Après être devenu un spécialiste de malacologie – la détermination des mollusques, l’étude de leur habitat, de leur répartition géographique, etc. – Piaget passe en 1918 sa thèse de biologie. Entretemps, son intérêt s’est déplacé de la nomenclature à l’étude des transformations morphologiques dues aux mécanismes de l’évolution. Au cours des années 1920, il va mettre en évidence des phénomènes de transgenèse lorsque, des mollusques étant déplacés dans un nouvel environnement – un lac plus mouvementé –, leur morphologie s’y adapte et se stabilise. Influencé par Waddington et par divers travaux non darwinistes, convaincu de l’influence de l’action individuelle, créatrice de structures psychologiques, sur les structures biologiques, Piaget rédige en 1966 un ouvrage de philosophie de la biologie pour résister au dogme néo-darwiniste récemment renforcé par la découverte de la double hélice par Crick et Watson. Avec Biologie et connaissance (1967), Adaptation vitale et psychologie de l’intelligence (1974) et Le comportement moteur de l’évolution (1976), il se positionne comme un auteur incontournable de l’épistémologie biologique. Il plaide pour des concepts mis au ban de la biologie néo-darwiniste, tels que la phénocopie et l’épigenèse et montre l’influence du comportement sur les transformations du génôme un demi-siècle avant que les recherches contemporaines ne se penchent sur ces questions pour venir conforter les idées piagétiennes.