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La qualité dune
formation professionnelle
se joue dabord dans sa conception
Philippe Perrenoud
Faculté de psychologie et des
sciences de léducation
Université de Genève
1998
La qualité dune formation professionnelle se mesure, idéalement, à ses effets rapportés à ses objectifs ou aux attentes des usagers ou des employeurs. Il nest pas toujours facile didentifier les effets, même si on met en place un dispositif de suivi durant plusieurs années. De plus, le temps de saisir les manques de la formation, les conditions dexercice du métier ont changé et les régulations ne sont plus adéquates. Enfin, le constat de certains manques nindique pas ipso facto les remèdes pertinents. Il est donc raisonnable de tenter de dégager quelques indicateurs de qualité qui renvoient au fonctionnement de la formation et sont donc immédiatement analysables, dont les recherches et les expériences accumulées permettent de penser quils sont, en général, garant dune formation de qualité. Je men tiendrai à des aspects majeurs de la conception du dispositif de formation, sans nier que la qualité de sa mise en uvre soit aussi une source de qualité.
À partir des travaux sur la formation aux métiers de lhumain, voici quelques propositions :
Une formation professionnelle prépare à une pratique, celle dun métier ou dun ensemble de métiers voisins. Il serait donc raisonnable de construire la formation à partir dune analyse réaliste des pratiques de référence. Nul ne peut sopposer ouvertement à cette idée, qui paraît de bon sens. Pourtant, cela ne va pas de soi :
Pour ces diverses raisons, les plans de formation sont rarement construits à partir dune transposition didactique fondée sur une représentation explicite, partagée et actualisée de la réalité du métier.
Les pratiques ne dictent pas, en elles-mêmes, des objectifs de formation. Pour être capables de reproduire aussi bien que de faire évoluer ces pratiques, les futurs praticiens doivent construire des compétences. Une compétence professionnelle est entendue ici comme une capacité de mobiliser à bon escient, en temps utile, de multiples ressources - dont des savoirs, théoriques, professionnels et expérientiels - dans des situations de travail.
La description dune compétence définie comporte donc trois volets :
Il importe que lon passe de lanalyse des pratiques à un inventaire raisonné des compétences professionnelles jugées essentielles, constitutives du corps du métier. À chacune des situations représentatives du métier, on fera correspondre une ou plusieurs compétences clés, celles qui sont indispensables pour maîtriser la situation.
Nul na intérêt à décontextualiser la description dune compétence, fût-ce dans un désir dabstraction et de synthèse. Ainsi, " poser un diagnostic infirmier " est sans doute une formulation trop générale, qui renvoie à trop de contextes différents. La compétence risque alors dêtre ramenée à une sorte dépure, assez loin de la réalité du travail. La construction dun référentiel de compétences est donc une navigation à vue entre deux écueils également funestes :
La tâche est difficile : ne jamais perdre de vue les situations de travail, mais tenter de les regrouper en familles faisant grosso modo appel aux mêmes compétences.
Un référentiel de compétences nest pas une pièce décorative, quon sempresse doublier dès quon planifie les formations ou quon les évalue. Ce doit être un outil de travail, ouvert, évolutif, qui propose un langage commun pour penser la formation plutôt quune liste définitive. Il doit donc être structuré et argumenté.
