Prévoir l’imprévisible
Même si, à l’échelle de la planète, la croissance de la population est appelée à se poursuivre pendant quelques décennies, de nombreuses projections annoncent, à terme, un déclin de l’espèce humaine. Le point avec nos expert-es.
Alors qu’en Afrique, les grands moyens sont déployés pour limiter les naissances, la Chine appelle aujourd’hui ses concitoyens à faire davantage d’enfants, tandis que le monde occidental se prépare à faire face aux nombreux défis que soulève le vieillissement de sa population. En dépit des difficultés que suppose toute projection à long terme, les démographes s’efforcent de réunir un maximum de données sur les différents futurs possibles en vue d’anticiper ce qui peut l’être. Explications avec Philippe Wanner, professeur à l’Institut de démographie et socioéconomie (Faculté des sciences de la société).
Campus : L’an dernier, la revue « The Lancet » a publié une étude annonçant un déclin de la population mondiale à partir de 2064 et une chute du nombre d’habitants de plus de 50 % dans une vingtaine de pays comme le Japon, l’Espagne, l’Italie, le Portugal ou la Thaïlande. Quel crédit accordez-vous à ces prévisions ?
Philippe Wanner : Ce qui semble certain, c’est qu’à terme, on va arriver à une stabilisation de la population mondiale, avant d’entrer dans une phase de déclin. Maintenant, prévoir quand cela va se produire est une chose très difficile.
Pourquoi ?
Les facteurs qui expliquent l’évolution d’une population sont la mortalité, la fécondité et les flux migratoires. Tous trois répondent à des modèles sociaux ou biologiques plutôt rigides : la migration s’effectue le plus souvent à la période de l’entrée aux âges adultes, la mortalité d’une population
s’accroît exponentiellement avec l’âge, la fécondité concerne une tranche limitée de la vie d’une femme. En apparence, il semble donc plus facile de prévoir l’évolution d’une population que, par exemple, celle de la conjoncture économique, les tendances environnementales, le développement d’une épidémie ou les conditions atmosphériques. Pourtant, force est de constater que tous les modèles démographiques élaborés jusqu’ici se sont avérés incorrects. Ainsi, en 1924, alors que les grandes questions démographiques contemporaines émergeaient progressivement, Raymond Pearl, un démographe américain, estimait à 1,9 milliard le nombre d’individus qui vivraient en 2000. Deux décennies plus tard, un autre expert, Frank Notestein, travaillant pour le compte de la Société des Nations, chiffrait à 3,3 milliards cet effectif. Il a fallu attendre 1985 pour établir un pronostic « correct » (moins de 1 % d’erreur) de l’état de la population en l’an 2000, soit 6 milliards. Et encore, ce « succès » est en partie dû aux ravages de l’épidémie de sida qui ont contrebalancé la croissance démographique des années 1990 et que personne n’avait anticipée.
Vous évoquez un inévitable déclin de la population humaine. Est-ce qu’il pourrait aller jusqu’à la disparition de l’espèce ?
Si l’ensemble de la planète se rapproche du taux de fécondité qui est actuellement celui des pays occidentaux, cela ne suffira pas à renouveler la population qui, à partir de là, va se mettre à décroître très rapidement. Mais on ne sait pas à quel moment on y arrivera ni à quel rythme et on sait encore moins quelle sera la réponse de l’humanité. Est-ce qu’on va tout simplement disparaître naturellement ou est-ce qu’il y aura des adaptations, un retour à des valeurs plus traditionnelles qui vont changer nos comportements ?
Quel est votre point de vue sur la question ?
La réponse est difficile à formuler. Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, on avait déjà l’impression qu’il y aurait de moins en moins d’enfants et puis on s’est retrouvé face à un baby-boom que personne n’avait vu venir. Tout cela parce que le comportement humain reste hautement imprévisible. Nul ne sait donc aujourd’hui quelle sera l’attitude des femmes qui vont naître au cours des prochaines décennies en matière de fécondité.
