|
(Pourquoi développer des compétences dès lécole ? Développement de lautonomie et lutte contre les inégalités). |
Développer des compétences dès lécole ?
Faculté de psychologie et des sciences de
léducation
Université de Genève
2001
Les critiques et les craintes
De nombreux systèmes éducatifs mettent en place un nouveau curriculum, visant vers la formation de compétences. Dautres lenvisagent. Ce mouvement est loin de faire lunanimité. Les critiques argumentées méritent discussion, même si elles cachent parfois dautres réserves, moins avouables. Ce qui peut faire peur, dans ce domaine, cest lexcès de précipitation ou de simplification, labsence de débat public.
Lintroduction de ce livre est une occasion dinventorier critiques explicites et réticences latentes. Le lecteur abordera alors plus lucidement les problèmes ouverts par les curricula orientés vers les compétences.
Les quatre textes réunis ici ne prétendent pas faire le tour de la question. Ils renvoient à dautres livres et articles en français (Perrenoud, 1997 a, 1999 a, 1999 b, 1999 c, 2000 a, 2000 b, 2001 a, 2001 b). Ce petit livre permet au moins denter en matière et de se faire une idée des enjeux.
Les critiques exprimées sont de plusieurs types, :
Je plaide depuis plusieurs années pour une approche par compétences. Cela ne me conduit pas à prendre inconditionnellement parti pour toute réforme curriculaire qui sen réclame. Ni à considérer toute critique comme un signe de "résistance irrationnelle au changement ". Il est légitime de dialoguer avec ceux qui, de bonne foi, formulent objections ou inquiétudes.
Le concept de compétence, un concept fragile ?
Il est vrai quon ne trouve aujourdhui aucune définition consensuelle du concept même de compétence. Certains en contestent la nécessité, affirmant que la notion de savoir suffit. Dautres soulignent que la distinction entre compétences et capacités (ou encore savoir-faire, skills, habiletés ) est fragile et varie dun auteur à lautre. On met en question la notion de compétences transversales (Rey, 1996).
A quoi bon nier ce que chacun peut observer : le concept nest pas stabilisé, sa définition fait lobjet de controverses. En létat des sciences humaines et des sciences cognitives, rien nest plus normal. Nous navons pas fait le tour de lesprit humain, de sa genèse, de son fonctionnement, des rapports entre le savoir, la pensée et laction. Nous en sommes réduits à des modèles partiels et contradictoires, souvent à des métaphores (Perrenoud, 2000 b). Celles de la psychanalyse sont les plus connues et les plus explicites, mais parler de transfert ou de mobilisation de connaissances nest pas moins métaphorique.
Ceux qui mettent ces flottements sémantiques et théoriques en évidence suggèrent, au moins implicitement, que les programmes orientés vers les savoirs ne souffrent pas du même flou, que chacun comprend la notion de savoir et que le seul débat porte sur linscription de tel ou tel savoir identifié dans le curriculum.
Ce quon ne perçoit pas, généralement, cest que les programmes orientés vers les savoirs ne saventurent pas à réfléchir sur le mode dintégration et de mobilisation des connaissances dans lesprit des apprenants. Les savoirs sont traités comme des composantes de la culture que lécole a vocation de " transmettre ". Ce quil advient de ces savoirs dans lesprit et laction des apprenants ne relève pas du curriculum, mais de la didactique ou de la psychologie de lapprentissage. Lobjectif de formation se borne à la maîtrise de tel ou tel savoir disciplinaire, sans sarrêter un instant à conceptualiser cette maîtrise, comme si celle de lélève de 13 ans était comparable, en moins achevée, à celle du physicien, du biologiste ou de lhistorien qui " possède " sa discipline.
Cest au prix de cette cécité quon peut éviter les incertitudes et les conflits à propos du programme. Car dès le moment où lon se demande comment les savoirs se construisent, se conservent, sarticulent, se transfèrent, se généralisent, soublient ou senrichissent dans lesprit dun sujet, cen est fini de la clarté et du consensus. Les fausses certitudes de ceux qui mettent en cause la fragilité de la notion de compétence tiennent à leur indifférence à ce quil advient des savoirs lorsquils ne sont plus des énoncés dans des livres ou la parole magistrale, mais deviennent des représentations mouvantes, flottantes, partielles et parfois fausses dans lesprit des apprenants.
Ajoutons que ceux qui pensent que la notion de " savoir à enseigner " est claire, contrairement à celle de compétence, font preuve dune assez grande naïveté sociologique. Même les savoirs " scientifiques " ne sont pas aussi délimités, homologués et partagés quon le suppose. Chaque champ de savoir est aussi un champ de force, avec des conflits, des dominations, des orthodoxies, des hiérarchies, des exclusions, des évolutions, des changements de paradigme, voire des " révolutions coperniciennes ", qui marginalisent ce qui était au centre et mettent au centre ce qui était ignoré ou ridiculisé peu de temps auparavant. Quant aux savoirs qui ne sont pas issus de la recherche, mais dautres pratiques sociales, leurs contours sont encore moins faciles à tracer, chacun reconstruit à sa manière la carte des savoirs qui lui paraissent assez établis et féconds pour être enseignés.
A cela sajoute larbitraire des choix curriculaires qui, parmi lensemble des savoirs constitués, privilégient des disciplines, des théories, des uvres, des domaines et tracent une frontière - jamais innocente - entre les savoirs dignes dêtre enseignés à lécole et ceux qui relèvent dautres instances de socialisation ou dont la transmission peut être laissée au hasard.
