|
n° 3, septembre 1996, pp. 543-562. |
Le métier denseignant
entre
prolétarisation et professionnalisation :
deux modèles du changement *
Philippe Perrenoud
Faculté de psychologie et de
sciences de léducation
Université de Genève
1996
I. Pourquoi changer ?II. La prolétarisation comme effet secondaire et pervers dun changement centralisé
III. La professionnalisation comme moteur et régulation dun changement décentralisé
Le métier denseignant se trouve à un carrefour. Devant les ambitions de plus en plus fortes des systèmes éducatifs et la complexité croissante des sociétés développées, de deux choses lune :
Ces deux évolutions sont aujourdhui possibles. Elles renvoient à des modèles différents et dans une large mesure antinomiques du fonctionnement et de la modernisation des systèmes éducatifs. Lavenir nest pas tracé : il dépendra des stratégies et des forces des acteurs en présence : gouvernements, spécialistes, institutions de formation, cadres de ladministration scolaire, associations professionnelles.
Depuis des décennies, les systèmes éducatifs oscillent entre deux modèles de gestion, dont lun paraît dominant :
Si nous regardons de près cette profession, une dialectique semblable &endash; uniformité contre diversité culturelle &endash; saute aux yeux. LOCDE, par exemple, met en évidence que deux modèles denseignants ont été adoptés par les pays membres : le modèle à compétence minimale et le modèle à professionnalisme ouvert. Dans les politiques déducation actuelles, lOCDE observe que la tendance lemportant de nos jours est celle de lidée du rôle de lenseignant qui peut être décrit comme celui du modèle à compétence minimale. Suivant ce modèle, lenseignement est considéré purement et simplement comme un système de livraison. Les décisions sur ce quil y a lieu denseigner et comment cela doit lêtre sont prises au niveau du management, au-dessus de la classe et de lécole, ce qui entraîne un programme scolaire imposé. Le travail de lenseignant est ramené à effectuer la livraison de ce programme aussi efficacement et aussi effectivement que possible. Dans cet environnement, il est facile dévaluer les enseignants en jugeant comment ils effectuent cette livraison et leur formation peut être organisée de façon à remédier à leurs déficiences. Le modèle à compétence minimale requiert un entraînement initial afin dinstiller un haut niveau de connaissance du sujet et des compétences didactico-pédagogiques. INSET est utilisé régulièrement ! afin de remettre à jour cette connaissance et ces compétences, et aussi afin de fournir des actions correctrices et des remèdes à ceux tombant en dessous de normes acceptables.Le second modèle du rôle de lenseignant, identifié par le terme de professionnalisme ouvert, situe lenseignant au centre du processus damélioration de la qualité de léducation. Les enseignants, individuellement ou en groupe, sont responsables de lanalyse des besoins de lécole. Ils sont capables et désireux de débattre ouvertement, non seulement entre eux, mais avec les autres parties légitimement concernées, des solutions possibles ou des développements souhaités et, aussi, de prendre les décisions sur ce quil y a lieu de faire et comment en assurer la mise en uvre. Les enseignants sont considérés comme des leaders innovateurs, capables de saméliorer eux-mêmes, danalyser leurs propres actions, didentifier les besoins des élèves et dy réagir, enfin, dévaluer le résultat de leurs interventions.
( )
Il est évident que ces deux modèles denseignants demandent des qualités quelque peu différentes des enseignants, donc des formations initiales et en cours demploi différentes (Vonk, 1992, pp. 4-5).
La situation nest pas stable : dans chaque société, on observe un mouvement de balancier, sans doute parce que le métier denseignant se cherche. Il est trop qualifié pour quon encadre les maîtres comme de purs exécutants, comme des ouvriers dans un atelier, mais trop peu pour quon leur reconnaisse autant dautonomie et de responsabilité quaux médecins. Cet état de semi-professionnalisation (Etzioni, 1969) pourrait conduire à une autonomie clairement circonscrite, moindre que celle des médecins, mais ouvertement revendiquée, accordée et respectée à lintérieur de ses limites, à lexemple des soins infirmiers. Il nen va pas ainsi dans le domaine de léducation. Pourquoi ? Sans doute parce que les enseignants jouent à la fois le rôle des médecins, du personnel infirmier et des aides-soignants. Il ny a pas de division du travail denseignement comparable à cela quon trouve dans le secteur de la santé, chacun fait tout, enseigner allie les fonctions les plus simples &endash; garder et surveiller les élèves, confectionner et distribuer du matériel &endash; aux plus complexes, faire apprendre ceux qui napprennent pas tous seuls.
Une semi-professionnalisation ambiguë
La semi-professionnalisation du métier denseignant est ambiguë. Faut-il considérer la relative autonomie des enseignants comme un état stable ? Comme un pallier dans lévolution vers une professionnalisation à part entière ? Ou comme un héritage du passé, dernier rempart avant une régression vers davantage de dépendance ?
Lincertitude sur les tendances à luvre tient à lhétérogénéité de la condition des enseignants, mais plus encore à la nature même de leur travail :
Ces divers facteurs ne contribuent pas à clarifier le statut du métier et son évolution possible ou probable sous langle de la professionnalisation. Toutefois, le devenir dun métier nest pas une fatalité qui échapperait à toute action humaine ; il dépend en partie des rêves et des stratégies des principaux intéressés. Ils trouvent sans doute leur compte dans lambiguïté du métier denseignant sous angle de lautonomie et du contrôle. Chacun joue sur deux tableaux : selon quelle les arrange ou non, les enseignants revendiquent leur autonomie ou la refusent ; inversement, les autorités scolaires laccordent, voire limposent, puis la dénient, au gré des dossiers et des conjonctures. Cest un jeu banal dans toutes les organisations. Lécole y excelle.
Efficacité et démocratisation, même combat ?
