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7 mai 1999, pp. 28-35. |
Travailler en modules à
lécole primaire :
essais et premier bilan
Frédérique Wandfluh & Philippe Perrenoud*
Faculté de psychologie et des sciences de
léducation
Université de Genève
1999
Pourquoi des modules ?Des modules sur lespace : le dispositif expérimenté
Ne pas nier les doutes et les peurs
Dans le cadre de la rénovation de lenseignement primaire à Genève, il est envisagé dintroduire des cycles dapprentissage pluriannuels qui ne soient pas la simple réunion de programmes annuels, assortie de la suppression du redoublement. Pour organiser de nouveaux espaces-temps de formation sans réinventer subrepticement les degrés, il faut imaginer dautres dispositifs, inspirés par les expériences de décloisonnement, de groupes multiâges, de travail en groupes de niveaux, de besoins, de projets (Meirieu, 1989 a et b). Ces dispositifs ont pour but principal dassurer une progression régulière de tous les élèves vers des objectifs de fin de cycle, mais ils ont aussi pour fonction de permettre aux enseignants solidairement responsables dun cycle dorganiser, de planifier et de se répartir le travail.
Cest dans ce contexte qua été avancée lidée dorganiser le cursus comme un réseau de modules thématiques, permettant pour chacun un investissement intensif et groupé sur un nombre limité dobjectifs dapprentissage (Perrenoud, 1997 a et b). Pour effacer véritablement les degrés annuels, lune des voies prometteuses paraît être de développer une architecture modulaire du curriculum dun cycle de quatre ans.
Banale en formation des adultes et dans certaines formations professionnelles, la notion de module (dans le sens retenu ici) nest pas en usage à lécole obligatoire, encore moins à lécole primaire, qui fonctionne plutôt par programmes annuels ou pluriannuels. La pertinence, la faisabilité et lefficacité dune organisation modulaire dans la scolarité de base restent donc à explorer. À cette fin, au-delà des clarifications conceptuelles indispensables, le plus simple est de tenter quelques expériences à échelle limitée, " pour voir ".
Cet article se propose de rapporter lune des premières expériences menées dans une école engagée dans la rénovation genevoise. Il sarticule en quatre parties :
À ce stade, il ne sagit nullement de conclure, mais de partager une réflexion et, peut-être, de donner à dautres enseignants lenvie dessayer à leur tour.
Pourquoi des modules ?
Lidée de base sinspire des dispositifs mis en place dans les formations professionnelles et universitaires qui ont rompu avec lidée dun programme standard pour tous, à parcourir dans un ordre immuable, pour lui substituer des unités capitalisables, autrement dit des " briques de formation " grâce auxquelles chacun construit un édifice particulier, sa formation. Une formation modulaire est une formation que chacun peut moduler au gré de ses projets, de ses besoins, mais aussi de ses disponibilités.
Lorsquon met en place une formation modulaire, on permet et on favorise une diversification et une personnalisation des parcours de formation, donc une première forme de différenciation de lenseignement : sont dispensés de suivre un module, dune part, ceux qui maîtrisent suffisamment les savoirs et savoir-faire visés ; dautre part, ceux qui néprouvent pas le besoin de maîtriser ces savoirs et savoir-faire, à supposer que le plan détudes leur en laisse le choix.
La première raison de développer une formation modulaire est transposable à lécole primaire : la structuration en programmes annuels, à parcourir par chacun, dun bout à lautre, inflige à certains élèves des enseignements dont ils nauraient pas besoin, puisquils maîtrisent déjà une partie du programme, soit parce quils redoublent, soit parce quils viennent dun autre système scolaire, soit parce quils ont appris hors de lécole, dans leur famille ou ailleurs. Une structuration en modules les dispenserait de refaire un parcours connu.
La seconde raison pose une question plus délicate. Durant léducation de base, une partie des apprentissages sont jugés " incontournables ", parce quils paraissent au fondement dune culture commune et de la citoyenneté. Les options restent donc marginales. Une organisation modulaire peut les favoriser, mais ce ne saurait être sa principale raison dêtre à lécole primaire.
On peut en revanche en attendre une troisième vertu : favoriser une organisation plus dense et intensive des apprentissages et offrir un cadre propice à une pédagogie différenciée orientée vers un travail par situations-problèmes et objectifs-obstacles. À lécole primaire, ce sera lenjeu principal.
Mais quest-ce au juste quun module ? On trouvera ailleurs un exposé plus détaillé des fondements théoriques (Perrenoud, 1997 b). Nicole Elliott et Katia Lerhraus, deux formatrices du service de pédagogie générale, ont proposé un résumé synthétique de lapproche modulaire :
" 1. Un module propose une autre organisation du temps : plutôt que de faire de tout chaque semaine, au gré dune grille horaire dosant savamment les disciplines et progressant dans chacune à raison de quelques heures par semaine durant toute lannée, les modules auraient pour fonction de rompre avec cette continuité dans la diversité qui, pour certains élèves, ne construit pas dapprentissages à la mesure de leurs besoins.2. Un module se rapprocherait davantage dun stage intensif de langue étrangère - dans lequel on entre parfois en ne sachant pratiquement rien et dont on sort avec une vraie maîtrise -, que de lenseignement traditionnel dune langue seconde, étalé sur six à dix ans, dont on sait lefficacité discutable.
