De nouvelles technologies et de nouvelles formes d'organisation du travail apparaissent, disparaissent ou s'imposent, sans que l'on puisse les considérer comme étant à tous égards des facteurs de progrès pour l'Homme. Si l'on observe assez souvent, mais pas toujours, une certaine diminution de la pénibilité physique dans les nouveaux systèmes, on observe très souvent en retour une augmentation des exigences mentales, une pression de plus en plus vive des critères de rentabilité économique, une instabilité et une précarisation des emplois, des interactions paroxystiques avec les machines, en particulier avec les machines automatiques ou " intelligentes " ; une obsolescence rapide des savoirs et savoir-faire professionnels. Et les risques professionnels, dont témoignent les accidents du travail, ne diminuent pas significativement.

L'évolution des technologies, présentée comme synonyme de progrès, semble conduire au développement inexorable de machines de plus en plus puissantes et " intelligentes ", mais quelques grandes catastrophes sont venues rappeler que même les systèmes réputés fiables, gr‚ce à une haute maîtrise des procédés dangereux (industrie nucléaire, chimique, pétrochimique, aéronautique, etc.) et dont la sûreté de fonctionnement est sans cesse contrôlée, peuvent un jour ou l'autre échapper au contrôle et faire de grands dégâts. Certes, il y a lieu de se réjouir de voir le génie humain inventer des machines qui évitent à l'Homme bien des travaux pénibles ou dangereux, mais il y a lieu de s'alarmer contre l'envahissement excessif des machines et la mise à l'écart d'un nombre grandissant de " laissés-pour-compte du progrès technique ".

Ainsi donc, si le progrès nécessite certains changements, tout changement n'est pas progrès, loin de là. C'est pourquoi il convient d'évaluer tous les changements du travail, pour voir s'il s'agit réellement d'une amélioration ou non. A cet égard, le rôle des ergonomes n'est pas seulement d'analyser le travail humain et de l'évaluer, il est aussi d'agir pour l'améliorer, selon des critères qui, en dépit des changements technologiques ou organisationnels, restent fondamentalement constants depuis l'origine de l'ergonomie : moindre nocivité du travail pour les travailleurs, tant sur le plan de la santé et de la sécurité physique que sur le plan mental et social ; recherche d'une meilleure efficience des outils et des moyens ; optimisation des interactions Homme-Machine et du fonctionnement des systèmes socio-techniques.

Les coauteurs de cet ouvrage apportent sur ces questions des éclairages différents, mais convergents. Certains chapitres sont des exposés théoriques, d'autres présentent des résultats de recherches, d'études ou d'enquêtes ou sont des exemples d'interventions sur le terrain. Enfin, une table ronde sur la sécurité et la prévention des accidents analyse diverses facettes de cette question, vieille comme le travail et toujours d'actualité.

ISBN 2-906769-31-2

Avant-propos - J.-C. Sperandio

Première partie : Face à de nouvelles organisations du travail - B. Maggi, M. Freyssinet, B. Meddeb, G. de Terssac et N. Lompré, P. Giorgini, G. Zülch

Deuxième partie : Face à de nouvelles technologies de production - A. Pujade et M. Cézard, J. Bounine-Cabalé, B. Vallespir et G. Doumeingts, G. Toulouse et C. Lechasseur, M. Jourdan et L. Bellies, C. Grusenmeyer

Troisième partie : Nouveaux produits, nouveaux outils, aides aux opérateurs - R. Patesson, J. P. Darmon, C. Chauvin, M. Dubois, I. Gaillard et M. Leroux, M. Jouanneaux et F. Hubault

Quatrième partie : Eudes et enquêtes ergonomiques - L. Boitel, N. Carlin, R. Patesson, C. Gadbois et S. Prunier, J.-L. Minguy

Cinquième partie : Pratiques et interventions ergonomiques - G. Doniol-Shaw et N. Froment, A. Lewkowitch-Orlandi et G. Carballeda, C. Bonnin, M. Larbi, N. Graff et M. Amphoux, Y. Le Roy, D. Liévin et M. François, O. Berzane, C. Stéfani et S. Nicolet

Sixième partie : Ergonomie et prévention des accidents du travail - Table ronde animée par M. Neboit avec la participation de D. Dessors, J.-Y. Mace, R. Cantin, C. de La Garza, M. François, F. Daniellou et J.-C. Sperandio