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Former les maîtres du
premier degré
à lUniversité : le pari
genevois
Philippe Perrenoud
Faculté de psychologie et de
sciences de léducation
Université de Genève
1996
Des savoirs et des compétences
" IUFM, cinq ans après, où en sommes-nous ? " La question mintéresse à un double titre : comme observateur assez proche de la réalité française et comme coordinateur, avec Mireille Cifali, dun programme de formation des professeurs décole à lUniversité de Genève, en sciences de léducation.
Jai travaillé avec un certain nombre dIUFM au cours de ces dernières années, notamment ceux du pôle Sud-Est, au moment de la création des IUFM et plus récemment dans la phase délaboration du second plan de formation. Les questions que vous vous posez me sont donc un peu familières, parce quelles sont posées dans de nombreuses académies, parfois depuis longtemps. Jinterviendrai demain matin pour vous restituer ce que jai compris des questions fondamentales qui traversent les IUFM. Dans limmédiat, je vais tenter de montrer que certaines dentre elles se posent aussi ailleurs, même si cest dans ses structures différentes. Je vous invite à entrer un moment dans ma réalité, jessayerai de faire lexercice inverse demain matin. Je vais me borner à décrire les grandes lignes dun projet qui est aussi un pari. À vous didentifier ce quil y a de transférable.
Jhabite à huit cents mètres de la frontière franco-suisse et lUniversité où jenseigne est située à deux à trois kilomètres de la même frontière. Genève est donc très proche de la France. Pourtant, du point de vue des institutions de formation, ce canton appartient à une autre planète, ou plutôt à un ensemble dastéroïdes, vingt-six exactement, car chaque canton suisse a un système éducatif particulier (structures et programmes) auquel correspond un système spécifique de formation des maîtres. Certes, tout nest pas différent, il y a des inspirations communes, des conventions entre cantons qui visent une certaine harmonisation et des modèles nationaux, assortis parfois de subventions, qui favorisent une certaine uniformisation. Cependant, chaque canton a son histoire et sa culture. Son enseignement public sinscrit dans une constitution et une législation cantonales, sous le contrôle dun parlement et dun gouvernement élus par les électrices et électeurs du canton. À la faveur de cette assez forte autonomie, les politiques de léducation et les structures scolaires sinfléchissent en fonction des partis au pouvoir, du niveau - assez inégal - de développement économique, des valeurs qui prédominent, de la confession majoritaire et des rapports entres les églises et lÉtat, du degré durbanisation et de tertiarisation.
La République et Canton de Genève, petite collectivité denviron 350000 habitants, très urbaine et cosmopolite, fait souvent cavalier seul, parce quelle est confrontée à des problèmes de formation différents (économie largement tertiaire, forte immigration par exemple) et aussi parce que la pédagogie et les sciences de léducation y ont connu un développement sans précédent de Ferrière à Piaget, en passant par Claparède et Dottrens. Cette différence se manifeste aussi dans le domaine de la formation des enseignants, et plus fortement encore celle des enseignants primaires, qui est partiellement universitaire depuis 1930, au niveau " bac + 3 ". Le projet est de luniversitariser complètement dans le cadre universitaire des sciences de léducation. Nous essayons de construire un parcours complet de formation à la fois universitaire et professionnelle en sciences de léducation, qui ouvre aussi bien sur le doctorat et le troisième cycle - léquivalent de vos DEA et DESS - que sur la pratique immédiate et autonome, sans formation complémentaire, du métier denseignant primaire. Ce projet, dans son principe, nest pas très original, puisquil suit le chemin ouvert par le Canada et les États-Unis il y a près de 30 ans, et déjà emprunté par quelques pays européens. Cela reste un pari à gagner dans chaque situation nationale.
Ce qui se prépare à Genève paraît, sinon inconcevable, du moins inapplicable comme tel dans la plupart des autres cantons suisses, puisquils connaissent encore le système des écoles normales, les unes de niveau lycée, assumant à la fois formation culturelle et formation professionnelle, les autres assurant une formation strictement professionnelle après le baccalauréat, mais sans lien avec la recherche en éducation et les universités, dailleurs inégalement présentes et développées. Lensemble de la Suisse est en train de réexaminer ces structures, des réformes sont en cours ou en gestation dans le sens dun modèle proposé à lensemble du pays, qui soriente vers des Hautes écoles pédagogiques, dispensant une formation professionnelle non universitaire de niveau " bac + 2 " ou " bac + 3 ". Des partenariats avec les universités sont esquissés et les relations avec la recherche en éducation devraient se développer. Toutefois, ces nouvelles institutions ne verront le jour que vers la fin du siècle, à un rythme et selon des modalités qui différeront dun canton à lautre et seront fortement dépendantes de la crise généralisée des finances publiques. Peut-être verra-t-on enfin, pour des raisons plus économiques que politiques, se développer des institutions de formation initiale des enseignants communes à plusieurs cantons ou du moins des partenariats entre hautes écoles.
Le système de formation genevois vit depuis plus de soixante ans selon un modèle que le reste de la Suisse promet pour lan 2000. Il nest donc pas étonnant que le projet genevois veuille maintenant aller plus loin, dans le sens dune universitarisation intégrale de la formation des professeurs décole. Cette transformation institutionnelle, amorcée en 1990-92 et qui se concrétisera par louverture dun nouveau programme universitaire en 1996, nest pas un but en soi, elle na de sens que si elle permet un progrès de la formation des enseignants et en particulier une plus forte articulation entre théories et pratiques et une meilleure prise en compte de la recherche en éducation dans la formation dans enseignants. On entend ainsi, pour le dire en deux mots, contribuer à la professionnalisation du métier denseignant et à lémergence de praticiens capables de réfléchir sur leurs pratiques, dinnover, de travailler en équipe, de se former tout au long de leur vie professionnelle.
Le projet qui se met en place ne concerne que la formation des professeurs décole. La formation des professeurs du second degré reste, en Suisse, fondée sur un titre universitaire (équivalent à une maîtrise) dans une discipline denseignement, complété par une formation pédagogique et didactique dun ou deux ans, souvent en emploi et à temps partiel, assurée, selon les cas, soit par un département universitaire de pédagogie ou de sciences de léducation, soit, le plus souvent, par une institution de formation interne au système éducatif. La création de Hautes écoles pédagogiques poussera à regrouper les deux filières sous un même toit - comme on la fait à la création des IUFM - mais sans les confondre. À Genève, la question de leur rapprochement a été posée, mais elle est épineuse et pose des questions structurelles complexes. Aucune analyse de ce problème ne peut, par exemple, faire léconomie de la réflexion sur le degré de maîtrise des contenus à enseigner. Lhypothèse française dun même niveau et dune même durée de formation initiale pour tous paraît irrecevable aujourdhui en Suisse. Cest pourquoi nous avons restructuré la formation des professeurs décole sans attendre des clarifications qui prendront encore des années, peut-être des décennies
Jai très brièvement situé un cadre géographique, historique, institutionnel et rappelé la diversité de la Suisse. Je ne voudrais pas que lon en tire prématurément la conclusion que rien de ce qui se passe dans un tel cadre ne saurait avoir de rapport avec la réalité française. Prenons la question de la taille des institutions et des populations concernées. On me dit souvent : il est impossible de transposer à un IUFM accueillant des milliers détudiants un dispositif de formation qui entend former 80 professeurs décole par an. Jadopterai ici une thèse un peu provocatrice : ce nest pas une question déchelle ! Si les idées que je vais défendre ici ne sont pas applicables en France, cest en raison de conceptions différentes de la formation, dune histoire et de structures différentes de lenseignement supérieur. Lécole obligatoire, par exemple, a une organisation assez semblable, que le système éducatif soit organisé à léchelle dune collectivité de trois cents mille ou de cinquante millions dhabitants, parce que la structure de base - classe ou établissement - est répétée autant de fois quil le faut pour accueillir toute la population à scolariser. Ce nest pas non plus un problème de ressources, puisque le rapport entre le nombre de formateurs et le nombre détudiants importe plus que les effectifs absolus. Si le modèle genevois sécarte très nettement du modèle des IUFM français, ce nest pas en raison de la taille de la population et des institutions. Ne nous trompons pas de débat. Ce nest pas un modèle réservé aux petits pays ; cest une autre façon de penser la formation et notamment son rapport aux sciences de léducation. Léchelle na dimportance - mais peut-être est-ce décisif - que dans ses incidences sur les processus dinnovation. Mais ici encore, le problème naît dune contradiction politique entre innovation centralisée et gestion décentralisée
Yves Lenoir na guère insisté sur ce qui reste, à mes yeux, une différence considérable entre le Québec et la France. Aux États-Unis et au Canada, ce sont les Facultés déducation ou de sciences déducation qui assurent intégralement la formation les enseignants primaires. Au Québec, elles coordonnent aussi celle des enseignants secondaires, dans le cadre dun partenariat entre facultés universitaires. Ce modèle donne aux sciences de léducation une place centrale, alors quelle est marginale, voire infime, dans nombre dIUFM. Le pari genevois est beaucoup plus proche du modèle nord-américain que du modèle français. Orienté vers une formation professionnelle et académique basée sur les sciences de léducation, il tentera en même temps déviter la dérive nord-américaine, qui a conduit à une faible articulation entre théories et pratiques.