Pourquoi cet aimable compromis ne perdurerait-il pas quelques décennies encore ? À vrai dire, rien nassure quil soit condamné : les acteurs capables de verrouiller le système sont plus nombreux et plus puissants qui ceux qui voudraient un changement. On peut néanmoins penser que les sociétés développées vont perturber ces arrangements si elles continuent à manifester à légard de leur système éducatif des attentes croissantes et sans précédent dans lhistoire. On veut aujourdhui des écoles efficaces, qui ne considèrent plus léchec comme une fatalité. Faut-il sattendre à une mobilisation massive et surtout durable des gouvernements, des milieux politiques et des opinions publiques dans ce sens ? Il se peut que la crise économique, lévolution géopolitique de la planète &endash; guerres, mouvements migratoires massifs &endash;, les problèmes écologiques ou les difficulté de la coexistence urbaine imposent dautres priorités et que lécole soit à nouveau " oubliée " durant quelques années, parce quen définitive, vaille que vaille, " elle fonctionne ". Mais il se peut aussi que la pression sur les systèmes éducatifs se maintienne, se précise, et que les critiques se satisfassent de moins en moins de réponses vagues ou dilatoires aux questions posées et aux critiques formulées, par exemple, à partir du constat réitéré des difficultés dinsertion professionnelle de jeunes adultes trop peu formés ou du constat, plus inquiétant encore, dune fraction importante &endash; entre 10 et 20 % &endash; des jeunes ne sachant pas vraiment lire et écrire couramment à lissue de leur scolarité de base.
Ceux qui luttent de longue date pour la démocratisation de lenseignement peuvent à bon droit rester sceptiques : cette quête defficacité sentend-elle pour le plus grand nombre ou seulement pour une élite un peu élargie ? Lorsque les classes sociales et les partis qui ont combattu la démocratisation des études soutiennent lidée décoles efficaces, est-ce par volonté délever le niveau de formation ou simplement pour dissimuler le fait quon demande à lécole de faire aussi bien avec moins de ressources ? Le langage de lefficacité, plus gestionnaire quhumaniste, suffit-il à transformer une idée de gauche &endash; la démocratisation de lenseignement &endash; en objectif apolitique, voire en credo libéral ?
Gardons-nous de simplifier : les classes dirigeantes des sociétés développées ne peuvent être quambivalentes et divisées en matière de politique de léducation. La démocratisation de lenseignement menace la transmission des privilèges, dans la mesure où elle accroît la concurrence scolaire au détriment des enfants issus de milieux favorisés ; elle contribue aussi à démocratiser peu à peu la société. Une partie des nantis ont donc de bonnes raisons de la combattre et de dénoncer " légalitarisme ", " la baisse du niveau ", etc. Ces logiques de perpétuation dune position familiale et de reproduction dun ordre social (Bourdieu & Passeron, 1970 ; Berthelot, 1983) nont nullement disparu, mais elles se heurtent depuis le milieu du XXe siècle &endash; et sans doute sous dautres formes dès le XIXe siècle &endash; aux impératifs de la concurrence et de la modernisation dans une économie internationale. Une classe dirigeante qui serait durablement et totalement conservatrice en matière déducation creuserait sa propre tombe. Pour maintenir la croissance et donc les privilèges de ceux qui en bénéficient le plus, il importe de puiser dans les " gisements de talents ", dinvestir dans la formation du plus grand nombre, de sorte à renforcer la contribution des travailleurs, des consommateurs et des électeurs à leffort de modernisation et de compétition économiques.
Sajoutent à ces facteurs laction des forces de gauche, pour lesquelles la démocratisation nest pas dabord un investissement, mais une question de justice sociale. Elles ont, au cours des dernières décennies, exercé le pouvoir dans divers pays européens. Sans faire de miracles, elles ont introduit dans le système éducatif diverses idées &endash; école moyenne, collège unique, zones déducation prioritaires, projets détablissement, soutien pédagogique, cycles détudes décloisonnés, etc. &endash; qui ont été peu à peu assimilées par des majorités politiques de tendances diverses. Les conditions de léconomie mondiale, les récessions répétées, les erreurs de gestion, la résistance des gens en place, les idées trop simples ne permettent pas un bilan totalement positif des politiques volontaristes de démocratisation, mais il est sûr quelles ont globalement favorisé lélévation du niveau global dinstruction (démocratisation de léducation au sens large), sans quil y ait réduction sensible de linégalité des chances selon lorigine sociale ou ethnique. Même dans les sociétés sans alternance politique, les forces de gauche ont exercé une certaine influence. Les classes moyennes, enfin, ont pesé pendant longtemps dans le sens de la démocratisation, même si, comme le montre Hutmacher (1993), elles sen désintéressent lorsque leurs enfants accèdent aux études longues, ce qui peut aggraver la situation des moins favorisés et priver le processus de démocratisation dun moteur essentiel.
Attentes nouvelles et changements du troisième type
En dépit des variations entre pays développés et des fluctuations conjoncturelle à lintérieur de chacun, une tendance de fond se manifeste : de décennie en décennie, on attend davantage de lécole, tant sur le plan des compétences que de la socialisation. Il ne suffit plus de savoir lire, écrire, compter. Ces maîtrises deviennent absolument vitales. Lorsquon veut, comme en France, " amener 80 % de chaque classe dâge au niveau du baccalauréat " &endash; diplôme quobtenaient du début du siècle moins dun jeune sur 20, essentiellement des garçons ! &endash; on se fixe des ambitions qui vont bien au delà de linstruction de base que visait lécole obligatoire au siècle dernier. On exige une culture générale beaucoup plus étendue et on privilégie &endash; du moins dans les textes &endash; lacquisition non plus seulement de connaissances, mais de compétences de haut niveau chez une majorité de jeunes : développement de lintelligence et des capacités danticipation, dadaptation, de communication, de raisonnement, de coopération (Perrenoud, 1995 a, b, c, d et e).
Face à de telles attentes, lécole est-elle à la hauteur ? Les critiques &endash; plus ou moins injustes &endash; dont elle est régulièrement lobjet et, sur un mode plus positif, lintérêt des gouvernements et des organisations internationales pour les approches en termes defficacité ou defficience, suggèrent que le jugement porté sur les systèmes éducatifs oscille entre " Insuffisant " et " Peut mieux faire ". Pourquoi la Suisse, par exemple, investirait-elle beaucoup dargent dans un programme national de recherche sur " Lefficacité de nos systèmes de formation " si la classe politique, lopinion publique et les experts saccordaient à dire que la situation est satisfaisante ? De même, pourquoi lOCDE et dautres organisations internationales se préoccuperaient-elles tant de lefficacité des politiques de léducation et de linnovation scolaire si le problème était résolu ?