3. Plutôt quen termes de programme, on penserait alors larchitecture du réseau en termes de points nodaux. Les points nodaux seraient les modules indispensables pour la maîtrise du curriculum : à chaque module correspondrait un ou plusieurs objectifs-noyaux (Meirieu, 1995).
4. Lenjeu serait plutôt de concevoir et de mettre en place, dans le cadre du module, des dispositifs didactiques permettant à chaque élève de vivre des situations dapprentissage fécondes pour lui.
5. Du fait quils visent des apprentissages définis, certains modules devraient senchaîner comme des étapes dune progression. "
Quil suffise ici dinsister sur deux idées principales :
Contre le zapping permanent
À lécole, on " zappe " en permanence, on mène de front, chaque semaine, un nombre important dactivités, correspondant à des objectifs dapprentissages différents. Bref, on travaille comme un artiste qui peindrait en parallèle dix ou quinze tableaux. Or, ce qui peut stimuler la création dun expert nest pas nécessairement favorable à lapprentissage dun débutant. Lexemple des langues est assez éloquent : on apprend plus en quelques semaines de stages intensifs quen dix ans détude scolaire dune langue, à raison de quelques heures par semaine. Pour la bonne raison que le stage intensif de langue, comme son nom lindique, impose une continuité et une densité des apprentissages qui ne permet pas déchappatoire. Chaque jour, on reprend lapprentissage là où on lavait laissé la veille au soir, on affronte les obstacles, parce quon na rien dautre à faire, alors que dans un enseignement étalé sur une longue période, chaque rencontre permet de retrouver les mêmes difficultés et les mêmes obstacles, sans quon puisse sy attaquer sérieusement. Il y a pour les élèves en difficulté, dans lorganisation habituelle du temps, une sorte déternel recommencement, parce quapprenants et enseignants sont régulièrement interrompus par la sonnerie ou le passage prévu à une autre activité ; du coup, au moment où il sagirait daffronter lobstacle, on remet à un autre jour, ou à une autre semaine, la suite du travail engagé ; quelques jours plus tard, le temps de se remettre à la tâche, de refaire les mêmes constats, denvisager les mêmes solutions, les opérations sont à nouveau suspendues, et ainsi de suite. À moins quon ne renonce, par lassitude et découragement, de part et dautre.
Tel quil est conçu pour lécole primaire, un module est dabord une organisation plus dense, plus suivie, moins décousue du travail, tant des maîtres que des élèves. Dans une classe, surtout lorsquon a encore " toute lannée devant soi ", on travaille souvent à flux poussés, en remettant au lendemain ou à la semaine prochaine ce quon na pas eu le temps de faire aujourdhui. Mais surtout, on avance collectivement dans lensemble du programme, sans que les acquis correspondants soient assurés pour tous les élèves. Un module se centre sur les apprentissages et fonctionne selon le principe du flux tendu : élèves et enseignants ont un temps limité pour atteindre des objectifs définis ; ils nont rien de mieux à faire que de consacrer toute leur énergie à utiliser ce temps de façon optimale.
Une didactique plus pointue et différenciée
Lorsquon a un temps limité pour atteindre des objectifs, lenseignant ne peut se dire : je construirai les activités que je vais proposer au fil des semaines. Il doit planifier de façon plus serrée, et donc mieux maîtriser lensemble du champ conceptuel couvert par le module, les notions, les savoirs, les méthodes à faire construire, et leur transposition didactique. Lorganisation en modules produit une concentration comparable à celle dun athlète avant une compétition : toutes les ressources doivent être accumulées et disponibles au départ, car il naura guère le temps de reconstituer des réserves et de réfléchir longuement une fois la course engagée. Ce qui conduit à une préparation plus dense, des choix plus rigoureux dans léventail des activités et des matériels utilisables. Cette concentration dun apprentissage défini sur un temps limité enrichit les représentations des objectifs, des démarches didactiques, des tâches aussi bien que des obstacles que vont sans doute rencontrer une partie des élèves et des stratégies envisageables pour les aider à les surmonter.
Le temps condensé du module permet, pour une partie du temps, dimpliquer les élèves dans des démarches de production, des projets, des recherches qui avancent sensiblement parce quon peut y consacrer une bonne partie de son temps. En deux semaines, on peut monter un spectacle, faire une enquête ou écrire un roman selon une dynamique bien différente de celle qui sinstaure sil faut " réchauffer " le projet chaque semaine, pour une ou deux heures, durant des moins. Les démarches les plus créatives demandent une forme de tension, elles sont portées par une forme dimpatience, parfois dobsession darriver au but.
