Campus n°105

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n°105 septembre-novembre 2011
Dossier | peur

Le courage Des Suisses

L’indice général de peur est stable depuis trois ans et se situe à un niveau relativement bas. C’est la menace écologique qui suscite le plus de craintes. Les Romands se montrent également plus anxieux que les Alémaniques

La majorité des Suisses (57%) estime être plus courageux que la moyenne. Mais ils sont moins nombreux qu’une année auparavant (63%). Tel est un des résultats obtenus par le dernier sondage sur les peurs helvétiques réalisé chaque année par l’Institut de recherche gfs-Zurich et publié en novembre 2010. Toujours selon cette enquête, 34% de la population évaluent leur anxiété comme étant équivalente à la moyenne nationale tandis que seulement 8% se considèrent plus peureux que la moyenne. Ce biais positif dans l’autoévaluation, même s’il s’érode depuis 2009, démontre que les Suisses affichent encore une belle assurance. L’étude, menée sur un échantillon de 1000 personnes, précise que cette impression de pouvoir faire face à une menace dépend fortement des ressources financières, des connaissances et du niveau social des sondés.

En plus de cette autoévaluation, l’institut de sondage a également mesuré, comme il le fait depuis plus de trente ans, le «baromètre de la peur» des Suisses. Un baromètre au spectre général et dont les résultats ne correspondent pas forcément aux préoccupations politiques évoquées dans l’article précédent (lire en page 18). En voici les principaux résultats.

La plus grande menace perçue par les Suisses est de nature écologique. L’intensité de la peur à son encontre est estimée à 5,2 sur une échelle allant de 1 à 10. Cette note représente elle-même une moyenne entre plusieurs indicateurs plus spécifiques. Le premier, la pollution de l’air et de l’eau et les changements climatiques, se trouve être également la principale peur des Suisses. Il est accompagné par les craintes concernant le génie génétique, la contamination nucléaire, la dégradation du paysage et l’épuisement des ressources énergétiques.

Les peurs qui ont le plus progressé en un an sont celles concernant le surendettement (+0,28), de perdre son emploi (+0,27), de la solitude (+0,21), de subir un accident grave ou devenir invalide (+0,21) et de perdre son logement (+0,18). Dans leur ensemble, les craintes socio-économiques ont légèrement augmenté depuis 2008 mais l’indice général qui les rassemble demeure, malgré la crise économique mondiale, en cinquième position (sur six), derrière l’écologie, l’intégrité physique, l’érosion culturelle et l’aliénation. La marche est fermée par la peur de la solitude.

Les préoccupations qui ont le plus reculé depuis 2009 sont le sentiment que les étrangers sont trop nombreux (-0,38), la déchéance morale (0,30), la criminalité (-0,25), la dépendance croissante de la société à l’économie (-0,21) et la récession (-0,19). Mais il faut préciser que les trois premiers de cette liste étaient aussi les indicateurs qui avaient le plus augmenté entre 2008 et 2009. On voit donc apparaître une «normalisation» de ces craintes.

Les Suisses romands ont en moyenne manifesté davantage d’anxiété que les Alémaniques, les femmes davantage que les hommes et les revenus élevés davantage que les salaires modestes.

Un sondage similaire devrait paraître cet automne encore.