Ce pari nest pas sans risque, en raison du stade de développement des sciences de léducation et des difficultés de luniversité à assumer pleinement des formations professionnelles, de peur de devenir une " école supérieure de métiers ". À Genève, ce pari nest nullement absurde, mais il reste à le gagner. La phase de construction du dispositif nest pas achevée, mais la première année est en place, pour accueillir les étudiants qui arrivent en octobre 1996. Le compte à rebours engagé depuis 1993 est extrêmement serré et riche de quelques rebondissements liés aux enjeux institutionnels et budgétaires. Je vous laisse imaginer les négociations de ces trois dernières années, au gré des tribulations inévitables dun projet qui modifie sensiblement aussi bien le paysage universitaire que les rapports entre la formation initiale des enseignants et linstitution scolaire, qui sen dessaisit. Disons simplement que rien naurait été possible sans une entente assez forte entre ladministration scolaire, les associations professionnelles et luniversité. Des partenariats divers et anciens, dans ce domaine comme dans dautres, le fait que tous les enseignants en exercice aient passé au moins un an à luniversité et que nombre dentre eux aient achevé une maîtrise en sciences de léducation au titre de leur formation continue, lorientation de la recherche en éducation vers une collaboration avec les établissements, tout cela a évidemment joué en faveur du changement. Le dispositif lui-même a été élaboré par un groupe-projet de quatorze personnes, composé pour moitié denseignants-chercheurs universitaires et pour moitié denseignants primaires déchargés de leur classe à cette fin, durant trois ans. Le partenariat existait donc en amont du dispositif, il a fonctionné durant sa conception et se poursuivra au stade de sa mise en uvre, dans le cadre dun contrat en bonne et due forme, réglant notamment tout ce qui touche à la présence et à la formation des étudiants-stagiaires dans les établissements et aux formateurs de terrain. Une partie des formateurs universitaires nouveaux, en cours de recrutement, viendront sans doute du milieu professionnel, ils auront à la fois une maîtrise en sciences de léducation ou en sciences humaines et une formation et une expérience denseignant primaire, parfois aussi de formateur dadultes. Il est évident que la genèse particulière dun tel projet et la configuration dacteurs sociaux impliqués détermine en partie son contenu et ses chances de succès, mais là nest pas mon propos principal. Je vais essayer plutôt de me centrer sur létat présent du projet et ses principes directeurs.
La formation des enseignants ne se borne pas à une juxtaposition de savoirs, elle les dépasse, pour aller vers des compétences de gestion de situations éducatives et didactiques complexes et singulières. La formation de compétences renvoie à des savoir-faire, à un " habitus ", à une éthique, à une identité, à une façon intégrée dêtre au monde, dentrer en relation et dagir, toutes choses qui ne sont pas de lordre des savoirs. Il ne suffit donc pas, pour former des maîtres, de faire coexister dans un curriculum divers types de savoirs, ni même de les intégrer.
Il importe tout autant de faire leur juste place aux savoirs de divers types dont les enseignants ont besoin pour exercer leur métier. On peut, grosso modo, avancer quun professionnel de lenseignement mobilise :
Les savoirs dexpérience ne peuvent, comme leur nom lindique, faire partie dun curriculum de formation. En revanche, ils ne sont pas absents du plan de formation dans la mesure où :
Létude avancée des savoirs du premier type fait en général partie du programme des écoles normales. Nous avons pris, dans le cadre du projet genevois, un parti relativement radical, qui consiste à considérer que la maîtrise des disciplines à enseigner est acquise au niveau du baccalauréat ou sera complétée au gré des besoins et de lexpérience. Il faut immédiatement préciser que le baccalauréat est en Suisse un diplôme sélectif, que nobtiennent, selon les cantons, que 20 à 25 % des élèves dune génération, ce qui garantit un niveau relativement élevé de maîtrise des disciplines scolaires de base.
La formation professionnelle des enseignants se concentrera donc sur les savoirs de type 2, 3 et 4, en se bornant :
Les sciences de léducation à Genève
À Genève, pour entreprendre des études universitaires en sciences de léducation, il faut avoir un baccalauréat (scientifique, classique, langue, économique ou artistique) ou une formation équivalente. Les études durent quatre ans et sachèvent par lobtention de ce que nous appelons une licence, qui équivaut à une maîtrise française.
La prise en charge de la formation des professeurs décole a incité la Section des sciences de léducation à préciser et diversifier les finalités des formations quelle offre et à reconstruire complètement la structure et les plans de formation du premier et second cycle conduisant en quatre ans à une maîtrise. Nous travaillons dans le cadre dune université qui compte environ 15000 étudiants, et plus précisément dune Faculté de psychologie et des sciences de léducation, qui accueille à peu près 2100 étudiants, dont 1070 en sciences de léducation.
Ceux qui commencent leurs études vont, dès octobre 1996, suivre un tronc commun dun an (premier cycle), puis se répartir entre trois orientations complémentaires au deuxième cycle (trois ans chaque fois), aboutissant à une licence unique en sciences de léducation, particularisée par une mention :
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mention Recherche et intervention |
mention Formateurs dadultes |
mention Enseignement |
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3 ans |
Le premier cycle est commun aux différentes orientations et en constitue le fondement. Il vise à donner une culture commune en sciences de léducation et une base dorientation aux étudiants dont le choix nest pas encore arrêté. Cest un parcours qui laisse donc, pour jouer son rôle, relativement peu de liberté, avec trois domaines : les approches disciplinaires, les problématiques de léducation et de la formation et des stages dobservation dans divers milieux éducatifs et scolaires.
Les éclairages disciplinaires proposent une initiation aux diverses sciences sociales et humaines dont la réunion constitue les sciences de léducation. Nous sommes placés au carrefour de disciplines qui existent pour elles-mêmes dans dautres facultés ou département universitaires, mais dont la rencontre, autour dun objet commun, le système et les pratiques déducation et de formation, permet à la fois une recherche pluri, inter ou transdisciplinaire et des formations orientées vers la complexité des systèmes, des pratiques et des situations de formation. Parmi les sciences humaines qui ont " quelque chose à dire " sur léducation, il y a bien sûr la psychologie, chronologiquement première, dès Claparède, rejointe par la psychologie sociale, la sociologie, lanthropologie, la psychanalyse, lhistoire, les sciences du langage. La philosophie, la pédagogie, lépistémologie et léthique entretiennent un rapport moins empirique au réel, et suivent dautres méthodes, mais elles constituent aussi des disciplines contributives aux sciences de léducation.