Le module permet aussi de mettre en place et de gérer sans interférence des situations dapprentissages ouvertes, des situations-problèmes à partir desquelles lenseignant pourra, dune part, proposer des apports plus structurés, dautre part offrir un soutien plus individualisé aux élèves en difficulté.
On sen doute, tout cela narrive pas magiquement, du simple fait quon travaille en module. Cette organisation rend simplement possibles dautres façons denseigner et dapprendre. Pour tirer parti de ce potentiel, il faut non seulement des compétences pointues en didactique et en gestion de groupes, mais le temps de construire plusieurs séries de modules, à la fois réalistes (compte tenu du temps disponible, de la fatigue, des autres modes de fonctionnement, des dynamiques collectives, etc.) et pertinents par rapport à des objectifs centraux dapprentissage.
Cest pourquoi une expérience ne peut faire le tour de la question. Elle permet en revanche de savoir plus précisément de quoi on parle, dillustrer une façon de faire et de tirer de premières leçons.
Des modules sur lespace : le dispositif expérimenté
Lécole du Bachet fait partie du dispositif de rénovation mis en place en 1994 dans le cadre de lenseignement primaire à Genève. Elle appartient au groupe des dix-sept écoles en innovation qui se sont engagées - volontairement - à explorer durant quatre ans les trois axes de la rénovation : 1. individualiser les parcours de formation, 2. apprendre à mieux travailler ensemble, 3. placer les enfants au cur de laction pédagogique. Léquipe se compose de dix enseignantes de la division élémentaire (4-8 ans), en charge des quatre premières années de lécole enfantine et primaire. Léquipe a déterminé les objectifs-noyaux à atteindre au terme de ce premier cycle, lui-même divisé en deux " sous-cycles ", A et B, de deux ans chacun.
Chaque élève possède un cahier de réussite et un dossier dévaluation qui montre sa progression, ses acquis en fonction des objectifs poursuivis. Léquipe a créé des situations dapprentissages quelle propose aux élèves, soit en groupes multiâges, soit en groupes de niveaux ou en groupes de besoin, afin que chacun travaille dans un environnement qui lui permette de progresser. Ces situations sont organisées en décloisonnements ou en modules, et dans les deux cas, lélève se retrouve dans un autre groupe que son groupe-classe.
Léquipe sattache à recréer constamment des liens entre les activités proposées en décloisonnements ou en modules et celles qui sont menées en groupe-classe, afin que chaque élève puisse y trouver du sens et réinvestir ses apprentissages. Le suivi des élèves est géré par léquipe qui, deux à trois fois par année, organise un conseil des enseignantes, durant lequel elles cherchent des solutions et prennent des décisions face aux élèves en difficulté.
Le but est de faire réussir tous les élèves et léquipe travaille à latteindre. Cest un changement de posture important, qui pousse à se remettre en question, à chercher dautres pistes, dautres modes de fonctionnement. Léquipe poursuit actuellement ses recherches en pratiquant lintervision (visites mutuelles en classe), ce qui devrait permettre à chacune de saméliorer en analysant plus finement les réussites et les manques.
Ayant lu le texte " Structurer les cycles dapprentissages sans réinventer les degrés annuels " (Perrenoud, 1997 a), une partie de léquipe pédagogique du Bachet, en charge des " grands " (sous-cycle B, 6-7 ans) a eu envie dexpérimenter des modules. À ce moment de lannée, les enseignantes estimaient quelles navaient pas encore suffisamment travaillé lespace, en mathématiques. Elles ont donc décidés quune première série de modules se construiraient et sarticuleraient autour des objectifs à atteindre dans ce domaine :
Les enseignantes concernées ont ensuite choisi ensuite dorganiser ces modules de la manière la plus simple possible, de façon à ne pas perdre trop de temps à structurer lensemble. Ce qui intéressait léquipe, cétait davoir un objectif-noyau précis, une situation dapprentissage bien élaborée et un temps limité, mais dense, pour amener tous les élèves à atteindre lobjectif.
Quatre classes du sous-cycle B étaient concernées par ce projet. Ensemble, les enseignantes ont conçu quatre modules complémentaires, les élèves étant censés passer de lun à lautre dans un ordre sans importance. Lanimation de chacun a été confiée à une titulaire. Pour se donner toutes les chances de réussir, les enseignantes ont demandé à une généraliste non titulaire de participer à leur projet et de créer un module de remédiation qui pourrait intervenir à la fin du tournus, pour permettre à certains élèves de consolider leurs apprentissages. Ce module, visant les mêmes objectifs, porterait sur un autre contenu et ne reprendrait pas celui des quatre modules de base. Les enseignantes étaient en effet persuadées que certaines remédiations se font mieux dans une situation dapprentissage nouvelle. Remédiation nest pas répétition !
