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 Communiqué de presse 


Science, Vie, Société
Un programme d'innovation et de développement entre l'Université de Genève, l'Université de Lausanne et l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne

Arc lémanique: les trois Hautes Ecoles réaffirment leur collaboration

Pour affirmer et consolider la place importante qu'elle occupe dans le concert des nations au niveau de la formation et de la recherche académique, la Suisse est appelée à se fédérer autour de grands projets scientifiques qui concerneront l'ensemble de la société de demain. Le projet de l'Arc lémanique illustre cette volonté d'aller ensemble plus vite et plus loin. C'est l'esprit du message que font passer aujourd'hui l'Université de Genève, l'Université de Lausanne et l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.

Comme annoncés en automne 1998, les objectifs visés par le projet de développement et de coordination vont tous dans le sens d'un élargissement de l'offre de formation, d'un accroissement de la coordination et du développement de certains domaines de recherche. Ils sont marqués par la volonté d'offrir à notre pays de nouveaux atouts pour maintenir et augmenter sa compétitivité sur le plan international. Pour les trois Hautes Ecoles lémaniques, il s'agit de s'appuyer sur des compétences qui existent aux plans académique et économique pour mettre en pratique un programme fédérateur totalement novateur. Ce projet repose sur quatre points forts:

  1. le développement des sciences du vivant dans les trois institutions;
  2. le développement des sciences humaines à l'Université de Lausanne et l'Université de Genève qui pourront notamment fournir de nouveaux enseignements à l'EPFL;
  3. le renforcement des sciences de base à l'EPFL et le développement de centres de compétence sur les sites de Genève et Lausanne;
  4. le regroupement de l'Ecole romande de pharmacie sur le site de l'Université de Genève.

A. Les sciences de la vie: un axe prioritaire

Haute technologie en plein essor, la génomique - branche des sciences de la vie privilégiée par les initiateurs du projet - est déjà présente dans le tissu académique et industriel de la Suisse occidentale. Mais étudier à grande échelle les composants de nos chromosomes, les fonctions des gènes et des groupes de gènes, ainsi que les interactions complexes entre les produits de ces gènes, nécessite de la part des acteurs académiques des moyens importants et une stratégie à long terme. Il s'agit en effet de faire face à la vive compétition internationale qui se joue dans ce domaine. Pour ne pas rater le train d'un des enjeux scientifiques et économiques déterminants du XXIe siècle, pour intensifier les transferts de connaissances et de technologies vers les entreprises impliquées de la région et profiler cette dernière comme un pôle international des sciences de la vie, les trois institutions lémaniques réunissent leurs forces et leurs compétences. Leur objectif est de créer un Pôle de génomique fonctionnelle (PGF), dirigé par un comité de pilotage tripartite, qui comprendra le développement des différentes activités de recherche des trois institutions et la création d'un Centre intégratif de génomique (CIG).

Pôle de génomique fonctionnelle: la mise en réseau d'équipes interdisciplinaires

Pour suivre le rôle du génome du noyau cellulaire "mis à nu" au coeur des laboratoires jusqu'à ses interactions avec l'environnement et les interpellations qu'il suscite dans la société, la recherche ne peut évoluer que de manière transversale. Cette mise en réseau d'équipes - raison d'être du PGF - s'étendra donc sur un champ de connaissances très vaste touchant la médecine, la biologie, l'environnement, la chimie, les mathématiques, la physique, l'informatique, les matériaux, les systèmes de communication et les sciences humaines. Afin d'assurer sa cohérence à ce vaste programme, les trois Hautes Ecoles s'appuieront aussi sur d'autres compétences, dont notamment celles des Hospices cantonaux vaudois et des Hôpitaux universitaires de Genève.

