Laurent Jenny, © 2004
Dpt de Français moderne – Université de Genève
Bref, en lisant, nous ne cessons de penser à autre chose, qui nous est propre. Ces pensées personnelles sont indispensables pour donner une coloration vivante à notre lecture et nous permettre de l'investir. Cependant, d'un autre côté, nous voyons aussi leurs limites: ce qui est le plus subjectif dans la lecture est aussi ce qui est destiné à demeurer privé: on ne peut espérer à partir de là approfondir la pensée ou l'imaginaire de cet autre qu'est l'auteur.
Peut-on communiquer avec d'autres sur un texte à partir de nos seules impressions subjectives? Sans doute cela arrive-t-il souvent, mais si j'échange avec autrui mes associations libres ou mes impressions les plus personnelles sur un texte, je renseigne l'autre sur moi-même beaucoup plus que sur le texte. Il se peut qu'alors nous en apprenions beaucoup sur notre sensibilité et sur notre imaginaire respectifs. Mais, il n'est pas sûr que nous parvenions à une meilleure connaissance du texte ou à une évaluation plus sûre de son intérêt.
Edition: Ambroise Barras, 2004