Le déficit chronique et croissant des finances publiques brouille cependant les cartes et fait douter de la crédibilité des politiques. En effet, presque toujours, lenjeu est double :
Si ces pressions se maintiennent, en conjonction ou en alternance, il se peut que lécole nait plus droit au statu quo, quelle doive accepter non seulement quelques nouvelles réformes de programmes ou de structures &endash; de cela, elle a lhabitude &endash; mais de profondes transformations des pratiques pédagogiques et du fonctionnement des établissements, ce que jai appelé un changement du troisième type (Perrenoud, 1990).
De quelle manière ? On peut à ce propos revenir aux deux scénarios esquissés : soit laccentuation du mouvement vers une professionnalisation complète, soit une dépendance accrue à légard de la noosphère, un encadrement plus étroit. Rien nest joué, tout dépendra des stratégie des acteurs en présence, parmi lesquels les enseignants. Avant de revenir sur ce point, tentons dapprofondir chaque scénario du point de vue de la formation des maîtres, du fonctionnement des établissements, des processus dinnovation. On va le voir, cest entre deux avenirs très contrastés quoscille le métier denseignant et quil sagit en partie de choisir.
Prolétarisation : le mot est fort et évoque la condition ouvrière au siècle dernier plutôt que le sort de travailleurs qualifiés du secteur tertiaire qui, sans ignorer quils sont salariés, feignent de croire quils exercent une profession libérale ou travaillent comme des artisans indépendants
La prolétarisation nest plus dans ce cas de figure une affaire de revenu et dexploitation économique, encore que la situation financière et lemploi des enseignants soient précaires dans de nombreux pays. La " prolétarisation " qui pourrait se dessiner ne va pas ramener les enseignants à la condition ouvrière, ni au niveau de vie des travailleurs manuels. Cest dune dépossession plus symbolique quil est question.
Une autonomie de contrebande
Dans les pays développés, lévolution du travail industriel fait que les prolétaires modernes ne se salissent plus autant à lusine ou au fond de la mine quil y a un siècle. Ont-ils pour autant plus de prise sur les finalités, les conditions, les méthodes et les produits de leur travail ? Guère plus, si bien que leur peu dautonomie professionnelle place les ouvriers et les employés peu qualifiés dans la dépendance :
Tout cela, se dira-t-on, concerne lindustrie, éventuellement le secteur informatisé du tertiaire. Les systèmes éducatifs néchappent-ils pas à ces mécanismes, en raison de la nature même du métier denseignant et de laction pédagogique ? Comment pourrait-on déposséder les enseignants de leur autonomie ? Les représentations sont à cet égard diverses.
Certains enseignants ne se prennent aucunement pour des travailleurs qualifiés et autonomes ; ils se plaisent à être les dociles exécutants dune tâche étroitement définie par leur cahier des charges, les programmes, les procédures et le calendrier de lévaluation formelle, les horaires et la disposition des lieux, le règlement de lécole, les directives de lautorité, les didactiques quelle impose ou recommande, les moyens denseignement officiels ou les produits incontournables de lédition scolaire. Les directives et les contrôles ne font plaisir à personne, mais une partie des enseignants considèrent quil est " dans lordre des choses " dêtre soumis à une autorité : ils ne sindignent pas, ne se sentent pas bafoués ou menacés dans leur identité par les injonctions ou les conseils en provenance de la hiérarchie ou des spécialistes. Cela ne signifie pas quils les respectent ; comme les soldats dans toutes les armées du monde, comme les employés peu qualifiés dans toutes les entreprises, les enseignants " se débrouillent ", ils " font le gros dos ", se défendent par la dérision, se plaignent en coulisses, attendent que le ministre change ou se calme, que la hiérarchie oublie ses propres décisions, les spécialistes brûlent ce quils ont adoré ; ils rusent, maintiennent lopacité des pratiques en travaillant seuls et porte fermée et gagnent la complicité de ceux qui sont censés contrôler leur travail. Ces enseignants ne revendiquent pas une forte autonomie, de petites libertés leur suffisent.
Dautres se protègent autrement. Ils affirment se sentir très libres de leurs gestes professionnels et nimaginent pas que cette liberté soit aliénable. Ce sont eux qui répètent &endash; en sourdine &endash; que dans leur classe " ils font ce quils veulent ". En approfondissant, on saperçoit que cette liberté, parfois notable, nexiste souvent que dissimulée, couverte par lopacité des pratiques. Certains enseignants " ne font pas de grammaire " ou " ne donnent pas de devoirs " comme certains ouvriers ne respectent pas les consignes de sécurité ou prennent des libertés avec les directives du bureau des méthodes : en catimini ! Dès que les parents, les collègues, la hiérarchie sont susceptibles de sen mêler, la prudence est de mise : " Et si ça se savait ? " On est très loin du professionnel qui revendique ses actes parce quil pense faire " mieux que personne " et assume en contrepartie ses éventuelles erreurs.
Cette autonomie cachée présente lavantage dêtre sans grands risques : aussi longtemps que sa liberté est clandestine &endash; même si elle est un secret de Polichinelle &endash; lenseignant peut se retrancher derrière les programmes, les méthodes, les moyens denseignement officiels. Sil avait ouvertement le choix de ses moyens et stratégies denseignement, il ne rendrait pas des comptes sur sa conformité aux règles, mais sur latteinte des objectifs (Hutmacher, 1990). Il deviendrait responsable de ses choix et donc, parfois, de ses errements.
Ce qui peut changer
Beaucoup denseignants semblent croire que cette autonomie de fait est inscrite à jamais dans leur condition. Cet optimisme pourrait être à courte vue :
Il se peut donc que, pour les écoles et les enseignants, lère de la relative tranquillité soit révolue, même en labsence de politiques de léducation plus ambitieuses ou de pressions accrues à lefficacité. Lorsque ces dernières se produisent, elles peuvent accentuer sensiblement la " reprise en main du corps enseignant ", sauf sil franchit lui même un pas décisif vers la professionnalisation. Or, il nest pas sûr quil y soit prêt.
