Parmi les revues présentées, toutes issues de la collection «Michel Froidevaux» (lire l’article «Collectionner l’intime»), une place particulière a été donnée au magazine romand 360° qui fête cette année ses 25 ans d’existence et dont l’intégralité des numéros – y compris le dernier opus sorti en mai – est exposée. «En présentant chronologiquement la diversité des couvertures, l’exposition propose une vision iconographique des représentations des homosexualités, notamment masculines, à travers les dernières décennies, relève Ferdinando Miranda, directeur exécutif du CMCSS. Ces unes permettent également de visualiser l’émergence et l’évolution du champ des ‘droits sexuels’ avec les années ou la manière dont les questions sexuelles se croisent aujourd’hui avec les enjeux ethniques ou les questions environnementales, entre autres.»

Prendre place dans une bibliothèque universitaire

Chaque magazine peut être feuilleté librement. Un document complète l’exposition indiquant la liste des revues à découvrir qui sont toutes accompagnées d’un code QR qui renvoie à leur notice swisscovery. «La volonté était aussi de montrer le travail documentaire réalisé autour de ces ressources, précise Pauline Guex, chargée de projets au CMCSS. Quand ces revues ont intégré notre bibliothèque universitaire, un important processus de catalogage et d’indexation a été réalisé afin qu’elles puissent être mises à la disposition du public.» Toute la scénographie joue d’ailleurs avec l’architecture des espaces occupés par le CMCSS, une ancienne bibliothèque. «En donnant concrètement une place à la presse issue des communautés en lien avec les diversités sexuelles et de genre au sein des rayons d’une bibliothèque, l’exposition est une invitation à réfléchir à ces documents et à en faire des sources de recherche, de formation, d’information et de réflexion», explique Ferdinando Miranda.

Parmi la trentaine de revues présentées, essentiellement des revues homosexuelles masculines, seuls deux titres sont encore édités aujourd’hui, Têtu et 360°. Si la plupart d’entre elles constituaient les organes de presse des associations et des mouvements militants, certaines ont été commercialisées et vendues en kiosque dès les années 1980. «Leur contenu permet de comprendre l’évolution des habitudes au sein des communautés homosexuelles, relève Ferdinando Miranda. La toute première revue gay suisse, Der Kreis (Le Cercle), date des années 1930. Elle permettait à des intellectuels homosexuels zurichois d’échanger, entre autres, autour de l’art et de la littérature, alors que les magazines des années 1980 commencent à proposer à leurs lecteurs/trices des petites annonces et des cartographies de lieux de rencontres.» Des petites annonces qui étaient fondamentales, selon Pauline Guex: «Ces revues ne sont pas uniquement constituées d’idées et de réflexions issues des mouvements militants, elles représentent également des espaces de rencontres, de fête, de drague et des lieux de connexion. Leurs dimensions spatiale, géographique et matérielle sont extrêmement importantes, comme leur rôle de mémoire individuelle et collective.» 

Vernie le 17 mai dernier à l’occasion de la journée anniversaire en l’honneur de la suppression de l’homosexualité de la liste internationale des maladies par l’Organisation mondiale de la santé en 1990, l’exposition Presse gaie propose plusieurs visites guidées sur inscription.