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n° 360, janvier 1998, pp. 62-64. |
Le couloir de lillettrisme
compte-rendu de louvrage
dAlain Bentolila,
De lillettrisme en général et de
lécole en particulier,
Paris, Plon, 1996, 218 p.
Philippe Perrenoud
Faculté de psychologie et des
sciences de léducation
Université de Genève
1998
Bien écrit, parsemé dexemples, toujours accessible, le livre dAlain Bentolila traite dun problème grave. Lillettrisme concerne les individus qui vivent dans une société où lécrit joue un rôle important. Ils ne sont pas analphabètes, mais leur faible maîtrise de la lecture les écarte dun usage courant de la communication écrite. Lenquête principale sur laquelle sappuie Bentolila porte sur les jeunes français de 18 à 23 ans. Elle teste quatre niveaux de performances : identifier et comprendre les mots ; comprendre une phrase simple ; saisir quelques informations dans un texte court ; comprendre en profondeur un texte court. Ce qui aboutit au tableau suivant, distinguant cinq familles entre lesquelles se répartissent 350000 jeune gens en 1995 :
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qui se situent en deçà de la lecture de mots simples et isolés (situation danalphabétisme) |
1 |
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qui se situent en deçà de la lecture de phrases simples, elles ne sont capables que didentifier des mots isolés |
3 |
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qui se trouvent en deçà de la lecture de textes courts ; elles ne sont capables que de lire des phrases simples |
4 |
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qui se situent en deçà de la lecture approfondie dun texte court ; elles ne sont capables que den extraire quelques informations |
12 |
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capables de lire un texte court de manière approfondie |
80 |
Pour Bentolila, lillettrisme caractérise les trois premières familles, autrement dit les personnes qui ne sont capables que de lire des phrases simples, qui se trouvent donc en deçà de la lecture élémentaire de textes courts. Cela ne veut pas quil ne faut se faire aucun souci pour les 12 % qui constituent la famille D. Quant à la famille E, qui regroupe 80 % des jeunes gens, elle se définit par un seuil minimum de lecture fonctionnelle, et regroupe donc des niveaux très disparates de maîtrise. La question reste posée de savoir si la lecture approfondie dun texte court est une compétence suffisante dans une société développée. Bentolila plaide en conclusion pour une lecture autonome et polyvalente. Il serait léger de lui faire dire que, pour 80 % des jeunes Français, sous cet angle, tout va bien ! Si lillettrisme ne touche quun jeune Français sur dix, il concerne lensemble de la société et éclaire son rapport à la lecture, notamment dans le cadre scolaire.
Une fois lillettrisme défini, il reste à identifier ses conséquences dans la vie quotidienne, à saisir ses causes, à cerner les responsabilités de lécole et à proposer déventuelles mesures. Lillettrisme est, on sen doute, associé à une scolarité courte : parmi les jeunes gens ayant quitté le système scolaire sans diplôme, au niveau de la 3ème, 33 % sont illettrés. Lillettrisme a aussi partie liée avec lexclusion : 29 % des détenus français de tous âges sont illettrés, comme plus de 35 % des allocataires du revenu minimum dinsertion (RMI). Bentolila y insiste : ni la délinquance, ni la pauvreté, ni lexclusion, ni les problèmes de santé, ni labandon précoce des études nexpliquent lillettrisme. Ils en sont plutôt des conséquences. De même, si lon constate une corrélation avec les mesures de lintelligence - aussi discutables soient-elles ! - il semble raisonnable den conclure, dabord, que ne pas accéder à lécrit prive lindividu doccasions de développement intellectuel.
Lillettrisme est également associé à des compétences limitées de communication orale et décriture. On connaît le mythe du vieux berger qui ne sait pas lire, mais parle comme un sage et manifeste une maîtrise souveraine de la langue orale. Dans les sociétés de tradition orale, lillettrisme nest évidemment pas un indice de statut ou dinsertion. Hélas, dans les sociétés où la maîtrise de lécrit est devenue la norme, il est rare que les illettrés compensent leur faible maîtrise de lécrit pas une grande aisance à loral, du moins dans la communication avec des inconnus, hors dun cercle dintimes.