Est-ce à dire que les démographes sont condamnés à l’approximation ?
Malgré leur simplicité apparente, la mortalité, la fécondité ou les flux migratoires sont des phénomènes qui sont difficiles à percevoir et à quantifier précisément, surtout lorsqu’on se projette dans l’avenir et qu’on cherche à évaluer la situation de manière globale. Pour ce qui est de la mortalité, par exemple, nous sommes confrontés à une série d’incertitudes par rapport à certains contextes dans lesquels il existe une mortalité infantile qui est encore relativement importante, comme en Afrique. Et selon l’évolution de celle-ci, le dynamisme démographique sera très variable.
Qu’en est-il pour la fécondité ?
On a déjà de la peine à estimer quelle sera la fécondité des jeunes femmes qui arrivent aujourd’hui au début de leur vie reproductive. Alors on sait encore moins comment vont se comporter les enfants de ces jeunes femmes. On parvient plus ou moins à estimer l’évolution d’une population pour les dix à quinze années à venir. Au-delà, les projections sont incertaines car des lacunes persistent dans les connaissances dont on dispose en matière de fécondité dans des contextes comme celui de l’Afrique ou de la Chine. On en est donc réduit à se baser sur des hypothèses. Et la seule manière de vérifier leur pertinence, c’est d’attendre de voir ce qui se passe.
Si tous les modèles sont faux, à quoi bon s’évertuer à faire des prévisions ?
Connaître l’avenir et disposer à l’avance de données sur la population et sa structure, c’est avant tout s’octroyer les moyens de faire correctement face aux défis qui nous attendent. Devant les questions que suscitent la migration, le vieillissement de la population et ses conséquences sur la prévoyance vieillesse, ou la baisse de la fécondité, des données couvrant l’ensemble des futurs possibles sont indispensables.
Du point de vue d’un démographe, existe-t-il une situation idéale ?
Que la population soit en croissance ou en déclin n’est pas essentiel d’un point de vue démographique. Ce qui importe surtout c’est d’avoir une situation stable dans laquelle la pyramide des âges ne modifie pas sa forme. La Suisse, qui connaît une croissance modérée de sa population, avec une évolution régulière et harmonieuse de toutes les tranches de sa population, n’est pas loin de ce cas de figure. Lorsqu’il y a des accidents démographiques, il faut adapter rapidement les structures de la société, par exemple en ouvrant ou en fermant des écoles, et faire face à des phases avec des taux de chômage élevés parce qu’il y a des gens qui entrent sur le marché du travail alors que l’économie n’est pas prête.
Quelle est la situation de la démographie mondiale à l’heure où nous parlons ?
Au niveau global, la fécondité est dans une phase de diminution mais le phénomène est très lent, ce qui fait que la pyramide des âges conserve sa forme triangulaire. L’inertie propre à ce genre d’évolution est telle que le nombre de mères potentielles continue à augmenter régulièrement et que la croissance démographique est donc appelée à se poursuivre. À l’échelle des continents ou des régions, cependant, les inégalités sont très fortes.
C’est-à-dire ?
Certaines régions comme l’Amérique du Nord se trouvent dans une situation de relatif équilibre dans la mesure où elles parviennent à maintenir une fécondité assez élevée par le biais de l’immigration. L’Afrique, de son côté, conserve une forte natalité mais on va probablement assister malgré tout à un ralentissement de la croissance de la population. Il y a aujourd’hui sur ce continent un nombre d’enfants très élevé qui survivent beaucoup plus longtemps qu’il y a 50 ans. Mais une fois adultes, ils feront probablement moins d’enfants que leurs parents. Ce qui est difficile à estimer, c’est le temps que cela prendra : une, deux, trois générations ? À l’inverse, en Europe, on se trouve face à une majorité de pays en situation de déclin démographique, avec un vieillissement de la population qui va en s’accélérant. La situation est assez préoccupante en Ukraine, en Moldavie ou en Roumanie, notamment, où la décroissance économique liée à la baisse du nombre d’actifs partis chercher un meilleur travail ailleurs va de pair avec une population grandissante de grands-parents dont la situation se précarise de plus en plus.
