Journal n°143

Dans les rouages du capitalisme contemporain

image-9.jpgL’usage veut que les entreprises utilisent leurs propres ressources pour financer leurs transactions. Jusqu’ici, rien de bien complexe. Or en réalité, près de la moitié du commerce international de marchandises est financée par les banques privées ou des agences étatiques spécialisées, ce qui représentait environ 16 milliards de dollars en 2015. Cette manne du commerce international est habituellement ignorée, sauf en cas de crise, comme en 2008, où son volume s’est contracté de 42% en six mois, en partie en raison de l’assèchement des crédits nécessaires à son bon fonctionnement.

Ce modèle de financement du commerce international (FCI) ne date pas d’hier. Il y a des siècles déjà, les marchands se sont vus contraints de développer des techniques pour se faire payer sans pour autant devoir physiquement déplacer de l’argent. C’est notamment dans ce but que sont nées, au XVe siècle, les banques modernes dans les Cités-états italiennes. Puis, au XIXe siècle, la City de Londres fait de cette activité la clé de son succès, jusqu’au quasi-monopole.

La Première Guerre mondiale constitue un tournant pour le FCI. Dès lors, celui-ci ne dépend plus seulement des institutions financières privées mais aussi des organismes publics.

L’ambition de ma thèse est d’apporter la lumière sur cette évolution majeure. Quelles ruptures caractérisent le FCI après 1918? Que révèlent les changements intervenus sur le principe traditionnel d’une économie régie par les mécanismes de marché? Qui ont été les acteurs majeurs derrière l’engagement étatique accru en matière de FCI et quel a été l’impact de l’évolution des structures productives et commerciales sur la nouvelle formation institutionnelle dans le domaine?

Adoptant une approche d’économie politique transnationale, j’ai ainsi examiné les archives du Royaume-Uni, de l’Allemagne et des états-Unis. Mes résultats tendent à prouver que l’idée d’un échec de marché ne suffit pas à expliquer l’intervention accrue de l’état dans ce domaine. L’implication respective des états et des acteurs économiques privés dans le financement du commerce dépendait de la tradition politico-économique de chaque pays et des rapports de force émergeant en leur sein.

Le FCI est donc une fenêtre originale pour explorer le rôle clé joué par l’état dans un système dit «de marché», et comprendre par là les rouages du capitalisme contemporain.

Concours
Ma thèse en 180 secondes,
Finale UNIGE le 12 avril 2018