Module 1 | Exercice 2


EXERCICE 2 : Analyse bivariée

Afin d’étudier une relation possible entre deux variables, il faut faire une analyse bivariée. L’étude des relations permet d’analyser des hypothèses de travail et de savoir si l’on peut conclure à un lien causal entre deux variables.

L’analyse bivariée (une étude de relation à l’aide de tableau croisé) comprend notamment :
- une analyse descriptive univariée préalable de chacune des deux variables en jeu ;
- un tableau croisé entre ces deux variables ;
- une interprétation des résultats obtenus ;
- un commentaire concernant les données manquantes.

1. Prendre les variables « auto-positionnement sur l’axe gauche-droite » (variable autogd) et « direction exprimée du vote » (vote), du fichier « ESS_Swiss » :

1a. Formulez une hypothèse adéquate en postulant une relation entre les deux variables (variable « indépendante » et « dépendante »).

Afin de formuler notre hypothèse, il convient de définir quelle est la relation la plus logique que l’on peut attendre de ces variables. Il y a donc deux possibilités théoriques de départ :
1. L’autopositionnement sur l’axe gauche-droite a une influence sur la direction exprimée du vote.
2. La direction exprimée du vote a une influence sur l’autopositionnement sur l’axe gauche-droite.

Bien évidemment, la logique veut que l’on vote en fonction de nos préférences partisannes et de nos opinions politiques. Il serait faux de dire que le se situe sur l’axe gauche droite parce qu’on vote…

Ainsi, c’est notre première proposition d’hypothèse qui doit être retenue : « L’autopositionnement sur l’axe gauche-droite (variable INDEPENDANTE) a une influence sur la direction exprimée du vote (variable DEPENDANTE). ».

Nous nous trouvons ici dans une perspective EXPLICATIVE.

1b. Faites une analyse bivariée.

Avant de faire une analyse bivariée, il convient de faire une analyse univariée pour chacune des variables.

Ensuite, on produit le tableau croisé et on le commente:

Exemple de commentaire, le commentaire donné ici n’est pas exhaustif :

Comme on peut le voir à la lecture du tableau, on peut envisager qu'il existe une relation entre le fait de se positionner sur l’axe gauche-droite et le fait de voter en conséquence. En effet, si l'on prend par exemple la première colonne (« Extrem-left »), on constate que plus de 84% des gens se situant à l’extrême-gauche votent soit à gauche, soit à l’extrême-gauche. De même, dans la dernière colonne, on voit que 80% des gens se disant d’extrême-droite votent soit à droite, soit à l’extrême-droite.
Mais ATTENTION : on remarque que le nombre d’individus se situant aux êtrêmes politiques est très faible (38 pour l’extrême-gauche et 20 pour l’extrême-droite). Il convient donc d’analyser les pourcentages relatifs avec beaucoup de prudence avant d’en tirer des conclusions.

Si on compare maintenant les catégories « Left » et « Right », on constate des différences importantes. En effet, 75% des gens déclarant se situer à gauche votent à gauche, tandis que seuls 34% des gens se déclarant de droite votent à droite. La catégorie de vote où l’on trouve le plus de ces derniers est même l’exrême-droite.

Enfin, au niveau de la catégorie « Center », on constate une distribution assymétrique, puisqu’on trouve des proportions équivalentes de personnes se situant au centre qui votent soient à gauche, soit à droite, soit à l’extrême-droite.

On notera également que la proportion de données manquantes est très élevée (1138, soit plus de 55% des répondants). Cela s’explique peut-être par le fait qu’il est toujours difficile, pour les personnes qui ne se sentent pas forcément politisées ou qui n’accorde que peu d’intérêt à la politique, tant de se situer sur un axe, que de déclarer une proximité politique.

1.c Dans quelle mesure l’explication de l’orientation du vote par l’auto-positionnement sur l’axe gauche-droite n’est-elle pas une tautologie?

On peut considérer que la relation entre l’auto-positonnement sur l’axe gauche droite et l’orientation du vote est quasi tautologique, dans la mesure où les deux variables sont conceptuellement très proches. Effectivement, il paraît « naturel » qu’une personne vote pour l’une ou l’autre des tendance politiques qui représentent sa propre tendance idéologique. Cependant, la relation n’est pas tautologique au sens stricte, dans la mesure ou le positionnement sur l’axe gauche-droite constitue une caractéristique plus ou moins stable des individus, tandis que l’orientation du vote constitue un comportement ponctuel, qui peut varier de cas en cas. De plus, les partis politiques ne sont pas immuables dans le temps au niveau de l’idéologie et connaissent des évolutions qui ne correspondent peut-être plus toujours à leur électorat de base (Ex : Parti socialiste suisse qui s’est clairement positionné plus à droite qu’auparavant, ou l’Union démocratique du centre, qui d’un parti agrarien est clairement devenu au fil du temps la principale force d’extrême-droite du pays.)

2. Prendre les variables « niveau d’éducation » (variable educh) et « direction exprimée du vote » (vote), du fichier « ESS_Swiss » ;

2a. Formulez une question dans une perspective de composition.

Une question de départ dans une perspective de composition pourrait être : « Quelle est la composition de la variable "orientation du vote" en fonction du "niveau d’éducation" ?»
On aurait aussi pu faire une hypothèse du type: « Quelle est la composition de la variable "niveau d’éducation" en fonction du "orientation du vote" ?». Toutes autres formulations de ces hypothèses sont équivalentes!
Ici nous avons choisit de traiter la première.

2b. Faites une analyse bivariée pour répondre à votre question.

Avant de faire une analyse bivariée, il convient de faire une analyse univariée pour chacune des variables.

Ensuite, on produit le tableau croisé:

A la lecture du tableau, on voit quelle est l’orientation du vote en fonction du niveau d’éducation (on a ici mis les pourcentages en ligne, puisque nous aimerions savoir comment est distribuée l’orientation du vote par rapport au niveau d’éducation. Cela serait revenu au même si nous avions mis la variable « vote » en ligne et la variable « educh » en colonne et que nous avions demandé les résultats en colonnes).

Exemple de commentaire du tableau croisé, le commentaire donné ici n’est pas exhaustif :

Il est très difficile d’interpréter les pourcentages pour les personnes n’ayant pas terminé l’école (catégorie « Incomplete school »), puisque nous ne comptons que 7 individus, ce qui est trop peu pour pouvoir tirer des conclusions. Pour les autres catégories, on remarquera par exemple que, dans l’ensemble, c’est la tendance gauche, « Left » qui est la plus choisie, avec 39,5% des suffrages exprimés. Chez les universitaires, la tendance est beaucoup plus forte que dans les autres catégories, puisque la majorité d’entre eux (54,5%) déclarent voter à gauche. A l’inverse, les personnes ayant accompli une scolarité secondaire ne sont que 36% à voter à gauche. A contrario, on notera que l’extrême droite, avec 22,7% est la seconde tendance choisie par les personnes ayant effectué une scolarité élémentaire, alors que seuls 6,5% des universitaires déclarent cette tendance.

Il convient aussi de noter que le nombre de données manquantes est ici très élevé (1225 individus, soit 60% de l’échantillon). Cela correspond aux personnes qui n’ont pas répondu à l’une ou l’autre voire aux deux questions. Par conséquent, il faut être prudent avec les analyses effectuées et avec les conclusions que nous pourrions en tirer.