C’est le même type de constat qui a poussé, en mai dernier, les autorités chinoises à relever à trois le nombre d’enfants autorisés par couple. Quels effets peut-on attendre d’une telle mesure ?
Si les Chinois se mettent effectivement à suivre les injonctions de leur gouvernement, il est certain que cela va relancer de manière assez importante la natalité mondiale. Je ne suis toutefois pas convaincu que les choses se passent ainsi. En 2016, la suppression de la politique de l’enfant unique n’a pas été suivie par un boom démographique. Il est peut-être encore trop tôt pour se faire une idée définitive sur l’effet de ces politiques mais si on regarde la société chinoise actuelle, on voit qu’elle est largement orientée vers la consommation et vers un mode de vie « à l’occidentale ». Dans un tel contexte, ce qui va décider les familles à faire davantage d’enfants ou pas, ce ne sont pas les arguments du gouvernement mais le fait de pouvoir vivre décemment et de conserver la perspective de s’enrichir. Et on sait qu’en règle générale, plus les gens deviennent riches, moins ils ont d’enfants.
À vous entendre, le capitalisme serait bien plus efficace que les politiques antinatalistes pour freiner la croissance de la population…
Si on compare la situation de la Chine à celle de ses voisins depuis les années 1980, on constate que les pays de la région qui n’ont pas mis en place de politique coercitive mais qui se sont ouverts au modèle capitaliste ont connu une fécondité similaire. Quand vous vivez à la campagne et que vous êtes pauvre, les enfants peuvent en effet représenter une source de revenu. Par contre, lorsque vous habitez en ville, que vous travaillez dans une usine ou un bureau, ils deviennent une charge. En d’autres termes, le fait de transiter par un modèle où le profit personnel est mis en avant conduit presque automatiquement à un changement dans le rôle parental et à une limitation de la fécondité. C’est ce qu’on a vu après la chute du mur de Berlin dans l’ancienne Europe de l’Est, parce que pour les nouvelles générations qui étaient en concurrence les unes avec les autres pour s’insérer dans le marché du travail, avoir une famille nombreuse constituait soudain un risque qui pouvait vous empêcher de réussir.
Une telle évolution ne risque-t-elle pas d’accentuer le clivage entre villes et campagnes, sachant que dans un pays comme la Suisse, par exemple, 85 % de la population vit déjà en milieu urbain ?
Du fait de leur structure économique et des opportunités qu’elles offrent, les grandes capitales ont en effet une forte attractivité, tandis que les campagnes ont tendance à se désertifier. Et cette dynamique est en train de s’accélérer sans qu’il existe de réelles échappatoires. Mais là encore il y a de fortes disparités. En Albanie, par exemple, il y a eu d’importants déplacements de population pendant l’époque communiste en vue de repeupler les campagnes. Mais sitôt que le régime est tombé, on a vu de très nombreux jeunes se rendre dans les grandes villes du pays que sont Tirana ou Durrës où il était possible de trouver du travail et des opportunités pour préparer une éventuelle migration internationale. Résultat : les régions rurales se sont considérablement paupérisées avec une productivité qui a chuté parce que les jeunes ne sont plus là. La tendance n’est donc pas très positive mais des alternatives sont possibles.
Lesquelles ?
Dans le cas de la Suisse, par exemple, la décentralisation permet aux cantons ruraux de jouer sur leurs atouts pour s’en sortir en développant des centres de compétences, en implémentant des industries, en soutenant certains secteurs économiques, en développant des infrastructures touristiques ou résidentielles. Dans ce type de contexte, beaucoup de gens réalisent que ne pas s’entasser dans des villes fait aussi un peu partie de la nature humaine et qu’on le fait souvent plus par nécessité que par choix. On assiste donc à une sorte de repeuplement des campagnes par ceux qu’on appelle les « néo-ruraux ».