Structuré veut dire que toutes les compétences ne sont pas au même niveau. Un référentiel pourrait distinguer une dizaine de grandes familles de situations de travail stylisées, avant de les décomposer en compétences plus spécifiques et didentifier les ressources mobilisées. On propose parfois de distinguer compétences et capacités, ou compétences et éléments de compétences. Hélas, ni ce langage, ni les concepts correspondants ne sont encore stabilisés. Il nest pas utile demboîter les compétences comme des poupées russes, en multipliant les niveaux. La compétence numéro 3.15.2.7.8.19.2.4 risque le rester le produit dune activité de classement trop obsessionnelle et solitaire pour être féconde
Un référentiel doit, dautre part, être argumenté, cest à dire justifié, raisonné, situé par rapport à des conceptions alternatives. Une liste ditems sans raisonnement est un document opaque, qui donne envie de fuir, parce que le lecteur ne comprend pas le cheminement, les options idéologiques, théoriques et méthodologiques des auteurs. Trop de référentiels se présentent comme des documents neutres, aseptisés, dont toute trace de débat et dhésitation a été effacée. On imagine, à tort, que le produit sera dautant plus convaincant quil est sans aspérité et se présente comme une " évidence ". Cest justement ce qui rebute le lecteur. Un référentiel est une construction intellectuelle complexe, souvent collective, qui sappuie sur des choix, des partis pris, des compromis, un regard particulier sur le métier et son évolution, mais aussi la formation. Si lon prive le lecteur de telles clés dintelligibilité, il parcourt le référentiel dun oeil agacé et distrait, puis loublie aussitôt, parce quil ny est pas véritablement entré Idéalement, un référentiel nest quun outil de travail, ouvert, évolutif, dialectique, qui propose une démarche et un langage communs pour penser la formation. Il ne vit quà travers ses lecteurs. Comme la liberté de la presse dans la devise du Canard Enchaîné, un référentiel de compétences ne suse que si lon ne sen sert pas !
Il ne sert à rien de construire un référentiel magnifique sil ne devient pas lorganisateur de la formation professionnelle. Cela signifie que la logique principale de construction dun plan de formation professionnelle nest pas de faire de la place à toutes sortes de disciplines, mais de mettre en place des dispositifs de formation qui permettent de construire, de mettre en uvre et dévaluer des compétences.
Cela ne conduit pas à tourner le dos aux savoirs disciplinaires ou théoriques, mais à les considérer comme des ressources qui prennent sens par rapport aux maîtrises professionnelles visées. Ce qui veut dire, notamment, quune formation de qualité ne place pas toutes les connaissances théoriques en début de parcours, avec ce message classique " Assimilez tous ces savoirs, vous comprendrez plus tard à quoi ils servent ". Cela ne signifie pas quil faut renoncer à tout enseignement structuré, mais quil peut survenir à divers moments du parcours, pour résoudre des problèmes rencontrés. " Toute leçon est une réponse ", disait Dewey. Souvent, lécole anticipe la question et y répond avant quelle ait pris forme dans lesprit de lapprenant, ce qui linvite à assimiler des connaissances dont il ne saisit pas encore le sens.
Organiser la formation à partir des compétences, cest demander des comptes à chaque formateur, à chaque discipline, à chaque module, les mettre en demeure de penser et dexpliciter leur contribution spécifique à la formation des compétences visées en fin de parcours. Les écoles professionnelles sont peuplées de formateurs qui ne cessent daffirmer limportance de leur discipline et de leur enseignement, mais ne travaillent pas véritablement à montrer en quoi ce sont des ressources pour laction, et qui acceptent moins encore de structurer leurs apports et leur démarche en fonction dun transfert et dune intégration des connaissances dans laction.
Un plan de formation - comme ensemble dobjectifs, de programmes, de cheminements proposés ou imposés entre des cours et des modules - ne peut donc être dissocié des pratiques de formation, donc aussi des conceptions des formateurs. Dans une école professionnelle, on trouve des formateurs qui ne viennent pas de lunivers professionnel et sabritent derrière cette méconnaissance pour ne pas trop se préoccuper du rapport entre ce quils enseignent et lusage quon peut en faire. Il ny a aucune raison daccepter quun spécialiste de la communication meuble ses cours avec des exemples empruntés à la publicité ou à la thérapie, parce quil ne sait rien des situations de travail en soins infirmiers, par exemple, et ne se donne même pas les moyens dapprendre de ses élèves en analysant, avec eux, la communication entre professionnels ou entre soignants et patients. Pour quoi tolérerait-on davantage un cours dinformatique où lon disserte sur le multimédia, faute de connaître les usages spécifiques de linformatique dans les services hospitaliers ? Les écoles professionnelles sont souvent très peu exigeantes en matière de cours généraux, et les traitent comme des apports de culture générale, alors que des formateurs plus pointus en feraient des moments forts de formation de compétences professionnelles.
