Danielle Chaperon, © 2003-2004
Dpt de Français moderne – Université de Lausanne
Les deux étapes de l'inventio (l'Action) et de la dispositio (le Drame) forment ce que Diderot a judicieusement nommé le plan (c'est ce plan que le tableau de présence enrichi
, tel que nous l'avons décrit, présente de manière synthétique). Reste à écrire les répliques, reste à faire parler les personnages, en un mot, reste l'elocutio. Pour Diderot, fort classique pour l'occasion, le plan et le dialogue sont deux étapes très distinctes de l'écriture dramatique, qui exigent de l'auteur des compétences différentes – si différentes qu'on s'explique aisément que maintes œuvres dramatiques aient deux auteurs:
Est-il plus difficile d'établir le plan que de dialoguer? C'est une question que j'ai souvent entendu agiter; et il m'a toujours semblé que chacun répondait plutôt selon son talent que selon la vérité de la chose.
Un homme à qui le commerce du monde est familier, qui parle avec aisance, qui connaît les hommes, qui les étudiés, écoutés, et qui sait écrire, trouve le plan difficile.
Un autre qui a de l'étendue dans l'esprit, qui a médité l'art poétique, qui connaît le théâtre, à qui l'expérience et le goût ont indiqué les situations qui intéressent, qui sait combiner des événements, formera son plan avec assez de facilité; mais les scènes lui donneront de la peine. [....] J'observerai pourtant qu'en général il y a plus de pièces bien dialoguées que de pièces bien conduites. Le génie qui dispose les incidents paraît plus rare que celui qui trouve les vrais discours. Combien de belles scènes dans Molière! On compte ses dénouements heureux [= bien faits].Discours sur la poésie dramatique, p. 174-6
Pour Diderot l'écriture du dialogue est plus facile car les caractères étant donnés, la manière de faire parler est une
. Pourtant l'exercice est soumis à d'autres contraintes qu'à celle du caractère.
Edition: Ambroise Barras, 2003-2004