Les autres acteurs ont-ils intérêt à contribuer à la professionnalisation du métier denseignant ? Ni lautorité scolaire ni la noosphère ne peuvent voir dun il entièrement serein une telle évolution. Le modèle " à compétence minimale " sauvegarde mieux le pouvoir de la hiérarchie et des spécialistes, selon des mécanismes un peu différents.
Les chefs détablissements sont eux aussi placés devant un dilemme : devenir de simples intermédiaires dans la chaîne administrative ou de véritables " chefs dentreprises ". La décentralisation et lévolution du statut juridique des établissements vont dans ce sens. À terme, la professionnalisation du métier de directeur ne peut qualler de pair avec celle du métier denseignant (Gather Thurler, 1993 b, 1996 b ; Pelletier, 1996 ; Perrenoud, 1993 b, 1994 b). Mais les intéressés ont-ils les moyens de voir demblée les choses sous cet angle ? : Dans une première phase, la prise dautonomie des chefs détablissement paraît être facilitée par la docilité de leurs collaborateurs. Quiconque reçoit davantage de pouvoir, au gré dune décentralisation, a comme premier réflexe de le confisquer plutôt que den remettre une part à ses propres subordonnés. Ce nest quau prix dune expérience parfois douloureuse quil comprendra que dans une organisation décentralisée, il ne peut justifier son travail et exercer ses responsabilités quen mobilisant lui-même ses collaborateurs ; or, pour ce faire, il doit exercer une autorité négociée (Perrin, 1991) et parier sur la professionnalisation du métier denseignants plutôt que sur sa dépendance maintenue ou accrue compensée par une autonomie de contrebande. Sauf sils sont dune extrême lucidité, les chefs détablissements peuvent cependant, à court terme, pris dans leur quête identitaire, la transformation de leur fonction en métier, puis de ce métier en profession, avoir la tentation de renforcer la dépendance des enseignants. Non par goût pervers du pouvoir et de linfantilisation, mais pour avoir un moment de paix relative, ne pas se battre sur tous les fronts, contre ladministration qui leur demande des comptes, contre les usagers et les pouvoirs locaux, contre les établissements concurrents, contre les revendications de leurs propres collaborateurs
Les spécialistes des didactiques, des moyens denseignement, des technologies, de lévaluation, de la planification, de la recherche, de lorientation, de la thérapie médico-pédagogique, qui constituent la noosphère, peuvent avoir la même tentation à courte vue : accroître la dépendance des enseignants pour mieux asseoir leur légitimité et leur autorité " scientifique ". Tentation renforcée par deux éléments :
Les spécialistes &endash; quils appartiennent aux universités, aux ministères ou à des centres indépendants de formation, de documentation ou de recherche &endash; comprennent-ils que leur position sera renforcée plutôt quaffaiblie par la professionnalisation du métier denseignant ? Il en ira de la sorte lorsquils se sentiront moins menacés doubli ou de marginalisation. Or la crise ne va pas dans ce sens : leurs postes sont évidemment plus exposés, puisquà court terme, lécole pense pouvoir se priver deux sans grands dommages. Et les enseignants ne sont pas prêt à défendre lexistence de ceux dentre eux qui ont fui la salle de classe De leur côté, les spécialistes commencent à peine à mesurer les limites dune rationalité scientiste, à accepter la complexité irréductible du métier denseignant comme métier de lhumain (Cifali, 1994), à donner un statut respectable au bricolage et à limprovisation (Perrenoud, 1994 a), à valoriser les savoirs dexpérience (Tardif, 1993 a, b, c) et à comprendre que leur apport le plus fécond est de contribuer à accroître simultanément les compétences des enseignants, leur autonomie et leur responsabilité, en dialoguant avec eux plutôt que de rêver de substituer une autorité " scientifique " à lautorité traditionnelle
La seconde voie a été définie en creux dans le chapitre précédent. Il est temps de la caractériser plus explicitement. La professionnalisation du métier denseignant fait actuellement lobjet de nombreux travaux auxquels je renvoie le lecteur pour plus dinformations (notamment Altet, 1994 ; Bourdoncle, 1991, 1993 ; Carbonneau, 1993 ; Huberman, 1993 ; Labaree, 1992 ; Lemosse, 1989 ; Lessard, Perron & Bélanger, 1993 ; Perrenoud, 1994 a, 1996 b). En résumé, dans le sens nord-américain de lexpression, la professionnalisation saccentue lorsque, dans un métier, quel quil soit, les directives méthodologiques et les règles font place à une autonomie guidée par des objectifs clairs, dont latteinte est évaluable, et une éthique interdisant les pratiques contraires aux intérêts des usagers ou de la collectivité.
Une révolution tranquille
Dans le système éducatif, la professionnalisation complète du métier denseignant signifierait que lautonomie des professeurs nest limitée que par un double garde-fous :
Sans doute, les nécessités de la coexistence dans les mêmes bâtiments, le souci déquité et le caractère limité des ressources pousseraient-ils des enseignants autonomes à maintenir des horaires coordonnés, des dotations stables pour les diverses disciplines, des espaces, des mobiliers et des moyens denseignement partiellement standardisés, des évaluations comparables. Mais cette codification pourrait être nettement moins forte que celle quimposent aujourdhui la plupart des administrations scolaires. En contrepartie, les enseignants assumeraient individuellement et collectivement les responsabilités associées à cette autonomie.