Bref, laccusation de fragilité conceptuelle ne saurait être réservée à lapproche par compétences. Toutes les finalités de léducation scolaire sont énoncées à laide de concepts mous ou controversés. Mais, comme dhabitude, lon ninterroge pas les fondements conceptuels de la tradition, alors que les innovations doivent donner des gages de cohérence et de pertinence. Si lon demandait les mêmes aux pratiques en vigueur, elles seraient bien en peine de les produire.
La vraie question est de savoir sil faut attendre, pour penser et repenser léducation scolaire - ses finalités comme ses modalités -, de disposer dune théorie achevée et partagée de lesprit humain, de son fonctionnement, de son rapport à laction et de sa formation. Sans doute cela serait-il préférable. Toutefois, si, sur des bases partielles et discutables, les sociétés ont pris en charge à large échelle léducation des nouvelles générations, cest parce quil leur semblait nécessaire et urgent de ne pas laisser à léducation informelle et à la socialisation par la famille et les pairs la transmission de la culture densembles en voie de développement, dindustrialisation et de démocratisation.
On peut contester cette nécessité, mettre en doute lopportunité de la scolarisation massive des sociétés et de léducation. Si lon y souscrit, que ce soit avec enthousiasme ou faute de mieux, on doit assumer le risque quil y a organiser des processus éducatifs dont on ne comprend pas tous les tenants et aboutissants. Cest le risque de toute action politique, au sens large, mais aussi celui de toute pratique sociale ou professionnelle dune certaine complexité. Souvent, lhumanité prouve la marche en marchant et construit progressivement et dans laprès-coup les fondements rationnels de ses pratiques.
Cela ne signifie pas quil faut engager des réformes curriculaires sans un minimum de bases conceptuelles solides. Les réformes en cours auraient sans doute gagné en cohérence si elles avaient attendu quelques années de plus avant de mettre en circulation de nouveaux programmes, pris le temps, non pas de résoudre tous les problèmes, mais de prendre des options plus explicites et négociées sur des dilemmes repérés. Quune réforme curriculaire ne puisse sappuyer sur une distinction claire entre capacité et compétence, quelle quelle soit, et aussi discutable soit-elle, est difficilement défendable. De même si elle ne propose aucune réponse claire à la question des compétences transversales.
Une réforme qui laisse sans réponse sérieuse des questions incontournables affaiblit sa crédibilité. Il nimporte pas que les ministères ou leurs experts aient des réponses à tout, encore moins des réponses définitives et dogmatiques. En revanche, ignorer les questions est une variante de la politique de lautruche !
Les compétences contre les savoirs ?
Lun des chapitres de ce livre traite spécifiquement de cette question. Je ne my attarderai donc pas ici.
La critique la plus sommaire consiste à affirmer que les savoirs nont plus de place dans un curriculum orienté vers les compétences. Nul ne peut soutenir cette thèse de bonne foi, ou alors cest à la faveur dune totale incompréhension de la notion même de compétences : il ny a pas de compétences sans savoirs, ce sont des ingrédients indispensables de la compétence, ce que Le Boterf (1994) appelle des ressources. La compétence est une plus-value apportée aux savoirs : la capacité de sen servir pour résoudre des problèmes, construire des stratégies, prendre des décisions, agir au sens le plus large de lexpression.
Faut-il pour autant, dans les programmes scolaires, rattacher désormais tout savoir à une ou plusieurs compétences ? Il y a à mon sens dautres raisons de savoir. Les savoirs scolaires peuvent justifier leur présence dans le curriculum comme:
Reconnaître ces fonctions, analysées ailleurs (Perrenoud, 1999 b), ne donne à aucun savoir particulier le droit inconditionnel dêtre enseigné et évalué dans un cursus scolaire. Le curriculum se discute, ne serait-ce quen raison de limpossibilité de tout enseigner. Mais ces critères de légitimité sont multiples.
Il est vrai que certaines des raisons invoquées peuvent jouer le rôle dalibis commodes et dissimuler les pires conservatismes. De là à sommer tout savoir de devenir une ressource mise au service dune ou de plusieurs compétences identifiées, il y a sans doute un pas à ne pas franchir. De ce point de vue, les curricula dans lesquels on ne trouve plus que des énoncés de compétences ne sont pas défendables :
Le " tout compétence " est une absurdité et vide le concept de son intérêt. Limportant est de justifier explicitement et de façon dialogique lincorporation de tel ou tel savoir dans le curriculum, sans se réfugier derrière la tradition, ni céder à la toute-puissance des lobbies disciplinaires.
Le fond du débat ne porte pas sur une opposition conceptuelle entre savoirs et compétences, mais sur le temps quil faut soustraire à laccumulation de savoirs pour développer la capacité de sen servir. Là sont les vrais conflits et les vrais deuils.
Le retour de lutilitarisme ?
Lune des critiques récurrentes contre lapproche par compétences consiste à associer les compétences à des actions très pratiques : remplir sa déclaration dimpôts, gérer son épargne, aménager sa cuisine ou planter un arbre dans son jardin.
Du coup, on peut affirmer que les compétences sont aux antipodes dune conception de la culture comme curiosité gratuite, comme ouverture au monde, comme désir de savoir pour savoir, comme enrichissement de lesprit sans enjeux utilitaristes.