Le problème est donc global. À sa racine, dit Bentolila, il y presque toujours " un rapport brouillé avec la langue ". Bien avant de devenir une absence de maîtrise, lillettrisme est associé à une absence de sens de la communication : les illettrés, pour le dire vite, semblent navoir jamais saisi que la langue est un code rigoureux, qui permet, si on le respecte, de se faire comprendre de destinataires inconnus, de gens qui ne savent pas davance ce quon va leur dire, ne connaissent pas le contexte, nont pas laccès aux implicites que donne lexpérience partagée. Il faut maîtriser la langue pour se faire comprendre de tels interlocuteurs, dont la bonne volonté nest pas illimitée lorsquil sagit de donner du sens à des propos inintelligibles. Un exemple à loral, cité par Bentolila parmi beaucoup dautres : " Tu sais, lautre jour, le mec là, il me dit que les autres, là-bas, ils disent que cest moi qui a piqué le truc parce quil nest plus là-bas et alors quils me cherchent " (p. 39). Les illettrés parlent, mais ils ne se font pas comprendre, sauf de ceux qui savent déjà ce quils ont à dire et nont donc pas besoin de lentendre
Les travaux sociolinguistiques de Basil Bernstein ont montré de longue date que toutes les classes sociales ne présupposent pas, au même degré, la connivence et lexpérience partagée comme conditions de la communication. Certes, dans chacune, une partie des échanges sont incompréhensibles pour qui ne connaît pas le contexte. Expliciter limplicite ralentit la communication entre familiers et peut même la troubler, lorsque des informations superflues brouillent les cartes. Tout le monde sait dire " Passe moi le truc, là ". La différence est que certains locuteurs ne sortent jamais de ce registre restreint, quelle que soit la situation de communication, alors que dautres prennent en compte ce que sont censés savoir ou non leurs interlocuteurs.
Lécrit, par le fait même quil sadresse à une personne absente, qui lira le message à un autre moment, dans un autre contexte, exige que lessentiel de linformation soit dans le texte. Problème pour celui qui écrit, problème aussi pour le lecteur : Bentolila montre que les illettrés ne se plient pas au texte, ne le considèrent pas comme une source dinformation prioritaire. Ils se saisissent des quelques mots identifiés et inventent un sens acceptable, sans entrer dans une négociation avec le texte, en lui faisant dire, en quelque sorte, ce qui les arrange.
Conduite classique, dira-t-on, de quelquun qui cherche à faire illusion. Plus profondément, affirme Bentolila, malentendu fondamental avec la langue. Les illettrés ne savent pas " ce que parler veut dire ", encore moins " ce que lire veut dire ". Ils nont pas saisi quon ne peut pas ignorer le code, confondre " honneur " et " horreur " sans conséquences pour la communication. Ils nont pas compris que les mots choisis par lauteur et lorganisation du texte limitent le sens possible. Certes, il y a toujours une part dinterprétation, deux lecteurs ne lisent jamais exactement " le même texte ", mais plus la référence au texte est approfondie, plus elle permet de départager les interprétations. Le lecteur expert construit le sens en tenant le plus grand compte du texte, alors que lillettrisme conduit à se prendre pour lauteur du texte, à inventer un sens plutôt que de le négocier, sans se douter quon sort alors des règles de la communication.
Comment en arrive-t-on à cette forme de méconnaissance de lautre, de sa pensée, de ses intentions, de son altérité irréductible, justement ? À vrai dire, cette méconnaissance est au principe du rapport initial que nous construisons à la langue. Le jeune enfant qui apprend à parler croit quon le comprend, jusquà ce quil découvre, douloureusement, que cela ne va pas de soi. La question est plutôt de savoir pourquoi 8 % des enfants ne sortent pas de cet état premier.
Bentolila avance une explication intéressante, que ses observations ne fondent pas directement, mais rendent crédibles : pour échapper à lillettrisme, pour construire un rapport rigoureux à la langue, un rapport " de probité ", il faut, dès la prime enfance, rencontrer des médiateurs, attentifs, disponibles, mais exigeants, sans complaisance, qui permettent à lenfant de faire lexpérience de nêtre pas compris de son entourage et de la dépasser. Une partie de ceux qui napprennent pas à lire sont des enfants, dit Bentolila, dont personne ne sest soucié de comprendre les propos et dy réagir activement. Ils ne sont jamais entrés dans une négociation autour du sens des mots et des énoncés. Ils ont pris lindifférence qui a toujours accueilli leurs propos pour une adhésion, ils vivent dans lillusion quon les comprend, ne sachant pas que personne ne sest suffisamment intéressé à ce quils avaient à dire pour les amener à reformuler leur propos jusquà ce quil soit intelligible. Bentolila y insiste : pour aider lautre à apprendre, il ne faut jamais " faire semblant de le comprendre ", mais laider à mieux exprimer sa pensée. Lenjeu nest pas seulement de laider à se faire comprendre ce jour-là, mais de le pousser à découvrir que les autres ne sont pas dans sa tête, ne comprennent pas magiquement ce quil ne dit pas ou seulement de façon allusive, bref que la communication a des impératifs de décentration, dexplicitation et de maîtrise dun code partagé.
Des parents terriblement disponibles et attentifs peuvent entretenir un certain temps leur enfant dans lillusion quil ny a aucun effort à faire pour se faire comprendre, mais un jour le cercle des interlocuteurs sélargit, et la connivence, voire la complaisance font défaut. Le rapport des illettrés à la langue semble se construire plus souvent dans lindifférence que dans la surprotection. Là, rien ne viendra, avant la scolarisation, dissiper lillusion.
