LIFE, séminaire 2002 : organisation du travail scolaire
Comment est-ce que jorganise leur travail ?
Quelques notes à partir de la préparation de la première formation continue destinée aux enseignant-es des HEP romandes
Danièle Périsset Bagnoud, mai 2002
Lorganisation dune session ponctuelle de formation continue destinée aux enseignantes et enseignants des nouvelles HEP de Suisse romande me donne loccasion de décrire à quoi doit penser une équipe organisatrice afin de mettre les destinataires du dispositif dans ce qui, à notre avis, seraient les meilleures conditions dapprentissage possibles.
Afin de permettre une appréhension plus rapide des points identifiés, la procédure utilisée lors de cette organisation est donnée ici par mots-clés et rubriques, selon un découpage faisant référence à deux aspects distincts abordées lors du séminaire LIFE : ce dont jhérite et les décisions qui mappartiennent.
Contraintes institutionnelles
1. Composition du groupe de travail chargé de lorganisation des formations continues : un-e représentant-e par HEP concernée, choisi par sa direction générale.
1. Mandat donné au groupe (prescriptif) : un mandat précis, sur 2 pages A4, est délivré au groupe de travail par la CDHEP. Il est expressément spécifié que la formation devra se conformer aux options explicitées dans un document préparatoire : aucune remise en question des présupposés nest à lordre du jour.
3. Objectif(s) de formation : permettre aux enseignant-es des nouvelles HEP de comprendre les enjeux du passage au degré tertiaire afin dadapter leur enseignement (précédemment exercé au degré secondaire ou assimilé) ; créer une culture professionnelle commune.
4. Thèmes de formation : un panel de problématiques à travailler sont données dans le document préparatoire.
5. Public concerné : la " génération de transition ".
6. Calendrier : un calendrier délimité dans le temps nous est imposé pour réaliser plusieurs formations continues.
7. Budget : doit être établi et soumis à la CDHEP.
Sous notre responsabilité dorganisateurs
8. Compréhension, intégration et interprétation du mandat donné.
9. Tri des informations pertinentes en négociation dans le groupe et compte tenu des prescriptions reçues: quest-ce que la " génération de transition " et qui est effectivement le public concerné; identification de la thématique de la première formation à partir des documents préparatoires et après prise en compte des intérêts et nécessité de chaque institution. Ce sera donc: Les options philosophiques et les postulats de la formation dadultes.
10. Dates et durée : 1 journée, puis 2 demi-journées, puis demi-journée de synthèse, répartis sur 4 mois. Problème de la gestion des agendas de chaque institution ; de la durée : faut-il travailler en flux tendu, flux filé ? Tenir compte de la surcharge des enseignant-es concerné-es par la formation, etc. Une solution expérimentale est donc tentée.
11. Dispositif de formation : négociation toujours. Il nous a fallu choisir entre plusieurs possibilités : le symposium, les conférences, des cours. En raison de lhétérogénéité du public concerné, de notre méconnaissance du niveau de ce public et de son degré de formation, dexpérience et de réceptivité dans le domaine, afin de garantir une formation active et en adéquation avec les choix pédagogiques effectués par les HEP, nous avons choisi une solution mixte, entre le symposium et les conférences, avec, en point de mire, la mise sur pied dune publication commune. Nous insistons donc sur la nécessité dinitier un travail décriture, sur celle de voir mener la première journée par des animateurs extérieurs à nos institutions, sur celle dintégrer quelques formateurs issus des HEP au dispositif. Modélisation par schéma du dispositif et de la première journée de formation. Ce sera donc : Café-formation / Travaux par groupes dintérêt, selon les données recueillies à lissue du Café-formation / _ journée de synthèse, publication envisagée à lissue de la formation (voir schémas explicatifs en annexe).
12. Identification de textes essentiels : bibliographie, articles, etc. à faire parvenir à chaque participant-es.
13. Dispositifs dévaluation : évaluation de la première journée de formation en vue de régulation ; évaluation de la session de formation et suite à donner à lopérationnalisation du concept ponctuel de formation des formateurs HEP.
14. Budget global : noublier aucun poste, puis le faire avaliser par la CDHEP.
15. Délai dinscription : compte à rebours pour identifier le calendrier des différentes étapes.
16. Nombre dinscriptions probables : cest la grande inconnue du dispositif. Entre 40 et 100 &emdash; ce qui modifie passablement de données (budget par participant-e, nombre danimateurs HEP, location de salles, etc.)
17. Identification des rôles de chacun : responsables pédagogiques, animateurs extérieurs, animateurs HEP, responsables administratifs.
18 .Questions administratives à régler :
19. Questions en suspens
Commentaire
Lorganisation pédagogique et administrative dune telle formation est complexe. Parce que fonctionnant volontairement sans modèle préalable et réunissant des acteurs ayant des sensibilités, problèmes et perceptions différentes, un effort dexplicitation a dû être faite à chaque étape de sa procédure de réalisation. Les responsables doivent établir linventaire des multiples tâches essentielles ou à ne pas négliger, des soucis administratifs aux questions pédagogiques, tout en conservant une vision globale, à moyen et long termes, de la formation et de ses objectifs et sans entrer dans la planification didactique proprement dite.