Le développement d’outils technologiques qui facilitent les communications et rendent possible le télétravail contribue-t-il à renforcer cette tendance ?
En Suisse, on voit de plus en plus de migrants hautement qualifiés vivre à l’hôtel deux jours par semaine et rentrer en Roumanie ou en Slovaquie pour faire du télétravail le reste de la semaine. De la même façon, de nombreux médecins polonais prennent aujourd’hui des vols low cost pour effectuer des gardes au Royaume-Uni le week-end. Ce mode de travail décentralisé, qui a été exacerbé par le covid mais qui existait déjà avant la pandémie, contribue à répartir la population de manière plus harmonieuse sur le territoire. Mais le revers de la médaille, c’est qu’il suppose une augmentation des déplacements. Ce qui, à son tour, n’est pas favorable à la sauvegarde de l’environnement.
À cet égard, quel est le poids de la question environnementale sur la démographie ?
Là encore, il est difficile de faire des estimations précises. De manière générale, l’augmentation du nombre de décès liés à des facteurs environnementaux aura probablement une influence sur la démographie à terme. La désertification et les catastrophes naturelles vont modifier la répartition des populations. Et selon les estimations actuelles, il pourrait y avoir 200 à 300 millions de réfugiés liés aux changements climatiques, ce qui va immanquablement générer des situations de surpopulation dans les régions d’accueil.
Que se passera-t-il alors ?
Si ces flux migratoires se déroulent dans un contexte économique relativement favorable, la population des centres urbains va évidemment connaître un pic de croissance mais on peut s’attendre à ce que les nouveaux arrivants s’adaptent vite à la vie citadine dans laquelle, une fois encore, une fécondité trop importante constitue un poids. Par conttre si ces flux de réfugiés se trouvent marginalisés, qu’on les installe dans des bidonvilles, cela peut changer les choses parce que, dans ce type de contexte, l’enfant redevient utile.
Une diminution de la population mondiale est-elle souhaitable pour la préservation de la planète ?
Une situation de croissance telle qu’on l’a connue au cours de ces dernières décennies n’est à l’évidence pas une bonne nouvelle pour la planète. En ce sens, réduire le nombre d’humains serait sans doute un élément utile mais il ne faut pas perdre de vue que les problèmes environnementaux sont davantage liés aux comportements qu’au nombre d’individus qui peuplent la Terre.
Le vieillissement de la population, dont on parle beaucoup aujourd’hui, est-il un problème en soi ?
Le fait que l’on vive de plus en plus longtemps est plutôt positif. C’est même probablement un des progrès sociétaux les plus importants du siècle dernier. Mais il faut que la société soit prête à faire face aux adaptations que cela implique. À l’heure actuelle, la plupart des pays occidentaux sont confrontés à une phase de vieillissement assez importante qui est liée aux générations du baby-boom. Le processus devrait ralentir ensuite et, si on exclut les hypothèses extrêmes d’une longévité qui se prolonge de façon continue, on va rester dans une société où, à partir de 80 ans, on s’approche de la fin de sa vie. Beaucoup de gens vont cependant arriver à cet âge-là en relativement bonne santé. Et cela pose toute une série de questions : quelle est la place des personnes âgées et des jeunes dans la société ? Que peut-on offrir aux aînés dans un système aux ressources limitées ? Comment gérer le déséquilibre démographique dû au fait qu’il y a de plus en plus de personnes âgées par rapport aux actifs ?
Quel rôle faut-il donner aux personnes qui arrivent à la retraite à 65 ans et à qui il reste 22-23 ans à vivre en moyenne ?
En vieillissant, nos sociétés ne vont-elles pas également devenir de plus en plus dépendantes de la migration ?
