Méthodes et problèmes

L'autoportrait

Natacha Allet, © 2005
Dpt de Français moderne – Université de Genève

II.1. Le caractère restreint du portrait littéraire

L'autoportrait en peinture est considéré par les historiens d'art comme un sous-genre du portrait; et l'autobiographie entretient avec la biographie des rapports évidents (que Sartre notamment évoque dans les Mots). En revanche, l'autoportrait en littérature s'intègre assez difficilement à un ensemble discursif plus vaste. Il ne s'oppose pas simplement, comme on pourrait l'imaginer a priori, au portrait littéraire – qui est un genre beaucoup plus limité que lui, qu'il s'agisse du portrait romanesque ou historiographique, ou qu'il s'agisse du portrait galant ou satyrique tel qu'il se pratique au 17ème siècle entre les personnalités du grand monde. Si l'on se penche sur le portrait de Mme de Sévigné par le comte de Bussy-Rabutin, par exemple, ou celui de La Rochefoucault par le cardinal de Retz, on s'aperçoit qu'ils sont difficilement comparables aux Essais ou à La Règle du jeu: ils sont constitués de descriptions physiques, intellectuelles, morales qui tiennent sur quelques pages seulement. On pourrait sans doute rapprocher certains d'entre eux du portrait que Leiris fait de lui-même au début de L'âge d'homme, mais pas de l'autoportrait (en admettant que L'âge d'homme soit un autoportrait) dans son intégralité.

Edition: Ambroise Barras, 2005