Danielle Chaperon, © 2003-2004
Dpt de Français moderne – Université de Lausanne
Bien sûr, la parole d'un personnage doit d'abord entrer en cohérence avec la place que celui-ci occupe dans le monde de la Diégèse et le rôle qu'il joue dans l'Action. Il s'agit là d'une cohérence intradiégétique que les théoriciens classiques rangent dans la catégorie de la vraisemblance: vraisemblance générale pour le monde de la Diégèse: un empereur romain doit agir et parler en empereur romain, une femme vertueuse en femme vertueuse; vraisemblance particulière pour l'Action: Auguste doit agir et parler conformément à son rôle dans Cinna.
Mais la spécificité du mode dramatique fait de la parole des personnages pratiquement le seul truchement entre l'Action et le lecteur, cette parole est donc entièrement élaborée en vue de la perception (intelligible et plaisante, pour l'esthétique classique) qu'on souhaite donner de l'Action à ce dernier. Il s'agit là d'une cohérence extradiégétique. Le souci de cette double cohérence (intradiégétique et extradiégétique) s'inscrit naturellement dans le cadre de la double énonciation qui est au cœur de la définition du mode dramatique [Le mode dramatique].
Edition: Ambroise Barras, 2003-2004