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Louise Artus-Perrelet

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ca1929, BGE

Les AIJJR ont reçu les archives privées de Louise Artus-Perrelet, peintre, sculptrice et enseignante de dessin à l’Institut Rousseau. Conservées dans d'imposantes malles de voyage, ces sources se révèlent très précieuses pour l’histoire des femmes, de l’art et de l’éducation au XXe siècle, comme en témoignent les quelques exemples illustrant cette fiche biographique rédigée par Martine Ruchat.

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Malle de L. Artus-Perrelet en provenance du Brésil (collection privée)

Contrairement à ce qu'affirment certaines notices biographiques, Louise Perrelet (1867-1946) n’est pas née dans le château de Valangin mais probablement dans le village de Valangin Boudevillier où son père, Paul-Aimé, était pasteur. Sa mère, Rose-Julie est née Rosselet. Le couple et leurs enfants (Paul Henri, Rose Marguerite, Louise et Hedwige Rose) s'installent à Genève lorsque Louise a onze ans. Son père officie à l’Église de l’Oratoire. Après avoir suivi quelques cours de biologie et de littérature, Louise s’oriente vers l’art et entre aux Beaux-Arts, où elle se distingue par des prix, notamment dans la classe de Barthélémy Menn. Puis, elle se passionne pour l’enseignement - prenant ainsi la suite de son maître - et pour les arts décoratifs, ce qui lui permet de développer notamment la notion de rythme et de mouvement dans le dessin.

En 1893, elle épouse le peintre Carougeois Marc-Émile Artus. Leur fils, Jean Artus, occupe le poste de fonctionnaire à la Société des Nations, puis devient professeur au collège Calvin et surtout Bellelettrien.

Louise s’intéresse au dessin dans une perspective à la fois didactique, esthétique et mystique. Une forme d’engagement pour une éducation à la vie dans la tradition de l’éducation nouvelle. Lors de conférences publiques, elle diffuse sa conception du rôle du dessin dans le développement de l’enfant et dans les apprentissages, tout en enseignant à l’École supérieure de jeunes filles (de 1908 à juillet 1933) et pour les enfants de 5 à 8 ans de l’école de la Cour Saint-Pierre dirigée par Melle H. Delétra, place du Bourg-de-Four 10.

 

 

jeu de familles dessus boite.jpgCouvercle de la boîte du Jeu de familles, s.d. (AIJJR/LoAP)

 

 

 

jeu de familles dessous boite.jpgFond de la boîte du Jeu de familles, s.d. (AIJJR/LoAP)

 

 

jeu des lignes spirale recto.jpgCarte de la spirale excentrique du Jeu des lignes (recto), s.d. (AIJJR/LoAP)

 

 

jeu des lignes spirale verso.jpgCarte de la spirale excentrique du Jeu des lignes (verso), s.d. (AIJJR/LoAP)

 

En 1912, elle rejoint l’Institut J.J. Rousseau, dont elle partage les valeurs centrales de l’éducation nouvelle : l’observation de la vie et l’approche scientifique et naturaliste. Elle en dont elle dessine le logo et y enseigne jusqu’à sa retraite.

cours decoration I_couverture cahier.jpgCouverture du cahier du cours de Décoration I, s.d. (AIJJR/LoAP)

 

cours decoration I_intérieur cahier.jpgPages du cahier du cours de Décoration I, s.d. (AIJJR/LoAP)

En 1917, elle publie, chez Delachaux et Niestlé, un livre majeur sur la « philosophie de la ligne », Le dessin au service de l’éducation. Le succès est tel que l'ouvrage est réédité à cinq reprises et traduit en allemand, anglais, espagnol, italien, et portugais entre 1921 et 1935, ce qui lui assure une certaine notoriété notamment au Brésil.