Doù vient cette absence de médiation ? Repli sur la famille conjugale, disparition des grands-parents comme interlocuteurs quotidiens, faible disponibilité des parents, qui travaillent et courent sans répit, enfants livrés à la télévision, dont la fonction de médiation est nulle et qui déshabitue de toute quête active du sens : les explications sociologiques avancées par Bentolila sont sans doute un peu rapides et lon retiendra surtout, pour explique la " détresse linguistique ", composante de la " misère du monde ", lhypothèse dun rôle déterminant du rapport à la langue, qui sarticule sans doute à un rapport au monde et au pouvoir sur le monde, à un rapport au savoir, à un rapport aux autres. Comment ces rapports se construisent-ils dans les diverses classes sociales ? Les travaux de Bourdieu, Charlot, Lahire, Plaisance, Rochex, ceux du CRESAS et quelques autres suggèrent que cest sans doute plus compliqué que Bentolila ne le suggère.
Il documente en revanche, avec précision, limpuissance de lécole à faire sortir les enfants qui y sont entrés du " couloir de lillettrisme ". La presque totalité des enfants qui sont en grande difficulté de lecture en début de scolarité primaire le sont encore à lentrée du secondaire ou au sortir de lécole obligatoire. Ils finissent certes par acquérir le niveau de maîtrise visé, mais avec deux ou trois ans de retard sur le moment prévu par les programmes. On imagine les conséquences de ce décalage sur la suite de la scolarité. On rejoint là lune des critiques quon peut faire du système éducatif : son incapacité à mobiliser de grands moyens pour prendre à la racine le problème des élèves en grandes difficultés.
Comme toujours, les 10 % qui sont le plus en détresse sont la partie visible de liceberg. La société étant ce quelle est, cest à lécole que les enfants devraient trouver les médiateurs qui nexistent pas dans leur entourage familial. Pour cela, il ne suffit pas de prodiguer des soins intensifs aux élèves en situation désespérée. Cest tout le rapport de lécole à la lecture qui est en jeu. Bentolila plaide notamment pour un enseignement fondé sur des méthodes, en refusant la croyance dans les vertus miraculeuses de limmersion dans un " bain de langue " ; il propose dailleurs une série de questions pertinentes à poser à chacune des méthodes denseignement de la lecture en concurrence : place faite à loral, gestion des progressions, graduation de la complexité des textes, prise en compte des relations entre sons et lettres, travail sur la cohérence textuelle, traitement de la variété des types de textes, statut du sens et rapport à lécriture. On sen doute, le terrain des méthodes de lecture est un champ de mines, où lexcommunication mutuelle lemporte sur léclectisme.
Bentolila plaide pour un apprentissage de la grammaire, pour une compréhension du code et de la syntaxe qui facilitent (au titre de conditions nécessaires) lidentification des mots et la construction du sens. Il insiste sur la nécessité de poursuivre lapprentissage de la lecture tout au long de la scolarité, pour le rendre irréversible. La lecture polyvalente ne se décrète pas et ne naît pas du simple entraînement à lire des textes différents. " Lire cest comprendre " : fort bien, dit Bentolila, mais qui en doute ? La question est de savoir comment on apprend à comprendre, à construire du sens. Pour Bentolila, apprendre à lire exige une intelligence des règles, du code, des usages et des stratégies de lecture de divers types de textes. Donc un rapport réflexif à la langue, une posture proche (sans le formalisme aride !) de celle du linguiste, qui observe la langue comme on observe dautres phénomènes.
Pour le profane, Bentolila paraît rejoindre de nombreux courants de didactique de la langue. Il se peut que, dans le champ de la lecture, plus quailleurs, les chercheurs passent rapidement sur les convergences pour dramatiser les désaccords. Les spécialistes de la lecture trouvent manifestement matière à débattre dans les thèses de Bentolila. Sans les renvoyer dos à dos, en attendant quils se soient mis daccord, il me semble important de dire quà aucun moment Bentolila ne sécarte dune approche systémique et constructiviste de lapprentissage, intégrant les regards du psychologue, du linguiste, du sociologue et du didacticien. Nétant pas spécialiste de la lecture, je ne puis juger sur le fond, mais je voudrais souligner la cohérence dune démarche qui articule clairement la prise en compte du sujet et les finalités de lécole, rejoignant de la sorte les orientations de base dune pédagogie rationnelle et différenciée.