Les enseignants, on la vu, savent jouer avec les règles, prendre des libertés " de contrebande " avec la lettre des programmes, lorthodoxie des didactiques, les moyens denseignement officiels, les procédures dévaluation, la répartition du temps entre les disciplines, les progressions conseillées. La professionnalisation de leur métier les conduirait à investir moins dénergie dans la ruse et les apparences de la conformité, et davantage dans la réalisation des objectifs et le dialogue avec les instances auxquels ils doivent des comptes. Linstitution renoncerait de son côté à demander aux enseignants de faire de la grammaire le jeudi de 14 à 15 heures, de remplir scrupuleusement les registres et, à dates fixes, les carnets de tous leurs élèves. Leur tâche prioritaire serait, par tous les moyens légitimes, de permettre au plus grand nombre de construire des compétences durables et transposables, en informant et en mobilisant judicieusement les parents. La façon dy parvenir relèverait du professionnel : gestion de classe, nature du contrat didactique, moyens denseignement, agencement du mobilier et des espaces de travail, mode de différenciation de lenseignement et dindividualisation des parcours, manière de concevoir et de pratiquer lévaluation, démarches didactiques, groupement des élèves par thèmes ou niveaux, horaires variables, travail à la maison différencié et négocié, etc. Cette autonomie méthodologique sétendrait à la division du travail entre enseignants, au décloisonnement des classes, au suivi des élèves dans létablissement, à leur prise en charge par des équipes pédagogiques partageant la responsabilité des mêmes élèves (Perrenoud, 1994 a, 1995 b).
Serait-ce lanarchie ? En létat actuel de la formation des maîtres et du fonctionnement des écoles, peut-être. La professionnalisation du métier denseignant ne se décrète pas ; elle ne se réalisera pas en un jour : cest plutôt une affaire de décennies. Le temps dapprendre le bon usage, ou disons simplement lusage responsable de la liberté. Le risque dinjustice vient immédiatement à lesprit : notre rapport à lécole est à ce point perverti quon sinquiète dès que, dans deux classes parallèles, les enseignants nintroduisent pas une notion du programme au même moment de lannée ou ne donnent pas aux devoirs à domicile la même importance. Les parents feraient mieux de se soucier dune plus grande équité devant lefficacité des enseignants et des établissements et dune plus grande visibilité des rapports entre les moyens engagés et les résultats. La professionnalisation passe par une autre façon de demander et de rendre des comptes, par une évaluation et une autoévaluation sur lessentiel &endash; latteinte des objectifs de développement et dapprentissage &endash; plutôt que les rituels. La problématique de ce que les anglo-saxons nomment " accountability ", quon traduit parfois par " imputabilité ", est au coeur dune " professionnalisation interactive " (Gather Thurler, 1996 a). Il ny a en effet par de maîtrise accrue dun métier (" empowerment ") sans obligation de rendre compte à ses pairs, aux usagers et aux mandants.
Des occasions manquées
Cette évolution sera dautant plus facile que les usagers et les autorités accorderont leur confiance aux enseignants, certains quils feront le meilleur usage de leur liberté, parce quils " savent ce quils font ". Aujourdhui, cette confiance est limitée. Les réformes de curricula ou de structures sont plutôt bâties sur la défiance. La rénovation de lenseignement du français en Suisse francophone en est un bon exemple. Au début des années 1980, il sagissait de coordonner et de moderniser les programmes. Les nouveaux textes mettaient laccent sur le développement de compétences de communication orale et écrite davantage que sur lacquisition de savoirs sur la langue. La méthodologie correspondante allait dans ce sens et se présentait comme une orientation générale valable pour toute la scolarité primaire, plutôt que comme le traditionnel livre du maître balisant le programme dune année (Besson et al., 1979). Il nétait pas prévu de moyens denseignement officiels : on suggérait à chacun de les inventer ou den trouver sur le marché ou à travers des échanges. Fallait-il former les maîtres ? On envisageait plutôt, dans un premier temps de procéder par autoformation, en encourageant des formes de recherche-action dans les établissements ou des réseaux informels.
Ces idées novatrices étaient soutenues par les associations professionnelles et les auteurs de la rénovation ; elles allaient dans le sens de la professionnalisation du métier. Elles navaient quun défaut : paraître inapplicables, voire utopiques à ceux qui croyaient nécessaire de contrôler ladhésion des enseignants à la rénovation et la qualité de la formation ! Le risque semblait trop grand : " Ils vont faire nimporte quoi, ils ne comprendront pas, ils ne se formeront pas ". Cette peur conduisit à la mise en place de " recyclages " obligatoires et très structurés, et à une première génération de moyens denseignement officiels et de " livres du maître ", couvrant tous les aspects notionnels et techniques de lenseignement de la langue maternelle (activités dites de structuration). Paradoxalement, labsence de moyens correspondant pour soutenir les pratiques de communication soulignait leur caractère moins prioritaire, rejoignant les images les plus traditionnelles des finalités de lenseignement de la langue.
Il est difficile de dire si ce renoncement à lautoformation était sage. Il est sûr quà trop vouloir anticiper sur la professionnalisation, on pourrait aller à fin contraire, en donnant des armes aux sceptiques : " Vous voyez, ils ne savent pas, ils sont irresponsables ", diraient-ils. À linverse, à ne jamais risquer quelques dérapages, on empêche aussi les enseignants de faire lexpérience de lautonomie et de la responsabilité. Aujourdhui, si la rénovation de lenseignement du français est un demi échec, en tout cas du point de vue dune pédagogie de la communication, on peut sen prendre " au système " : formation insuffisante, moyens dévaluation peu cohérents, moyens denseignement privilégiant les savoirs techniques, pédagogie du texte trop tardive, faible prise en compte des élèves non francophones, etc. Dans la mesure où lautorité attendait des enseignants quils adoptent la démarche prescrite, il lui appartenait de résoudre les problèmes de conception et de formation et daplanir les contradictions. Dans cette logique, en effet, les enseignants font ce quon leur dit avec les moyens quon leur donne.
Pour que les enseignants assument à la fois les objectifs généraux dune telle rénovation de curriculum et de démarche didactique, y compris ses limites et ses contradictions, il aurait évidemment fallu quils soient en position dacteurs à part entière, non seulement au niveau du dialogue au sommet entre autorités scolaires et associations professionnelles, mais à tous les niveaux. " Ils " disent aujourdhui les spécialistes et des autorités pour désigner les enseignants. " Ils ", répondent en écho ces derniers pour parler de ceux qui décident à leur place et " pour leur bien ".