Les élèves restaient groupés par classe dorigine (6/7 ans) et passaient dun module à lautre. Ceux-ci nétant pas hiérarchisés, les élèves commençaient et terminaient par nimporte quel module. Ils passaient, durant cinq jours consécutifs, léquivalent dune heure trente dans un module. Chaque module disposait donc en tout de 7 heures et demie.
Les modules senchaînaient de semaine en semaine sans pause, puisque léquipe souhaitait travailler lespace en mathématiques de manière intensive et permettre aux élèves de créer plus facilement des liens entre leurs différents apprentissages. À côté des modules, les élèves poursuivaient le travail dans leurs groupes-classes respectifs.
Contenu et objectifs des modules
" Quest-ce que lespace ? " : les titulaires ont posé cette question à leurs groupes-classes respectifs avant de commencer le travail dans les modules. La discussion visait à construire avec les élèves le sens de leur parcours dans les modules et à créer des liens entre les différents apprentissages. Il paraissait important que les modules sinsèrent dans une vue densemble dun domaine et des cheminements proposés.
Cela ne dispensait pas, au début de chaque module, dexpliquer plus précisément son propos. Lobjectif à atteindre était présenté aux élèves, ainsi que les tâches à accomplir et le temps quil leur était imparti.
Une fiche regroupait les intentions des enseignantes :
Modules " Espace "
Compétences visées
Objectifs à long terme
Les buts et les contenus des activités proposées aux élèves figurent dans le tableau suivant.
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a. feuille de route, progression individuelle b. enseignant centré sur les élèves en difficulté |
a. Fabriquer un patron. c. Échanges -stratégies |
Fiches individuelles. a. Miroir. c. Élève-élève |
Jeu des gobelets. Bataille navale Fiches. a. Élève-matériel b. Présentation du parcours c. Élève-élève |
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Le module de remédiation proposait dimaginer et de choisir un itinéraire et utilisait des activités du classeur 1P-2P de mathématique, également avec autoévaluation.
Un module vu de plus près
Dans le module, dont lobjectif était " Reconnaître diverses transformations du plan ", les élèves avaient à disposition trois matériels différents (Structuro, Architek, Plots-matériel 1P-2P). Chaque matériel était accompagné de fiches permettant une progression individuelle, sur lesquels le plan dune figure ou dune construction était proposé. Lélève devait réaliser des constructions de plus en plus complexes. Il remplissait au fur et à mesure une feuille de route lui permettant de mesurer sa progression.
Au-delà de lorganisation du contenu du module, le rôle de lenseignante consistait à repérer les problèmes rencontrés par certains élèves, à leur permettre de les identifier, de les dépasser, parfois avec laide des autres.
Pourquoi choisir une tâche visant une progression individuelle de lélève ? Cétait un choix délibéré, pour permettre à lenseignante de prendre du temps pour les élèves en difficulté, sans être trop accaparée par une activité collective. On peut évidemment envisager dautres démarches, selon les contenus et les intentions. Ce qui peut, dans un premier temps, surprendre, cest que même face à un matériel individuel, les élèves échangeaient beaucoup, soit pour faire admirer leurs constructions, soit pour confronter leurs stratégies, soit pour sapporter une aide mutuelle. Lenseignante devait parfois réunir tous les élèves pour les aider à structurer leur discussion et leur permettre de recenser leurs différentes manières de procéder.
Au terme de ce module, lenseignante aidait les élèves à identifier leurs réussites et à se poser des questions pertinentes pour leur permettre de saméliorer, de créer des liens avec le contenu des autres modules despace. Chaque élève sauto-évaluait.
Plusieurs plans réels &endash; par exemple le plan de construction dune villa -, furent présentés aux élèves, ainsi que des photos montrant étape par étape la réalisation de cette villa. La visite dun architecte fut envisagée, mais le temps imparti au module, ne la permit pas.
Évaluation
Chaque élève passait dun module à lautre avec son dossier, qui contenait ses travaux écrits et une feuille dévaluation comprenant trois parties :
Cette feuille était remplie, au terme de chaque module, par lélève et lenseignante.
À la fin de leur parcours dans les quatre modules, tous les élèves passaient un test papier-crayon.
À certains élèves, il était alors " proposé " (de manière très convaincante ) de participer au module de remédiation. Ce module a regroupé huit élèves qui ont travaillé avec une enseignante pendant cinq séances. Le problème est que, pour des raisons dorganisation, il a été impossible de grouper ces séances sur cinq jours consécutifs, ce qui a modifié le travail de lenseignante et des élèves. Tous les élèves ont progressé de manière significative dans le domaine de lespace, mais ils nont pas surmonté toutes leurs difficultés dans la découverte de nouvelles stratégies ou le recours à celles qui avaient été ébauchées dans les modules précédents. Ce manque de stratégies, léquipe le constate très souvent chez les élèves en difficulté. Elle sefforce de leur proposer des situations-problèmes qui permettent de mettre en évidence les stratégies utilisées par les autres élèves, de réfléchir sur la façon dont ils sy prennent pour résoudre un problème, afin de créer des liens entre les situations proposées. Dans ce domaine, la remédiation est donc plutôt dorientation métacognitive.