Illustrant parfaitement l'approche globale privilégiée par les institutions lémaniques, la thématique se déploiera sur cinq niveaux:

  • la structure moléculaire du matériel génétique et la régulation de son expression;
  • le rôle des gènes dans la régulation du comportement cellulaire et ses dysfonctionnements lors de phénomènes pathologiques tels que cancers, maladies métaboliques, maladies dégénératives;
  • les relations entre les cellules et leur organisation architecturale en cours de développement;
  • les marqueurs génétiques liés à la biodiversité des espèces et à la génétique médicale;
  • l'étude des problèmes éthiques et sociologiques posés par la biologie et la médecine moderne.

Un Centre intégratif de génomique où se retrouveront l'académique, l'économique et l'industriel

Au sein du Pôle, le Centre intégratif de génomique (CIG) se focalisera sur une thématique centrale et prioritaire, orientée sur des résultats. Y travailleront des équipes de recherche en sciences du vivant issues des milieux académiques, économiques et industriels, ainsi que des chercheurs en sciences humaines. Ces équipes, par définition transdisciplinaires, y seront intégrées pour une durée plus ou moins longue en fonction de leur projet de recherche. Véritable "laboratoire" d'une nouvelle approche du système universitaire, le CIG a pour vocation de faire travailler ensemble et sous le même toit des équipes provenant d'univers, de cultures et d'héritages intellectuels différents. Le Centre incarne pleinement une volonté qui sous-tend toute la réflexion engagée par l'Arc lémanique, à savoir la nécessité de casser cette barrière historique entre sciences "pures" et sciences humaines, à l'heure où toutes les sciences n'ont jamais eu autant besoin les unes des autres pour assurer le développement harmonieux d'une société humaine qui avance moins vite que les progrès technologiques fulgurants qu'elle engendre.

B. IRIS: intégrer les sciences humaines dans un monde en mutation

C'est forts de cette volonté humaniste que les initiateurs du projet prévoient la mise sur pied d'un second pôle de recherche et d'enseignement sur le thème: intégration, régulation et innovations sociales (IRIS). Organisé sous la forme d'un réseau unissant les compétences actuelles et futures des trois institutions, ce pôle se développera en quatre volets visant à:

  • analyser et contribuer à gérer les problèmes liés à l'intégration socioculturelle et découlant des mutations profondes de la société et de leurs effets induits sur les individus;
  • proposer, en prise directe avec le Pôle de génomique, un regard croisé entre sciences humaines et sciences du vivant susceptible d'enrichir une réflexion éthique;
  • élaborer des régulations juridiques adaptées aux nouveaux modes d'intégration et aux nouvelles technologies, avec la création d'un Forum de droit international, européen et comparé;
  • mettre sur pied, par un programme d'excellence, de nouvelles stratégies de gestion et d'innovation dans les domaines économique, social et politique, tenant compte d'un environnement économique désormais marqué par l'impact déterminant des technologies de l'information.

C. Sciences de base: renforcer le fondamental et l'appliqué

Sur la place lausannoise, on optimisera les conditions générales de l'enseignement et de la recherche en chimie, mathématiques et physique, en concentrant ces trois branches à l'EPFL. Les Facultés des sciences et de médecine bénéficieront des cours de service de l'EPFL pour les trois branches concernées par le transfert (mathématiques, physique, chimie). Les formations destinées à l'enseignement secondaire seront maintenues. Ces transferts seront compensés par un renforcement de la présence des sciences de la vie.

De son côté, l'EPFL offrira deux diplômes dans chacune des trois sciences de base, soit un diplôme EPF dont l'orientation sera clairement de nature fondamentale et un diplôme ingénieur EPF tourné vers les applications. Cette concentration des forces permettra aussi d'ouvrir de nouveaux axes forts : chimie et ingénierie moléculaire, biotechnologie et ingénierie des procédés, imagerie médicale avancée et développements de modèles mathématiques distribués avec leur traitement numérique sur ordinateur de grande puissance, physique des systèmes biologiques.

