16 mai 2024 - Jacques Erard

 

Vie de l'UNIGE

Des handicaps invisibles enfin sortis de l’ombre

Le Service santé des étudiant-es de l’UNIGE organise, en collaboration avec l’association Autisme Genève, trois journées de sensibilisation aux handicaps invisibles, le temps d’un circuit immersif à Uni Mail.


 

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Du 22 au 24 mai, Uni Mail accueillera une action de sensibilisation aux handicaps dits invisibles. Cette notion recouvre une série de troubles du neurodéveloppement, et en particulier le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (le TDA/H), les troubles spécifiques des apprentissages (la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, etc.) ainsi que les troubles du spectre de l’autisme (TSA). Cette action s’inscrit dans le cadre d’un programme national mis sur pied à l’occasion des 10 ans de la ratification par la Suisse de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).

 

«Depuis quelques années, nous observons une forte croissance d’étudiant-es porteurs/euses de ces diagnostics, non seulement parce que les critères se sont élargis, mais également parce que ces troubles sont aujourd’hui beaucoup mieux détectés qu’ils ne l’étaient auparavant», indique Arnaud Pictet, psychologue responsable du Service santé des étudiant-es de l’UNIGE. Même si les spécialistes de l’UNIGE retiennent l’appellation de «handicap», puisqu’ils comportent des aspects très invalidants pour les étudiant-es qui en sont affecté-es, ces troubles sont désormais regroupés sous le terme générique de «neuro-diversité» afin de rendre compte du fait qu’ils se caractérisent par une organisation cérébrale particulière, plutôt que de les considérer sous le seul prisme de la pathologie et de la déficience. Les étudiant-es neuro-atypiques représentent environ 10% de la population étudiante et l’Université se doit de leur offrir un environnement accessible.

«Les étudiant-es avec un TDAH, un trouble dys ou un TSA ont certes des difficultés parfois significatives à réaliser des tâches qui paraissent évidentes à d’autres, constate Arnaud Pictet. Mais ils/elles ont également des ressources et des capacités très importantes, en plus d’un courage et d’une détermination à toute épreuve qui leur ont permis d’atteindre le stade des études universitaires.» Le principal obstacle auquel se heurtent ces jeunes est bien souvent la méconnaissance, les préjugés et parfois les attitudes d’exclusion qui en découlent. D’où la pertinence de ces journées de sensibilisation destinées aux enseignant-es ainsi qu’aux autres étudiant-es afin de les rendre attentifs aux difficultés qui handicapent les personnes porteuses de ces troubles dans le cours de leurs études, en dépit d’une intelligence tout à fait normale voir supérieure.

Les étudiant-es avec un TDAH ont par exemple du mal à se concentrer pendant les cours, à planifier et organiser leurs révisions, à gérer leur temps. Celles et ceux avec des troubles d’apprentissage dans le domaine de la lecture, connus sous le terme de “dyslexie”, vont devoir mobiliser davantage de ressources pour lire, ce qui peut rendre l’exercice plus lent et très fatigant. Pour les étudiant-es porteurs d’un TSA, enfin, c’est dans le champ des interactions sociales que les choses se compliquent. Elles/ils auront du mal à engager et à maintenir la conversation avec les autres personnes, à interpréter des signaux sociaux tels les expressions faciales ou le ton de la voix, et à comprendre les normes qui définissent les actions appropriées au sein de leur groupe de pair-es.

Plusieurs dispositifs ont été mis en place ces dernières années afin de faciliter l’accueil de ces étudiant-es. Le Service santé des étudiant-es propose ainsi depuis 2020 un dispositif des «Besoins particuliers» qui permet aux personnes concernées de bénéficier d’aménagements lors des évaluations. Ces aménagements peuvent par exemple constituer en une prolongation du temps accordé pour la passation d’un examen, à une tolérance pour les fautes d’orthographe ou encore à la possibilité de passer l’examen dans une salle en étant isolé-e. Les demandes d’aménagements sont évaluées par une commission d’experts de la santé puis ceux-ci sont mis en œuvre par les facultés et les centres inter-facultaires à la condition qu’ils soient jugés «raisonnables» aux vues des difficultés de l’étudiant-e et des contraintes matérielles et logistiques auxquelles font face les facultés.  

Au-delà des apparences
Du 22 au 24 mai
Hall d’Uni Mail

 

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