Les problématiques de léducation et de la formation, qui constituent le second domaine, sorganisent demblée autour de champs et de problèmes complexes construits par les acteurs sociaux : léducation des adultes, léducation scolaire, les disciplines denseignement, la relation éducative, la problématique de lexclusion et de lintégration, les politiques de léducation. À ces deux grands domaines, qui participent dune culture universitaire relativement classique, sajoute une unité dobservation et danalyse des terrains éducatifs et scolaires, qui représente un peu léquivalent des modules de préprofessionnalisation dans les universités françaises, soit deux semaines ou 50 heures de stage avec un séminaire daccompagnement. Cette unité remplit a à peu près les fonctions que Jacqueline Lacotte attribuait à la préprofessionnalisation : orientation et sensibilisation. Ce nest pas encore de la formation professionnelle, mais cela devrait inviter les étudiants qui découvrent quils " ne se sentent pas faits pour enseigner " à choisir dautres voies. À ceux qui sorientent vers la formation denseignants, cette unité donnera en outre, avant même que commence le second cycle, une certaine expérience, du terrain. Celle-ci a dailleurs un certain poids dans la procédure dadmission sur dossier au deuxième cycle mention Enseignement.
À lissue de ce tronc commun, les étudiants devraient avoir une vue densemble des disciplines et des champs sociaux concernés et une première appréhension de lidentité des sciences de léducation comme carrefour interdisciplinaire et articulation des théories à des champs, des systèmes, des pratiques de formation. Vous vous en doutez, cest une conception qui suscite un débat constant et ne fait pas lobjet dun véritable consensus, mais de cette sorte daccord minimal qui permet aux universitaires de travailler ensemble, ou côte à côte, sans définir de la même façon la nature et les missions de linstitution
Au deuxième cycle, la mention Recherche et intervention est la plus proche des sciences de léducation telles quon les conçoit depuis vingt-cinq ans à Genève, avec la préparation à la recherche, mais aussi à la recherche-action, à lintervention en établissement, à laccompagnement de projets, à lingénierie didactique, à la planification. Cette formation existe déjà, dans une large mesure, même si elle a été également restructurée. Sy ajoutent deux formations qui, elles, sont nouvelles : formation de formateurs dadultes en sciences de léducation et formation denseignants primaires ou, si vous préférez, de professeurs décole. Je me limite ici à décrire cette dernière mention.
Le second cycle mention Enseignement se propose de former des gens suffisamment polyvalents pour enseigner toutes les disciplines reconnues à lécole maternelle et primaire à des enfants de quatre à douze ans, cest-à-dire dans lensemble des cycles détudes qui précèdent le passage dans lenseignement secondaire, en tout deux ans de scolarité préobligatoire suivis de six ans de scolarité obligatoire. Cette polyvalence couvre également lenseignement spécialisé. Du point de vue des disciplines, elle inclut léducation physique, la musique et les arts plastiques, même si ces disciplines sont en partie enseignées par des spécialistes formés selon une autre filière.
Objectifs de la formation des enseignants primaires
La formation est orientée par des objectifs, que voici réduit à leur plus simple expression sous la forme de douze compétences générales :
Ces formulations synthétiques cachent lessentiel du travail qui les sous-tend, à savoir une analyse du métier denseignant et des pratiques pédagogiques, et un inventaire des compétences requises pour enseigner à lécole primaire, qui sont au fondement dune transposition didactique orientée vers une formation universitaire et professionnelle. Nous avons, on le voit, rejeté le principe dun référentiel de compétences extrêmement détaillé, au profit de quelques grands axes, chacun exigeant sans doute une certaine explicitation, mais sans éclater en une myriade de savoir-faire. Les compétences ne sont pas un répertoire de savoir-faire spécialisés permettant de répondre davance à toutes les situations possibles. Les compétences donnent au contraire les moyens de construire des réponses originales à des situations inédites, à partir dune culture scientifique de base, de savoirs professionnels, dun savoir-analyser, dun rapport au savoir et à la réalité, dune expérience capitalisée.
Ainsi énoncée, chacune des compétences énoncées enfonce sans doute une porte ouverte. Il faudrait une discussion extrêmement serrée, sur le fond, pour savoir si nous parlons du même métier et si nous en construisons des représentations voisines. Cest ainsi quune compétence apparemment aussi triviale que " Maîtriser et exercer la profession denseignant " mériterait quon sy arrête. Lenseignant est rarement " à son compte ", ce nest pas artisan indépendant, mais un salarié dune organisation, nanti dun cahier des charges, de programmes, de directives et qui, pourtant, revendique ou se donne une certaine autonomie, au nom dune éthique et dun projet éducatifs personnels. Exister comme éducateur dans une organisation, concilier mandat et projet, savoir " jusquoù ne pas aller trop loin " passe par des compétences spécifiques : art de la négociation, sens du compromis, intelligence tactique, ruse avec les textes et maniement du double discours. Une organisation demande à ses agents de faire des choses auxquelles ils ne croient pas complètement et leur interdit den faire dautres qui leur semblent très importantes. En outre, en raison des divergences politiques et idéologiques qui empêchent de clarifier complètement les finalités de léducation et délaborer des programmes réalistes, lécole donne à chaque enseignant, de fait, des responsabilités qui vont bien au-delà de lexécution, puisque se rejouent dans chaque salle de classe, tous les jours, à travers lallégement sauvage des programme, lévaluation, le degré de différenciation de lenseignement, certains choix de politique de léducation. À cela sajoutent tous les débats en cours sur la professionnalisation du métier denseignant et ses corollaires : pratique réflexive, coopération, projets détablissement, obligation de rendre compte des usages dune autonomie professionnelle plus explicitement reconnue. Savoir maîtriser et exercer le métier denseignant est donc une compétence spécifique, qui nest pas la simple réunion de compétences pédagogiques et didactiques, mais concerne le travail - donc la communication, la négociation, la coopération, la résolution des conflits - avec dautres adultes dans une organisation complexe, la construction dune identité à mi chemin entre léducateur magnifié par Rousseau et le rouage anonyme dune machine bureaucratique
Autre exemple : " Se servir des sciences humaines comme base danalyse de situations éducatives complexes " peut paraître évident dans le cadre des sciences de léducation, mais consacre également une rupture avec loption déductive ou applicationniste de Claparède. La théorie ne permet pas de savoir comment enseigner, mais elle aide à anticiper certains obstacles, à imaginer divers scénarios, aussi bien quà analyser lexpérience, à comprendre pourquoi les choses se sont passées de telle ou telle façon. Les savoirs théoriques sont des outils de régulation de la pratique, selon des boucles courtes - que faire durant les minutes ou les heures qui suivent - ou plus longues. Dans tous les cas, il sagit de préparer à une pratique réflexive et à un apprentissage continu, appuyés sur une culture en sciences humaines et des capacités générales dobservation et danalyse.
Je ninsiste pas sur les objectifs et jen viens à la démarche de formation, mais il va de soi quils sont liés.
Dispositif et unités de formation
On laura compris déjà, ce projet sarrime à une volonté très claire de construire une formation en alternance, au sens le plus fort, cest à dire avec une constante articulation entre théories et pratiques et en partenariat avec le terrain. Cela ne veut pas dire que luniversité soccupera de la théorie et que les stages pourvoiront à la " formation pratique ". Larticulation entre théories et pratiques nexiste que par leur mise en relation. Elle disparaît dès lorsquon sabsorbe dans les unes en oubliant les autres. Tous les formateurs sont donc concernés. Leur tâche, en des lieux et dans des postures différentes, est dorganiser, de faciliter le va-et-vient entre ce que les étudiants apprennent dans le registre théorique et ce quils vivent et observent sur le terrain. Nous avons voulu réaliser un parcours orienté vers une pratique réfléchie, construit au gré dune démarche clinique, définie comme un mode de construction de savoirs personnels à partir dune réflexion sur lexpérience, alimentée par une formation théorique et méthodologique.