Face à cette critique, il importe de dire dabord que le choix entre un utilitarisme étroit et une conception plus large de la culture est un enjeu curriculaire depuis que lécole existe, comme le montre Isambert-Jamati (1970). Lopportunité de faire une large place aux travaux manuels, à léducation physique ou aux savoirs du quotidien (santé, cuisine, ménage, finances) a été et reste régulièrement contestée ou affirmée.
Sans doute lapproche par compétences offre-t-elle loccasion de rouvrir le débat, comme chaque réforme curriculaire. Il ny a en revanche aucune raison de tirer a priori les compétences du côté de lutilitarisme. Sauf, bien entendu, si lon devient suspect de sombrer dans lutilitarisme dès que lon se réfère à une action humaine, au moindre désir de maîtrise de la réalité.
Prenons lexemple des sciences. Neutraliser le mécanisme de transmission de la rage ou du SIDA, dominer le nucléaire, maîtriser la démographie dun pays, développer lingénierie génétique ou construire un vaisseau spatial sont des projets utilitaires qui nauraient jamais vu le jour sans recherche fondamentale. Expliquer le mouvement des astres, la vie, lorigine et lévolution des espèces, les transformations de la matière et de lénergie, le développement des populations et des sociétés sont autant de préalables aux progrès technologiques. Mais ces derniers alimentent aussi la théorie. La plupart des chercheurs ont renoncé à faire une dichotomie simpliste entre une science pure, désintéressée, mue par le seul désir de savoir, et une science étroitement utilitaire.
Quy a-t-il, par ailleurs, de plus utilitaire que le désir de savoir ? La psychanalyse nous montre que notre curiosité nest pas " gratuite ", quelle répond à des angoisses et à des désirs de maîtrise. Il serait temps daccepter lidée que la culture humaine, y compris dans ses dimensions théologiques et philosophiques, est fondamentalement reliée à laction, à une présence incertaine et inquiète dans le monde, au désir danticiper et dinfléchir les événements. Cessons donc dopposer des savoirs désintéressés et des savoirs instrumentaux. Tous les savoirs visent, chacun à sa manière, à accroître notre maîtrise théorique et pratique du monde, même sils ne débouchent pas sur des technologies ou des procédures.
La culture, du moins pour les anthropologues, ne soppose pas aux pratiques sociales, à laction humaine. Elle est au contraire la façon propre à notre espèce de comprendre et de maîtriser sa condition, par le langage, le partage, la mémoire collective, la conceptualisation.
Il reste à débattre du rapport à laction et du rapport au savoir que privilégie tel ou tel curriculum et à veiller à ne pas enfermer lapproche par compétences dans une gamme limitée de savoir-faire " pratico-pratiques ".
Lécole au service du capitalisme ?
La vogue de la notion de compétence dans le monde de lentreprise (Ropé et Tanguy, 1994) suffit, pour certains, à la rendre suspecte. De là à conclure que les programmes scolaires orientés vers les compétences ne sont quune servile réponse à une demande du patronat, il y a un pas trop vite franchi. Ce simplisme nest pas sans bénéfices : pour mettre daccord des professeurs dopinions politiques et de pratiques pédagogiques très différentes, pour les mobiliser, par delà leurs divergences, contre les curricula orientés vers les compétences, il suffit de brandir le spectre de la main mise de léconomie sur la culture et lécole.
Lécole nest pas en dehors de la société et ne saurait prétendre préparer à la vie en ignorant le monde du travail. Comment les rapports de force qui ont cours dans la société et les idéologies dominantes pourraient-ils lui être étrangers ? Si le monde des entreprises juge que la notion de compétence est au cur de la " gestion des ressources humaines ", rien de lempêchera de penser que lécole devrait contribuer davantage à former des compétences. Les réformes curriculaires orientées dans ce sens ne vont donc pas déplaire aux patrons, aux cadres et aux professionnels, qui nont aucun mépris pour les compétences.
Est-ce à dire que léconomie est linspiratrice des réformes curriculaires actuelles ? Il serait plus juste de dire quil y a confluence de deux courants idéologiques qui, sils utilisent les mêmes mots, nont pas nécessairement les mêmes perspectives. Les uns souhaitent que lécole " produise " des individus " adaptés " au monde économique, comme consommateurs, comme travailleurs, voire comme demandeurs demploi. Les autres veulent une école " libératrice ", qui développe des personnes capables de jugement et daction autonome. Les deux perspectives demandent des savoirs et des compétences !
Ce qui brouille les cartes, cest que la contradiction entre ces perspectives est, aujourdhui, moins évidente que jamais. Léconomie moderne ne rêve plus de salariés porteurs de savoir-faire spécifiques, formés en vue doccuper durablement un poste de travail bien défini. Ce qui effraie les syndicats, cest justement la déliaison entre le diplôme et la qualification, dune part, lemploi, dautre part. Les entreprises daujourdhui ont besoin dune main duvre mobile, à la fois géographiquement et intellectuellement.
Tel est le paradoxe : lévolution du capitalisme est menaçante parce que les entreprises reconnaissent la réalité des compétences. Non par humanisme, mais pour assurer la flexibilité de la production et lintégration incessante dinnovations technologiques aussi bien que la redéfinition permanente des produits et de lorganisation du travail. Du coup, posséder une qualification formelle nest plus une protection et le sort des travailleurs dégale qualification dépend de leurs compétences effectives, ce qui individualise le sort des uns et des autres, les met en concurrence et affaiblit les solidarités statutaires.
