Méthodes et problèmes

Les figures de rhétorique

Laurent Jenny, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève

IV.1.1. Réception des figures in absentia

Les figures in absentia sont d'abord reconnues sur fond d'une lacune discursive (par exemple dans le cas de l'ellipse évoquée en II.2.2. Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle) ou d'une contradiction entre règles combinatoires syntaxiques et règles combinatoires sémantiques.

Ainsi dans l'exemple de métaphore in absentia:

Haleine de la terre en culture

Claudel

la relation syntaxique de détermination du nom (haleine) par un complément (de la terre en culture) est formellement affirmée. Mais sémantiquement de la terre en culture n'est pas un caractérisant sémantiquement admissible de haleine. Il y a donc tension entre divers niveaux de règles combinatoires. Cette tension signale l'impropriété d'un des termes de la relation.

Les relations de figuralité in absentia sont donc marquées par l'incomplétude. Sans une coopération active du destinataire, le discours ne suffit pas à fournir une représentation sémantique acceptable. On peut donc dire que les figures in absentia induisent une relation de réception contraignante – ou encore tendue – avec le destinataire.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004