L'Université de Genève conserve les sciences de base, soit la chimie, les mathématiques, la physique tout en coordonnant ses activités de recherche et formation avec l'EPFL. En outre elle poursuivra sa spécialisation dans les domaines de la physique des particules - en collaboration avec le CERN et la NASA -, de l'astrophysique, de l'astronomie et du développement de matériaux avec de nouvelles propriétés électroniques.

D. La pharmacie intégrée aux sciences de la vie

L'Ecole romande de pharmacie se retrouve localisée sur un seul site: Genève. Toutes compétences rassemblées, l'Ecole développera en priorité des domaines clés de la recherche pharmaceutique (drug discovery, drug targetting, pharmacogénomique). A cet égard, le Pôle de génomique fonctionnelle offrira des champs d'exploration particulièrement prometteurs.

En ce qui concerne les étudiants, il n'y a pas de changement pour les trois premières années d'études qu'ils continueront d'accomplir sur chaque site. Les cours de 4e et 5e années se dérouleront entièrement à Genève.

E. Mise sur pied et financement

Qui assurera le financement du projet? La Confédération, dans le cadre de la nouvelle Loi fédérale d'aide aux universités, d'une part, et les autorités de tutelle des trois partenaires (domaine des EPF, Cantons de Vaud et de Genève), d'autre part.

Le transfert des sections de chimie, physique et mathématiques permettra le réinvestissement de ressources à l'Université de Lausanne, tandis qu'à l'Université de Genève et à l'EPFL des moyens supplémentaires et des réallocations internes permettront les développements prévus. Basculées administrativement et financièrement à l'EPFL, entre le 30 septembre 2001 et le 31 décembre 2003, les trois sections regroupées représentent une augmentation de l'enveloppe allouée à l'EPFL estimée à 49 millions par année à partir de 2004. A noter que le basculement n'interviendra qu'à partir du moment où la Confédération garantira la totalité du financement de l'opération.

Quant à l'Ecole romande de pharmacie, elle est financée par les deux Universités, le Canton de Vaud y contribuant par le versement d'une subvention annuelle d'un montant équivalent au coût de fonctionnement des équipes transférées.

Le projet, qui sera mis en place progressivement, repose sur un accord entre les autorités de surveillance des trois Hautes Ecoles (au travers d'une convention Confédération-Cantons). La Confédération devra s'engager en particulier sur les moyens financiers nécessaires à la réalisation de ce projet et à la pérennisation des structures mises en place ou modifiées.

L'Etat de Genève a d'ores et déjà prévu des investissements dans les bâtiments de Sciences II et III pour permettre de développer la biologie genevoise et d'accueillir l'Ecole romande de pharmacie. Les travaux débuteront à la fin de l'année 2000.

F. Un soutien essentiel à la réussite du projet

Engagée dans la révolution de la génomique et de la protéomique, la Suisse se doit de rester compétitive. Elle ne pourra le faire sans le concours actif de ses Hautes Ecoles au sein d'un projet fédérateur prenant en compte les multiples dimensions d'une nouvelle ère technologique qui bouleverse les repères de l'individu, sa relation à lui-même et au monde vivant, son intégration dans le corps social et qui contraint à l'innovation le droit, l'économie et l'éthique. Pour réussir ce pari, à la fois scientifique, académique, industriel, économique, social et culturel, l'Arc lémanique a besoin du soutien sans faille des autorités politiques, tant au niveau cantonal que fédéral. C'est avec ce soutien que pourront se réaliser les espoirs nourris par tous les acteurs engagés dans ce projet qui donne à la Suisse, à l'aube du troisième millénaire, rien de moins qu'un nouveau souffle.

Des informations complémentaires peuvent être obtenues auprès de:

  • Professeur Maurice Bourquin, Recteur de l'Université de Genève au 022 379 75 25
  • Professeur Jean-Marc Rapp, Recteur de l'Université de Lausanne au 021 692 20 10
  • Professeur Patrick Aebischer, président de l'Ecole polytechnique fédérale au 021 693 70 05