Que ces évolutions, aussi inquiétantes soient-elles pour les travailleurs, nempêchent pas les gens décole de comprendre :
Ces évolutions ne sont pas universelles Dans les entreprises les plus traditionnelles, le conformisme et ladaptation immédiate au premier poste sont encore des valeurs sûres. Même les entreprises qui parient sur lintelligence mettent des limites à lautonomie, à lesprit critique, à la coopération de leurs employés.
On peut certainement se méfier plus encore dun capitalisme qui ne craint plus lintelligence et la culture de ses travailleurs, car cela suggère quil a la maîtrise de mécanismes de contrôle bien plus subtils et puissants que ceux qui passent par lobscurantisme et la répression de la pensée et de la parole.
Comment, sans tomber dans un angélisme naïf, se situer par rapport à des attentes à légard de lécole qui, dans une large mesure, reviennent à dire aux enseignants : formez des individus intelligents, créatifs, autonomes, capables dapprendre ? La méfiance ancestrale des enseignants à légard du monde du travail peut les conduire à ne pas voir que, pour des raisons sans doute différentes, voire contradictoires, léconomie attend de lécole quelle fasse à des fins pratiques ce quelle promet au nom de lhumanisme.
Il importe, en second lieu, de rappeler que vouloir que ceux qui vont à lécole sachent se servir de ce quils y apprennent est le fondement de tout mouvement pédagogique, de toute politique démocratique de léducation. Les pédagogues nont pas attendu la vogue de la notion de compétence dans le monde économique pour se préoccuper du transfert des connaissances acquises en classe (Meirieu, Develay, Durand et Mariani, 1996 ; Frenay, 1996 ; Tardif et Meirieu, 1996 ; Tardif, 1999 : Roegiers, 2000).
Accumuler des connaissances pour passer des examens et accéder enfin aux études longues ne profite quaux favorisés. A quoi sert-il davoir passé des heures, durant des années, à " faire " de lhistoire, de la géographie, de la physique, des mathématiques, de la biologie, etc. si lon ne sait pas utiliser ces connaissances dans la vie quotidienne ou dans le travail ?
Valoriser des savoirs vivants, connectés aux pratiques sociales, qui soient des outils pour agir sur le monde, nest pas un rêve néolibéral. Cette idée est au fondement dune école démocratique. Permettre à chacun dapprendre à se servir de ses savoirs pour agir, lapproche par compétences ne prétend rien dautre. Elle renoue avec la vocation la plus idéaliste et la plus militante de lécole. Laisser la notion de compétence au monde de lentreprise serait renoncer à la vocation libératrice de léducation scolaire et à lidée que le savoir donne du pouvoir si lon sait sen servir.
Les réformes curriculaires actuelles ne serait pas nécessaires si lécole tenait ses promesses, si les connaissances scolaires, lorsquelles sont acquises, étaient transférables, mobilisables, devenaient des ressources pour la vie, des atouts dans les rapports sociaux. Or, cela ne fonctionne à peu près que dans la sphère du travail, à la faveur dune formation professionnelle spécifique ouvertement orientée vers lacquisition de compétences. Face au racisme, au SIDA, aux crises économiques, aux mutations technologiques, aux médias, à la publicité, à la politique, au chômage, au système bancaire, aux assurances, à la médecine, au droit, à lagroalimentaire, à la génétique, à Internet, nombre de nos contemporains, pourtant dûment scolarisés, restent démunis, dépendants, impuissants à comprendre et encore plus à maîtriser les mécanismes qui gouvernent leur existence, inflation, globalisation, concentrations, etc.
Laisser aux entreprises et à la formation professionnelle le monopole de la formation de compétences serait un choix désastreux, à la fois parce quil ferait limpasse sur les secteurs jugés " non productifs " de lexistence et parce quil laisserait le champ libre à la culture dentreprise dans la définition des compétences nécessaires dans le monde du travail.
Des réformes hâtives et imposées den haut ?
Cette critique me semble assez souvent fondée. Certes, dans une démocratie, nul nest assuré de garder le pouvoir plus de quatre ans, il faut donc aller vite, parfois trop vite. Lorsquil sagit de " faire passer " une loi qui deviendra difficile à abroger une fois mise en vigueur ou de créer une institution nouvelle, le changement rapide est sans doute préférable à une réforme inachevée.
En matière de politique de léducation, la précipitation est rarement payante. Sans doute ne faut-il pas élaborer et négocier une réforme durant dix ans, puis se donner dix ans encore pour la mettre en uvre. Il y a parfois urgence et il importe dimprimer un certain rythme au changement, dimpulser un calendrier " dynamique ". Entre prendre tout son temps et " boucler " une réforme importante le temps dune législature, on peut souhaiter un moyen terme.
Les contraintes politiques ne sont pas seules en cause. Ladministration sous-estime constamment la capacité des enseignants à vider de leur sens les réformes auxquelles ils nadhèrent pas. Certes, en démocratie, le gouvernement ou le parlement ont le droit de réformer le système éducatif et en particulier les programmes. Mais ce droit ne donne pas la maîtrise des pratiques réelles.