Sans doute la professionnalisation du métier denseignant ne dispenserait-elle pas de " grandes " réformes de curriculum ou de structures. Mais elle aurait sur les stratégies de changement deux conséquences majeures :
Des changements systémiques
On le voit, la professionnalisation passe par une reconstruction de lidentité des enseignants, et de limage quils se font de leur pratique : quils cessent de se sentir " persécutés " (Ranjard, 1984), quils " produisent leur profession " (Novõa, 1991), quils assument la complexité dune praxis et dun métier " impossible " (Cifali, 1986 ; Boumard, 1992), quils entrent dans le " scénario pour un métier nouveau " que propose Meirieu (1989 b), quils se pensent comme des professionnels (Paquay et al. 1996), quils deviennent ces " praticiens réfléchis " selon Schön (1983, 1987, 1991, 1994), quils mobilisent un " savoir-analyser " devenant une compétence de base (Altet, 1994), quils sachent expliciter leur pratique et comprendre la part dinconscient dans leurs gestes et leurs investissements professionnels (Cifali, 1994 ; Faingold, 1993, 1996 ; Imbert, 1994, 1996 ; Perrenoud, 1996 b ; Vermersch, 1994) Dans tous les cas, il conviendrait daller vers un métier orienté vers la résolution de problèmes, la conduite de stratégies en fonction dobjectifs larges, une capacité dautocritique et dautorégulation (Gather Thurler, 1994 a).
Cela nira pas sans une évolution de la formation initiale et continue des enseignants. La tendance est à luniversitarisation de la formation initiale (Bourdoncle & Louvet, 1991 ; Tschoumy, 1991). Mais on manquerait le coche si cette évolution noffrait pas loccasion dune nouvelle articulation théorie-pratique, dans le sens dune capacité de réflexion sur les pratiques et de régulation, individuelle et collective, dès la formation initiale (Perrenoud, 1993 c, 1994 a, 1994 d).
On discerne moins nettement que la professionnalisation exige aussi un fonctionnement très différent des établissements, lémergence dune nouvelle culture professionnelle et dun nouveau style de direction. On ne peut en effet espérer que chaque enseignant, aussi compétent soit-il, réinvente la poudre dans son coin. La professionnalisation se joue à plusieurs, elle passe par une division du travail souple par une coopération accrue chaque fois que lefficacité lexige.
Cela renvoie aux possibilités dévolution :
Si le fonctionnement des écoles évolue dans ce sens, la professionnalisation dépassera ses maladies infantiles, les systèmes denseignement pourront adopter de nouvelles stratégies de changement.
Le débat sur lefficacité est au cur de la gestion des organisations, puisquelles se présentent comme des dispositifs finalisés dont la légitimité tient en partie à leur capacité de réaliser leurs objectifs de façon rationnelle. Cest pourquoi la notion même defficacité est un enjeu majeur. Chaque acteur la construit à sa façon, évalue la situation et plaide pour ou contre tel ou tel changement en fonction de sa définition des finalités et de la rationalité, mais aussi de ses stratégies et de ses intérêts (Perrenoud, 1993 a). Le débat sur la professionnalisation ne saurait échapper à cette approche constructiviste. Les chercheurs proposent des critères de professionnalisation et étudient les rapports entre le fonctionnement des écoles, le statut du métier et les acquis des élèves. Ces résultats de recherche, même lorsquils sont connus et pris au sérieux, ne sont quun des éléments dun débat à dominante idéologique et pragmatique, dont les enjeux ne sont pas purement intellectuels. Si lon tenait compte de ce quon sait aujourdhui, et si les politiques de léducation voulaient se donner les moyens de leurs ambitions, nul doute que la voie de la professionnalisation simposerait, mais nos sociétés nen sont pas à une incohérence près !
En fin de compte, lavenir dépendra de léquilibre entre des perspectives à long terme (élévation du niveau de formation, démocratisation, emploi) et des préoccupations à plus courte vue (équilibre budgétaire, défense des intérêts acquis). Une vision claire des enjeux ne saurait suffire à transformer les politiques, mais elle peut les infléchir, faire " pencher la balance " dun côté ou de lautre lorsque les sociétés sont ambivalentes.
Dans cette mesure, tous les acteurs collectifs ont un certain pouvoir et une certaine responsabilité. Nul nest pris dans un jeu entièrement mené par les autres et nul nest à lui seul maître du jeu. Il faut donc négocier. Et négocier dabord des représentations et des stratégies à long terme. Plutôt que de poursuivre la fuite en avant dans des réformes toujours décevantes, lécole ferait bien de se demander comment elle change et si elle peut " apprendre " (Gather Thurler et Perrenoud, 1991) sans que saccentuent la professionnalisation du métier denseignant et lévolution des établissements vers une gestion plus coopérative.
Altet, M. (1994) La formation professionnelle des enseignants, Paris, PUF.
Besson, M.-J. et al. (1979) Maîtrise du français, Vevey, Delta.
Berthelot, J.-M. (1983) Le piège scolaire, Paris, PUF.
Boumard, P. (1992) Métier impossible. La situation morale des enseignants, Paris, ESF.
Bourdieu P. & Passeron, J.-C. (1970) La reproduction. Éléments pour une théorie du système denseignement, Paris, Ed. de Minuit.
Bourdoncle, R. (1991) La professionnalisation des enseignants : analyses sociologiques anglaises et américaines, Revue française de pédagogie, n° 94, pp. 73-92.
Bourdoncle, R. (1993) La professionnalisation des enseignants : les limites dun mythe, Revue française de pédagogie, n° 105, pp. 83-119.
Bourdoncle, R. & Louvet, A. (éd) (1991) Les tendances nouvelles dans la formation des enseignants : stratégies françaises et expériences étrangères, Paris, INRP.
Carbonneau, M. (1993) Modèles de formation et professionnalisation de lenseignement : analyse critique de tendances nord-américaines, Revue des sciences de léducation (Montréal), vol. XIX, n° 1, pp. 33-57.
Chevallard, Y. (1991) La transposition didactique. Du savoir savant au savoir enseigné, Grenoble, La Pensée Sauvage, 2ème édition.
Cifali, M. (1986) " Linfini éducatif : mise en perspectives ", dans Fain M. et al. (dir.) Les trois métiers impossibles, Paris, Les Belles Lettres, Confluents psychanalytiques.
Cifali, M. (1994) Le lien éducatif : contre-jour psychanalytique, Paris, PUF, à paraître.
