16 février 2023 - Melina Tiphicoglou
Leadership féminin: un programme pour casser le plafond de verre
Le programme H.I.T est une formation nationale réservée aux meilleures professeures de Suisse aspirant à rejoindre des postes de direction. Six professeures de l’UNIGE ont été sélectionnées pour y participer en 2023.
Illustration: R. Crameri
Six professeures de l’UNIGE ont été sélectionnées pour participer au programme H.I.T (pour «High Potential University Leaders Identity & Skills Training Program – Inclusive Leadership in Academia»), une formation nationale visant à former spécifiquement les femmes professeures afin qu’elles assument davantage de postes de leaders – directrice, doyenne, rectrice – académiques. «On sait que pour rompre le plafond de verre, il faut intervenir à trois niveaux: individuel, systémique et sociétal, explique Juliette Labarthe, directrice du Service égalité & diversité de l’UNIGE. Le programme H.I.T cherche à agir au niveau individuel. De telles initiatives, qui complètent le soutien que l’on propose au niveau institutionnel (Subside tremplin, Mentorat relève, Réseau romand de mentoring et Professeures), permettent de faire bouger les lignes. Plusieurs femmes devenues notamment doyennes rapportent qu’elles n’auraient jamais pensé à postuler si on ne les avait pas encouragées.»
Les six professeures lauréates de l’UNIGE sont :
Tina Ambos – GSEM
Professeure ordinaire de gestion internationale et directrice du Centre pour l’innovation et les partenariats
Enrica Bordignon – Faculté des sciences
Professeure ordinaire au Département de chimie physique
Muriel Cuendet – Faculté des sciences
Professeure associée, Section des sciences pharmaceutiques, groupe de pharmacognosie
Isabella Eckerle – Faculté de médecine
Professeure associée, Département de médecine, Service des maladies infectieuses, groupe virus émergents, coresponsable du Centre des maladies virales émergentes
Caroline Samer – Faculté de médecine
Professeure associée, Département d’anesthésiologie, pharmacologie, soins intensifs et urgences (UNIGE), médecin-cheffe du Service de pharmacologie et toxicologie cliniques (HUG)
Dina Zekry – Faculté de médecine
Professeure associée, Département de réadaptation et gériatrie (UNIGE), médecin-cheffe du Service de médecine interne de l’âgé Trois-Chêne (HUG)
Comment se manifestent les biais inconscients
Chargée de cours en psychologie sociale à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, la docteure Klea Faniko est spécialiste dans le domaine des biais de genre. Selon elle, ces biais fonctionnent comme des raccourcis mentaux, des schémas de pensée trompeurs ou faussement logiques. Ils sont des mécanismes qui permettent de simplifier, d'organiser et de donner un sens à son entourage social. Ils influencent les perceptions sur les autres, mais aussi sur soi-même.
Les psychologues distinguent les biais cognitifs explicites des biais cognitifs implicites. Les premiers se réfèrent à des croyances entretenues plus ou moins consciemment et généralement assumées, voire revendiquées. Par exemple en affirmant que les femmes sont plus aptes à élever des enfants qu’à occuper des postes à responsabilité. Dans une volonté de se montrer politiquement correctes, certaines personnes contrôlent ou censurent ce genre de biais dans leur discours. Quant aux biais implicites, ils font référence aux associations ou aux réactions dont les individus sont souvent inconscients. Cela se manifeste, par exemple, lorsque l’on demande à des enfants anglophones de dessiner «a scientist» et qu’ils/elles vont, de manière prépondérante, coucher sur le papier une silhouette masculine. Dans ce cas, les enfants n’ont pas de contrôle sur leur biais.
Qu’en est-il dans le monde académique? «Lors d’une procédure de recrutement, une candidate âgée d’une trentaine d’années pourra provoquer la crainte inconsciente, chez les évaluateurs et évaluatrices, que ses préoccupations familiales puissent prendre le dessus sur son travail scientifique, ou que ses capacités pour diriger des équipes ou gérer des fonds ne sont pas suffisantes», explique Klea Faniko. Nous parlons souvent de biais de genre, mais il en existe d’autres liés à des appartenances groupales – comme l’origine ethnique, le parcours professionnel ou scolaire –, qui peuvent provoquer des attitudes défavorables envers certains individus et inciter à avoir une préférence pour les personnes du même groupe lors des processus de recrutement.