Si les enseignants ne comprennent pas ou napprouvent pas les réformes curriculaires orientées vers les compétences, elles échoueront et desserviront lidée même de compétence. Car souvent, au-delà des affrontements ouverts entre les associations syndicales et les pouvoirs organisateurs, le sort dune réforme se joue dans les établissements (Gather Thurler, 2000, 2001) et dans les classes. Il ny a plus alors résistance active et explicite, mais indifférence, déformation, appauvrissement, euphémisation ou marginalisation des idées fortes de la réforme. Si bien quadvient une situation extrêmement perverse : officiellement, la réforme est faite, alors que, sur le terrain, les pratiques ont peu changé, sans signes apparents de dissidence ou de refus.
Les réformes curriculaires actuelles sont vulnérables, car elles touchent aux finalités de lécole, au rapport au savoir et à laction en même temps quelles ont de fortes incidences sur le métier délève et le métier denseignant. À quoi bon les proclamer en ignorant le pouvoir des acteurs du terrain de ne pas les réaliser ? Cela ne peut satisfaire quun gouvernement qui se moque du changement réel du système éducatif et souhaite simplement être crédité, sur le marché électoral, dune réforme menée au pas de charge.
Les critiques de lapproche par compétences méritent un vrai débat lorsquelles sont de bonne foi. Parfois, cependant, elle cachent des résistances moins avouables, quil faut aussi analyser. Jen distinguerai cinq :
Analysons-les de plus près.
Défense inconditionnelle de territoires disciplinaires
Les lobbies disciplinaires défendent des emplois, mais aussi une identité, une place dans le curriculum, un poids dans la sélection et une connexion avec les filières universitaires auxquelles lécole obligatoire est censée préparer demblée la future élite.
Même si les compétences ne tournent le dos ni aux savoirs, ni aux disciplines, elles exigent, on la vu, une part du " gâteau curriculaire ", autrement dit du temps pour entraîner le transfert et la mobilisation des acquis. Du coup, les programmes notionnels doivent être allégés, ce qui entre en contradiction avec les intérêts des cursus spécialisés qui attendent des élèves " aussi bien préparés que possible " à lissue de lenseignement obligatoire. Il y a là un réel conflit dintérêt, mais il ne peut sexpliciter pleinement, car on percevrait alors plus clairement que les programmes disciplinaires sont faits, dans une large mesure, pour ceux qui approfondiront la discipline au-delà de la scolarité de base. Façon de mettre en évidence la faible importance donnée à la culture disciplinaire de ceux qui ne se destinent pas aux études supérieures.
De plus, lapproche par compétences exige non pas la disparition des disciplines, mais laffaiblissement de leurs frontières et le développement dun travail pluridisciplinaire. On peut imaginer par exemple un collège secondaire fonctionnant le matin selon une grille horaire disciplinaire traditionnelle et laprès-midi par ateliers et projets pluridisciplinaires. Sans que leur existence même soit contestée, les disciplines perdraient alors du terrain, des heures, donc des emplois spécialisés. De plus, cette évolution favoriserait les professeurs polyvalents, au détriment des experts pointus dun seul domaine, incapables de collaborer avec des collègues enseignant dautres disciplines.
Conception élitiste de lécole
Le système éducatif sest construit par le haut, chaque ordre denseignant étant censé préparer au suivant. De facto, pour lessentiel, lécole prépare donc à lécole, plutôt quà la vie. Ce nest que lorsque les jeux sont faits quon se préoccupe de donner quelques armes pour lexistence aux élèves relégués dans les filières les moins prestigieuses. Et encore sagit-il davantage de les préparer à une formation professionnelle courte quà la vie, en insistant par exemple sur le calcul mental et larithmétique, lorthographe et la syntaxe, le dessin technique, les travaux manuels et des rudiments de sciences appliquées et de technologie.
Dans cette vision élitiste de lécole, ceux qui suivront les cursus les plus exigeants jusquau bout sont la référence prioritaire. Que les autres grappillent au passage quelques bribes de connaissances disciplinaires est réputé contribuer à leur " culture générale ", mais lon se garde bien dorganiser le curriculum en fonction de leur destin probable.
Les curricula orientés vers les compétences contestent cette logique élitiste et prétendent armer tous les élèves pour la vie, quelle que soit leur destin et leur condition sociale. De telles réformes ne peuvent profiter à ceux qui visent pour leurs enfants, dès lécole maternelle, un doctorat en médecine, en sciences ou en lettres. Leurs compétences, ils les construiront durant leurs études universitaires ou même après. Assimiler le maximum de connaissances pour se préparer aux concours et aux examens, rien nautre nimporte.
Ceux qui dénoncent " la baisse du niveau " parlent en réalité du niveau des futures élites à un certain âge. Il est certain quune école orientée vers les compétences préparera moins bien les futurs mathématiciens, chimistes, historiens ou philosophes. Et alors ? Peut-être est-ce le seul moyen de provoquer lémergence de pédagogies universitaires plus efficaces et de processus moins aléatoires dorientation vers les divers cursus de lenseignement supérieur
Lapproche par compétences ne sacrifie pas les élites. Au pire, elle ralentit un peu leur progression vers les diplômes de second et troisième cycle universitaire. Si cela permet au plus grand nombre dêtre mieux préparé à la vie tout court, le prix est raisonnable.
Vision conservatrice de la culture
" La culture, cest ce qui reste quand on a tout oublié ". Cette formule célèbre nest pas dénuée de sens. Dun point de vue anthropologique, elle va à lessentiel : la culture est incorporée, elle est une " seconde nature ", inscrite dans lhabitus, la grammaire génératrice des représentations, des jugements et des pratiques. Sa genèse est oubliée, son contenu pris pour évident.
