Les racines piagétiennes dans la pensée de Roger Lécuyer

Ramiro Tau, Christelle Aymoz, Édouard Gentaz et Marc Ratcliff

L’oeuvre académique de Roger Lécuyer est profondément ancré au coeur du programme de recherche piagétien. Une grande partie de ses travaux se concentre sur le problème du changement et de son explication, soutenant que la psychologie du développement doit étudier les processus variationnels et transformationnels qui ne peuvent être capturés par des modèles de compétences isolés, synchroniques et modulaires. Cette perspective fait partie de sa critique systématique aux réductionnismes. Son approche dialectique, opposée au nativisme et à l’empirisme, a mis en évidence les risques liés à l’oubli des processus interactifs par lesquels la connaissance émerge : ils conduisent à la fétichisation de l’âge ou des résultats de tests comme marqueurs suffisants pour les diagnostics et les prescriptions pédagogiques, à la dissociation entre la théorie et la pratique, ou à l’omission systématique des contextes sociaux dans lesquels ces processus se produisent. Sur tous ces aspects, Lécuyer a lancé divers appels à l’attention, en accord avec une épistémologie complexe qui ne cherchait pas à désagréger les phénomènes ou à fragmenter le champ psychologique en micro-théories ad hoc. Souvent à contre-courant des tendances dominantes et des modes de la psychologie anglo-saxonne, cette approche se retrouve dans toutes ses publications, et nous tenterons dans cet article de la synthétiser sous la forme d’un héritage à lire entre les lignes.

MOTS-CLÉS : PIAGET, DÉVELOPPEMENT, CONSTRUCTIVISME, DIALECTIQUE, RÉDUCTIONNISME

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