Pourquoi insérer une telle formation dans une Faculté universitaire plutôt que dans un Institut supérieur externe ou dans une école professionnelle rattachée à une faculté, comme il en existe à Genève pour la pharmacie, linterprétariat et dautres formations comparables ? Nous tenions à ce que la formation des enseignants soit de même statut et de même niveau dexigence que les autres. Aucun professeur ninterviendra dans un seul programme et cette double ou triple insertion devrait sétendre progressivement à tous les enseignants-chercheurs, y compris ceux qui viennent du terrain professionnel. La formation des enseignants na pas de statut spécial, cest une formation comme les autres, aussi académique que professionnelle, ouvrant sur les mêmes parcours de troisième cycle et de doctorat. Nous ne souhaitions pas recréer une école Normale enkystée dans luniversité, mais ouvrir une formation universitaire dont la spécificité ne tient pas à une lointaine filiation avec les écoles normales, mais à des objectifs orientés vers les compétences, à la démarche clinique de formation et au partenariat avec un terrain. La formation parallèle des formateurs dadultes sera, elle aussi, une formation en alternance, avec la même perspective.
Compte tenu de la taille du système éducatif genevois (environ 1500 classe primaires), ladministration a mis à disposition 80 " places de stages " par an. On verra que cette expression consacrée recouvre des insertions multiples, mais cest une approximation suffisante pour estimer la capacité daccueil et dencadrement de lenseignement primaire. À raison de 80 nouveaux étudiants par an, recrutés sur dossier à lentrée du deuxième cycle mention Enseignement, la filière une fois complète comptera environ 240 étudiants. Chacun travaillera au gré de son cursus avec une bonne dizaine denseignants primaires différents ; ces 240 étudiants mobiliseront donc non 240 formateurs de terrain, mais trois ou quatre fois plus. Cest cependant un système à taille humaine, quon peut gérer de façon partiellement expérimentale : tout nest pas ficelé, une partie de ce que je vais présenter est encore en cours de conception ou de négociation et les modalités de formation dont je vais faire état restent en partie des hypothèses de travail. Elles suffisent à donner à voir lessentiel dune démarche de formation.
Le principal problème de lalternance est de dépasser la simple juxtaposition de périodes de cours et de périodes de stage. Comment sy prendre ? Cela nest possible quen concevant autrement la notion même dunité de formation. À Genève, les sciences de léducation fonctionnent depuis vingt ans avec un système dunités capitalisables : chaque unité de formation est considérée comme une " unité de valeur " que létudiant peut acquérir sil satisfait aux critères dévaluation, selon une modalité dichotomique : acquis ou non acquis. Il ny a ni notes, ni moyennes. La capitalisation du nombre requis dunités de valeur dans des délais détudes raisonnables et la soutenance dun mémoire de fin détudes permettent dobtenir une maîtrise en quatre ans détudes à temps plein. Le choix des unités doit suivre certaines règles, mais permet une assez forte individualisation des parcours de formation, aussi bien dans leur contenu que dans le rythme de progression. Ce système permet aux personnes ayant des charges de famille ou aux professionnels de léducation ou de travail social de faire ou dachever des études universitaires plus tranquillement, à temps partiel, parallèlement à dautres investissements. Lesprit de ce système sera maintenu, avec des assouplissements supplémentaires, autorisant notamment à associer à chaque unité de formation un nombre de crédits variable dune unité à une autre. Le système européen ECTS (European Community Transfer System) considère quune année universitaire standard, à temps plein, vaut 60 crédits, ce qui correspond à 540 heures de cours suivies par létudiant ou à leur équivalent sous dautres formes (séminaires, stages, travaux pratiques, recherches, travaux indépendants sous contrat, mémoire ou dautres encore). Le poids des unités de formation en crédits va de 3, par exemple pour un cours de deux heures hebdomadaires durant un semestre, à 18, pour le mémoire de fin détudes. À raison de 60 crédits par an, la licence en sciences de léducation peut être accomplie en quatre ans, puisquelle exige 240 crédits. Mais on peut avancer plus lentement.
Cette souplesse rend possible des unités de formation à géométrie variable, et notamment des unités dites compactes qui combinent temps de travail sur le terrain et temps de travail en faculté. Cest une condition dune autre articulation entre théories et pratiques. Il sagit en effet de rompre avec lidée, courante dans les institutions de formation des enseignants, que quand les étudiants sont " en stage ", ils ne relèvent plus de leurs formateurs habituels, ceux qui leur donnent des enseignements disciplinaires, didactiques ou pédagogiques. Ils sont confiés à des maîtres de stages ou conseillers pédagogiques, sous la surveillance des chefs détablissement. Les étudiants vivent donc deux vies. Avant un stage, dans le meilleur des cas, les formateurs du centre le préparent avec eux, mais rien nassure quils retrouveront les mêmes étudiants à leur retour de stage. Le stage ne leur appartient pas. Au retour de stage, les étudiants échangent des impressions entre eux, éventuellement avec les formateurs le premier jour, et les cours reprennent.
Le dispositif genevois sefforcera, pour combattre cette juxtaposition, de placer les temps de faculté et les temps de terrain sous la responsabilité des mêmes formateurs, à savoir une équipe universitaire animant un réseau spécifique de formateurs de terrain dans le cadre dune unité compacte de plusieurs semaines consécutives (de 3 à 14) faisant alterner semaines de terrain et semaines de faculté. Les semaines de terrain ne sont pas considérées comme des " stages ". La notion de stage, sans disparaître, nest désormais plus utilisée que pour les stages en responsabilité. Les autres périodes passées dans des classes sont définies comme des semaines de terrain, complètement intégrés à une unité de formation compacte. Ce changement de vocabulaire nest pas anodin, les mots véhiculent des images toutes faites et la notion de stage névoque pas une unité de formation, mais une expérience dun autre ordre, qui se déroule " ailleurs " et dont les liens avec le reste de la formation sont ténus.
On pourrait imaginer un parcours de formation défini comme une simple succession dunités compactes, qui représentaient en quelques sortes de brefs cycles détudes, dont lenchaînement conduirait au titre final. Mais ce nest pas aussi simple, puisquil faut dune part tenter de conserver la flexibilité du système dunités capitalisables, dautre part trouver le moyen de faire coexister des unités compactes, cadre privilégié de lalternance, et des unités filées, selon le format des cours universitaires classiques, plus adéquates pour transmettre des connaissances en suivant un " texte du savoir ".
Comment faire coexister deux logiques temporelles différentes dans les mêmes semaines et les mêmes années ? Par exemple en divisant la semaine de travail en deux types de plages horaires, selon le schéma suivant :
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UF compactes |
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UF filées |
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Lundi, mardi, jeudi et vendredi, les plages de 8 à 16 heures sont réservées aux unités compactes. Dès 16 heures les mêmes jours et toute la journée le mercredi, jour de fermeture des écoles, ce seront les plages réservées aux UF filées, cours ou séminaires, à raison de deux heures par semaine ou par quinzaine, durant une année ou un semestre.
La coïncidence entre les plages réservées aux unités compactes et les horaires de lécole primaire évite tout conflit, tant pour les formateurs que pour les étudiants, entre leur participation à des unités filées, qui exige une présence régulière durant lannée, et leur travail en unités compactes, plus intensif. Je précise que les plages horaires réservées à un type dunités - compactes ou filées - ne doivent nullement être intégralement occupées : la semaine moyenne de létudiant devrait se composer denviron 6 heures hebdomadaires en unités filées et de 16 à 25 heures en unités compactes (16 lorsquil travaille en faculté, 25 lorsquil travaille dans une école).
Les unités de formation de trois semaines disposent, à elles seules, de toutes les heures hebdomadaires réservées aux unités compactes (jusquà 16 par semaine), pour un travail intensif et suivi. Cest le cas, notamment, des unités dintégration par lesquelles commence chaque année universitaire. Pour des périodes plus longues, plusieurs unités compactes se partagent les plages horaires dans le cadre dun module, qui est en quelque sorte une fédération dunités de formation compactes qui courent en parallèle durant 9 ou 14 semaines et mettent, dans toute la mesure du possible, leurs ressources en commun, en particulier les espaces, le temps des formateurs et les semaines de terrain, qui appartiennent en " copropriété " aux unités de formation du module, à charge pour elles de coordonner les tâches et les postures des étudiants aussi bien que des formateurs de terrain (maître de stages) durant la même semaine, de sorte à rendre leur travail possible. Cette organisation par modules permet de reconnaître des spécificités sans transformer le parcours en une suite dunités compactes dau plus deux ou trois semaines chacune, ce qui rendrait lalternance impraticable.