Demailly, L. (1992) Lévolution actuelle des méthodes de mobilisation et dencadrement des enseignants, Lille, Université de Lille 1.
Demailly, L. (1991) Le Collège : crise, mythes, métiers, Lille, Presses universitaires de Lille.
Etzioni, A. (1969) The Semi-Professions and their Organization : Teachers, Nurses, Social Workers, New York, The Free Press.
Faingold, N. (1993) Décentration et prise de conscience. Etude de dispositifs danalyse des situations pédagogiques dans la formation des instituteurs, Nanterre, Université Paris X, thèse.
Faingold, N. (1996) Du stagiaire à lexpert : construire les compétences professionnelles, in Paquay, L., Altet, M., Charlier, E. et Perrenoud, Ph. (dir.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, Bruxelles, de Boeck, pp. 137-152.
Garant, M. (1991) La gestion détablissements scolaires : logiques daction, Thèse de Doctorat, Université Catholique de Louvain, Belgique.
Garant, M. (1992) Le directeur décole : rouage, grain de sable, catalyseur, moteur, Saint-Bernard, martyr, patron, cerveau ?, Université Catholique de Louvain, Belgique.
Gather Thurler, M. (1992) Les dynamiques de changement internes aux systèmes éducatifs : comment les praticiens réfléchissent à leurs pratiques, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Gather Thurler, M. (1993 a) Amener les enseignants vers une construction active du changement. Pour une nouvelle conception de la gestion de linnovation, Éducation et Recherche, n° 2, pp. 218-235.
Gather Thurler, M. (1993 b) Renouveau pédagogique et responsabilités de la direction de létablissement, in Actes du Colloque franco-suisse de lAFIDES, Le directeur/la directrice détablissement scolaire et le renouveau pédagogique, Morges (Suisse).
Gather Thurler, M. (1994 a) " Lefficacité des établissements ne se mesure pas : elle se construit, se négocie, se pratique et se vit ", dans Crahay M. (dir.) Problématique et méthodologie de lévaluation des établissements de formation, Bruxelles, De Bck, pp. 203-224.
Gather Thurler, M. (1994 b) Relations professionnelles et culture des établissements scolaires : au-delà du culte de lindividualisme ?, Revue française de pédagogie, octobre-novembre, n° 109, pp. 19-39.
Gather Thurler, M. (1996 a) Innovation et coopération entre enseignants : liens et limites, in Bonami, M. et Garant, M. (dir.), Systèmes scolaires et pilotage de linnovation. Émergence et implantation du changement, Bruxelles, de Boeck, pp. 145-168.
Gather Thurler, M. (1996 b) Professionnaliser le métier de chef détablissement : pourquoi et comment ?, La Revue des Échanges, vol. 13, n° 1, mars, pp. 1-16.
Gather Thurler, M. et Perrenoud, Ph. (1991) Lécole apprend si elle sen donne le droit, sen croit capable et sorganise dans ce sens !, in Société Suisse de Recherche en Éducation (SSRE), Linstitution scolaire est-elle capable dapprendre ?, Lucerne, Zentralschweizerischer Beratungsdienst für Schulfragen, pp. 75-92.
Hargreaves, A. (1992) Cultures of Teaching : a Focus for Change, in Hargreaves, A. & Fullan, M.G. (eds.), Understanding Teacher Development, New York, Cassell & Teachers College Press, pp. 216-240.
Huberman, M. (1983) Répertoires, recettes et vie de classe : comment les enseignants utilisent linformation, Éducation & Recherche, n° 1, pp. 157-177.
Huberman, M. (1989) La vie des enseignants. Évolution et bilan dune profession, Neuchâtel et Paris, Delachaux & Niestlé.
Huberman, M. (1990) The Social Context of Instruction in School, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Huberman, M. (1993) Enseignement et professionnalisme : des liens toujours aussi fragiles, Revue des sciences de léducation (Montréal), vol. XIX, n° 1, pp. 77-85.
Hutmacher, W. (1990) Lécole dans tous ses états. Des politiques de systèmes aux stratégies détablissement, Genève, Service de la recherche sociologique.
Hutmacher, W. (1993) Quand la réalité résiste à la lutte contre léchec scolaire, Genève, Service de la recherche sociologique, Cahier n° 36.
Imbert, F. (1994) Médiations, institutions et loi dans la classe, Paris, ESF.
Imbert, F. (1996) Linconscient dans la classe, Paris, ESF.
Labaree, D.F. (1992) Power, Knowledge and the Rationalization of Teaching : À Genealogy of the Movement to Professionalize Teaching, Harvard Educational Review, (62), n° 2, pp. 123-154.
Lemosse, M. (1989) Le " professionnalisme " des enseignants : le point de vue anglais, in Recherche et formation, n° 6, pp. 55-66.
Lessard, C., Perron, M. & Bélanger, P.W. (éd) (1989) La profession enseignante au Québec. Enjeux et défis des années 1990, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture.
Lessard, C, Perron, M. & Bélanger, P.W. (éd.) (1993) La professionnalisation de lenseignement et de la formation des enseignants, numéro thématique de la Revue des sciences de léducation (Montréal), vol. XIX, n° 1.
Meirieu, Ph. (1989 a) Apprendre oui, mais comment ?, Paris, ESF, 4e éd.
Meirieu, Ph. (1989 b) Enseigner, scénario pour un métier nouveau, Paris, ESF.
Novõa, A. (1991) Les enseignants : produire leur profession, Éducateur, juin 1991, n° 5, pp. 15-17.
Obin, J.-P. (1993) La crise de lorganisation scolaire, Paris, Hachette.
Paquay, L. (1994) Vers un référentiel des compétences professionnelles de lenseignant ?, Recherche et Formation, n° 16, pp. 7-38.
Paquay, L., Altet, M., Charlier, E. et Perrenoud, Ph. (1996) (dir.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, Bruxelles, de Boeck.
Pelletier, G. (1996) Chefs détablissements, innovation et formation : de la complexité aux savoirs daction, in Bonami, M. et Garant, M. (dir.), Systèmes scolaires et pilotage de linnovation. Émergence et implantation du changement, Bruxelles, de Boeck, pp. 87-113.
