Largement à son insu, Piaget a profondément influencé la pédagogie, de son temps et des temps qui ont suivi. Je ne sais pas ce qu’il aurait pensé de la « pédagogie constructiviste », mais le succès de ce courant est impressionnant. Pourtant, depuis une quinzaine d’années, des critiques virulentes sont adressées au constructivisme pédagogique. Ces critiques portent d’une part, sur la confusion entre les conditions de mise en œuvre des apprentissages adaptatifs (qui furent l’objet des travaux de Piaget) et les conditions de mise en œuvre des apprentissages scolaires. Elles portent d’autre part sur le fait qu’entre les connaissances produites par la
psychologie et les pratiques des enseignants dans leur classe, il y a un intermédiaire : la conception de situations d’enseignement et les connaissances qui sont utiles à cette activité de conception. Je propose de décrire, à partir de l’exemple de la théorie de la charge cognitive, comment les connaissances pour l’ingénierie pédagogique (instructional design) sont élaborées, testées et validées.
A l’origine de la didactique des mathématiques française dans les années 70-80 se trouvent deux théories : la théorie des situations didactiques de Guy Brousseau et la théorie des champs conceptuels de Gérard Vergnaud. Tous deux revendiquent un héritage des travaux de Piaget et reconnaissent à travers leurs auteurs l’inspiration qu’ils ont constitué tout en soulignant les limites et le nécessaire dépassement. Dans cet exposé nous illustrerons à partir d’exemples tirés d’enseignements de mathématiques du niveau primaire à la fois ce qu’ont pu être ces apports amis aussi ces limites et nous essaierons de montrer comment des travaux plus récents se positionnent sur ces diverses questions.
En référence au texte de Jean Piaget, « Les méthodes nouvelles, leurs bases
psychologiques », nous aborderons le développement et les apprentissages en lien avec le concept de nombre. Une première partie de la conférence présentera les bases psychologiques, c’est-à-dire les facteurs cognitifs jouant un rôle important dans la genèse du nombre. Les travaux actuels s’intéressent notamment au système du nombre approximatif et à la
représentation de la quantité associée aux nombres symboliques. Dans une seconde partie, nous verrons quels entrainements peuvent être proposés pour favoriser les apprentissages des enfants et quels sont les apports et les limites de ces entrainements. Seront notamment évoqués les jeux basés sur le traitement des quantités approximatives et les jeux basés sur la correspondance entre quantités et nombres symboliques.