Chaque unité compacte est confiée à plusieurs enseignants-chercheurs, jamais moins de deux, parfois jusquà six ou huit. Ils forment une équipe de formateurs conjointement responsables de lunité, de bout en bout, planification, activité sur le terrain, évaluation et attribution des crédits comprises. Si lUF est courte et occupe tout le temps réservé aux unités compactes, léquipe qui en est responsable travaille avec son propre réseau de formateurs de terrain, qui sengagent volontairement, sur la base dun appel doffres, pour travailler avec cette équipe universitaire, sur la thématique qui lui incombe dans le plan de formation. Lorsque plusieurs unités compactes forment un module, lensemble des formateurs concernés forment une seule équipe, qui constitue autour delle un unique réseau de formateurs de terrain. On voit que lintégration du temps de terrain aux unités ou aux modules fait émerger des réseaux et des partenariats spécifiques autour de thématiques délimitées. Diverses instances de coordination, dont une responsable de la gestion administrative des réseaux, garantissent un minimum dunité aux appels doffre, aux contrats, aux procédures et aux règles déontologiques. Le programme définit à grands traits le rôle général des formateurs de terrain, mais chaque équipe linfléchit et le concrétise, en fonction de ses objectifs et en collaboration avec les formateurs de terrain intéressés.
À ce stade, on se trouve encore dans un dispositif sans contenu. Je vais y venir, mais on aurait tort de sous-estimer les problèmes dingénierie de formation. Larticulation entre théories et pratiques ne peut se concrétiser que si lon rompt avec certaines routines, en forgeant de nouveaux concepts et le langage correspondant. Les unités compactes et les modules ne sont certainement pas la seule réponse à la question de lalternance et de lintégration, mais nul ne devrait ignorer la question en demeurant dans lillusion que :
Ce nest pas impossible, mais très improbable. Dans les organisations, ne coopèrent durablement que ceux que la division du travail rend à ce point interdépendants quils nont pas vraiment le choix !
Domaines de formation
Encore faut-il que les synergies se créent autour dobjets communs qui ne soient pas complètement artificiels. Comment définir les unités de formation en respectant la division du travail scientifique, mais sans favoriser immédiatement les cloisonnements ? Tout nest pas dans tout ! Le travail de la recherche consiste à séparer pour lanalyse ce qui est réuni dans la réalité, le travail de la formation consiste à linverse, au moins pour une part, à réunir ce qui est au départ dissocié, pour construire des compétences Entre la globalité du programme et la relative spécificité des unités de formation (UF), les cinq domaines figurant dans le tableau suivant représentent un niveau dorganisation intermédiaire.
Une unité de formation appartient en principe à un domaine et à un seul. On ne sétonnera pas de lexistence dunités de formation correspondant aux diverses disciplines enseignées à lécole primaire : français, mathématique, allemand, histoire, géographie, sciences, arts plastiques, musique, éducation physique. Pour chacune de ces disciplines scolaires, il existe une didactique, qui articule chaque fois un champ de recherche - la didactique théorique - et un champ de pratique, la didactique comme " art " denseigner une discipline particulière. Chaque discipline donne lieu à une unité compacte, sauf le français (lecture comprise) et les mathématiques, disciplines dans lesquelles il y a deux unités de formation importantes, compte tenu de létendue des programmes et du statut central de ces disciplines à lécole primaire. Les didactiques des disciplines sont donc regroupées en deux modules, un premier où les didactiques du français et des mathématiques partagent 11 semaines avec les didactiques des arts plastiques, de la musique et de léducation physique, un second, un an plus tard, où les didactiques du français et des mathématiques partagent 14 semaines avec les didactiques de lallemand, de lhistoire, de la géographie et des sciences. Rappelons que les enseignants primaires sont polyvalents - nous disons " généralistes à Genève " - et doivent être capables denseigner correctement toutes ces disciplines à tous les niveaux, y compris la musique, les arts plastiques, léducation physique, même si elles sont de temps en temps assumées par des spécialistes. Des cours et séminaires filés de didactique complètent les unités compactes.
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Même sils sont en partie abordés dans chaque didactique, ils exigent aussi des approches transversales. |
(UFO) |
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et développement de la personne (UFI) |
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Chacun sait désormais ce que recouvrent les didactiques des disciplines denseignement. Les autres domaines demandent quelques explications. Les approches transversales, même si ce langage commence à se stabiliser, font lobjet de définitions moins communes. Elles correspondent en partie à ce que les IUFM appellent parfois la " formation générale ". Cette expression me semble malheureuse, sauf si elle doit désigner quelques vagues réflexions philosophico-psycho-socio-pédagogiques sur léducation. Les approches transversales ne sont ni plus ni moins générales que les approches didactiques. Mais, alors que les didactiques sorganisent autour dobjets institués par le système éducatif, les disciplines denseignement, les approches transversales suivent des découpages moins universels. Une problématique est dite transversale lorsquelle traverse les disciplines denseignement :
Nous en avons retenu sept, groupées en deux modules.
Le module 1 Relations et situations éducatives complexes, diversité des acteurs. est formé de quatre unités de formation (UF) compactes se partageant un bloc de onze semaines :
Le module Processus et difficultés dapprentissage, régulation et différenciation est formé de trois unités de formation (UF) compactes se partageant un bloc de neuf semaines :
On voit que certains phénomènes peuvent être abordés tout aussi légitimement en didactique des disciplines et de façon transversale, sans faire double emploi. Ainsi, en évaluation, les didactiques se centreront sur la nature spécifique des savoirs, des rapports au savoir, des organisations cognitives, des étapes de lapprentissage, des erreurs. Lapproche transversale éclairera les processus de régulation et les fonctionnements métacognitifs généralement à luvre dans les apprentissage et analysera aussi les autres fonctions de lévaluation. Les mêmes données seront situées dans des éclairages et des contextes différents.
Toutes ces approches sont interdisciplinaires, quelles soient didactiques ou transversales. À Genève, les didactiques des disciplines font partie intégrante des sciences de léducation. Il est plus facile de faire coexister deux types dorientation plutôt que deux orientations. En sciences de léducation, une partie des enseignants-chercheurs sont à la fois didacticiens et transversaux, par exemple dans le domaine de la lecture.
Les approches transversales et didactiques sont les piliers de la formation des enseignants primaires : en heures, ils vont se partager probablement 80 % du temps de formation. Les trois autres domaines prennent moins de place, mais sont tout aussi importants. À sa façon, chacun permet de mettre en relation approches didactiques et transversales. Les unités de formation centrées sur les outils et les méthodes de travail et de recherche ne forment pas un domaine vraiment homogène, puisquelles recouvrent à la fois les méthodologies de la recherche et les technologies nouvelles, informatique et médias. Ces outils valent indifféremment pour les approches transversales et didactiques.
Les unités centrées sur lintégration des savoirs et des savoir-faire et le développement de la personne nont pas de contenus spécifiques, elles visent plutôt à mettre en relation les autres domaines. Elles sont nées du constat quil nexiste guère, dans les plans de formation, de temps et de lieux dintégration et quon rejette trop souvent la responsabilité de ce travail sur les étudiants, alors quil est au coeur de la formation de compétences. Les unités dintégration prennent deux formes :
Les unités de stage en responsabilité nont pas non plus de thématique particulière, sinon la responsabilité elle-même. Elles couvrent donc lentier de la pratique avec toute sa complexité, en tout pour huit semaines pleines, groupées en trois périodes, auxquelles sajoute un stage filé dune demi-journée par semaine durant toute une année scolaire. Ces stages, on la vu, népuisent pas, et de très loin, les temps de terrain, mais ils joueront évidemment un rôle décisif dans lintégration des compétences et la construction de lidentité professionnelle.
