Université de Genève - Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation - Sciences de l'éducation

LIFE
Laboratoire de recherche Innovation-Formation-Éducation

 Livres à (re)lire

 

Patrick Rayou
La " dissert de philo ".
Sociologie d'une épreuve scolaire
Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2002.

La philosophie, c'est un outil pour la vie, ça devrait être partout, on devrait s'en servir tout le temps ". David, nouvel élève de Terminale littéraire, exprime assez bien par ces mots l'enthousiasme de ses pairs à l'idée d'aborder cet enseignement qui permet (enfin) de dire "ce qu'on pense". Mais les premières notes arrivent et tempèrent cette ardeur. Les informations sur les résultats, souvent faibles et aléatoires, obtenus à l'écrit par les aînés font le reste : beaucoup d'apprentis philosophes, craignant de se livrer et de récolter des appréciations peu flatteuses, n'habitent plus leurs copies et ne remettent plus que des textes convenus qui limitent la prise de risque aux alentours de 8/20…

C'est sur cet étrange paradoxe que s'est penchée cette recherche. Elle a tenté de comprendre comment la dissertation de philosophie, construite dans des conditions historiques et sociales bien particulières, se trouve aujourd'hui assimilée par les lycéens à une épreuve parmi d'autres au sein d'un parcours scolaire où l'essentiel est de se maintenir dans le jeu le plus longtemps possible. Car le lycée, désormais ouvert à presque tous, confie à chaque jeune la responsabilité de sa propre trajectoire : l'échec n'y est alors plus imputable qu'à soi et se fait d'autant plus cuisant qu'il met en jeu les capacités de problématisation des sujets. Par ailleurs, les réputations attachées au "bon" ou au "nul" en philo risquent de mettre à mal un groupe des pairs dont l'unité est précieuse pour traverser ces années d'incertitudes au long cours

Ce travail voudrait contribuer à une meilleure prise en compte de difficultés d'apprentissage des élèves qui sont certes intellectuelles, mais qui procèdent aussi de conditions actuelles de socialisation peu favorables à l'éclosion de "je" d'auteurs. Cette génération qui se dit souvent "sacrifiée", ces lycéens de milieu populaire dont la frustration est à la mesure des espoirs placés dans l'école développent des capacités critiques, contraignent les enseignants à transiger, mais perdent sans doute aussi l'occasion de se donner, à l'école, les outils que requiert l'espace public du débat

Patrick Rayou est enseignant chercheur en sciences de l'éducation à l'Université de Nantes

 

Tables des matières

Avant-propos : Des lycéens à l'épreuve

Introduction : Éléments de problématique

La Philosophie de la République
Une culture de l'universel
Une distribution spécifique
Une conversion
Un apprentissage du philosopher
Un savoir pour soi
Une dévolution du problème
Un contrat didactique
Un espace public du débat
De Ménon à François
Les "Je" des lycéens
La philosophie et les "héritiers"
'expérience des "nouveaux lycéens"
Un dispositif d'enquête

I. Les copies et leurs mondes

Des impuretés

Attentes et réponses
Résonances et raisonnement

Des perspectives

De l'expérience à la catégorisation
L'énonciation et ses problèmes
Un drôle de " je "
Un " tu " tout puissant
Le règne du " on "
Les ressources mobilisées
Mots et concepts
Exemples et concepts
Cours et problématiques
Références et problématiques
La mise en forme des copies
Démontrer ou argumenter ?
Les plans et le brouillon
Connecteurs et rigueur
Un surplomb artificiel
La lettre du cours, l'esprit du devoir
Un relativisme
Conclure ou finir ? 

II. Le métier de dissertateur

Une épreuve difficile

Être auteur
Nourrir ses copies
Vérité et validité

Faire face seul

Rester soi-même
S'y mettre (un peu)
S'y mettre (beaucoup)
L'esprit des règles

Faire face avec d'autres

Des perspectives partagées
Des dispositifs efficaces
Une co-construction
Des failles 

Conclusion 


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