De l’autre côté de la Méditerranée, on a effectivement une croissance démographique assez importante et des foules de jeunes sans emploi dont la venue permettrait d’équilibrer les pyramides des âges. Cela n’a d’ailleurs rien de nouveau. Un pays comme la Suisse, par exemple, se trouve depuis longtemps dans une situation de dépendance envers l’immigration pour maintenir la croissance de sa population. Non seulement parce que les étrangers qui arrivent chez nous contribuent à la population du pays mais aussi, et surtout, parce qu’ils font plus d’enfants que les citoyens helvétiques. Grâce à des simulations démographiques, on a d’ailleurs pu déterminer que si le pays avait fermé ses frontières en 1945, il compterait aujourd’hui entre 3,5 et 4 millions d’habitant-es. Et si la même chose s’était produite en 1980, nous serions environ 6,5 millions, au lieu des 8,6 millions actuels.
C’est une perspective qui ne déplairait pas à certains milieux politiques…
Il est vrai qu’a priori, une Suisse à 4,5 millions d’habitants, cela semble aussi avoir des côtés positifs. Il y aurait plus de place dans les trains. Mais en même temps, il ne faut pas oublier qu’il y aurait aussi moins de trains et qu’on aurait aussi moins de restaurants, parce que les restaurateurs ne trouveraient plus personne pour faire le service. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne peut pas brandir des chiffres sans se poser de questions sur la structure de la population. Sans la migration, le pays serait aujourd’hui habité par 45 % de personnes âgées, ce qui nous aurait forcés à remettre en cause l’économie nationale dans son ensemble à moins d’accepter de travailler jusqu’à 75 ou 80 ans. Sur ce sujet, il est donc essentiel de prendre en compte tous les aspects du problème. À partir de là, on peut choisir différentes options. On peut avoir une vision rétrograde, limiter l’implantation d’entreprises, éventuellement délocaliser et rester plus ou moins entre nous. On peut aussi avoir une vision un peu plus basée sur la liberté de mouvement des populations. Mais dans tous les cas, il faut prendre en compte les implications de ces choix en matière de vivre-ensemble, de cohésion sociale, d’égalité des chances ou d’éthique. A-t-on le droit d’engager des infirmières et des infirmiers qui viennent d’Afrique où l’espérance de vie est parfois inférieure de vingt ans à la nôtre, sachant que ces personnes risquent ensuite de faire défaut dans leur pays d’origine, où le personnel soignant est souvent peu nombreux ?
Dans quelle mesure la pandémie que nous venons de traverser a-t-elle pesé sur la démographie et en particulier sur les personnes âgées, qui en sont les victimes majoritaires ?
Sur le moment, la pandémie a effectivement chamboulé la démographie suisse. J’ai calculé l’impact à court terme du covid sur l’espérance de vie au moment de la deuxième vague. Résultat : au mois de mars 2021, le canton du Tessin a perdu l’équivalent de six ans d’espérance de vie, ce qui est assez impressionnant. Cependant, à l’échelle de la planète et à moyen terme, sur une population de 8 milliards, 4 millions de décès ne devraient pas avoir d’impact visible. Dans certains pays comme le Brésil, on aura peut-être une légère réduction du taux de vieillissement mais cela n’ira sans doute pas au-delà. Si l’épidémie avait concerné plutôt les jeunes, comme cela a été le cas avec le sida par exemple, elle aurait pu avoir une influence sur le comportement reproductif des populations. On pourrait également penser qu’en période de crise, on a tendance à faire moins d’enfants. Il y a d’ailleurs quelques indications, notamment en Italie, qui montrent que la fécondité a effectivement diminué. Mais la plupart des démographes estiment qu’il y aura des effets de rattrapage par la suite. Comme on l’a vu dans le cas de la grippe espagnole, une fois la situation économique et sanitaire redevenue normale, les gens se sont remis à faire des enfants.