À ces cinq domaines sajoute, en dernière année, un important module dit de " consolidation différenciée ". Cest un ensemble dunités de formation relevant dun ou plusieurs des domaines principaux. Leur particularité est de ne pas être inscrites au plan de formation autrement que sous cet énoncé vide de contenu, ce qui permettra de les construire au gré des propositions des enseignants et des demandes des étudiants achevant leurs études. Avec le mémoire et les stages en responsabilité, la consolidation différenciée sera laffaire de la troisième année de deuxième cycle, dont le contenu nest donc pas programmé et sinfléchira en fonction des compétences que chacun veut et doit encore construire ou étendre dans le temps qui reste avant de devenir titulaire dune classe.
Je ne puis ici détailler lensemble de la formation. Je vous propose de men tenir à un zoom sur la première année de la formation professionnelle, celle qui suit le tronc commun.
La première année du deuxième cycle
On voit que dans les plages horaires réservées aux unités compactes se succèdent une unité dintégration située tout au début de la formation, un premier module de didactique des disciplines, une unité dinitiation aux médias et à linformatique et un premier module transversal. Pour simplifier le tout, ces deux derniers sont imbriqués.
Dans les plages horaires réservées aux unités filées courent en parallèle un premier séminaire clinique (choix entre éthique, développement personnel ou analyse de pratiques), un séminaire de recherche et des cours plus classiques.
Voici comment lannée se présente schématiquement :
Les UF compactes se succèdent :
3 semaines précédées dun stage durant les vacances |
de didactiques des disciplines 1 Didactiques du français,
des mathématiques, des arts plastiques, de la |
1 semane |
transversal 1 Relations et situations éducatives complexes, diversité des acteurs 12 semaines ------------ UFO Media et informatique - une 1/2 journée par semaine |
1 semaine |
Les UF filées courent en parallèle :
Au cours des années suivantes, on retrouve une succession dunités ou de modules comprenant chacun, dans des proportions variables, des semaines de terrain. Sur lensemble des trois ans, les étudiants devraient passer 30 à 40 % de leur temps sur le terrain.
Un module transversal vu de plus près
Nouveau zoom : je vais maintenant mintéresser au premier module transversal Relations et situations éducatives complexes, qui regroupe donc quatre unités de formation parallèles : Relations intersubjectives et désir dapprendre, Rapport au savoir, métier délève, métier denseignant, Diversité culturelle et gestion de classe et École, familles, société. Ces quatre thématiques ont en commun de mettre laccent sur la complexité et darticuler approches psychanalytiques, psychopédagogiques, anthropologiques et sociologiques dans des proportions diverses. À ce stade de la formation, il serait prématuré de viser des savoir-faire professionnels stabilisés. On développera donc avant tout des regards sur la complexité et des outils danalyse. Dans ces domaines, le sens de lobservation et la capacité danalyse importent plus que des modèles prescriptifs de gestion de classe, de dévolution de tâches aux élèves ou de contrôle des conduites ou des attitudes.
La logique universitaire classique voudrait que les responsables des diverses unités de formation se partagent équitablement le temps et lespace disponible pour travailler, chacun de son côté, sur une problématique spécialisée. Le fait davoir en commun les mêmes semaines de terrain et le même réseau de formateurs de terrain, donc de devoir définir leur rôle de façon commune et de donner des tâches coordonnées aux étudiants, tout cela pousse à des décloisonnements. Cette tendance est renforcée par le simple bon sens dans la gestion des ressources humaines : si chacun senferme dans une spécialisation, il devra faire quatre fois le même travail, avec une vingtaine détudiants chaque fois, puisque cest la configuration de base dans les unités compactes. Cest sur ce modèle que fonctionnent les professeurs du second degré, en répétant le même cours dans des classes parallèles. Lalternative retenue ici est de travailler dans un champ plus large avec le même groupe, et de couvrir plusieurs unités de formation dans les mêmes groupes de base, avec les mêmes formateurs. Cela demande une certaine polyvalence des formateurs, plus facile pour les approches transversales quen didactique. Dans le module transversal décrit ici, lidée est de décloisonner au maximum et de traiter les quatre thématiques non comme des enseignements indépendants, mais comme quatre fils rouges sentrecroisant tout au long du module, dans les divers projets et groupes de travail. Cest pourquoi elles napparaissent pas dans la structure, aucune nayant des temps ou des espaces protégés.
Les douze semaines du module composent une alternance de semaines de terrain (T) et de semaines de faculté (F), chacune participant à une progression, dont voici une vue provisoire, en létat du projet :
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Tâches des étudiant (e) s : 1. Faire connaissance avec le formateur de terrain et convenir avec lui dun contrat de formation portant sur des thèmes transversaux intéressant les deux interlocuteurs. 2. Discuter avec le formateur de terrain à partir de lesquisse, pour lenrichir. Observer et interroger dans ce sens. 3. Observer et décrire par écrit trois situations éducatives complexes selon chacun des quatre UF du module. 4. Commencer à rédiger leur journal de terrain. 5. Commencer à élaborer leur liste personnelle de compétences transversales à acquérir. |
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Tâches des étudiant (e) s : 1. Travail de compagnonnage avec le formateur de terrain sur un thème transversal spécifique et tout ce qui arrive de significatif durant la semaine. 2. Réalisation du projet (observations, entretiens, petites expériences). 3. Observer et décrire par écrit trois situations éducatives complexes selon chacun des quatre UF du module. 4. Continuer à rédiger leur journal de terrain. 5. Continuer à élaborer leur liste personnelle de compétences transversales à acquérir. |
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apports théoriques et méthodologiques. |
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Construction dune grille danalyse des situations-problèmes transversales auxquelles est confronté un (e) enseignant (e) généraliste. |
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Tâches des étudiant (e) s : 1. Travailler en compagnonnage avec le formateur de terrain sur un thème transversal spécifique et sur tout ce qui arrive de significatif durant la semaine. 2. Identifier et décrire par écrit cinq situations-problèmes selon la grille construite en commun. 3. Continuer à rédiger leur journal de terrain. 4. Continuer à élaborer leur liste personnelle de compétences transversales à acquérir. |
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Démarches de formation et évaluation
On voit courir en parallèle une douzaine de démarches de formation, elles aussi provisoires :
Il nest pas possible ici de détailler ces démarches, encore moins de préciser leur place exacte dans le travail de chaque semaine. Cette maquette sera dailleurs remaniée maintes fois au gré de lélargissement de léquipe de formateurs et elle évoluera ensuite dannée en année, au gré de lexpérience. Ce qui mimporte est plutôt de donner à voir des démarches visant à allier lexpérience personnelle (observation ou intervention), la réflexion sur cette expérience et sa mise en relation avec des savoirs issus des sciences humaines. Dans les groupes de travail restreints centrés sur lanalyse de situations complexes, ces savoirs ne pourront être constamment transmis de façon structurée, à la manière dun cours. Ils seront plutôt amenés et construits à partir de lanalyse de pratiques et de situations concrètes. Cela suppose évidemment le renvoi à des lectures, à des cours filés structurés autour dun texte du savoir, mais aussi à des moments de cadrage et dapprofondissement théorique dans le module. Le module devrait tenter de mettre en uvre le précepte de Dewey : " Toute leçon est une réponse ". La conséquence est évidemment que les contenus traités dépendront des groupes et des années et quils ne seront jamais exhaustifs, ni planifiables des mois à lavance. Les formateurs devront donc, outre leur polyvalence, manifester une assez grande capacité de négocier, dimproviser, de construire un curriculum sur mesure.
Lévaluation formative porte sur toutes les démarches individuelles ou collectives des étudiants :
Lévaluation certificative pourrait se faire sur la base dun portfolio contenant lensemble des productions individuelles de létudiant et des productions collectives auxquelles il a contribué. Soit par exemple :
On imagine bien que le travail darticulation théorie-pratique ne pourra utiliser tous les matériaux recueillis par les étudiants. En ménageant une certaine équité, les formateurs reviendront de façon approfondie sur une partie des cas plutôt que dorganiser de rapides tours de table. Le portfolio permet, lui, de faire justice à lensemble des apports personnels dun étudiant, quils aient ou non été traités en groupe.
