Danielle Chaperon, © 2003-2004
Dpt de Français moderne – Université de Lausanne
La répartition montré/non montré et le choix du lieu (ou des lieux) scénique(s) sont directement liés. Les faits pourront se dérouler en effet, conformément à cette répartition, sur scène (montré) ou hors-scène (raconté ou inféré). On sait que les normes de la doctrine classique imposent que le lieu défini comme étant le lieu scénique à l'ouverture de la pièce devra le rester jusqu'à la fin. Mais en cette matière, que l'unité de lieu soit de rigueur, que l'on change de décor ou pas, importe peu: il y a toujours un hors-scène et quelque chose se passera toujours à côté
ou ailleurs
. Si l'on voulait traduire cette contrainte en termes narratologiques, il faudrait dire que les événements extra-scéniques sont l'objet de paralipses automatiques, paralipses que Genette appelait aussi et plus joliment des omissions latérales
. Montrer quelque chose dans le mode dramatique, c'est renoncer automatiquement à montrer tout ce qui se passe simultanément ailleurs. Il y a certes moyen de tenter de passer outre cette contrainte et de diviser la scène en plusieurs zones représentant chacune un lieu de la diégèse. Mais qu'il y ait sur scène plusieurs lieux représentés n'empêchera pas que tous les autres espaces resteront dans l'ombre du hors-scène.
Edition: Ambroise Barras, 2003-2004