Lenvie de poursuivre
La construction de modules a obligé chacune des enseignantes à clarifier les objectifs et leurs liens avec les activités. Cela les a également conduites à mieux identifier les objectifs à long terme. Pour construire un module, il est essentiel de définir le ou les objectifs que les élèves devraient atteindre et de créer, à plusieurs, les situations dapprentissage correspondantes.
Ce premier exercice en mathématique, dans le domaine de lespace, est apparu difficile, mais très intéressant et absolument indispensable pour progresser vers une pédagogie efficace et différenciée. En parlant de leur expérience à leurs collègues qui ne lavaient pas vécue, les enseignantes qui ont expérimenté les modules ont suscité un réel intérêt dans léquipe de lÉcole du Bachet (dix enseignantes), qui a depuis créé dautres modules notamment en production écrite et en environnement. Les enseignantes ont suivi une formation dans cette dernière discipline. Elles ont été fortement aidées par une formatrice en environnement, qui sest très bien adaptée à la manière dont léquipe souhaitait travailler, tout en assurant un apport didactique pointu.
Les essais décrits ici apparaissent donc lamorce dun mode de fonctionnement durable et qui pourrait sétendre progressivement aux autres disciplines. Des contacts ont été pris avec dautres écoles en innovation engagées dans le développement de modules.
Un premier bilan
Les quelques observations réunies ici ne font pas le tour du problème. Elles se fondent notamment sur diverses conversations avec léquipe et une séance de travail. Elles permettent surtout daffiner la conception même des modules et de cerner peu à peu les problèmes que pose ce type de dispositif.
Un autre regard sur les élèves
Les modules amènent chaque enseignant à travailler avec des élèves dont certains ne sont pas ses élèves, ceux de sa classe. Cela peut se produire dans dautres types de décloisonnements, mais les modules induisent, semble-t-il, un effet spécifique, dans la mesure où le temps y est compté pour atteindre des objectifs dapprentissage bien définis. Il y a donc tension vers des objectifs didactiques précis.
À lécole primaire, les décloisonnements sont souvent associés à des activités créatrices ou à des démarches de projet dans lesquelles la " progression dans le programme " nest pas aussi contraignante que dans les domaines notionnels. Du coup, le travail peut être plus coopératif, lactivité semble plus ludique, lévaluation est moins présente, ce qui modifie le climat et le rapport pédagogique. Dans un module, on reste au contraire au coeur des apprentissages de base prévus par les programmes, on bute sur des obstacles cognitifs précis et on les travaille intensivement. Lenseignante affronte de façon dense, sans répit et sans porte de sortie, des difficultés ou des conduites de rejet qui pourraient reconstituer rapidement les tensions et les agacements mutuels quon peut observer dans une classe.
Or, les enseignantes travaillant en modules constatent :
Ce qui souligne quun module, du point de vue de la dynamique de groupe et des relations entre personnes, est une nouvelle histoire, une histoire plus courte quune année scolaire, une histoire moins " tranquille " du point de vue des objectifs et du rythme, mais peut-être plus sereine dans le registre relationnel. En quelque sorte, chaque module " remet les compteurs à zéro " et libère chacun dun héritage : nouvelle tâche, nouveaux partenaires, nouveau cadre matériel, nouveau contrat
Un fonctionnement plus solidaire
Seul dans sa classe, un enseignant pourrait structurer son programme en modules, en se détachant de la grille horaire pour une partie de lemploi du temps. Il paraît cependant plus intéressant dinscrire les modules dans un fonctionnement collectif et une division du travail, ce qui permet la réunion des élèves de plusieurs classes et leur répartition entre des modules parallèles.
Du coup, se crée entre enseignantes une solidarité spécifique, au-delà dun projet décole ou dun simple échange sur les pratiques : il sagit de mettre en place un système cohérent de modules complémentaires. Chacune compte sur les autres, au point quil est difficile dêtre sereinement malade dans une telle division du travail ! Une coopération plus étroite se met en place, dont témoigne la mise en commun du matériel didactique, en rupture avec laccumulation personnelle - qui nexclut pas les prêts - quon observe en général dans lenseignement.
Les enseignantes disent quelles se sentent plus responsables de faire avancer les apprentissages, à légard des élèves (qui doivent avoir franchi un pas significatif à lissue du module quelles animent) et à légard de leurs collègues, dont elles prennent alors en charge les élèves, dans des domaines centraux du programme, qui ne sont pas censés être retravaillés en classe.
On mesure alors la différence avec les décloisonnements qui, quel que soit leur déroulement, nentravent pas la progression dans le coeur du programme, parce que nul titulaire de classe nen attend grand chose sous cet angle et sait quil devra assurer lui-même lessentiel des progressions.