Le rôle des formateurs de terrain
Les enseignants primaires accueillant et encadrant les étudiants dans les classes sont évidemment une pièce essentielle dans ce dispositif, cest pour cette raison quon les nomme formateurs de terrain plutôt que conseillers pédagogiques ou maîtres de stage. Ils doivent naturellement avoir une idée des objectifs du module auquel ils contribuent et de ses démarches de formation, pour sintégrer à un processus globale de formation, Cela ne les empêchera pas davoir leur propre projet de formation, peut-être selon le modèle classique " Cest bien joli ce que vous faites à luniversité, mais chez moi vous apprenez le métier, là-bas cest autre chose, cest une culture intéressante mais ici, cest la vraie vie ". Doù lémergence du compagnonnage et dun contrat spécifique, dont on souhaite cependant quils restent, pour lessentiel, dans le cadre thématique du module.
Cette formation a besoin de formateurs de terrain qui soient des praticiens réfléchis, mais aussi des praticiens " extravertis ", acceptant sans trop de défenses dexpliciter à lintention de létudiant leurs modes de faire, de raisonner, de décider. Il y a rupture avec le modèle du maître exemplaire. Du formateur de terrain, on nattend pas une démonstration aussi éblouissante dans son accomplissement quopaque dans ses tenants et aboutissants. Il sagit, au contraire, de faire entrer létudiant dans les coulisses du théâtre pédagogique, y compris dans ce que jappelle les non-dits et la face cachée du métier denseignant. Cette posture demande, pour être assumée avec une certaine confiance, beaucoup de concertation sur les vertus formatrices dune telle démarche, quon pourrait schématiser en disant que lenjeu est de permettre à chacun de construire sa propre pratique plutôt que de sapproprier une pratique accomplie. Cela nexclut nullement une part dimitation et demprunt, mais létudiant procédera un peu à la manière dun peintre familier de lhistoire de lart, qui reconnaît et combine des héritages différents, mais ne sinscrit dans aucune orthodoxie.
Chaque étudiant travaillera durant tout le module avec le même formateur de terrain. Ces derniers constituent donc un réseau de personnes ou de groupes volontaires permettant dencadrer les 80 étudiants durant les 12 semaines du module et notamment les 5 semaines quils passeront sur le terrain. Les formateurs de terrain sont réunis par léquipe des formateurs universitaires pour prendre connaissance et discuter des objectifs et contenus du module, du dispositif et de leur rôle. Leur rôle de formateur présente trois facettes également importantes :
1. Négocier avec létudiant un contrat de formation portant sur des thèmes transversaux de leur choix, choisis dun commun accord dans des domaines où le ou les formateurs de terrain concernés ont investi plus fortement que dans dautres.
2. Étendre ce compagnonnage à toutes les occasions dobserver et de comprendre des aspects transversaux significatifs de la vie dune classe ou dun établissement (pratique réflexive au gré des occasions et incidents critiques qui se présentent).
3. Aider létudiant à concevoir, puis à réaliser les travaux quil doit conduire (projets, identification et description de situations complexes, et de situations-problèmes, journal de terrain, élaboration dune liste personnelle de compétences transversales, portfolio pour lévaluation).
Il est agréable de présenter un projet sur le point dêtre mis en uvre, surtout si les compromis et les contraintes de tous genres ne lont ni vidé de sa substance, ni condamné à léchec ou à lenlisement avant même davoir commencé.
Le dispositif que jai décrit entre en vigueur en automne 1996. Il faudra bien 5 ans pour le stabiliser et évaluer les compétences des premières cohortes denseignants formés de cette façon. Il sera temps, alors, dinviter à Genève nos collègues des IUFM pour nous demander avec eux " Formation des professeurs décole en sciences de léducation, cinq ans après, où en sommes-nous ? " Il est probable quune partie de nos illusions auront été malmenées et que nous aurons dû faire face à des problèmes, des contradictions ou des effets pervers que nous ne soupçonnons même pas. Pour les découvrir, il ny a quune seule voie : continuer et affronter la complexité au jour le jour.
Peut-être serait-il sage de ne décrire que les innovations stabilisées et qui donnent satisfaction. Mais, outre le fait que cela réduirait à néant nombre de conversations sur lécole ou la formation, il nous semble absurde dattendre davoir des certitudes pour alimenter le débat entre systèmes éducatifs, alors que nombre dentre nous travaillent sur les mêmes questions. Elles appelleront, en fin de compte, des réponses plurielles, adaptées à des contextes différents, mais pourquoi ne pas faire un bout de chemin ensemble, avant que chacun ne senferme dans sa différence ?
On ne trouvera ici que des textes directement liés au projet et à sa conception. Il faudrait évidemment renvoyer à maintes reprises à des travaux théoriques ou à dautres dispositifs, mais la tâche est difficile, tant il y a douvriers sur le chantier de lalternance et de la pratique réfléchie
Documents de travail élaborés par le groupe-projet
Objectifs et structures de la nouvelle option de la licence en sciences de léducation avec mention " Enseignement primaire ", Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation, 1993.
La formation des maîtres à lUniversité : problèmes ouverts, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation, 1994.
Vers un parcours des enseignants primaires aboutissant à une licence en sciences de léducation, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation, 1994.
Formation initiale des enseignants : état de la réflexion et propositions des cinq groupes thématiques, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation, 1994.
Objectifs, structures et parcours de formation de la nouvelle option de la licence en sciences de léducation avec mention " Enseignement ", Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation, 1994.
Construire des compétences professionnelles : quel rôle pour les enseignants formateurs de terrain ? Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation, 1995.
Documents de travail élaborés par le Comité de programme
Visite guidée de la nouvelle formation des enseignants primaires à lUniversité, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation, 1996.
Publications centrées sur le projet
Bonneton, D., Hohl, J.-M. et Thévenaz Th. (1995) Former à une pratique réfléchie ou la création dune nouvelle filière de formation initiale des enseignants primaires à lUniversité de Genève, Cahiers pédagogiques, n° 35, pp. 28-31.
Bonneton, D. et al. (1994) Formation initiale des enseignants. Cap sur la nouvelle licence, Journal de lenseignement primaire, n° 53, pp. 17-19.
Bonneton, D. et Snoeckx, M. (1995) Formateurs de terrain, quelles collaborations dans le cadre de formation initiale des enseignants primaires à lUniversité de Genève, Journal de lenseignement primaire, n° 57, pp. 19-21.
Hahn, M. (1995) Le projet de formation universitaire des enseignants primaires à Genève, in Les Sciences de lÉducation face aux interrogations du public, Genève, Cahiers de la Section des sciences de léducation, Numéro spécial, pp. 105-112.
Perrenoud, Ph. (1993) Die Ausbildung des Primarlehrkräfte an der Universität. Neue Perspektiven des Lehrerbildung in Genf, Beiträge zur Lehrerbildung, n° 2, pp. 139-152.
Perrenoud, Ph. (1993) Former les maîtres primaires à luniversité, à partir des sciences de léducation ? Les perspectives à Genève, Beiträge zur Lehrerbildung, n° spécial en français " La formation des enseignants en Suisse romande et au Tessin ", pp. 13-22.
Perrenoud, Ph. (1994) Former les enseignants primaires dans le cadre des sciences de léducation : le projet genevois, Recherche et Formation, n° 16, pp. 39-60.
Publications précisant certaines orientations du projet
Cifali, M. (1991) Caractéristiques du métier denseignant et compétences : enjeux actuels, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Cifali, M. (1991) Modèle clinique de formation professionnelle, apports des sciences humaines, théorisation dune pratique, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Cifali, M. (1994) Le lien éducatif : contre-jour psychanalytique, Paris, PUF.
Cifali, M. (1995) " Jécris mon quotidien ", Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Cifali, M. (1995) Écriture et transmission de lexpérience, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation (à paraître dans les Actes de lUniversité dété " Lanalyse des pratiques en vue du transfert des réussites ", Saint-Jean dAngély, 28 août-1er septembre 1995).