Quant aux cours plus clairement orientés vers lexercice du métier, ils ne sont pas tous convaincants, même lorsquils sont donnés par des anciens professionnels, parce que ces derniers sont souvent en quête dune respectabilité théorique et cherchent à séloigner de leur pratique dorigine (ce qui ne les empêche pas, dans dautres contextes, de sen réclamer comme source de légitimité).
Bref, il ne sert à rien de rédiger de magnifiques plans de formation appuyés sur de superbes référentiels sils némanent pas dun corps de formateurs décidés à donner aux compétences un " droit de gérance " sur lensemble de la formation et prêts à en payer personnellement le prix.
Les formations qui prennent le plus au sérieux la formation de compétences renoncent à un curriculum conçu comme une suite denseignements, en faveur dun cursus basé sur lapprentissage par problèmes. Certaines facultés de médecine sont allées très loin dans cette voie, en supprimant presque totalement les cours propédeutiques et en engageant immédiatement les étudiants dans des tâches de résolution de problèmes cliniques, dabord simples et fictifs, puis de plus en plus complexes et réels.
Sans opérer un retournement aussi radical, nombre de formations professionnelles feraient bien de donner davantage de place à lidentification et à la résolution de problèmes professionnels, pour au moins deux raisons :
Pour travailler sur des problèmes, il faut au moins que deux conditions soient remplies :
La politique de linstitution et ses orientations sont déterminantes, on ne peut compter sur quelques kamikazes pour donner une place décente à lapprentissage par problèmes.
La plupart des formations professionnelles prévoient des stages sur le terrain ou dans des laboratoires, parfois précédés de diverses formes de simulation, les unes exigeant des dispositifs technologiques sophistiqués - par exemple pour les pilotes davion -, dautres sapparentant plutôt à des " jeux de rôles " ou à des exercices en vraie grandeur.
La présence de stages ne suffit pas à garantir la qualité dune formation. Tout dépend de leur articulation au reste du programme. Bien entendu, un stage ne peut pas faire de mal, même sil sagit dune simple immersion dans un milieu professionnel. Cette expérience permettra au moins au stagiaire de mesurer lécart entre sa formation et les conditions de la pratique, peut-être de réorienter ses investissements, sûrement damortir, en létalant, le choc de lentrée dans le monde du travail.
Des stages, il serait triste quon nattende rien de plus ! Parler dalternance entre moments de stages et moments de formation théorique est un progrès, du moins dans la mesure où le va-et-vient entre le terrain et le centre de formation commence très vite et permet plusieurs stages, différenciés dans leur durée, leur cadre et leur fonction de formation. On sécarte alors du stage final comme bain de pratique et moment de responsabilité, on diversifie les insertions.
Cependant, les choses sérieuses ne commencent que lorsquon passe de lalternance à une véritable articulation entre théorie et pratique. On dépasse alors la classique juxtaposition entre des moments de cours relativement coupés du terrain et des moments de terrain sans références théoriques. On dépasse aussi la division sommaire du travail de formation, entre les spécialistes qui " donnent des bases théoriques ou méthodologiques " et les professionnels qui " introduisent à la réalité des pratiques ".
Larticulation entre théorie et pratique ne découle pas magiquement de la simple succession de temps de formation au centre et de temps de stages. Lun des problèmes majeurs est de construire une division du travail qui ne donne pas la responsabilité exclusive des cours et de leur évaluation aux spécialistes, et la responsabilité exclusive des stages et de leur évaluation à dautres formateurs et aux gens du terrain. Il ne sert à rien den appeler à des collaborations, aussi volontaristes quimprobables, lorsque lorganisation du travail et le plan de formation ne les imposent pas.
Pour articuler fortement théorie et pratique, mieux vaudrait placer les divers temps et lieux de formation sous la responsabilité des mêmes équipes de formateurs, ce qui nest pas simple, puisquil y a dun côté quelques enseignants à plein temps rattachés à une institution de formation initiale, de lautre de nombreux professionnels dispersés sur le terrain, qui accueillent des stagiaires sans se sentir nécessairement formateurs.
