Les premiers travaux de Piaget touchant la psychologie concernent la psychanalyse. Il s’en détache durant les années 1920, exploitant la méthode clinique appliquée à l’enfant, avec laquelle lui et ses nombreux collaborateurs – surtout des femmes – vont récolter des dizaines de milliers de données de recherche. Durant ses 60 années de publications en psychologie, Piaget a employé différents modèles pour expliquer le développement de l’intelligence, fonctionnant en parallèle et intégrés les uns aux autres. De 1921 à 1932, il explique le développement par le passage de l’égocentrisme à la coopération ; à partir de 1925 un second modèle portant sur l’adaptation biologique permet de comprendre le développement du bébé. Le début des années 1940 voit pointer un structuralisme génétique où il analyse au moyen de systèmes opératoires la genèse des notions. Au même moment il lance un programme de psychologie expérimentale montrant que la perception se développe et dépend de l’action. Dès les années 1950, en collaboration avec Bärbel Inhelder, l’explication prend un sens plus fonctionnaliste qui culminera dans des textes sur l’image mentale ou la mémoire. Durant les années 1960, avec Paul Fraisse, il codirige le Traité de psychologie expérimentale qui a servi de manuel pour deux générations de psychologues francophones. Enfin les années 1970 innovent encore avec le second modèle de l’équilibration et l’intérêt pour des concepts comme la dialectique, la contradiction ou l’abstraction réfléchissante.