Cifali, M. (1995) Jécris le quotidien, Cahiers pédagogiques, n° 331, pp. 56-58.
Cifali, M. (1996) Démarche clinique, formation et écriture, in Paquay, L., Altet, M., Charlier, E. et Perrenoud, Ph. (éd.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, Bruxelles, de Boeck, sous presse.
Cifali, M. (1996) Transmission de lexpérience, entre parole et écriture, Éducation permanente, n° 127, pp. 183-200.
Cifali, M. & Hofstetter, R. (1991) Une démarche clinique pour des enseignants ? Enjeux et actualité, Journal de lenseignement primaire (Genève), n° 33, pp. 28-30.
Cifali, M. & Hofstetter, R. (1995) Des pratiques en récit, Éducateur, mars.
Paquay, L., Altet, M., Charlier, E. et Perrenoud, Ph. (1996) (éd.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, Bruxelles, de Boeck.
Perrenoud, Ph. (1992) Formation des maîtres et recherche en éducation : apports respectifs, in F. Audigier. et G. Baillat (éd.), Analyser et gérer les situations denseignement-apprentissage, Paris, INRP, pp. 339-354 (repris dans Perrenoud, Ph., La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, LHarmattan, 1994, chapitre VII, pp. 147-173).
Perrenoud, Ph. (1992) La recherche en éducation et la formation des enseignants : le cas de Genève, en Suisse, European Journal of Teacher Education, Vol. 15, n° 1/2, pp. 96-106.
Perrenoud, Ph. (1992) Le rôle dune initiation à la recherche dans la formation de base des enseignants, Éducation et Recherche, n° 1, pp. 10-27.
Perrenoud, Ph. (1993) Ce que la recherche en éducation peut apporter à la conception de la formation des maîtres, Genève, Service de la recherche sociologique et Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Perrenoud, Ph. (1993) Formation initiale des maîtres et professionnalisation du métier, Revue des sciences de léducation (Montréal), vol. XIX, n° 1, pp. 59-76 (repris dans Perrenoud, Ph., La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, LHarmattan, 1994, chapitre VIII, pp. 175-196).
Perrenoud, Ph. (1993) Former les maîtres primaires à lUniversité : modernisation anodine ou pas décisif vers la professionnalisation ?, in H. Hensler (éd.) La recherche en formation des maîtres. Détour ou passage obligé sur la voie de la professionnalisation ?, Sherbrooke (Canada), Éditions du CRP, pp. 111-132.
Perrenoud, Ph. (1993) La formation au métier denseignants : complexité, professionnalisation et démarche clinique, in Association Québécoise Universitaire en Formation des Maîtres (AQUFOM), Compétence et formation des enseignants ?, Trois-Rivières, Coopérative universitaire de Trois-Rivières, pp. 3-36 (repris dans Perrenoud, Ph., La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, LHarmattan, 1994, chapitre IX, pp. 197-220).
Perrenoud, Ph. (1994) Compétences, habitus et savoirs professionnels, European Journal of Teacher Education, Vol. 17, n° 1/2, pp. 45-48.
Perrenoud, Ph. (1994) Du maître de stage au formateur de terrain : formule creuse ou expression dune nouvelle articulation entre théorie et pratique ?, in F. Clerc et P.-A. Dupuis (éd.) Rôle et place de la pratique dans la formation initiale et continue des enseignants, Nancy, Éditions CRDP de Lorraine, pp. 19-44.
Perrenoud, Ph. (1994) La formation continue comme vecteur de professionnalisation du métier denseignant, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation et Service de la recherche sociologique.
Perrenoud, Ph. (1994) Former des enseignants débutants qui deviendront des praticiens réflexifs, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Perrenoud, Ph. (1994) Lambiguïté des savoirs et du rapport au savoir dans le métier denseignant, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation et Service de la recherche sociologique (repris dans Perrenoud, Ph. Enseigner : agir dans lurgence, décider dans lincertitude. Savoirs et compétences dans un métier complexe, Paris, ESF, 1996).
Perrenoud, Ph. (1994) La formation des enseignants en question (s), Pédagogies, Revue du Département des sciences de léducation de lUniversité de Louvain, Actes du colloque du REF " Former des enseignants. Pratiques et recherches ", n° 10, pp. 11-21.
Perrenoud, Ph. (1994) La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, LHarmattan.
Perrenoud, Ph. (1995) Dispositifs dindividualisation des cursus et différenciation des pratiques de formation, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation.
Perrenoud, Ph. (1995) Dix non dits ou la face cachée du métier denseignant, Recherche et Formation, n° 20, pp. 107-124 (repris dans Perrenoud, Ph. Enseigner : agir dans lurgence, décider dans lincertitude. Savoirs et compétences dans un métier complexe, Paris, ESF, 1996).
Perrenoud, Ph. (1995) Rôle de la formation des enseignants dans la construction dune discipline scolaire : transposition et alternance, in Billi, E. et. al (dir.) Education physique et sportive. La formation au métier denseignant, Paris, Editions de la Revue Education physique et sport, Dossiers EPS n° 27, pp. 49-60.
Perrenoud, Ph. (1996) Préparer au métier denseignant, une formation professionnelle comme les autres ?, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation (paru in Bourdoncle, R. et Demailly, L. (dir.) (1998) Les .professions de léducation et de la formation, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, pp. 175-191)
Perrenoud, Ph. (1996) Lanalyse collective des pratiques pédagogiques peut-elle transformer les praticiens ?, in Ministère de lEducation nationale, de lenseignement supérieur et de la recherche " Lanalyse des pratiques en vue du transfert des réussites ", Paris, pp. 17-34.
Perrenoud, Ph. (1996) Le travail sur lhabitus dans la formation des enseignants. Analyse des pratiques et prise de conscience, in Paquay, L., Altet, M., Charlier, E. et Perrenoud, Ph. (dir.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, Bruxelles, de Boeck, pp. 181-208.
Perrenoud, Ph. (1996) De lalternance à larticulation entre théories et pratiques dans la formation des enseignants, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation (paru in Tardif, M., Lessard, C. et Gauthier, C. (dir.) Formation des maîtres et contextes sociaux. Perspectives internationales, Paris, PUF, 1998, pp. 153-199).
Perrenoud, Ph. (1998) Réformes scolaires et rénovations de la formation des enseignants : une introuvable synchronisation, in Carbonneau, M. et Tardif, M. (dir.) Les réformes en éducation, leur impact sur lécole et sur la formation des maîtres, Bruxelles, De Boeck, à paraître.
Perrenoud, Ph. (1996) Diriger en période de transformation ou de crise, nest-ce pas, tout simplement, diriger ?, La Revue des Échanges (AFIDES), vol. 13, décembre, pp. 23-35 (repris in Pelletier, G. et Charron, R. (dir.) (1998) Diriger en période de transformation, Montréal, Editions AFIDES, pp. 7-30)
Perrenoud, Ph. (1996) Où vont les pédagogies différenciées ? Vers lindividualisation du curriculum et des parcours de formation, Genève, Faculté de psychologie et des sciences de léducation (repris dans Perrenoud, Ph., Pédagogie différenciée : des intentions à laction, Paris, ESF, 1997, chapitres 1 et 2, pp. 17-51).
Perrenoud, Ph. (1996) Savoirs de référence, savoirs pratiques en formation des enseignants : une opposition discutable, Éducation et Recherche, n° 2, pp. 234-250.
Perrenoud, Ph. (1996) Le métier denseignant entre prolétarisation et professionnalisation : deux modèles du changement, Perspectives, vol XXVI, n° 3, septembre, pp. 543-562.
Perrenoud, Ph. (1996) Enseigner : agir dans lurgence, décider dans lincertitude. Savoirs et compétences dans un métier complexe, Paris, ESF.
Perrenoud, Ph., Altet, M., Charlier, E. et Paquay, L. (1996) Fécondes incertitudes ou comment former des enseignants avant davoir toutes les réponses, in Paquay, L., Altet, M., Charlier, E. et Perrenoud, Ph. (éd.), Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?, Bruxelles, de Boeck, pp. 239-253.
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