ne puis ici reconstruire lensemble des liens qui simposent entre formation et professionnalisation (Bourdoncle, 1991 ; Carbonneau, 1991 ; Labaree, 1992 ; Lemosse, 1989), ni reprendre les principes fondateurs dune démarche clinique darticulation théorie-pratique tout au long du cursus de formation professionnelle (Cifali, 1991). Jai affirmé ailleurs quil fallait : a. partir dune image explicite et réaliste du métier ; b. doser la part didéalisme ; c. viser des compétences essentielles et une formation ouverte ; d. valoriser pluralisme et pragmatisme ; e. adopter une démarche clinique pour articuler théorie et pratique ; f. favoriser le développement personnel et la maîtrise de soi ; g. vouloir une formation dadultes, contractuelle, différenciée, cohérente ; h. donner les moyens de faire face aux différences et aux changements ; i. faire la part du bricolage et de la transposition didactique ; j. reconnaître quon napprend pas tout seul ! ; k. faciliter la construction dune identité professionnelle ; l. apprendre à réfléchir sur sa pratique (Perrenoud, 1993).
Sur ce dernier thème, jinsistais sur la professionnalisation comme capacité de capitaliser lexpérience, de réfléchir sur sa pratique pour la restructurer. Doù limportance de la construction, en formation initiale, dun habitus professionnel capable dune autotransformation continue. Devenir un praticien réfléchi ne simprovise pas. Préparer les praticiens à participer à la recherche ou à en assimiler les résultats (Huberman, 1983 ; Huberman & Gather Thurler, 1991 ; INRP, 1991), cest bien, mais cette initiation ne construit pas ipso facto des habitudes et des compétences de régulation de la pratique par la réflexion sur et dans laction. Former des " praticiens réfléchis " devrait devenir un objectif explicite et prioritaire dans un curriculum de formation des maîtres : bien loin dêtre seulement une familiarisation avec une pratique future, lexpérience pourrait, dès la formation initiale, prendre la forme dune pratique à la fois " réelle " et réflexive.
Facile à dire ! On ne sen tirera simplement pas par du microenseignement et des stages longs, substantiels, variés. Ce qui importe, cest de bâtir un parcours de plusieurs années qui permette la construction des compétences professionnelles essentielles. Les stages nont de sens, dans ce projet, que sils sont préparés, encadrés, exploités dans un autre cadre. Ce nest pas nécessairement hors de lécole : les expériences canadiennes de formation conjointe (à Ottawa, Bélair, 1991) et décoles associées (à Montréal, Carbonneau et al., 1991, 1992) montrent que, même dans un cadre universitaire, on peut confier aux praticiens en exercice une partie de la formation, à condition que le contrat soit clair et que leur prise en charge sinscrive dans une continuité.
La médecine et les écoles polytechniques ont développés des modèles différents de curriculum, passant par la clinique ou le laboratoire. Les Facultés de sciences de léducation, qui sont en train dinventer leur voie, ne peuvent faire venir la pratique à lintérieur du monde universitaire. Une " école dapplication " ne jouera jamais le rôle dun hôpital universitaire, cest avec lensemble du système éducatif quil faut développer un partenariat. Au-delà des problèmes contractuels, on se trouve confronté à un paradoxe considérable : la professionnalisation, entendue non au sens statutaire, mais comme capacité de construire sa propre pratique, ses propres méthodes, dans le cadre dune éthique et dobjectifs généraux, ne peut se développer que sur le terrain, au contact des élèves et denseignants plus expérimentés. Or ces derniers ne sont pas toujours de vivantes illustrations de la professionnalisation. Ce quon ne saurait leur reprocher, mais ce qui crée un décalage entre le métier nouveau, préférable mais abstrait, et le métier ancien, discutable mais tangible Cest le propre dune situation de transition ! On ne peut y faire face en la niant. Il importe au contraire de la théoriser : la continuité du fonctionnement de lécole impose la coexistence de générations de praticiens formés selon des standards différents. La formation continue et le développement de dynamiques détablissements peuvent réduire les écarts, non les annuler.
Altet, M. (1992) Une formation professionnelle par lanalyse des pratiques et lutilisation doutils conceptuels issus de la recherche : modes cognitifs et modes dajustement, Les Sciences de lEducation pour lère nouvelle, n° 1-2, pp. 27-58.
Bélair, L. (1991) Une formation initiale conjointe, une innovation axée sur la pratique en milieu scolaire, Université dOttawa, Faculté déducation.
Bourdoncle, R. & Louvet, A. (dir.) (1991) Les tendances nouvelles dans la formation des enseignants : stratégies françaises et expériences étrangères, Paris, INRP.
Bourdoncle, R. (1991) La professionnalisation des enseignants : analyses sociologiques anglaises et américaines, Revue française de pédagogie, n° 94, pp. 73-92.
Carbonneau, M. (1991) Modèles de formation et professionnalisation de lenseignement : analyse critique des tendances nord-américaines, Montréal, Faculté des sciences de lEducation de lUniversité de Montréal.
Carbonneau, M. et al. (1991) Formation des maîtres en écoles associées. Rapport détape 1990-91, Montréal, Faculté des sciences de lEducation de lUniversité de Montréal.