On a reproché à Bentolila quelques formules, et notamment lexpression dautisme social. Retrouvons le contexte :
" Lillettrisme aujourdhui est une véritable réclusion linguistique. Il ne constitue par le fondement dun regroupement corporatiste, ethnique, culturel dont une langue " particulière " serait à la fois le ciment et lemblème. Non ! il sagit dun enfermement subi, dune communication rétrécie, dun rapport à lécrit condamné demblée à léchec. Cette langue illettrée est vécue comme une détresse linguistique globale : elle rend très difficile toute tentative de relation pacifique, tolérante et maîtrisée avec un monde devenu hors de portée des mots, indifférent au verbe. En cela, lillettrisme constitue une sorte dautisme social " (p. 63-64).
Sans doute la formule prête-t-elle à polémique, mais on peut sétonner quon se saisisse dun mot pour condamner un livre. Bentolila veut-il dire que les illettrés sont des malades mentaux ? Évidemment non. Lautisme se définit, dun point de vue psychopathologique, comme un " détachement de la réalité extérieure, la vie mentale du sujet étant occupée tout entière par son monde intérieur ". Pourquoi ny aurait-il pas, sur ce modèle, " une sorte dautisme social ", un enfermement équivalent, dont les causes ne sont pas de lordre de la santé mentale, mais de linsertion linguistique et sociale ?
Peut-être reproche-t-on à ce livre, au fond, de ne manifester aucune considération pour lillettrisme, ce qui est tout à fait compatible avec le respect des personnes illettrées ! Alain Bentolila rompt avec cette bonne volonté ambiguë des intellectuels de gauche qui, à défaut de pouvoir éradiquer lexclusion, tentent de lui donner des lettres de noblesse. On peut certes imaginer des illettrés qui auraient choisi de ne pas apprendre à lire et en feraient une source didentité positive. Ce nest pas la réalité de la majorité dentre eux.
Comment nommer ce qui, objectivement, constitue un handicap, sans dévaloriser ceux qui en souffrent ? Face à ce problème, les sciences humaines ont perdu linnocence qui les caractérisait jusquau années 60. Le relativisme culturel et la culpabilité sociologique sont passés par là, on nose plus parler dinégalités culturelles, déchec, de handicap ou de marginalité ouvertement, de peur de stigmatiser davantage les exclus. Louable intention, qui a le mérite de ne pas enlever toute dignité à ceux qui nont pas ce que le commun des mortels estime nécessaire pour vivre. Mais terrible confusion conceptuelle : le handicap nest pas une caractéristique de la personne, mais de son rapport à la norme dominante, en particulier lorsquelle ne peut y échapper en se retirant dans un monde protégé. Pour limmense majorité des illettrés, ne pas savoir lire nest pas un mode de vie " comme un autre ", librement choisi, une simple " différence " par rapport à ceux qui savent lire. On peut sans doute saccommoder de lillettrisme, vivre avec, " se faire une raison ", sefforcer de ne pas se sentir trop démuni. Ce nest pas lillettrisme en soi, qui fait problème, mais ses conséquences, dans le registre de limage de soi, de lhumiliation, de lexclusion symbolique et de la mise à lécart pratique des principales sources dinformation et de maîtrise du monde. Ne pas savoir lire complique les choses les plus simples - prendre un médicament à bon escient, sorienter dans la ville, utiliser un ordinateur, faire la moindre démarche administrative - et place dans la dépendance de ceux qui accèdent au texte. Lignorance na jamais de vertus identitaires si elle nest pas librement choisie.
Aucun chercheur lucide nest parfaitement au clair sur la façon de dire linégalité et lexclusion. La voie est étroite entre deux écueils funestes : dune part, ne pas mâcher ses mots et contribuer à blesser ou stigmatiser plus encore ceux dont on dénonce lexclusion ; dautre part, prendre tant de précautions, faire tant de révérences au " politiquement correct " quen fin de compte, tout se vaut et que personne ne voit pourquoi chacun ne vivrait pas dans sa différence. " Les différences, je ne les respecte pas, jen tiens compte ", dit volontiers Philippe Meirieu. Bentolila suit la même voie étroite. Il naccepte pas lillettrisme et ne veut pas enfermer les illettrés dans leur différence. Il ne mâche pas ses mots et, pour dire sa révolte et sa volonté de changement, il appelle un chat un chat. Connaissant mieux que quiconque le poids des mots, il sait aussi que les mots ne doivent pas euphémiser les faits inacceptables. Il a choisi de nêtre pas prudent. Il brise aussi le monopole de la critique de lécole sur ce terrain. On comprend quune telle audace suscite quelque agressivité
Plaider pour un rapport de probité à la langue, refuser que certains senferment dans le cercle étroit de la connivence, rejeter lapproximation et laléatoire, cest, il est vrai, prendre le risque daccroître la distance culturelle initiale entre lécole et les élèves les plus défavorisés. Comment maintenir cette ambition sans accroître les inégalités et fabriquer davantage déchec ? Tout le défi est là. Que ceux qui pensent avoir dénoué ce dilemme jettent la première pierre à Alain Bentolila
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