Pour Piaget, loin d’être un savant isolé et réfractaire, l’amitié a constitué une valeur sûre, comme certaines lettres et témoignages en attestent. Ce sont des amitiés masculines soudées dès l’adolescence ; des amitiés intellectuelles masculines et féminines souvent mêlées d’admiration et d’enthousiasme, contractées durant ses nombreux voyages ; des amitiés enfin avec nombre d’élèves de l’Institut Rousseau, étudiantes et étudiants pour qui, comme l’écrit Elisabeth de Miribel, son enseignement « apprenait à être libre ». Toutes sont cultivées le temps d’une discussion, d’une fête ou d’un repas, d’une sortie en groupe ou d’une soirée, aussi bien que d’un cérémoniel du monde académique. Ces amitiés ont aussi une composante socratique, ainsi qu’en témoigne une ancienne assistante de Piaget, selon qui il rendait l’autre « plus intelligent » dans l’interaction.