Carbonneau, M. et al. (1992) Formation des maîtres en écoles associées. Rapport détape 1991-921, Montréal, Faculté des sciences de lEducation de lUniversité de Montréal.
Cifali, M. (1991) Caractéristiques du métier denseignant et compétences : enjeux actuels, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Cifali, M. (1991) Modèle clinique de formation professionnelle, apports des sciences humaines, théorisation dune pratique, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Gather Thurler, M. (1992) Les dynamiques de changement internes aux systèmes éducatifs : comment les praticiens réfléchissent à leurs pratiques, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Haramein, A. (1990) Savoir académique et pratique professionnelle : une interaction sans acteur !, in Actes du congrès des sciences de léducation de langue française du Canada, Université de Sherbrooke, pp. 363-367.
Huberman, M. (1983) Répertoires, recettes et vie de classe : comment les enseignants utilisent linformation, in Education & Recherche, n° 1, pp. 157-177.
Huberman, M. & Gather Thurler, M. (1991) Diffuser les savoirs. Éléments de base et modes demploi pour chercheurs et praticiens, Berne, Lang.
INRP, La place de la recherche dans la formation des enseignants, Paris, INRP.
Labaree, D.F. (1992) Power, Knowledge and the Rationalization of Teaching : À Genealogy of the Movement to Professionalize Teaching, Harvard Educational Review, (62), n° 2, pp. 123-154.
Lemosse, M. (1989) Le " professionnalisme " des enseignants : le point de vue anglais, in Recherche et formation, n° 6, pp. 55-66.
Lessard, C., Tardif, M. & Lahaye, L. (1991) Pratique de gestion, régulation du travail enseignant et nouvelle professionnalité, in Lessard, C., Perron, M. & Bélanger, P.W. (dir.) La profession enseignante au Québec. Enjeux et défis des années 1990, Montréal, Institut québécois de recherche sur la culture, pp. 69-91.
Maheu, L. & Robitaille, M. (1991) Identités professionnelles et travail réflexif : un modèle danalyse du travail enseignant au collégial, in Lessard, C., Perron, M. & Bélanger, P.W. (dir.) La profession enseignante au Québec. Enjeux et défis des années 1990, Montréal, Institut québécois de recherche sur la culture, pp. 93-111.
Meirieu, Ph. (1989) Enseigner, scénario pour un métier nouveau, Paris, ESF.
Perrenoud, Ph. (1983) La pratique pédagogique entre limprovisation réglée et le bricolage, Éducation et Recherche, n° 2, pp. 198-212 (repris dans Perrenoud, Ph., La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, LHarmattan, 1994, chapitre I, pp. 21-41).
Perrenoud, Ph. (1988) La formation des maîtres ou lillusion du " deus ex machina ". Réflexions sur les rapports entre lhabitus et la pratique, in Séminaire pédagogique de lenseignement secondaire, La formation des enseignants en Suisse romande. Actualité, perspectives, Cousset (Fribourg), Delval, 1988, pp. 47-71.
Perrenoud, Ph. (1991) Le rôle dune initiation à la recherche dans la formation de base des enseignants, in INRP, La place de la recherche dans la formation des enseignants, Paris, INRP, pp. 91-121 (repris dans Perrenoud, Ph., La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, LHarmattan, 1994, chapitre VI, pp. 123-146).
Perrenoud, Ph. (1992) Formation des maîtres et recherche en éducation : apports respectifs, in Audigier, F. et Baillat, G. (dir.) Analyser et gérer les situations denseignement-apprentissage, Paris, INRP, pp. 339-354 (repris dans Perrenoud, Ph., La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, LHarmattan, 1994, chapitre VII, pp. 147-173).
Perrenoud, Ph. (1993) Formation initiale des maîtres et professionnalisation du métier, Revue des sciences de léducation (Montréal), vol. XIX, n° 1, pp. 59-76 (repris dans Perrenoud, Ph., La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, LHarmattan, 1994, chapitre VIII, pp. 175-196).
Peyronie, H. (1992) Lobservation participante interne : propositions pour se former professionnellement par des démarches de recherche en éducation, Les Sciences de lEducation pour lère nouvelle, n° 1-2, pp. 119-129.
Schõn, D. (1983) The Reflective Practitioner, New York, Basic Books.
Schõn, D. (1987) Educating the Reflective Practitioner, San Francisco, Jossey-Bass.
Tardif, M., Lessard, C. & Lahaye, L. (1991) Les enseignants des ordres denseignement primaire et secondaire face aux savoirs. Esquisse dune problématique du savoir enseignant, Sociologie et Sociétés, XXIII, n° 1, pp. 55-69.
Tschoumy, J.-A. (1991) Moins quun canari ? Soudaine accélération européenne en matière de formation des enseignants, Neuchâtel, IRDP.
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1993/1993_12.html
Téléchargement d'une version Word au format RTF :
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1993/1993_12.rtf
© Philippe Perrenoud, Université de Genève.
Aucune reprise de ce document sur un site WEB ou dans une publication imprimée ne peut se faire sans laccord écrit de l'auteur et dun éventuel éditeur. Toute reprise doit mentionner la source originale et conserver lintégralité du texte, notamment les références bibliographiques.
Autres textes : http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/textes.html Page d'accueil de Philippe Perrenoud : http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/ Laboratoire de recherche Innovation-Formation-Éducation - LIFE : |