Il y a maintes façons daborder ce problème. En formation des enseignants, par exemple, nous avons, à Genève, créé des unités de formation dites compactes, chacune ayant sa propre unité thématique et couvrant plusieurs semaines consécutives - de 4 à 14 selon ses objectifs - à raison de 12 à 20 heures par semaine. Durant la même unité, les étudiants travaillent, en alternance, à luniversité ou dans des établissements scolaires, selon une progression propre à lunité de formation, pensée en fonction de ses contenus et objectifs. Les étudiants - environ 80 par volée - sont alors placés sous la responsabilité dune équipe universitaire de 5 à 15 enseignants, travaillant en collaboration avec un réseau de " formateurs de terrain ", soit 100 à 150 enseignants et enseignantes primaires volontaires et spécifiquement intéressés par cet aspect ou ce moment de la formation initiale. Le plan de formation se présente comme une succession dunités compactes, chacune prenant en charge, à son niveau et à sa manière, larticulation théorie pratique, avec une norme commune : en principe, 40 % de temps de formation sur le terrain. Cette norme vise à lutter contre une tentation connue des formateurs : penser que les contenus à transmettre sont inépuisables et que les étudiants ne devraient sur le terrain que quand on aura fini de leur expliquer tout ce quils doivent savoir pour y comprendre ou y faire quelque chose dutile
Cest un aspect de la qualité de la formation qui nest pas propre aux formations professionnelles. Aujourdhui, dans nimporte quel école accueillant de jeunes adultes, les formateurs se trouvent face à un public fortement hétérogène, sous langle du projet personnel, des acquis antérieurs, de la capacité dapprendre, du rapport au savoir, aux pratiques sociales, au réel. Pourquoi imposer à tous un cheminement unique ?
Il est certes plus facile, dun point de vue gestionnaire, de prévoir un programme imposé, exactement pour les raisons qui conduisent lécole primaire à prendre un an pour enseigner la lecture à des élèves qui savent déjà lire Peu à peu, les institutions de formation professionnelle sorientent vers des bilans de compétences à lentrée et en cours de formation et vers des parcours partiellement individualisés, ce qui ne veut pas dire solitaires !
Il reste beaucoup à faire dans ce domaine, au niveau du plan de formation dabord : le concevoir en termes dunités capitalisables, de modules quon peut suivre ou non, dans tel ou tel ordre. Cela modifie la nature des programmes et la gestion des flux. Avec un problème important en formation professionnelle : créer et rendre incontournables quelques modules permettant dévaluer globalement les compétences finales visées, lorsque laddition dunités de valeur nen est pas garante
La différenciation ne sarrête pas au plan de formation, elle concerne tous les formateurs, toutes les unités, avec des formules détudes sous contrat, de projet indépendant, de mémoire professionnel, mais aussi, simplement (?) une volonté et une capacité des formateurs de rompre avec lindifférence aux différences, de tenir compte des personnes dans leur diversité.
Une formation de qualité est évaluée et la certification finale doit être faite sans complaisance, en toute équité. Il en va de la crédibilité du titre dispensé.
Cependant, le principal enjeu de qualité se situe en amont, au moment où il nest pas encore temps de faire des bilans, mais de continuer à former. Lévaluation formative est un outil de régulation des apprentissages, en vue dun usage optimal du temps qui reste, tant par les formateurs que par les étudiants.
En formation professionnelle, Tardif (1996), étend à lévaluation des compétences les caractéristiques que devrait respecter toute évaluation authentique, selon Wiggins (1989). Voici les principales :
Cette simple liste suggère quil a encore beaucoup à faire pour que lévaluation, en formation professionnelle, soit une garantie de qualité.
Le stage, notamment sil est " en responsabilité ", paraît souvent le moment privilégié dintégration des acquis. Le stagiaire mesure lécart entre tout ce quil appris et ce quil parvient à en faire en situation, ce qui suscite souvent une prise de conscience un peu déprimante, voire un sentiment déchec. Il importe daccompagner ce moment, daider létudiant à comprendre pourquoi il narrive pas à transférer ou mobiliser à bon escient ou en temps réel ce que, pourtant, il sait. De laider aussi à comprendre que tout nest pas à refaire et à se mobiliser pour faire le meilleur usage du temps qui reste.
