Laurent Jenny, © 2004
Dpt de Français moderne – Université de Genève
L' identification littéraire est d'ailleurs un peu particulière. Selon Picard, dans la lecture, on s'identifie moins à un personnage pris dans totalité qu'à un personnage en situation
. Typiquement, Emma se voit comme une châtelaine accoudée à la fenêtre dans l'attente d'un cavalier. C'est une image idéale figée, et comme éternisée.
Par ailleurs, au fil de la lecture, nous glissons d'une identification à une autre. Nous pratiquons un jeu de rôles où, selon les sollicitations du texte, nous tenons un peu tous les rôles (quitte à opérer des clivages internes entre les bons et les méchants). Ainsi nous sommes successivement et tout à la fois Emma, la petite bourgeoise de province, Charles, son poussif mari, Rodolphe, le séducteur cynique et même peut-être Homais, le pharmacien ridicule et odieux, chantre du progrès et des vertus laïques.
Edition: Ambroise Barras, 2004