Ce travail organisationnel achevé, a surgi la question de la spécificité des étapes et de la procédure relevées. Si le même exercice leur était proposé, quelle serait la matrice identifiée par les animateurs, quils soient experts issus dautres institutions ou experts-enseignant-es HEP ? Relèveraient-ils aussi comme contraignant ce qui, pour notre groupe de travail, relève des directives institutionnelles non négociables (choix des membres du groupe de travail, dossier préparatoire, calendrier, ) ? Ces données relèveraient-elles, au contraire, de lévident, de limplicite voire du non pertinent ? Des données notées par le groupe de travail comme relevant de sa responsabilité, quelles sont celles qui basculeraient dans les contraintes héritées, lesquelles resteraient à négocier ? Serait-ce les mêmes que celles que le groupe de travail à noté comme étant encore à définir, telles " rôles respectifs ", " écriture ", ? Le souci du choix des textes théoriques, la bibliographie et la planification des séquences de formation, bien que présent, a relativement peu occupé le groupe de travail. Lidentification des informations pertinentes parmi la masse de données à disposition devrait ressortir à un degré plus prégnant des animateurs. Est-ce une question de structure ? de contenu ?
Un enseignant-e dans une classe de lécole obligatoire, un formateur devant son groupe dadultes dans le degré tertiaire, sont-il confrontés aux mêmes problèmes, aux mêmes exigences dorganisation ? Sans doute. Cependant, un déplacement ditems entre " contraintes institutionnelles " et " responsabilité individuelle " pourrait être relevé. Dans le cadre de la scolarité obligatoire, par exemple, linstitution prend certains points en charge (ou les attribue de fait). On peut penser, a priori et de manière non exhaustive, aux questions budgétaires, à la présence du public, à lexpérience scolaire présumée dudit public, à la question des locaux, du secrétariat. Quelles logiques de fonctionnement, de partage de responsabilité, de niveau dautonomie individuelle ou détablissement, dinjonction (même paradoxale) dirigent les partages entre responsabilité du formateur et contraintes institutionnelles ? Quelles représentations, conceptions et rôles accompagnent ces insertions différentes pour les différents acteurs ? Lorsque ces insertions représentent, par effet de cascade, des déplacements et glissements effectifs et naturels en fonction du niveau hiérarchique concerné, quels effets (réciproques) ont-ils sur les différents acteurs ?
Toute formation, toute séquence denseignement dans nimporte quel degré de la scolarité porte la marque dune organisation administrative en amont mais aussi dans le présent, pour permettre laction. Comment les décisions prises ailleurs sont-elles tenues en compte et reconnues, comprises et interprétées par les enseignant-es ? Lobservation ponctuelle déquipes pédagogiques montre que ce qui était décidé librement génère angoisse et démobilisation lorsque lautorité limpose. Les règles du jeu changeant, un important travail de relecture et dinterprétation a lieu. Cette lecture, chaque individu, chaque collectif denseignant-e, leffectue en fonction de sa formation, de ses expériences de vie personnelle et professionnelle, de la culture de son établissement. Les acteurs principalement concernés avaient bien posé des règles du jeu auxquelles ils se conformaient avec bonheur et quils évaluaient à linterne, en toute honnêteté intellectuelle. Linjonction les obligeant à travailler selon des règles qui étaient entièrement leurs auparavant laisse limpression désagréable de sêtre fait dépouiller, dêtre impuissants devant une " récupération " de travaux qui ont coûté en temps, en énergie, en investissement personnel. Une incertitude surgit : comment vont-ils être évalués, par qui, et avec quelles conséquences institutionnelles ? Pourront-ils expliquer leurs choix, justifier en professionnels leurs écarts à linjonction, et seront-ils compris ?
Dans un registre plus circonscrit, mais sans doute comparable, ne dit-on pas que, dans une grille dobservation, ce qui est intéressant, cest de la construire, et non de lutiliser ? Qui, dailleurs, utilise une telle grille sans y porter son commentaire, sans être tenté de la corriger et de suggérer des améliorations à ses auteurs ? Banal travail dappropriation. Banal, mais essentiel, incontournable. Lobservation de procédures mises en uvre dans diverses situations dorganisation du travail scolaire, à différents niveaux hiérarchiques, à différents degrés denseignement et pour différents publics permettrait peut-être didentifier ce qui appartient à qui, dans quels contextes, selon quelles règles implicites ou explicites, selon quelles régularités ou imprévus. Les mésententes, incompréhensions et frustrations générées par la transformation dun effort librement consenti en injonction institutionnelle contraignante pourraient apparaître de lanalyse comparative entre matrices organisationnelles issues de situations et niveaux différents.
Lanalyse de la question de léquilibre entre héritage prescriptif et liberté professionnelle, de la bascule entre travail organisant et travail organisé est, dans ce sens, fort intéressante. Elle pourrait offrir une perspective de compréhension des effets réels de lorganisation du travail non seulement sur les résultats des élèves, mais aussi et surtout sur les enseignant-es, sur leur acceptation des prescriptions hiérarchiques &emdash; dont les innovations lorsque, dinitiatives du terrain, elles deviennent décrets imposés et contrôlés &emdash; sur leur capacité à les comprendre, à les intégrer, à les modifier, à les transformer, bref, à les mettre en uvre en regard de leurs représentations, de leurs croyances, de leur expérience, de leur investissement professionnel antérieur et présent.
Les positions des
intervenants sont opposées à
lextrême et indéfendables. î í
Deux documents de soutien
nourrissent le conflit en gestation (cf. pages
suivantes). Les cinq thèmes
retenus sont traversés par cette
polémique. Après cette
représentation contradictoire, on propose des
ateliers
thématiques
(autour des cinq thèmes) avec la consigne de
défendre des positions opposées en vue de
problématiser lobjet du
débat. La synthèse se fait
sous forme dune table ronde avec les
délégués de chaque groupe.
Ouverture sur des
thèmes Premier animateur extérieur ð ð
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Second animateur extérieur