Une partie des lettrés interprètent cette formule en donnant à lécole une mission de socialisation subtile : former le goût, la sensibilité, lesprit, forger un mode dappréhension du monde à dominante esthétique ou discursive.
Lapproche par compétences fait frémir dhorreur les tenants de cette vision de la culture. Préparer à agir, cest renoncer à un rapport contemplatif et esthétique au monde, cest rejoindre lesprit de géométrie, la culture des techniciens et des hommes daction, au détriment de lesprit de finesse, du goût de lineffable et de limplicite.
Ne nions pas le conflit de représentations de la culture. Mais ne laissons pas le monopole de sa définition à ceux qui ne jurent que par les arts et les lettres, admettent du bout des lèvres que les sciences font partie de la culture et répudient tout ce qui relèvent des techniques, des luttes syndicales et politiques ou des pratiques du quotidien.
Tout ce que nous apprenons et partageons fait partie de la culture humaine, de la Joconde à la peinture la plus " fruste " et la plus " populaire ", de lart de disserter à celui de cuire des nouilles ou de nettoyer le sol. La culture inclut les composantes les plus contemplatives et les composantes les plus actives de notre rapport au monde, les plus métaphysiques et les plus pragmatiques.
Les compétences népuisent pas la culture, mais elles en font partie. Non seulement les compétences des créateurs, des prix Nobel, des femmes et hommes illustres, mais celles de tous les praticiens, quelle que soit leur pratique. Lapproche par compétences nest pas utilitariste, mais elle nexclut pas laction de la sphère de la culture. En cela, elle rencontre lopposition de ceux pour lesquels la culture se définit par la gratuité, le dilettantisme, le plaisir de savourer la beauté du monde et des uvres.
Il ne serait pas inutile que nos sociétés se donnent de leur propre culture une image moins étroite que celle que leur propose la tradition littéraire, une image qui serait plus inspirée de lanthropologie culturelle et des sciences sociales que des définitions élitistes et conservatrices des gardiens du temple de la Culture avec un grand C.
Peur du changement
Presque tout le monde a peur du changement, pour des raisons dans une large mesure rationnelles. Changer, cest désapprendre et apprendre, pour affronter de nouvelles situations, résoudre de nouveaux problèmes, coopérer avec des partenaires inédits. Il y a donc du travail et des risques.
Si lapproche par compétences neffraie pas ceux qui rédigent les nouveaux programmes, elle peut à bon droit faire peur à ceux qui devront les mettre en uvre sur le terrain. Car il ne sagira pas alors de remplacer des textes par dautres textes, mais, pour chaque enseignant, souvent dans une certaine solitude, dopérer une forme de révolution dans ses pratiques, son rapport au savoir, sa façon denseigner.
Mais qui oserait dire aujourdhui, tout simplement, quil a peur du changement ? Qui voudrait paraître immobile dans un monde qui bouge ? Frileux lorsque lavenir appartient à ceux qui prennent des risques ? Confit dans ses routines lorsque la modernité appelle une évolution constante ?
Dans un monde où le changement est devenu une valeur centrale, quiconque y résiste ouvertement se disqualifie. Il faut donc sopposer non au changement, mais à telle réforme, non pas parce quelle oblige à renouveler ses pratiques &endash; la vraie raison &endash; mais parce quelle est mal conçue et ne répond pas aux besoins.
Dans les systèmes éducatifs, le conservatisme le plus " normal " ne peut plus saffirmer à ciel ouvert. Il lui faut donc déplacer le débat et trouver des arguments plus présentables pour sopposer aux réformes.
Défaut de compétences pédagogiques et didactiques
La plupart des systèmes éducatifs qui introduisent un curriculum orienté vers les compétences me paraissent en sous-estimer les implications pédagogiques. Une modernisation banale des programmes exige des professeurs un aggiornamento de leurs connaissances en ce qui concerne les savoirs à enseigner. Pour le reste, rien ne change dans le contrat didactique, la façon de préparer des cours et dévaluer les acquis des élèves.
Lorsquune réforme curriculaire modifie la nature même des objectifs de formation, il ne suffit pas de confier de nouveaux contenus à des démarches pédagogiques inchangées. On en a lexemple avec les réformes des années 1970-80 portant sur la langue maternelle et les réformes de même type de lenseignement des langues secondes : lorsquil a fallu enseigner non pas à analyser la langue, mais à sen servir, la culture grammaticale des professeurs ne les a guère aidés, car on leur demandait de créer des " situations de communication " et de favoriser chez leurs élèves une maîtrise pratique de la langue. Ces réformes curriculaires ont donné des résultats médiocres chaque fois que les professeurs nont pas été formés à développer concrètement des capacités de communication.
Sagissant dun curriculum visant des compétences, lobstacle est le même. Les compétences ne senseignent pas. Lon ne peut que créer des conditions qui stimulent leur construction. Donner un excellent cours ne créée pas de compétences, mais transmet des savoirs. Dispenser des exercices bien faits travaille certaines capacités. Pour développer des compétences, il faut placer les élèves dans des situations complexes, qui exigent et entraînent la mobilisation de leurs acquis : une énigme à élucider, un problème à résoudre, une décision à prendre, un projet à concevoir et piloter.
Les enseignants familiers des méthodes actives, des pédagogies nouvelles et des théories constructivistes sont " comme des poissons dans leau " lorsquon les invite à développer des compétences, ce quil font déjà, en général, de leur propre initiative. Mais les autres ?
