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En 1955, después de casi veinte años instalada en Argentina, Clara Campoamor (1888-1972) comenzaba en Suiza la última etapa de un exilio al que no vio fin. Por su correspondencia con Gregorio Marañón, María Telo, Consuelo Berges o Antoinette Quinche —su gran apoyo personal y profesional en el país helvético— sabemos que nunca desistió en su deseo de regresar a España, de donde se había marchado en 1936 huyendo del exilio interior en que se sentía en el Madrid revolucionario y del golpe de Estado militar que había dado inicio a la Guerra Civil. «Siempre a la espera del santo advenimiento», la vuelta de la democracia a España, Campoamor falleció en Lausana en 1972 y solo entonces pudo regresar a la tierra que tanto había añorado. 

Cuando se cumplen 70 años de su establecimiento definitivo en Suiza, el proyecto Año Campoamor 2025, liderado por Cristina Rosario Martínez Torres desde la Unidad de español UNIGE, busca homenajear a la artífice del primer sufragio femenino en España a través de la publicación del libro Siempre a la espera. Clara Campoamor y el exilio republicano en Suiza (Sevilla: Renacimiento, en prensa) y de una serie de actividades que acercarán al aula helvética la figura de la abogada y escritora madrileña rescatando el que fue su desempeño dentro de nuestras fronteras.

Su lucha política y filantrópica por los derechos de la mujer y de la infancia se materializó en una activa participación en la Sociedad de Naciones, primero, y en la ONU, después; también en la creación de foros y asociaciones entonces fundamentales para los avances en materia feminista, como la Federación de Mujeres de Carreras Jurídicas; y desde luego en su apoyo a Quinche para la consecución en 1959 del primer sufragio femenino cantonal en Vaud. La prensa suiza anterior y posterior a la II Guerra Mundial inmortalizó los caminos paralelos y convergentes de ambas sufragistas, cuya necesaria recuperación hace también de este homenaje la ocasión de redescubrir a Antoinette Quinche (1896-1979).

No solo, pues este Año Campoamor 2025 indudablemente interpela a otros exilios e itinerarios coincidentes con el de ella, que nos invitan a revisitar los lazos establecidos entre España y Suiza a lo largo del siglo XX para así contribuir a una mejor comprensión de los que atañen a nuestro presente.

^{A la izquierda, Campoamor en fotografía de Virgilio Muro (1930); abajo, crónica de la revista Nuevo Mundo del 18-IX-1931.}

En 1955, après près de vingt ans passés en Argentine, Clara Campoamor (1888-1972) entamait en Suisse la dernière étape d’un exil dont elle ne verrait jamais la fin. Sa correspondance avec Gregorio Marañón, María Telo, Consuelo Berges ou encore Antoinette Quinche — son principal soutien personnel et professionnel dans le pays helvétique — révèle qu’elle n’a jamais renoncé à son désir de retourner en Espagne. Elle avait quitté Madrid en 1936, fuyant à la fois un exil intérieur imposé par l’atmosphère révolutionnaire de la capitale et le soulèvement militaire qui avait originé la guerre civile. « Toujours dans l’attente de l’avènement sacré », celui du retour de la démocratie en Espagne, Campoamor s’éteignit à Lausanne en 1972. Ce ne fut qu’alors qu’elle put enfin retrouver la terre tant désirée.

Soixante-dix ans après son arrivée définitive en Suisse, le projet Año Campoamor 2025, dirigé par Cristina Rosario Martínez Torres au sein de l’Unité d’espagnol de l’UNIGE, entend rendre hommage à l’architecte du premier suffrage féminin en Espagne à travers la publication de l’ouvrage Siempre a la espera. Clara Campoamor y el exilio republicano en Suiza [Toujours dans l’attente. Clara Campoamor et l’exil républicain en Suisse] (Séville : Renacimiento, sous presse), ainsi qu’une série d’événements visant à faire revivre en milieu académique helvétique la figure de cette avocate et écrivaine madrilène, en redonnant toute sa place à l’œuvre qu’elle mena au sein même de ce pays.

Son engagement politique et philanthropique en faveur des droits des femmes et de l’enfance s’est concrétisé par une participation active à la Société des Nations, puis aux Nations Unies ; par la création de forums et d’associations déterminants pour les avancées féministes de l’époque, telles que la Fédération des femmes de carrières juridiques ; et, bien sûr, par son soutien à Antoinette Quinche dans la conquête, en 1959, du premier suffrage féminin cantonal dans le canton de Vaud. La presse suisse, tant avant qu’après la Seconde Guerre mondiale, a immortalisé ces trajectoires parallèles et convergentes des deux suffragistes. La nécessaire réhabilitation de cette mémoire fait également de cet hommage une occasion précieuse de redécouvrir Antoinette Quinche (1896-1979).

Mais l'année Campoamor 2025 ne s’arrête pas là : elle convoque d’autres exils, d’autres itinéraires qui se sont croisés avec le sien et nous invite à revisiter les liens tissés entre l’Espagne et la Suisse tout au long du XX^e siècle, pour mieux comprendre ceux qui touchent à notre présent.

^{En haut, Clara Campoamor photographiée par Virgilio Muro (1930) ; à droite, chronique du magazine Nuevo Mundo, 18-X-1931.}