Jean Kaempfer & Filippo Zanghi, © 2003
Section de Français – Université de Lausanne
Le dernier indice du point de vue est l'anaphore associative. Une anaphore est un segment d'énoncé (en général un pronom personnel, défini ou démonstratif) qui a besoin, pour être interprété, d'un segment précédent du texte. Dans: Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage
(Flaubert, Un cœur simple), elle ne peut être interprété que par le cotexte, où est nommée la servante Félicité
. Il existe néanmoins un autre type d'anaphore, l'anaphore dite associative, qui ne reprend pas du déjà dit, mais repose sur des implications lexicales. Ainsi, dans: Paul entra dans le village. Les cheminées fumaient
, village et cheminées sont implicitement associés par le lecteur. Dès lors un nouveau lien s'établit entre les deux phrases, renforçant celui qui est créé par le jeu du passé simple et de l'imparfait. Ce lien incite à penser que c'est Paul qui voit fumer les cheminées, plus que le narrateur qui donnerait ici une information de l'extérieur. Ce critère est donc important car il peut suffire à repérer un point de vue, notamment en l'absence de verbe de perception: Pierre passe devant l'église. Deux heures sonnent à l'horloge
. Ici, le point de vue peut être attribué à Paul dans la mesure où il est dans une situation qui présuppose qu'il puisse percevoir et qui sous-entend, grâce à l'association de l'église et de l'horloge, qu'il perçoit effectivement.
Edition: Ambroise Barras, 2003-2004