Des apprentissages moins décousus
Léquipe souligne les avantages de la continuité des activités, tant pour les élèves que pour les enseignantes :
On mesure le rôle de la mémoire dans lactivité didactique, pour les enfants comme pour les adultes. Si trop de temps sécoule entre les moments successifs dune activité, chacun dépense une énergie disproportionnée à se remettre dans la démarche. Dans leur classe, les enseignantes notent certes sur de " petits papiers " ce quelles doivent absolument reprendre " jeudi prochain ". Mais la vie qui va fait souvent fi de ces bonnes intentions La continuité inhérente au travail en modules permet de resserrer le travail, de le densifier, de raccourcir les moments de relance.
Lidée de combattre le zapping scolaire à travers les modules semble donc confirmée, au moins dun point de vue subjectif, en termes de cohérence et de continuité de ce que lon fait, mais aussi de sentiment de maîtrise.
Venant de la formation des adultes, on aurait pu imaginer que les modules sont à la rigueur praticables avec de grands élèves, alors que les plus jeunes - ici entre 4 et 8 ans - auraient besoin de " variété ", variante noble du zapping. Les enseignantes disent au contraire que, chez les petits, la représentation du temps est très incertaine ; la perspective de continuer une activité une semaine plus tard leur paraît très lointaine, alors que le fonctionnement intensif en modules permet de travailler sur la mémoire à court terme.
Une didactique plus pointue
La construction même des modules impose un important travail de clarification des objectifs, danticipation des évaluations finales, de création doutils, de situations dapprentissage, de matériel. Cet investissement oblige à mieux cerner les savoirs à construire et à penser plus rigoureusement leur transposition didactique. Comme il est collectif, il confronte aux représentations des collègues, sur des " questions de savoir " qui ne sont pas dordinaire débattues.
Dans un module, il faut tenir la distance, ne pas gaspiller le temps, être prêt à faire face à des situations qui évoluent plus vite que dhabitude, du fait de la concentration sur un type dapprentissage défini. On " se donne plus de peine ", on prépare davantage de matériel, on cherche à anticiper.
On consent, de plus, un important travail de régulation dune séance à lautre, qui saccompagne de nombreuses conversations didactiques au sein de léquipe.
Un travail à fil tendu
Dans les modules, " on ne prend pas tout son temps ", chacun a le désir davancer. On ne peut mettre les élèves dont on na pas le temps de soccuper " en activité libre " ou sur des tâches dun autre type, moins prenantes. Les pauses se font rares, on travaille plus intensivement.
Ce qui suggère quon ne peut travailler constamment sur ce mode, que les modules doivent coexister avec des fonctionnements plus tranquilles, pour les élèves comme pour les enseignantes.
Cela dit, ce nest pas le bagne, les élèves, interrogés, semblent prendre plaisir à travailler en modules, non en dépit, mais à cause de la tension vers un objectif, qui est une façon de construire du sens dans le métier délève
Les enseignantes jugent que les modules - surtout leur conception et leur mise en place - demandent un gros investissement professionnel, mais quon y trouve son compte.
Problèmes ouverts
Les apports positifs évoqués plus haut donnent envie de poursuivre lexpérience, sur dautres contenus. Mais cela ne signifie pas que tout est clair.
Que faut-il évaluer en fin de module ?
Un module digne de ce nom ne se définit ni par des activités, ni par des contenus, mais par des objectifs dapprentissage. La différence nest pas toujours facile à faire.
Même quand on a identifié des objectifs clairs et réalistes (?), dont on sest servi pour organiser les activités et les situations dapprentissages dans le module, de quoi faut-il rendre compte à la fin du module ? Distinguer simplement " acquis " et " non acquis " ? Faire un bilan plus complet, avec une description du cheminement et des difficultés éventuelles ?
Faut-il documenter des apprentissages non prévus, qui ont surgi à limproviste ? Faut-il saisir loccasion dun bilan sur le degré de maîtrise des compétences de base - communiquer, observer, essayer pour voir, etc. - quaucun module ne saurait construire à lui seul, mais au développement desquelles il contribue ? Si lon veut construire des compétences dès lécole (Perrenoud, 1998) sans laisser leur développement au hasard, les modules doivent assumer une partie de la tâche, au moins dans le registre du bilan formatif. On peut supposer en effet que limplication intense dans une tâche suivie donne à voir les compétences des élèves sous un jour différent.
Pour qui faut-il documenter ? Les enfants ? Soi-même ? Léquipe ? Les parents ? À titre formatif ? Ou comme " éléments de certification ", à la manière des unités capitalisables ? Si lon allait vers une architecture modulaire, il serait absurde de demander aux classes (monoâges ou multiâges) de certifier les apprentissages travaillés dans les modules. Sauf si lon souhaite délibérément séparer le temps de lapprentissage et le temps de lévaluation-bilan, ce qui serait intéressant dans la perspective du transfert et de la construction de compétences (Perrenoud, 1998), mais devrait sinscrire dans un contrat clair entre les modules et les groupes-classes et impliquer des dispositifs de remédiation.
