«Les troubles psychiatriques sont responsables de 13,6% des décès en Suisse, ce qui en fait la troisième cause de mortalité derrière le cancer et les maladies cardiovasculaires, précise Camilla Bellone. Ces maladies sont des affections de l’humeur, de la pensée et du comportement qui peuvent inclure la dépression, l’anxiété, la bipolarité, la schizophrénie et les troubles de la personnalité. Elles concernent directement ou indirectement une personne sur deux dans le monde et coûtent, selon certaines estimations, 5000 milliards de francs par an à la société. Elles n’épargnent pas les jeunes, bien au contraire, puisqu’elles touchent près de 15% des 10 à 19 ans. Toutefois, malgré ces statistiques alarmantes, les connaissances et les données sur les maladies psychiatriques sont lacunaires, en partie à cause de leur complexité et du fossé existant entre la recherche fondamentale et la réalité clinique.»
En rassemblant les équipes de la Faculté de médecine intéressées par ce domaine, le Centre Synapsy vise à transposer les résultats de la recherche fondamentale en neurosciences chez l’être humain en mettant en place des programmes de recherche translationnelle. Ses chercheurs et chercheuses se concentreront en particulier sur quatre fonctions cérébrales précises: la motivation, la cognition, l’éveil et la sensorimotricité. Une large palette d’outils et de technologies de pointe (dont la toute nouvelle plateforme de neurosciences cellulaires humaines au Campus Biotech, basée sur l’étude de cellules souches et d’organoïdes) est à leur disposition pour étudier le cerveau à différentes échelles, allant du niveau moléculaire au comportement des individus, en passant par les circuits neuronaux.
Le Centre Synapsy prolonge et pérennise les activités développées au sein du PRN-Synapsy. Au cours de ses douze ans de fonctionnement, ce dernier a réalisé des progrès importants en matière de collaboration (il a réuni près de 200 chercheurs et chercheuses des universités de Genève et Lausanne ainsi que de l’École polytechnique fédérale de Lausanne) tout en contribuant à orienter la recherche scientifique vers l’identification précoce des symptômes des maladies psychiatriques.
Héritage du Pôle
«L’un des principaux héritages du Pôle est d’avoir formé des chercheurs, chercheuses, cliniciens et cliniciennes capables de parler le même langage et de travailler ensemble sur des projets alliant les neurosciences fondamentales et la pratique psychiatrique, note Camilla Bellone. Les neurosciences sont ainsi entrées en psychiatrie tout comme la problématique de la patientèle a pénétré dans les laboratoires. De nombreuses recherches en neurosciences se basent désormais sur des questions cliniques. C’est un avantage essentiel qui a mis du temps à se constituer, mais qui nous permet d’avoir toutes les cartes en main pour tenter, avec le Centre Synapsy, de répondre aux questions très complexes que pose la compréhension des bases neurologiques des maladies psychiatriques.»
Le PRN a également mis sur pied un programme de formation de clinicien-nes-chercheurs/euses, ou clinician scientists, qui a formé une douzaine de professeur-es (assistant-es et associé-es) en psychiatrie compétent-es dans les deux disciplines et dans les deux cultures. Avec tous les étudiants, les étudiantes et les postdocs qui gravitent autour, cela forme désormais une petite communauté de très haut niveau qui va croître et essaimer, et qui place les universités de Genève et de Lausanne au sommet mondial dans ces domaines.
Le Centre Synapsy poursuivra cet effort en créant un environnement de pointe propice aux collaborations afin de soutenir la recherche neuroscientifique fondamentale et clinique et d’encourager les programmes éducatifs pour aider les clinicien-nes à développer leurs compétences en neurosciences.
«Les personnes concernées par des troubles mentaux, les jeunes en particulier, sont victimes d’une stigmatisation tenace, précise Camilla Bellone. Elle peut conduire à une discrimination et retarder considérablement l’accès aux services de soins ou à une aide adéquate. Afin d’amoindrir le sentiment de honte associé à ces troubles mentaux, le Centre Synapsy s’efforcera de transmettre au grand public, mais aussi aux milieux de la santé, de la recherche et de la politique, les connaissances issues de la recherche et de la clinique. Il développera pour cela une plateforme de diffusion d’information vulgarisée, entretiendra une relation étroite avec les médias et organisera des événements de sensibilisation.»
Le Centre Synapsy regroupe aujourd’hui une communauté de chercheurs/euses répartie entre les universités de Genève et de Lausanne et l’EPFL. Elle est regroupée sous la bannière du «Synapsy network».