26 janvier 2023 - Jacques Erard
«Nous sommes dans un moment clé pour prioriser l’approche One Health»
En réponse à un mandat du Département fédéral des affaires étrangères, le Geneva Science-Policy Interface, dont l’UNIGE est membre fondateur, a produit avec l’Institut de santé globale de l’UNIGE des recommandations afin de prévenir et de mieux gérer de futures pandémies.
Le chef d'équipe de la mission conjointe entre l'Organisation mondiale de la santé et la Chine sur le COVID-19, Bruce Aylward, montre des graphiques lors d'une conférence de presse au siège de l'OMS à Genève le 25 février 2020. Photo: Fabrice Coffrini / AFP
Comment prévenir l’émergence de futures pandémies et mieux répondre aux défis sanitaires et sociaux qu’elles entraînent, en tirant parti du positionnement scientifique et diplomatique de la Suisse? Le Geneva Science-Policy Interface (GSPI), dont l’Université de Genève est membre fondateur, a récemment publié avec l’Institut de santé globale de l’UNIGE un Policy brief sur cette question, résultat du travail d’une trentaine d’expert-es du monde de la recherche et des organisations internationales. Le jeudi 26 janvier, ce document fait l’objet d’une présentation à Berne auprès d’une dizaine d’offices fédéraux, à l’occasion d’une réunion organisée par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
«La relation entre science et politique est aussi nécessaire que complexe»
Le Geneva Science-Policy Interface (GSPI) a été créé en 2018 à l’initiative de l’Université de Genève, avec le soutien du Département fédéral des affaires étrangères et la participation d’institutions de recherche de pointe. Il s’agit d’une plateforme neutre qui a pour but de renforcer les interactions et les collaborations entre le monde scientifique et les acteurs de la Genève internationale. Ce travail part du principe que les décisions politiques multilatérales sur les grands défis sociétaux doivent être renseignées par des savoirs et méthodologies scientifiques.
Ces cinq dernières années, le GSPI a soutenu une dizaine de projets de collaboration entre les milieux académiques et des acteurs-trices de la Genève internationale, notamment à travers un appel à projets annuel. Plus de 300 000 francs ont ainsi été octroyés. Ce soutien est assorti d’un accompagnement personnalisé. La plateforme apporte des conseils aux scientifiques pour les aider à identifier des opportunités et des contacts au niveau politique. «Nombreux-ses sont les chercheurs et chercheuses à vouloir mettre en lien leur travail de recherche avec les grands défis sociétaux. Certain-es le font déjà extrêmement bien, mais c’est un terrain sur lequel il n’est pas simple de naviguer et qui requiert des compétences et réflexes qui ne sont souvent pas développés et soutenus dans un parcours académique typique. Notre rôle est d’aiguiller et de soutenir les personnes qui souhaitent s’impliquer à l’interface de la science et des processus de politique multilatérale», explique Nicolas Seidler, directeur exécutif du GSPI. Le renforcement des capacités et des pratiques dans ce domaine, qui sera complété à partir de cet été par une nouvelle Summer School à l’UNIGE, est indispensable dans la mesure où il existe de profondes différences de culture professionnelle entre le monde académique et le monde politique, différences qui correspondent à des rôles distincts dans la société. «La relation entre science et politique est aussi nécessaire que complexe», résume Nicolas Seidler.
Parallèlement, le GSPI développe une étude de terrain pour mieux comprendre les pratiques et enjeux d’interface science-politique relatifs à la Genève internationale, ainsi que d’autres ressources permettant aux politiques d’être informé-es des développements scientifiques. Les Policy briefs, comme celui sur One Health (lire ci-dessus) ainsi que d’autres sur la résilience aux pandémies ou les approches comportementales face au défi climatique, font partie de ces outils.