Si les professeurs avaient tous une vision constructiviste des savoirs, la transposition aux compétences serait assez facile. Les pédagogies transmissives tiennent hélas encore le haut du pavé, ce qui na rien détonnant en létat de surcharge endémique des programmes et de faible formation des enseignants en psychologie de lapprentissage et du développement. Il nest pas impossible que, pour une majorité de professeurs du secondaire, le nom de Vygotski évoque un gardien de but slave.
Si je défends lapproche par compétences, cest parce que les critiques et les doutes dont jai fait état me semblent avoir des réponses, si lon prend la peine de les entendre et den débattre.
Mais cest surtout, bien entendu, parce quà mon avis les curricula orientés vers les compétences peuvent constituer un progrès majeur, dans un triple registre :
Pour en arriver là, il reste de nombreuses résistances à vaincre et maints obstacles à surmonter. Les objections explicites et les réticences cachées que jai évoquées plus haut en donnent une bonne idée.
Je najouterai quun élément : pour connecter les savoirs scolaires à des pratiques sociales, il conviendrait den savoir plus, beaucoup plus, sur les problèmes auxquels les gens sont et seront concrètement confrontés dans les divers domaines de lexistence.
Lorsquon conçoit une formation professionnelle, aujourdhui, on élabore en principe un référentiel de compétences basé sur lanalyse du travail réel, de sa diversité de son évolution. Cest à ce prix quon peut identifier les familles de situations, à la fois problématiques et emblématiques, qui appellent des compétences spécifiques. Situations problématiques parce que, sil ny a rien à faire ou si le sens commun suffit, rien ne justifie une formation. Situations emblématiques, parce quil faut se limiter à ce qui, statistiquement, apparaîtra avec une certaine probabilité dans lexpérience des praticiens.
Ce qui nest pas simple en regard dun métier identifié devient très difficile lorsquon cherche à identifier des compétences pour la vie en général, quelles se manifestent hors du travail ou dans des situations communes à de nombreuses professions. Pourtant, si lon namorce pas ce travail difficile, sur la base dune observation de la vie des gens, les chances dune transposition didactique à partir des pratiques sont très faibles (Perrenoud, 1998).
Toutes les conditions sont alors remplies pour que, sous couvert de compétences, on se borne à enseigner les savoirs scolaires traditionnels, et à développer dhypothétiques capacités générales (ou transversales), comme savoir analyser, communiquer ou sadapter
De ce point de vue, tous les curricula orientés vers les compétences présentent le même défaut : nul système éducatif ne prend le temps et la peine de partir des pratiques sociales. Les lobbies disciplinaires ny ont dailleurs aucun intérêt. Pour justifier létude de la tangente ou du cosinus comme outils pratiques dans la vie des gens, ou encore du subjonctif, du tableau de Mendélèieff ou de la loi dOhm, la plus sûre tactique est daffirmer en se gardant daller vérifier
Les partisans de lapproche par compétences sont pris ici en flagrant délit dincohérence : comment prétendre prendre au sérieux la mobilisation des savoirs comme ressources en se limitant à ce que les auteurs du curriculum peuvent savoir ou imaginer de la vie des gens ? Alors que les savoirs sont défendus par les lobbies disciplinaires, les compétences non professionnelles nont pas de porte-parole et ne se donnent pas à voir dans les bibliothèques ou les congrès. Il appartient donc à ceux qui défendent lapproche par compétences de se donner les moyens dune enquête permanente sur les pratiques sociales les plus diverses et ce quelles mettent en jeu.
Ce petit livre ne prétend pas faire le tour de tous les problèmes évoqués ici. Il propose plutôt quelques éclairages partiels, mais complémentaires, pour prolonger la réflexion.
Le premier chapitre " Construire des compétences, est-ce tourner le dos aux savoirs ? " développe la discussion esquissée plus haut sur le rapport entre savoirs et compétences, de leur absurde opposition conceptuelle à leur réelle concurrence dans lemploi du temps scolaire.
Le second chapitre " Lapproche par compétence, une réponse à léchec scolaire ? ", cherche à montrer à quelles conditions de tels curricula peuvent démocratiser lenseignement. Si la connexion avec des pratiques sociales peut accroître le sens des savoirs scolaires, le travail par problèmes peut, si lon ny prend garde, favoriser les favorisés et créer de nouvelles formes dinégalités.
Le troisième chapitre " La clé des champs : essais sur les compétences dun acteur autonome ", tente de relever un défi : définir des compétences reliées à des pratiques sociales identifiables, ne pas se cantonner à quelques capacités intellectuelles pertinentes dans de multiples contextes mais qui ne constituent pas à elles seules des compétences.
Le quatrième chapitre " Apprendre à lécole à travers des projets ; pourquoi ? comment ? ", népuise pas la problématique didactique et pédagogique, mais il y entre sans détours, en sattaquant aux pédagogies du projet.
À partir de ces quatre contributions, au lecteur dentrer dans le jeu de la complexité !
Bassis, O. (1998) Se construire dans le savoir, à lécole, en formation dadultes, Paris, ESF.
Charlot, B., Bautier, É. et Rochex, J.-Y. (1992) École et savoir dans les banlieues et ailleurs, Paris, Armand Colin.
De Vecchi, G. et Carmona-Magnaldi, N. (1996) Faire construire des savoirs, Paris, Hachette
Frenay, M. (1996) Le transfert des apprentissages, in Bourgeois, E. (dir.) Ladulte en formation. Regards pluriels, Paris, PUF, pp. 37-56.