Tout dépendra du système de travail vers lequel on sachemine. Ces questions ne peuvent être entièrement résolues dans le cadre dune expérience limitée, mais ce nest alors pas très grave. Elles devraient lêtre, en revanche, si lon voulait travailler régulièrement en modules, pour une partie importante du programme.
Que faire avec les élèves qui nont pas atteint les objectifs ?
On doit envisager quen dépit dun travail intensif, certains élèves nauront pas atteint les objectifs au terme du module. Que faire ? Prévoir un plan de remédiation (module spécifique) pour les élèves qui nont pas maîtrisé les objectifs ? Prévoir des " modules à niveaux " ? Redonner à ces élèves, quelque temps plus tard, loccasion de suivre un module visant les mêmes objectifs ?
Dans le travail sur lespace, léquipe du Bachet a créé un module supplémentaire à lintention des élèves qui navaient pas atteint les objectifs. Non sans un doute : " Cela suffira-t-il ? ". Et avec une option : ne pas faire plus du même, prendre le problème sous un autre angle, à travers de nouvelles situations dapprentissage.
On se doute quen étendant larchitecture modulaire à de nombreuses composantes du programme, la question de la régulation devient cruciale (Allal, 1988). Elle peut être proactive, jouant sur lorientation vers des modules fonctionnant, à certains égards, comme des groupes de niveau ou de besoin. Elle peut être rétroactive, intervenant à lissue dun ou plusieurs modules dont les objectifs nont pas été atteints. Elle peut aussi être interactive, dans la mesure où le module est un espace de différenciation.
Peut-on différencier mieux à lintérieur du module ?
À cette question, les réponses sont hésitantes. Le module semble donner à chacun des chances dapprendre mieux, mais permet-il, davantage que dautres modes dorganisation, daider en son sein les élèves en difficulté, voire de gérer lindividualisation des parcours de formation à lintérieur de lespace-temps quoffre le module ?
Le caractère intensif des activités pousse à mieux cerner les obstacles cognitifs ou affectifs que rencontrent les élèves en difficulté. Il y aurait donc un effet positif, à vérifier, en termes de diagnostic, dobservation formative.
Les régulations sont-elles pour autant plus ciblées et efficaces ? Il semble, sur ce point, que les différences dattitudes et de compétences entre les personnes jouent au moins autant que les différences entre modules et autres types de groupements.
Dans tous les cas, le problème semble en effet de repérer les élèves qui butent sur la tâche, didentifier les obstacles et daménager la situation pour quils les franchissent. On se heurte, dans un module, aux dérives classiques de lintervention individualisée :
Il serait intéressant de comprendre à quelles conditions un environnement modulaire peut permettre mieux quun autre déviter ces dérives. On émet deux hypothèses complémentaires, de natures différentes :
1. La préparation didactique et linvestissement intensif sur des objectifs limités devraient faciliter des interventions plus pointues, dans la mesure où ce mode de travail " oblige " les enseignantes à se faire une représentation plus fine des processus dapprentissage en jeu.
2. Les échéances rapprochées et la centration du groupe sur des objectifs bien définis devraient permettre dinstaurer une forme de solidarité entre élèves, sur le mode " Nul ne sortira dici si tous nont pas atteints les objectifs de base du module ".
Ces deux attitudes nexigent pas un travail en modules, on pourrait les mettre en uvre en classe. Toutefois, il semble que la discipline du travail en modules soit un passage obligé pour les transposer à la classe
Travailler par situations-problèmes et objectifs-obstacles
Dans un module, les démarches de formation dépendront de la nature des contenus et des objectifs. Plus globalement, fonctionner en modules ne dicte aucune orientation didactique particulière et nexclut aucun mode de travail, y compris des moments denseignement magistral.
On peut cependant estimer que le travail intensif se prête particulièrement bien au travail par situations-problèmes centrés sur des objectifs-obstacles (voir par exemple Martinand, 1989, 1995 ; Meirieu, 1989 c, 1990 ; Astolfi, 1998 ; Astolfi et al., 1997, Astolfi et Peterfalvi, 1997 ; Vellas, 1998). Il sagirait alors de ne pas se limiter à assigner des objectifs à un module, mais de les traduire, méthodiquement, en situations-problèmes susceptibles daider les élèves à construire les savoirs visés. Le module serait alors un enchaînement de situations-problèmes, rigoureusement ordonnées à des objectifs dapprentissage bien identifiés, assez pointues et calibrées pour garantir leur réalisation pour la plupart des élèves. Ce travail de transposition didactique est exigeant.
