Une nouvelle formation post-grade en études asiatiques unique en Suisse
Alors que la Chine n'en finit pas de s'éveiller sous nos yeux et de se développer rapidement, la connaissance que nous avons de ce géant asiatique reste très superficielle. Cela est également vrai pour le Japon, l'Inde ou le Sud-est asiatique. Dès la prochaine rentrée académique, un Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) interdisciplinaire en études asiatiques permettra aux étudiants licenciés de combler cette lacune. Premier du genre en Suisse, cet enseignement post-grade appréhendera les aspects géo-culturels, socio-économiques et les multiples visages de l'Asie, dans une perspective à la fois historique et contemporaine, théorique et pratique, en privilégiant l'approche pluridisciplinaire.
Entretien avec Philippe Régnier, directeur du Centre de recherche sur l'Asie moderne
Le DESS en études asiatiques propose des cours de chinois et de japonais. Envisagez-vous d'étendre votre offre à d'autres langues asiatiques importantes comme l'hindi ou le coréen? Vous n'avez pas inclus dans votre cursus toute la région du Proche et du Moyen Orient. Quelles seront les possibilités pour les étudiants intéressés par cette région? Les étudiants souhaitant effectuer un séjour de formation en Asie, comme le prévoit ce DESS, pourront-ils bénéficier d'un financement? Quel est l'état des relations entre la Suisse et l'Asie? Alors que l'Europe cherche à s'émanciper de la tutelle américaine, pensez-vous que l'Asie puisse fournir de nouvelles alliances aux pays du Vieux continent? On entend pourtant souvent dire que la Chine sera la grande puissance du XXIe siècle… La dichotomie Orient/Occident semble plus que jamais d'actualité. Comment voyez-vous cette relation? Vous avez dû pas mal batailler pour imposer l'idée d'un post-grade en études asiatiques. Quel a été le facteur décisif? |
Présentation du diplôme
Ce nouveau diplôme s'adresse à des personnes titulaires d'une licence (ou équivalent) en sciences humaines ou sociales, désirant s'orienter vers une carrière en relation avec l'Asie, que ce soit au sein d'administrations publiques, d'entreprises privées, de représentations diplomatiques ou d'organisations gouvernementales et non-gouvernementales. Le DESS en études asiatiques propose une formation en 90 crédits ECTS sur trois semestres. Durant la première année, les participants seront amenés à s'initier à une langue asiatique (chinois ou japonais), tout en choisissant 4 modules thématiques parmi un éventail abordant l'histoire, l'analyse économique et sociale du continent, la civilisation et la littérature, les questions liées au développement, la place de l'Asie dans la géopolitique régionale et mondiale. Le troisième semestre permettra aux étudiants d'affiner leur approche, à travers un séjour de recherche ou un stage dans un pays asiatique, et la rédaction d'un mémoire. Cette nouvelle formation, élaborée conjointement par les Facultés des SES et des lettres, ainsi que par l'IUED, regroupera les nombreuses compétences que l'on trouve à Genève dans ce domaine. Elle fera aussi appel à des experts d'universités étrangères et d'organisations internationales. Dans la perspective de la mise en œuvre de la déclaration de Bologne, le DESS en études asiatiques sera probablement appelé à se transformer en un Master interdisciplinaire euro-compatible. Il est également prévu de développer une école doctorale d'ici deux à trois ans. La mise en place de ce diplôme a mobilisé de nombreuses énergies et marque une étape décisive dans le développement des études sur l'Asie à l'Université de Genève. Une première étape fut, en 1972, la création d'un cours de civilisation chinoise donné dans le cadre du Département d'histoire. Il fallut toutefois attendre 1976, avec la création de l'Unité de japonais, suivie la même année par celle de chinois, pour que l'Université propose des filières complètes d'études asiatiques. Il faut également rappeler que l'IUHEI a joué un rôle pionnier en créant, dès 1971, un Centre de recherche sur l'Asie moderne (CRAM), soutenu depuis 1987 par l'IUED. A noter enfin que bien avant les études sur l'Extrême Orient, l'Unité d'arabe a vu le jour en 1964 déjà. Pour en savoir plus: |
2003