Création d'une association faîtière du corps intermédiaire - Entretien avec Jean-Luc Falcone
Le corps intermédiaire de l'Université s'organise pour mieux se faire entendre
Le corps intermédiaire, de l'avis d'un de ses représentants, "c'est tout ce qui bouge à l'Uni et qui n'est ni prof, ni étudiant, ni personnel technique, une catégorie fourre-tout, où l'on range tout ce qu'on ne sait pas mettre ailleurs". Qu'ils soient assistants ou maîtres assistants, ils fournissent pourtant un travail essentiel à l'Université, en termes d'encadrement des étudiants et de recherche. Pour mieux faire valoir cette contribution, quelques-uns d'entre eux ont récemment mis sur pied un comité provisoire d'une quinzaine de personnes dans le but de lancer une association faîtière du corps intermédiaire de l'Université, dont la première assemblée a eu lieu le 16 mai dernier. Elle a réuni 54 personnes, représentant toutes les facultés et toutes les catégories du corps intermédiaire. Entretien avec Jean-Luc Falcone, l'un des initiateurs de cette nouvelle entité.
Quel but poursuivez-vous avec la création d'une association faîtière?
Le corps intermédiaire est mal connu. Lorsqu'on parle de politique universitaire, on pense aux profs et aux étudiants, beaucoup moins aux assistants et maîtres assistants, alors que ces derniers assurent le gros de la recherche et de l'enseignement. Notre premier objectif est donc d'être mieux représentés auprès des instances dirigeantes de l'Université. Vu notre contribution, nous voulons avoir notre mot à dire sur des dossiers importants comme la réforme de Bologne ou la nouvelle Loi sur l'Université. Une telle association doit également nous permettre de mieux défendre nos conditions de travail. Les postes d'assistants et de maîtres assistants sont précaires, limités dans la durée et mal rémunérés. En informatique, par exemple, le décalage avec le privé est flagrant: le titulaire d'un diplôme de l'Ecole d'ingénieur est mieux payé qu'un assistant. D'où de sérieux problèmes de relève, dont les étudiants sont les premiers à pâtir.
Ne faut-il pas tenir compte du fait qu'un poste d'assistant est un investissement, débouchant sur la publication d'une thèse?
C'est effectivement l'argument que l'on nous sert pour justifier nos conditions de travail. Mais il ne tient pas, car les travaux issus des thèses sont fréquemment publiés au nom des groupes de recherche et alimentent en grande partie la productions scientifique de ces groupes.
Quelle est la situation dans les autres universités de Suisse?
Pour ce qui est de la Suisse romande, on constate que les salaires genevois sont au-dessous de la moyenne. Le salaire minimum d'un assistant à l'Université de Genève est fixé à 52'724 francs par année. Il est de 62'974 francs à l'Université de Neuchâtel.
Pensez-vous être représentatif de l'ensemble du corps intermédiaire? Votre avis n'est peut-être pas partagé par tous…
C'est toujours difficile à estimer. Ce qu'on peut dire en l'état actuel, c'est que le comité regroupe une quinzaine de personnes provenant de toutes les facultés. Mais il est clair que le contexte social en général ne nous est guère favorable. Globalement, les gens font preuve de moins de solidarité et d'engagement. Cela ne doit cependant pas nous empêcher d'aller de l'avant.
Qu'est qui vous a incité à agir maintenant?
Il y a pas mal de nouveaux assistants qui ont eu l'habitude de militer au sein des associations d'étudiants. Nous rencontrons également des problèmes très concrets : certains salaires ne sont pas versés, les gens doivent faire des demandes, ce qui nous semble particulièrement choquant. Enfin, on s'aperçoit aujourd'hui que l'introduction des taxes universitaires, qui devaient notamment permettre d'augmenter le nombre d'assistants n'a pas eu le résultat promis.
2002