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Edition 1930 (FPEA 4195)

En complément de ce livre, elle développe des jeux constructifs qui composent la Boîte Artus, éditée en 1919 par l’Institut J.-J. Rousseau. Rapidement épuisée, elle n'est rééditée qu'au Brésil.

 

boîte artus planche 6 recto.jpgPlanche 6 recto de la Boîte Artus, s.d. (AIJJR/LoAP)

 

 

boîte artus planche 6 verso.jpgPlanche 6 verso de la Boîte Artus, s.d. (AIJJR/LoAP)

 

 

boîte artus planche 7 recto.jpgPlanche 7 recto de la Boîte Artus, s.d. (AIJJR/LoAP)

 

 

boîte artus planche 7 verso.jpgPlanche 7 verso de la Boîte Artus, s.d. (AIJJR/LoAP)

 

En 1940, elle achève l'écriture de La section d’or, un non moins important et imposant essai, débuté en 1924 et inédit à ce jour.
 

 

section d'or_enveloppe.jpgEnveloppe en tissu du manuscrit La Section d'or, 1941 (AIJJR/LoAP)

 

 

section d'or_page1.jpgExtrait du manuscrit La Section d'or, 1941 (AIJJR/LoAP)

 

Louise Artus-Perrelet multiplie les engagements artistiques et féministes dont les journaux locaux rendent compte : conférences sur le dessin, créations pour le théâtre, participations associatives (L’instruction par l’image, Union des femmes pour le suffrage féminin, Association des femmes peintres et sculpteurs).

Aidée par le médecin Léon Weber-Bauler, elle invente le chromophone, un appareil de projections lumineuses utilisé notamment par Émile Jacque-Dalcroze pour son spectacle Jeanne des fleurs en 1919 et pour la Fête de la jeunesse et de la joie en 1923. Cette technologie innovante fait abondamment parler d’elle dans la presse.

Elle construit une philosophie de vie qui mêle les rythmes, les sons, les images et évidemment le geste de dessiner. Une conception proche de celle du fondateur de l’Institut J.-J. Rousseau, Édouard Claparède, pour qui le dessin est plus qu’une technique  : un art de vivre. Comme Émile Jaques-Dalcroze, elle considère aussi le dessin comme un art musical et pictural dont elle développe les canons et les méthodes dans la continuation de Barthélémy Menn.

En 1929, elle part rejoindre Hélène Antipoff au Brésil, dans son école de perfectionnement, pour y enseigner le dessin pendant deux ans. Elle y retourne en octobre 1932 pour une année. Elle a de nombreux admirateurs et admiratrices qui lui assurent une certaine notoriété dont la journaliste Regina Frota Pessoa et un de ses élèves suisses, Jean-Pierre Chabloz (mari de la journaliste en secondes noces), qui s’installe au Brésil en 1940.

 

 

jugos educativos 1è série.jpgBoîte de jeux éducatifs éditée au Brésil, 1è série, s.d. (AIJJR/LoAP)

 

 

jogos educativos 2è série_page1.jpgNotice de la 2è série des jeux éducatifs éditée au Brésil, s.d. (AIJJR/LoAP)

 

Pendant sa carrière, Louise a donné des conférences à Paris, Amsterdam, Bruxelles, Prague ou Munich selon l’article du critique d’art Georges G. Schoder, paru dans la Semaine de la femme du 10 février 1940 et intitulé Nos célébrités pédagogiques. Louise Artus-Perrelet a aussi influencé Ginette Martenot qui s’est inspirée de son enseignement et de sa philosophie de la ligne.

jeux musicaux marthenot.jpgNotices des Jeux musicaux Martenot, s.d. (AIJJR/LoAP)

Informations complémentaires

Les documents mis en ligne sont téléchargeables en cliquant dessus. Leur cote doit être indiquée s'ils sont cités et/ou reproduits.

L'inventaire et les documents du fonds Louise Artus-Perrelet (LoAP) seront prochainement mis à disposition des chercheur.e.s.

Pour en savoir plus

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