Il en provoque un autre : à lintérieur des situations-problèmes, les élèves ne rencontreront pas les mêmes obstacles cognitifs. Évidemment certains en rencontreront plus que dautres. La différenciation se redéfinit alors comme la capacité didentifier ce qui fait obstacle pour chacun et daménager la situation, les consignes, le matériel et les apports métacognitifs, de sorte à se concentrer sur lobstacle, qui devient alors un objectif-obstacle au sens de Martinand et Astolfi.
Comment découper des modules pertinents ?
Il est relativement facile de semparer dune partie intéressante du programme pour en dériver quelques modules convaincants. Sil fallait étendre ce mode dorganisation, se poserait la question de la taille optimale des modules, de leur architecture en réseau, et, plus fondamentalement, de lidentification dobjectifs suffisamment autonomes pour donner lieu à un module, assez larges pour ne pas faire éclater le programme en une myriade de modules microscopiques, assez étroits pour quun module noccupe pas la moitié de lannée scolaire
On bute alors sur la question des objectifs-noyaux, des compétences disciplinaires ou transversales, des niveaux graduels de maîtrise, bref sur des problèmes qui ne trouvent pas de réponses dans les plans détudes en vigueur et qui dépassent les forces dune équipe pédagogique. Ces chantiers devraient être ouverts à léchelle du système, mais à partir des demandes du terrain autant que de la traduction des plans détudes. Il apparaît en effet quune démarche purement descendante, dans une logique de traduction du plan détudes en objectifs-noyaux ou objectifs de fin de cycle, ne répondrait pas nécessairement aux contraintes pragmatiques dun découpage optimal des modules et dune architecture en réseau.
Ce quon peut mettre en modules
On peut assigner à un module des objectifs de connaissance, voire la construction de compétences. Cette approche convient-elle à léducation, à linstruction, aux disciplines moins intellectuelles ?
On se rend compte que seuls les privilèges habituels accordés au français et à la mathématique empêchent dimaginer dautres types de modules. Pourquoi ne pourrait-on, même avec de très jeunes enfants, concevoir un module pour apprendre à shabiller seul, à se déplacer dans lécole ou à utiliser les jeux ? Le stage intensif de langue ne porte pas sur des savoirs, mais sur une pratique langagière. Les entraînements artistiques ou sportifs intensifs portent, eux aussi, sur des pratiques. Il ny a donc aucune raison de réserver lapproche modulaire aux disciplines intellectuelles, aux " branches principales ", pas plus quaux derniers degrés du cursus primaire.
Faire la part de la nouveauté
La création de modules permet une sorte de renouveau professionnel, parce quelle incite à se poser " plein de questions ". Pour que ce défi ne devienne pas une charge trop lourde, il importe quil soit relevé par une équipe, qui conjugue les idées et le matériel de plusieurs personnes. Et aussi quon ne réinvente pas constamment la roue. Il faut donc considérer quune équipe qui sengage dans cette direction constitue un capital de modules, les uns bien rôdés, améliorés et enrichis au gré de plusieurs rééditions, les autres nouveaux, expérimentaux. Chaque année, en fonction des élèves, de leurs besoins spécifiques, mais aussi du renouvellement des équipes et de linspiration du moment, on choisirait dans ce capital les modules à activer.
Il ny a pas de raison de viser une stricte correspondance entre lensemble du programme et les modules : certains objectifs ne seront pas travaillés en modules, soit parce quils ne sy prêtent pas, soit parce quil reste à les construire. Dans le même temps, une équipe peut développer plusieurs modules travaillant les mêmes objectifs. Certains peuvent viser des objectifs plus larges, dautres plus pointus apparaissent comme un zoom approfondissant tel ou tel apprentissage.
Il ne serait donc ni nécessaire, ni mobilisateur, que le système éducatif établisse une " liste officielle " de modules pertinents. Leur mise au point et leur variété est une source de créativité didactique et un gage de renouvellement. Cela nempêche pas le système den proposer, ni les formateurs de contribuer à leur conception. On peut même penser que " fabriquer ensemble des modules " est une démarche de formation privilégiée, au gré de laquelle un formateur apporte son expertise à une équipe dans le cadre dun projet précis.
Ne pas nier les doutes et les peurs
Travailler en modules amène à prendre des risques, à reconstruire des parties du programme, à mettre sur pied des dispositifs inédits et complexes, à négocier avec les collègues des séquences et des contenus didactiques.
Est-ce efficace ? Est-ce à la mesure des efforts ? Peut-on étendre ce système sans suser ou crouler sous le travail ?
Ou, autre série de questions que chacune se pose dans léquipe du Bachet : suis-je capable, à la hauteur, assez forte pour faire ma part dans léquipe ? Le plus absurde serait de taire ces questions ou de les poser en dehors de léquipe ! Elles sont légitimes, inséparables dune dynamique de coopération et de changement. Les enseignantes les plus avancées de léquipe doivent les entendre et, au besoin, ralentir le rythme, différer des projets et prendre le temps de reconstruire un consensus.
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