Gohier, Ch. et Laurin, S. (dir.) (2001) Entre culture, compétence et contenu : la formation fondamentale, un espace à redéfinir, Montréal, Éditions Logiques.
Gather Thurler, M. (2000) Innover au cur de létablissement scolaire, Paris, ESF.
Gather Thurler, M. (2001) Inovar no interio da escola, Porto Alegre (Brasil), Artmed Editora.
Isambert-Jamati, V. (1970) Crises de la société, crises de lenseignement, Paris, PUF.
Jonnaert, Ph. et Vander Borght, C. (1999) Créer des conditions dapprentissage. Un cadre de référence constructiviste pour une formation didactique des enseignants, Bruxelles, De Boeck.
Le Boterf, G. (1994) De la compétence. Essai sur un attracteur étrange, Paris, Les Editions dorganisation.
Meirieu, Ph., Develay, M., Durand, C. et Mariani, Y. (dir.) (1996) Le concept de transfert de connaissances en formation initiale et en formation continue, Lyon, CRDP.
Perrenoud, Ph. (1994) Métier délève et sens du travail scolaire, Paris, ESF (3e éd. 1996).
Perrenoud, Ph. (1995) Ofício de aluno e sentido do trabalho escolar, Porto, Porto Editora.
Perrenoud, Ph. (1997 a) Construire des compétences dès lécole, Paris, ESF (2e éd.1998).
Perrenoud, Ph. (1998) La transposition didactique à partir de pratiques : des savoirs aux compétences, Revue des sciences de léducation (Montréal), Vol. XXIV, n° 3, pp. 487-514.
Perrenoud, Ph. (1999 a) Construir as Competências desde a Escola, Porto Alegre (Brasil), Artmed Editora.
Perrenoud, Ph. (1999 b) Raisons de savoir, Vie Pédagogique, n° 113, novembre-décembre, pp. 5-8.
Perrenoud, Ph. (1999 c) Construire des compétences, est-ce tourner le dos aux savoirs ?, Pédagogie Collégiale (Québec) Vol. 12, n° 3, mars, pp. 14-22.
Perrenoud, Ph. (1999 d) Construir compêtencias é virar as costas aos saberes ?, Pátio. Revista pedagógica (Porto Alegre, Brasil) n° 11, Novembro, pp. 15-19.
Perrenoud, Ph. (2000 a) Lécole saisie par les compétences, in Bosman, C., Gerard, F.-M. et Roegiers, X. (dir.) Quel avenir pour les compétences ?, Bruxelles. De Boeck, pp. 21-41.
Perrenoud, Ph. (2000 b) Dune métaphore lautre : transférer ou mobiliser ses connaissances ?, in Dolz, J. et Ollagnier, E. (dir.) Lénigme de la compétence en éducation, Bruxelles, De Boeck, Coll. Raisons Éducatives, pp. 45-60.
Perrenoud, Ph. (2000 c) Le débat et la raison, in Marsolais, A. et Brossard, L. (dir.) Non-violence et citoyenneté. Un " vivre-ensemble " qui sapprend, Ste-Foy (Québec), Multimondes, pp. 181-193.
Perrenoud, Ph. (2001 a) Fondements de léducation scolaire : enjeux de socialisation et de formation, in Gohier, Ch. et Laurin, S. (dir.) Entre culture, compétence et contenu : la formation fondamentale, un espace à redéfinir, Montréal, Éditions Logiques, pp. 55-84.
Perrenoud, Ph. (2001 b) Compétences, langage et communication, in Collès, L., Dufays, J.-L., Fabry, G. et Maeder, C. (dir.) (2001) Didactique des langues romanes. Le développement de compétences chez l'apprenant, Bruxelles, De Boeck Duculot.Rey, B. (1996) Les compétences transversales en question, Paris, ESF.
Rey, B. (1996) Les compétences transversales en question, Paris, ESF.
Rochex, J.-Y. (1995) Le sens de lexpérience scolaire, Paris, PUF.
Roegiers, X. (2000) Une pédagogie de lintégration. Compétences et intégration des acquis dans lenseignement, Bruxelles, De Boeck.
Ropé, F. et Tanguy, L. (1994) Savoirs et compétences. De lusage de ces notions dans lécole et lentreprise, Paris, LHarmattan.
Tardif, J. (1999) Le transfert des apprentissages, Montréal, Éditions Logiques.
Tardif, J. et Meirieu, Ph. (1996) Stratégie pour favoriser le transfert des connaissances, Vie pédagogique, n° 98, mars-avril, pp. 4-7.
Vellas, E. (1996) Donner du sens aux savoirs à lécole : pas si simple !, in Groupe français déducation nouvelle, Construire ses savoirs, Construire sa citoyenneté. De lécole à la cité, Lyon, Chronique sociale, pp. 12-26.
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_2001/2001_26.html
Téléchargement d'une version Word au format RTF :
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_2001/2001_26.rtf
© Philippe Perrenoud, Université de Genève.
Aucune reprise de ce document sur un site WEB ou dans une publication imprimée ne peut se faire sans l'accord écrit de l'auteur et d'un éventuel éditeur. Toute reprise doit mentionner la source originale et conserver l'intégralité du texte, notamment les références bibliographiques.
Autres textes : http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/textes.html Page d'accueil de Philippe Perrenoud : http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/ Laboratoire de recherche Innovation-Formation-Éducation - LIFE : |