Perrenoud, Ph. (1988) La pédagogie de maîtrise, une utopie rationaliste ?, in Huberman, M. (dir.), Maîtriser les processus dapprentissage. Fondements et perspectives de la pédagogie de maîtrise, Paris, Delachaux et Niestlé, pp. 198-233.
Perrenoud, Ph. (1990) La formation équilibrée des élèves, chimère ou changement du troisième type ?, C.O. Informations (Genève), novembre, n° 8, pp. 16-41.
Perrenoud, Ph. (1993 a) Lorganisation, lefficacité et le changement, réalités construites par les acteurs, Éducation et Recherche, n° 2, pp. 197-217.
Perrenoud, Ph. (1993 b) Favoriser la rénovation pédagogique : routine ou travaux dHercule ?, Genève, Service de la recherche sociologique et Faculté de psychologie et des sciences de léducation, in Actes du Colloque de AFIDES, " Le directeur, la directrice détablissement scolaire et le renouveau pédagogique ", Coppet (Suisse).
Perrenoud, Ph. (1993 c) Former les maîtres primaires à lUniversité : modernisation anodine ou pas décisif vers la professionnalisation ?, in Hensler, H. (dir.) La recherche en formation des maîtres. Détour ou passage obligé sur la voie de la professionnalisation ?, Sherbrooke (Canada), Éditions du CRP, pp. 111-132.
Perrenoud, Ph. (1994 a) La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, LHarmattan.
Perrenoud, Ph. (1994 b) Choisir et former des cadres pour un système éducatif plus décentralisé et plus participatif, La Revue des Échanges (AFIDES), Vol. 11, n° 4, décembre, pp. 3-7.
Perrenoud, Ph. (1994 c) Compétences, habitus et savoirs professionnels, European Journal of Teacher Education, Vol. 17, n° 1/2, pp. 45-48.
Perrenoud, Ph. (1994 d) Former les enseignants primaires dans le cadre des sciences de léducation : le projet genevois, Recherche et Formation, n° 16, pp. 39-60.
Perrenoud, Ph. (1995 a) La pédagogie à lécole des différences, Paris, ESF.
Perrenoud, Ph. (1995 b) Métier délève et sens du travail scolaire, Paris, ESF, 2ème édition.
Perrenoud, Ph. (1995 c) La fabrication de lexcellence scolaire : du curriculum aux pratiques dévaluation., Genève, Droz, 2ème édition augmentée.
Perrenoud, Ph. (1995 d) Enseigner des savoirs ou développer des compétences : lécole entre deux paradigmes, in Bentolila, A. (dir.) Savoirs et savoir-faire, Paris, Nathan, pp. 73-88.
Perrenoud, Ph. (1995 e) Des savoirs aux compétences : quelles implications pour le métier délève et le métier denseignant ?, in Actes du colloque " Le renouveau de lenseignement collégial ", Montréal, Association québécoise de pédagogie collégiale.
Perrenoud, Ph. (1995 f) Dix non dits ou la face cachée du métier denseignant, Recherche et Formation, n° 20, pp. 107-124.
Perrenoud, Ph. (1996 a) Le travail sur lhabitus dans la formation des enseignants. Analyse des pratiques et prise de conscience, in Paquay, L., Altet, M., Charlier, E. et Perrenoud, Ph. (dir.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, Bruxelles, de Boeck, pp. 181-208.
Perrenoud, Ph. (1996 b) Enseigner : agir dans lurgence, décider dans lincertitude. Savoirs et compétences dans un métier complexe, Paris, ESF, sous presse.
Perrin, J. (1991) Un autre pouvoir pour continuer à enseigner : vers une autorité négociée ?, in AFIDES, La Direction détablissements scolaires et la Jeunesse actuelle, Actes du Colloque de Villefontaine, AFIDES-France.
Ranjard, P. (1984) Les enseignants persécutés, Paris, Robert Jauze.
Schön, D. (1983) The Reflective Practitioner, New York, Basic Books.
Schön, D. (1987) Educating the Reflective Practitioner, San Francisco, Jossey-Bass.
Schön, D. (1991) Cases in reflective practice, New York, Teachers College Press.
Schön, D. (1994) Le praticien réflexif. À la recherche du savoir caché dans lagir professionnel, Montréal, Les Éditions Logiques.
Tardif, J. (1992) Pour un enseignement stratégique, Montréal, Éditions Logiques.
Tardif, M. (1993 a) Savoirs et expérience chez les enseignants de métier, in H. Hensler (éd.) La recherche en formation des maîtres. Détour ou passage obligé sur la voie de la professionnalisation ?, Sherbrooke (Canada), Éditions du CRP, pp. 53-86.
Tardif, M. (1993 b) Savoirs enseignants et professionnalisation de lenseignement : remarques et notes critiques, Revue des sciences de léducation (Montréal), vol. XIX, n° 1, pp. 173-185.
Tardif, M. (1993 c) Éléments pour une théorie de la pratique éducative : Actions et savoirs en éducation, in Gauthier, C., Mellouki, M. & Tardif, M. (éd) Le savoir des enseignants. Que savent-ils ?, Montréal, Éditions Logiques, pp. 23-47.
Tschoumy, J.-A. (1991) Moins quun canari ? Soudaine accélération européenne en matière de formation des enseignants, Neuchâtel, IRDP.
Vermersch, P. (1994) Lentretien dexplicitation, Paris, ESF.
Vonk, J.H.C. (1992), Nouvelles perspectives pour la formation des enseignants en Europe, Neuchâtel, Neuchâtel, Institut romand de recherches et de documentation pédagogiques.
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1996/1996_16.html
Téléchargement d'une version Word au format RTF :
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1996/1996_16.rtf
© Philippe Perrenoud, Université de Genève.
Aucune reprise de ce document sur un site WEB ou dans une publication imprimée ne peut se faire sans laccord écrit de l'auteur et dun éventuel éditeur. Toute reprise doit mentionner la source originale et conserver lintégralité du texte, notamment les références bibliographiques.
Autres textes : http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/textes.html Page d'accueil de Philippe Perrenoud : http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/ Laboratoire de recherche Innovation-Formation-Éducation - LIFE : |