Il vaudrait, mieux, si lon vise la qualité dune formation professionnelle, multiplier les moments et les dispositifs dintégration, en les liant aux stages, mais aussi à un travail plus distancé danalyse de la pratique, didentification des problèmes et des dilemmes professionnels, de développement personnel. Lintégration des acquis, dans une dynamique de formation, ne se résume par à larticulation théorie-pratique, elle concerne aussi la mise en relation des divers apports disciplinaires, méthodologiques ou théoriques, dune part, lintégration des diverses logiques daction à luvre dans le travail, dautre part.
Travailler sur lidentité personnelle et professionnelle favorise lintégration et il ny a aucune raison dattendre les derniers mois pour se poser des questions, Cest au contraire une problématique inséparable du projet personnel de formation et des premiers bilans de compétences.
Comment imaginer une formation professionnelle sans les professionnels ? Pourtant, lorsquon observe ce qui se passe, on est, dans de nombreux secteurs de la formation professionnelle aux métiers de lhumain, frappé par le caractère assez " rachitique " des partenariats. Certes, on envoie les étudiants sur le terrain, ce qui oblige à négocier les fameuses " places de stages ". Est-ce suffisant pour que les professionnels se sentent des partenaires de la formation ? Évidemment non ! Souvent, les places de stages sont négociées dinstitution à institution, sans contacts entre formateurs et professionnels. Et lon sétonne que tous " ne tirent pas à la même corde " !
Pour aller plus loin, il faut inventer des lieux où on se parle et où on travaille ensemble, conclure des contrats entre institutions, sans doute, mais aussi entre des personnes. Pourquoi ne pas associer les étudiants au partenariat ? Ils vont dun monde à lautre, entendent divers sons de cloche, sont pris entre plusieurs solidarités et loyautés, alors quils pourraient, plus souvent, aider le monde de la formation et les praticiens à se parler.
Il serait évidemment souhaitable que les associations professionnelles soient représentées dans les conseils qui gèrent les formations initiales, établissent les référentiels et les objectifs de formation, adoptent les plans et les dispositifs. Mais la concertation au sommet ne suffit pas, les partenaires institutionnels et associatifs nengagent pas ipso facto ceux quils représentent lorsquil sagit de formation. On peut donc attendre des associations et des institutions quelles organisent le partenariat à plus vaste échelle.
On ne peut proposer des critères de qualité aussi complexes et sujets à discussion sans risquer dêtre arbitraire ou incomplet. On pourrait en proposer dautres, par exemple exiger que linstitution de formation initiale :
Il ny a aucune raison que chacun adhère point par point à la conception de la formation définie ici. Jespère que nous tomberons daccord sur un point au moins : cest à ce niveau danalyse que se joue la qualité, dans la conception et lorientation globale de la formation.
Bien sûr, le meilleur plan de formation du monde ne sert à rien si les formateurs arrivent en retard ou ne respectent pas les textes, si ladministration empêche la moindre initiative, si la direction cherche surtout à éviter les ennuis, si les acteurs sont incompétents ou ne font pas sérieusement leur travail. Quon cesse, cependant, de croire que la qualité est garantie lorsquon a " vissé tous les boulons ". On peut imaginer une institution de formation qui fonctionne comme une horloge, sans pour autant donner de vraies compétences. Lordre scolaire est ainsi fait que les étudiants et les formateurs peuvent avoir des intérêts communs à donner lillusion que tout se passe bien.
Le thème de la qualité, aujourdhui à la mode, attire avec raison lattention sur des aspects vérifiables, qui deviennent des normes. Toutes ne portent pas sur des détails. Toutefois, cette approche très pragmatique et technique peut favoriser une mascarade si on na pas le courage de juger dabord lensemble, les intentions, la doctrine, le mode danimation de linstitution, le type de relation pédagogique instaurée, les fondements du plan et des dispositifs de formation.
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