Ecrire en vain ou écrire enfin?
Au milieu du désert, un homme jette au vent une poignée de sable puis murmure en promenant les yeux autour de lui: ‘’Je viens de changer le Sahara…’’ Selon Boubacar Boris Diop, l’acte d’écrire pourrait être tout entier dans cette scène de roman. Mais l'expérience personnelle de l'auteur sénégalais lui a aussi appris à quel point l'absolue liberté du créateur est contrainte sur le continent africain. L'écrivain y est en effet "interdit d'innocence" et soumis au devoir de porter la parole des maux et souffrances des siens.
Pourtant, Boubacar Boris Diop pose la question de l'existence même d'une littérature propre à l'Afrique. Il s'étonne notamment des questions auxquelles sont soumis ses auteurs: "Depuis la parution de mon premier livre, j’ai l’impression d’avoir consacré plus de temps à répondre de la légitimité de mes romans qu’à en partager le contenu". Il souligne aussi la particularité d'un héritage très présent en Afrique, qui est "la seule partie du monde où le romancier, pris en tenaille entre deux langues, n’est jamais tout à fait sûr de se servir de la bonne".
Auteur de nombreux romans et essais politiques, initiateur d’une collection littéraire dénommée Céytu, traduisant vers le wolof les grands titres de la littérature, Boubacar Boris Diop livrera, au cours de cette conférence, sa vision de l'Afrique à travers le regard d'un homme de lettres. Il nous entretiendra de son vécu, de son parcours ainsi que celui de ses confrères africains. Il nous contera l'histoire de son Afrique, remettant en cause les généralisations simplistes tout en affirmant paradoxalement la singularité du destin commun des auteurs et écrivains africains.
La conférence a lieu dans le cadre du lancement d'un Master en études africaines à l'UNIGE
Visionner la conférence
Professeur Yves Flückiger, Recteur de l'Université de Genève
Didier Péclard, Responsable du Master en études africaines du Global Studies Institute de l'UNIGE
Boubacar Boris Diop, écrivain et professeur invité à l'Université américaine du Nigeria
20 sept. 2016