2014

Une démographie au cœur de l’humain

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L’Institut d’études démographiques et du parcours de vie (I-DEMO, Faculté des Sciences de la Société) marque la fin de l’été en proposant un éclairage sur le paradoxe d’une science dure au cœur de l’humain, le 29 août à Uni Mail.

La démographie, par ses outils rigoureux, est connue comme une des sciences «dures» parmi les sciences sociale. Elle se fonde sur des événements clairement identifiés et mesurables - les naissances, les mariages, les décès et autres seuils qui jalonnent les trajectoires de résidence et d’activité. Des méthodes statistiques de plus en plus sophistiquées permettent d’analyser les facteurs associés à la diversité des situations, mais aussi de concevoir les événements dans une perspective de trajectoire de vie. Toutefois, paradoxalement, plus les outils deviennent pointus et élaborés, plus l’humain semble échapper.

Dans la ligne du paradigme de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD 1994), renouvelé à l’occasion de son vingtième anniversaire, il s’agit de «remettre l’individu au centre de la pyramide démographique». Parallèlement, la démographie a donc développé des observatoires de terrain et s’est ouverte aux méthodes qui prennent en compte les sources d’inégalités, la complexité du vécu réel des gens, leurs perceptions et stratégies.

Pour cette rentrée universitaire, I-DEMO a invité deux collègues chercheuses à l’Institut national d’études démographiques (INED, Paris) qui représentent des tendances particulièrement originales et créatives de cette démographie au cœur de l’humain.

Eva Lelièvre. "Les contours flous et prometteurs d’une discipline"

Une meilleure observation des parcours individuels à travers les questionnaires biographiques a mis en lumière une réalité complexe qui a conduit à revoir les catégories démographiques et développer de nouveaux outils. Les transitions de l’existence ne sont pas simplement marquées par un événement, les changements d’états ne sont pas associés de façon univoque à une seule date. Des étapes intermédiaires, des allers et retours, méritent d’être pris en considération et posent la question de la définition des seuils et des statuts. Mais ces histoires individuelles s’inscrivent aussi dans des temps collectifs. Les nombreux liens qui unissent les générations, circonscrivent un réseau familial flou, une nouvelle famille étendue - la famille-entourage - fondée sur des relations complexes de proximité et de solidarité. La prise en compte du flou qui résulte d’une combinaison décalée de l’espace et du temps a donc ouvert un champ de recherche foisonnant.

Véronique Hertrich. " Ces femmes qui nous interpellent"

Questions de genre et de démographe au Mali Fécondité élevée, mariage précoce, système patriarcal d’un côté, indicateurs de développement au plus bas des échelles internationales de l’autre, contraintes écologiques considérables enfin: les populations rurales sahéliennes peuvent être approchées en termes de vulnérabilité et de permanences. Mais cette lecture s’avère partielle et réductrice dès lors que l’on ressert la focale sur ces sociétés, en s’intéressant aux pratiques et aux discours des individus en présence. L’apport d’une enquête suivie à petite échelle est précisément d’observer sur le temps long les logiques à l’œuvre avec des outils adaptés. Ce rapport direct au terrain et aux acteurs oblige à revoir les grilles d’interprétation, à repenser les rapports de causalité et la signification de nos catégories d’analyse. Je développerai la question en confrontant regards et analyses sur différents pratiques qui mettent en jeu l’autonomie (ou la vulnérabilité) des femmes: les migrations de travail adolescentes, le recours au mariage légal et au divorce.


UNI MAIL, salle R060
VENDREDI 29 AOÛT à 18h 

20 août 2014
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